Petite leçon d’économie au NPA qui veut accueillir tous les « réfugiés » de la terre…

Je suis -j’ai cette chance- mon propre patron.
Je suis également l’ex patron d’une petite PME -il m’arrive d’aider mon ex associé comme lui m’aide parfois- et l’analyse du NPA me laisse pantois !

Moi je roule au sein d’une coopérative, je n’ai donc ni mon nom dans l’annuaire pages jaunes, ni même un numéro SIRET.

Mon ancien associé, 14 camions, autant de chauffeurs, trois personnes dans les bureaux, trois sur les quais.

C’est minuscule, mais je jure que les salaires sont exactement sur la convention collective, grosso-modo un chauffeur (ou une, car conduire un 40T des femmes le font. Pas assez selon moi car elles ont toutes à coeur de démontrer quelles valent largement les gars). Avec les primes c’est environ 2000€ net par mois pour 45h semaine.

Aucun de nous n’embauche !
Ni la coopérative ni la PME !

Et aucun de nous ne passe d’annonces dans ce sens !

Pourtant… Nous recevons des candidatures !

Récemment, j’ai un chômeur qui m’a suivi ! Un camion même en solo c’est bridé à 90 c’est simple à suivre.
Arrivé chez moi, il m’a hélé, il s’est excusé de cette façon peu orthodoxe de se présenter, et il m’a donné son curriculum vitae.

J’avais honte de ne pouvoir lui offrir qu’un café, sincèrement.

Que les grosses boîtes profitent du chômage… C’est possible, je suis pas dedans je n’en sais rien finalement, mais je bosse avec l’usine que Airbus possède en Picardie, et eux, ben il leur faut de la main d’oeuvre vraiment qualifiée… Problème, ils l’ont et personne ne part sauf les quelques personnes qui arrivent à la retraite chaque année.

C’est là d’après moi que le NPA se plante.
OUI, il y a des postes à pourvoir, mais il y a aussi trop de candidats !

Ensuite, après le bac, on oriente tous les jeunes vers les mêmes filières… Diplôme en poche, oh surprise, il n’y a pas de jobs dans ces secteurs !

Certains, beaucoup, revoient leurs ambitions, mais juste pour du poids lourds, la formation dure six mois et le gars sera un bon chauffeur après 12 à 18 mois de route (quand il aura vu un peu toutes les ficelles du métier).
C’est donc un investissement lourd pour une PME, lourd et aléatoire en fait.

Perso, quand je dirigeais encore la boîte, ma préférence allait soit vers un type dont l’entreprise avait fermé -ce qui n’est pas sa faute- soit, si j’avais devant moi un jeune à qui il allait falloir payer sa formation, et bien je prenais le jeune qui regardait un bahut comme moi je le regarde, avec passion !

Pourquoi ? Parce que le mec qui venait avec déjà un bac+5 dans un autre domaine, s’il venait vers moi je savais que c’était par défaut, et qu’à long terme il ne resterait pas !

C’est toute l’orientation qu’il faut revoir, et au niveau national.

Dans mon domaine il faudrait 150 000 chauffeurs… Mais on n’a pas besoin d’être bachelier pour ça.

Tourneur, fraiseurs, ajusteurs… Des métiers manuels, on peut s’y mettre juste après la troisième, mais faut aller en lycée technique, faut mettre un bleu de travail, faut se salir les mains… Et les parents, très souvent, poussent des gamins qui feraient d’excellents ouvriers à étudier l’informatique, c’est une absurdité !

Si la France n’avait pas laissé partir ses usines à l’étranger.
Si on n’avait pas convaincu des parents qu’il y a des sots métiers (les métiers manuels justement)
Si on avait pas des centaines de milliers d’étrangers…
Navré messieurs du NPA mais on serait en plein emploi et ce serait justement les ouvriers qui pourraient poser leurs exigences, et tant pis pour les actionnaires !

Oh, je sais, Lagarde, Strauss-Kahn, nos élus, diront que je ne suis qu’un ancien Légionnaire devenu routier, que je ne comprends rien à l’économie !

Mais bon, ils ont travaillé quand ces gens là ? Ils connaissent quoi du monde du travail ?

Je préfère un bon mécano qui saura entretenir mon bahut… à de mauvais ministres qui ne font que compliquer le code du travail !

Philippe Le Routier

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6 Commentaires

  1. Mon expérience, je suis sortis de l’école (CAP mécanicien auto) en 1983,j’ai eu mon diplôme, étant pendant 3 ans le 1er de la classe et le 1er de l’école, délégué de classe…. Le challenge était que que meilleur élève était directement pris par un concessionnaire auto.

    Je n