Comment l’Education nationale enseigne à nos enfants à détester l’homme blanc

La complainte de l’homme blanc,où l’on voit que le mal est ancien et qu’il est soigneusement entretenu.

 Vos enfants ont peut-être planché cette année sur les sujets du Bac et sans doute vous intéressez-vous davantage à la note obtenue qu’aux sujets proposés…

Et pourtant, ceux-ci valent bien un petit détour.

 Le sujet de l’épreuve anticipée de Français, série L de  cette année 2012 est tiré de l’objet d’étude: Vers un espace culturel européen: Renaissance et Humanisme.

L’existence de cet objet d’étude semblerait être une reconnaissance implicite du dynamisme de la culture européenne  qui explose à la Renaissance et de ses liens avec l’Humanisme.

Détrompez-vous. Dans le choix des textes et des sujets, en tout cas cette année, la réflexion  ne va pas forcément dans le sens qu’on croit.  Qu’on en juge:

Voici le corpus de textes que Google vous aidera à trouver. Un site au hasard : www.melty.fr/bac2012.français-tous-les-corrigés

   Un mot sur les textes du corpus :

 Deux textes de Jean de Léry, auteur peu connu du grand public. Il s’agit d’un converti à l’Eglise Réformée, parti avec une expédition au Brésil afin d’y fonder une communauté protestante.

Un texte de Montaigne. L’extrait choisi, un passage du chapitre Des Coches, traite, comme le titre du chapitre ne l’indique pas, des réflexions que lui inspirent les Indiens Tupinambas, réflexion nourrie d’une rencontre personnelle – des Indiens auraient été amenés en France – et de ses lectures des voyageurs  Thevet et Léry, premier auteur cité.

Enfin, un extrait du récit de voyage de l’auteur du XX° siècle Lévi-Strauss  chez les Nambi kwara.

 Les quatre extraits ont en commun de faire l’éloge des Indiens et de la simplicité  – d’autres pourraient dire  du dénuement – de leur mode mode de vie et de leur sagesse naturelle. A l’inverse, l’Européen, l’homme blanc, est présenté uniquement  comme un être matérialiste que l’avidité rend déraisonnable.

 Les extraits sont authentiques bien évidemment et font indéniablement partie de notre patrimoine culturel et littéraire. Ces trois auteurs ont porté un regard fasciné et bienveillant dans l’ensemble sur  les Indiens, preuve s’il en était besoin, que notre intérêt pour l’Autre ne date pas d’hier. Néanmoins, ce corpus  constitue un choix pour le moins biaisé.  Tous les voyageurs du XVI° siècle, Jean de Léry lui-même, mais aussi Christophe Colomb dans sa correspondance,  André Thevet , un moine français dans Les Singularités de la France antarctique,   Hans Staden, un marin allemand dans Nus, féroces et anthropohages, ont été frappés et horrifiés par le cannibalisme rituel pratiqué par les Indiens Tupinambas entre autres. Il n’en est pas trace dans ce corpus.

Ici, éloge du bon sauvage et portrait exclusivement à charge de l’homme blanc.

 Les questions posées vont aller dans ce  sens.

La question de compréhension des textes, sur 4 points, demande que l’on dégage les qualités des Indiens. Vu le choix des extraits, il serait difficile de faire autrement.

Les sujets d’écriture sont de la même veine, même si leur énoncé ne l’indique pas à première vue. Il suffit de se reporter aux attendus et corrigés. Voir le site indiqué précédemment.

   Pour le commentaire, il s’agissait de commenter le  premier texte de Jean de Léry. Voici le plan proposé par le site :

Enfin, série L : Pour le commentaire, il était judicieux de faire un plan en deux parties : I. La confrontation de deux civilisations : a) Un dialogue déséquilibré en faveur de l’Européen; b) Mise en avant de la cohérence de la pensée de l’Indien par le narrateur; c) Un renversement de situation. II. La supériorité de l’homme sauvage : a) Dénonciation de la folie des Européens; b) Parallèle entre les deux civilisations qui fait apparaître l’absurdité du comportement des Européens; c) L’Indien comme contre-modèle

On voit comment il convient de dégager que la supériorité des Européens n’est qu’apparente; le corrigé invite très nettement à conclure sur le modèle de contre- culture que représente le mode de vie des Tupinambas.

 Même chose pour la dissertation :

Pour la dissertation, vous deviez répondre à la question « En quoi peut-on dire que l’humanisme, à la Renaissance, se caractérise par une ouverture à l’autre et une interrogation sur l’autre ? » : I. La découverte de l’autre pour mieux s’examiner : a) Une démarche pour soi ( Montaigne : volonté de se découvrir en se confrontant à l’autre.) ; b) Aspect descriptif d’un mode de vie primitif; c) L’apparente valorisation des Européens (Récits de voyages décrivant les usages choquants des « sauvages » comme le cannibalisme. Léry). II. Le relativisme et le changement de point de vue : a) Les voyages imaginaires (Le Tiers-Livre de Rabelais : découverte de peuples imaginaires incarnant les travers des européens) ; b) Adopter le point de vue de l’autre; c) Relativité des valeurs : le parallélisme entre barbarie des cannibales et guerres de Religion chez Montaigne (« Des Cannibales »). III. La remise en cause du modèle européen : a) Un renversement de perspective; b) Le sauvage comme figure de l’innocence, comme représentant de l’âge d’or Simplicité des comportements, partage, désintéressement; c) La possibilité d’une autre voie et la définition de valeurs supérieures à celles des Européens.

Là encore, la progression du raisonnement conduit à la même conclusion : la remise en question du mode de vie européen et la supériorité des Indiens. Or, que l’on se rapporte au sujet : ouverture d’esprit à l’autre et interrogation sur l’autre. Il semble que cette démarche philosophique ne soit bonne que pour les Européens. Il n’est jamais question de l’étude de l’autre par l’Indien ou de son autocritique.

 C’est sans surprise que l’on découvrira le sujet d’invention et ses attendus :

Pour le sujet d’invention : Renversement du point de vue. Description de l’Européen à partir du point de vue de l’Indien. Mise en avant des incohérences du comportement de celui-ci (visible dans son aspect extérieur et dans son comportement). Expression d’une vision du monde différente, plus simple, plus empreinte de bon sens. Alors, chers élèves de première, pensez-vous avoir réussi l’épreuve?

 Sur les forums de candidats, tels Etudes littéraires, forums bac L -, les réactions sont  édifiantes. En voici quelques exemples :

   Eugenie 75020, n’hésite pas à dénigrer l’homme blanc sur son physique et ses motivations qui seraient d’exploiter l’Indien. Imagine-t-on l’inverse ?

Je me suis donc mise dans la peau d’un Indien qui découvre pour la première fois un étranger. Je fais alors des caractéristiques satiriques de Jean (long nez crochu, cheveux ébouriffés, teint pâle, petit, mince, un chapeau qui lui écrase la tête). L’indien étonné de ce personnage plutôt ridicule est quand même dans une position de défense car il l’impressionne tout de même… Puis vient ensuite l’épisode de son nom qui signifie grosse huître, ce qui fait esclaffer les indiens. L’indien amène ensuite Jean chez lui et lui pose des questions sur leur condition de vie en france, pourquoi les « mairs » viennent exploiter des ressources ici (je me suis pas mal inspiré du texte A dans la première partie). …?Et sinon pour le final, vu le peu de temps qu’il me restait j’ai assez vite bouclé en mettant cette phrase « Certains de ces conquérants nous exploitaient tandis que d’autres comme Lery nous acclamaient. Ces nouveaux échanges nous apportèrent beaucoup de connaissances et nous en sommes sorti grandi ».

J’ai beaucoup misé sur l’humour dans le texte, je réemploi « grosse huître » en parlant de Jean, je le décris avec beaucoup de satires, …

 Laetitia 94 : se fait le chantre de la décroissance :  J’ai dit qu’ils avaient deux mondes totalement opposés, l’un avec des bâtiments, de la monnaie, du commerce, l’autre avec une belle nature et sans choses superflues et qu’ils étaient heureux même dans leur misère !

 Lala25…après y être allée de son couplet contre l’homme blanc, rapporte le hors sujet d’un copain qui, conditionné sans doute par la doxa ambiante,  a mis l’esclavage sur le tapis :

J’ai fini le discours en disant que les Blancs pervertissaient les Indiens.

C’est hors-sujet ? J’ai un ami qui l’a situé en France parce qu’il a imaginé que, quelques années plus tard, ils étaient devenus des esclaves, mais vraiment n’importe quoi o.o

   Thibaut HO•  : En ce qui concerne le comportement des Français, menés par notre cher Jean de Léry, j’ai repris les différents aspects de leur comportement perceptibles dans l’ensemble du corpus : soif de pouvoir, de richesse, recours à la violence (supériorité « militaire », etc..), mais j’ai aussi pioché dans mes maigres connaissances : souhait d’évangélisation, souhait d’éradiquer le polythéisme, etc…

• La situation s’inverse donc rapidement et les véritables intentions des européens sont révélées au grand jour : matérialisme, violence sanglante…

Et il en rajoute une couche :En ce qui concerne le dernier aspect, j’ai réussi à placer un parallélisme inspiré de quelque part mais je ne sais où : « Ils ont égorgé nos femmes, assassiné nos enfants, exploité nos frères et abusé de nos soeurs ». (Joyeux tout ça hein

      Lolaa : Bonjour.?J’aimerai avoir votre confirmation sur les idées suivantes :?-L’européen, moins curieux que l’indien. C’est toujours l’indien qui pose les questions.?-Opposition de la vanité d’être de l’européen, avec L’indien. Valeurs opposées. (Le commerce chez L’européen et son matérialisme / L’indien se limite aux nécessités premières)?- La considération de l’avenir n’est pas la même : L’européen ne pense qu’aux possessions matériels de ses prochains / L’indien se contente de la Terre, élément naturel, la remercie avant de la céder à ses prochains.?- Inversion des valeurs : Le sauvage est doté d’une âme, il évoque les sentiments etc. On bouscule l’idée reçue sur le sauvage.L’européen ne parle pas de son intériorité?- La légèreté et simplicité de l’Indien.

Voilà les idées que j’ai développé dans mon commentaire, je suis plutôt inquiète…

On comprend son inquiétude après le portrait qu’elle est amenée à faire de sa propre culture.

 Mademoiselle Haribo  n’hésite pas quant à elle à parler d’identité culturelle mais pour les Indiens: A la fin, par contre, j’ai « ouvert » sur la nécessité que les Tupinambas restent eux même, dans la paix et sans se faire pervertir par les conquérants comme Montaigne ou Lévi-Strauss le soulignent dans leurs différents textes. La relation de confiance et de respect que j’ai crée entre mon indien et Léry-oussou (genre, amis…) devrait bien traduire la notion d’échange commun avec un partage des idées entre les peuples avec la recherche d’égalité que je voulais montrer, bla, bla, bla…

 Tobi : Celui-ci fait des Français des exploiteurs et des menteurs congénitaux:

–      Le français parle de l’endroit d’où il vient, un monde où la cupidité règne en maître?- Selon lui, le Tupinamba a bien de la chance d’être né ici?- Léry-Oussou le met en garde contre les autres français, ces derniers sont là pour les exploiter et les piller. Hélas les indiens sont trop naïfs et insouciants?- Au fil du temps, Jean de Léry semble de plus en plus distant, il pense désormais que sa mission est d’informer les gens de sa contrée qu’il existe de par le monde des sociétés qui partageant un mode de vie à l’image d’un idéal de vie humaniste?- Adieux déchirants, le français ment à l’indigène en lui disant qu’il reviendra, ce dernier n’est pas dupe…

       Il suffit à tout un chacun de poursuivre la lecture pour se rendre compte que nombreux sont les candidats qui ont bien intégré le message : l’Indien est un bon sauvage pur et  un peu naïf ; l’homme blanc est un pervers. Quant à l’ouverture à l’Autre –  aussi louable soit elle –  elle n’est valable que pour l’Homme blanc. Pour les autres,  le maintien des traditions et de l’identité culturelle n’est pas un gros mot.

 C’est à se demander s’il faut se réjouir que nos enfants aient une bonne note au bac

Monique Bousquet, responsable de Résistance républicaine du Languedoc Roussillon

 

 

 

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14 Commentaires

  1. On est bien dans un sujet de philosophie , n’est-ce pas ? Je ne prétends pas être le modèle de philosophe en puissance, mais on se demande de quelle façon on apprend à PENSER aux élèves. Effectivement, on a vraiment l’impression qu’il faut penser gentil-gentil et ne pas faire de critique trop poussées ( surtout contre certaines communautés, n’est-ce pas ? ). Alors que beaucoup de philosophes s’insurgent contre cette nouvelle philosophie gnangan. La philosophie n’est pas « tolérance molle ». Mais bien plustôt exercer un esprit critique qui mène à la liberté. Pour certains, c’est plus facile d’être tolérant ( ou faire semblant de l’être ) que d’être libre.

  2. Et les médias en rajoutent une couche : ce soir sur « france2″ , Drumont l’histoire d’un antisémite français ». Ce téléfilm est sans doute très bien joué au vu du nom des acteurs qui y jouent, mais je trouve le moment fort mal venu pour le diffuser, surtout si près de la date « anniversaire » de la tuerie de l’école Ozar Atora. Encore une fois on va culpabiliser les français en faisant croire que toute la France est antisémite et donc raciste et donc qu’elle n’aime pas les noirs, les arabes etc etc

    Et si on faisait une émission avec des historiens de renom, des vrais qui ne s’attachent qu’aux faits et non à de pseudo-enquêteurs journalistiques ?
    Ils nous expliqueraient que la colonisation de ce qui ne s’appelait pas encore l’Algérie fut faite par la France pour mettre fin aux actes d’esclavages et de pirateries maritimes auquels se livraient les factions de pillards arabo-musulmans dans cette zone.
    Une fois les voies maritimes et terrestres sécurisées la France décida d’occuper militairement puis civilement une très vaste région où des tribus se faisaient la guerre pour un oui ou pour un non et d’en tirer le meilleur parti.
    Certes cela n’a pas toujours été fait dans le respect et la compassion des droits de l’homme, mais l’Algérie en tant que telle est une création française et tous mes amis algériens ou d’origine algérienne savent que sans la France, il ne seraient sans doute pas de ce monde car leurs ancêtres seraient morts de maladies, en couches, dans une guerre tribale ou auraient été capturés comme esclaves et donc n’auraient pu avoir de descendance : eux!
    Si je me souviens bien il y avait 3 départements en Algérie : l’Algéroie, l’Oranais et le Constantinois. Or le numéro du Constantinois était le 93!!!!

    Bonne journée à tous

  3. D’accord également. Je pense aussi que notre discours actuel sur les extraterrestres pourrait être jugé très sévèrement dans un siècle ou deux si d’aventure il s’en trouvait… Il me semble qu’il faille toujours avoir du recul et en même temps se resituer dans l’époque étudiée ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Prenez le Code Noir par exemple qui fait dresser les cheveux sur la tête aujourd’hui. Sauf qu'(au 18ème siècle, il représentait une avancée certaine. les Noirs de Louisiane étaient certes esclaves, mais ils avaient la possibilité d’être affranchis et quand la Louisine fut cédée aux Anglais, les colons des Etats avoisinants furent horrifiés par les « libertés » dont jouissaient les Noirs de Louisiane.
    Il y a des rapports de force incontestables mais les faits sont souvent plus complexes qu’on ne veut nous le faire croire aujourd’hui. Il y a aussi une question qui n’est jamais posée par rapport aux faits de colonisation: qui étaient les colons? Pourquoi partaient-ils? Qui a colonisé l’Algérie? Qui a encouragé cette colonisation?
    En Amérique, on sait très bien d’où ils venaient. Des protestants persécutés; des pauvres et des misérables à qui le régime de l’Ancien monde ne donnait aucune possibilité d’élévation sociale; aucun droit à posséder des terres. Des baganards en Australie dont on voulait se débarrasser. Si la bienpensance veut accuser la « colonisation » il faut tout prendre en compte, à commencer par là peut-être.

  4. Je suis d’accord avec S. Jacob. Pour avoir fait cours sur la vision des Indiens d’Amérique du Nord par les Jésuites au XVIIème siècle, je sais d’expérience que la valorisation du « bon sauvage » était en réalité une machine de guerre qui fut plus tard utilisée par les Lumières. mais…. il suffit de relire Voltaire, pour voir que cette vision édulcorée rencontrait des résistances intellectuelles. Quand on lit les textes des Jésuites ce que l’on voit c’est effectivement un choc (on attendait un barbare velu avec un gourdin et on découvre un homme entièrement épilé, recouvert de tatouages avec une dentition magnifique puisque les Indiens ne connaissaient pas le sucre) mais si les Jésuites reconnaissent d’indéniables qualités à cet « autre » si différent, ils sont aussi très critiques notamment par rapport au chamanisme. Les textes des prêtres confrontés en Afrique à l’excision disent aussi toute leur horreur. Il est effectivement dangereux d’utiliser ces textes dans un but de propagande quand un Montaigne par exemple analsait la chose en humaniste ce qui était tout à sn honneur quand on sait que les Indiens n’étaient gratifiés d’une âme que depuis fort peu de temps.
    Les populations indiennes d’Amérique différaient énormémént d’est en ouest et du nord au sud et les réduire à un argumentaire pour dévaloriser les cultures occidentales est pure bêtise. Dans un très joli texte, l’auteur américaine Dorothy Johnson montre des Indiens du XXème siècle qui pratiquent toujours l’auto-torture en violation avec la réglementation américaine. cela se passe à la veille de la 2ème guerre et le grand père qui préside à la cérémonie et vient récupérer son petit-fils après la séance applique sur ses plaies un désinfectant et un pansement avec ces mots: « il y a des choses bonnes à prendre des Blancs quand on n’oublie pas ses propres traditions ». Tout est dit. J’engage ceux que le sujet intéresse à la lire. Elle montre le choc entre le monde blanc et le monde indien sans jamais juger mais sans jamais mentir non plus.

    • Merci de ces éléments complémentaires passionnants.

    • Vous mettez en évidence la complexité de ces phénomènes historiques que sont les « chocs » de civilisation. Pour ma part, je considère ceux-ci comme étant aussi bouleversants que la tectonique des plaques: deux univers se percutent (à notre époque, un choc semblable ne pourrait que se comparer avec la découverte de peuples extra-terrestres). Alors bien sûr, la violence. Bien sûr, la cupidité. Mais il y a aussi et surtout, comme vous le soulignez, la mise en branle de beaucoup de stéréotypes (ce qui ne les empêchera pas de ressurgir plus tard, malheureusement), let a remise en question, parfois non sans humour (je pense notamment aux expéditions des jésuites qui découvre que l’histoire de ces autres sociétés commence avant la genèse, comme en Chine, ce qui pose de sérieux problèmes d’interprétations). Cependant, sans cela, il n’y aurait pas d’humanisme, ni la moindre idée d’universel (« gratifier l’autre d’une âme », quelle belle formule…). Je ne compte plus actuellement les intellectuels qui critiquent l’idée d’universel comme étant propre à l’Occident , voire même un prétexte pour coloniser et assouvir (encore une fois, parce qu’il n’existerait qu’un seul colonisateur, ce cupide peuple occidental, ou comment résumer l’histoire humaine aux deux derniers siècles par idiotie pure). Cependant, cette prise de position récuse la possibilité de la mise en oeuvre de valeurs qui puissent transcender les frontières entre les peuples. A ces soit-disant réalistes qui nous disent: « la théorie est bien belle, mais regardez l’horreur qui en découle », je réponds avec, il me semble, un pragmatisme plus utile: considérez l’acte de ne pas s’entretuer les uns et les autres, et dites-moi s’il ne faut pas en faire une valeur universelle.

    • @Jeanne

      « …avec une dentition magnifique puisque les Indiens ne connaissaient pas le sucre… »

      Mais certainement qu’ils connaissaient le sucre, le sucre d’érable pour être plus précis. 🙂 C’est même eux qui l’ont fait découvrir aux blancs!

  5. Les énoncés (dont le but est pourtant d’éveiller l’acuité de la lecture) ne laissent aucune place à une distanciation avec les textes. Il est bien évident que Montaigne n’incite pas son lecteur à partir vivre avec les indiens! Le mythe du bon sauvage est un prétexte pour faire la morale en peignant une société idéale et renvoyer « l’homme blanc » à ses propres responsabilités. On fait de ces textes riches des outils de propagande bisounours. Je considère cela comme dangereux dans la mesure où tout le monde finit par croire que la colonisation, l’esclavage et la cruauté de la guerre ont été le seul fait de l’homme blanc. Déconsidérer l’Histoire (finalement jamais très propre) des autres peuples, comme par exemple le rôle majeur de l’esclavage dans la structure de l’Empire Ottoman, au profit d’un monopole des pages noires de l’Occident, ne serait-ce pas une forme de négationnisme?

      • Il suffit de lire l’ouvrage « Esclaves chrétiens,maitres musulmans: l’esclavage blanc en Méditerranée » de 1500 à 1800, pour constater que le monde Ottoman n’était pas en reste et effectuait des razzias sur les côtes Méditerranéennes (mais pas seulement puisque les corsaires musulmans allaient parfois jusqu’en Grande Bretagne) afin de rafler esclaves et otages qu’ils revendaient ou dont ils négociaient le rachat par leurs familles- étonnant de constater que trois siècles plus tard les mêmes font la même chose mais côté Océan Indien, ou à terre en Afrique…
        On parle toujours aussi peu d’ailleurs de l’esclavage qui persiste dans le monde musulman aujourd’hui -en Arabie Saoudite, dans les émirats et ailleurs…Il est vrai qu’il faut bien faire marcher le commerce et qu’on ne peut pas se fâcher avec les maîtres du gaz et du pétrole de surcroît riches en dollars et bons investisseurs immobiliers chez nous…
        Verra t- on un jour une dissertation sur ces sujets ?

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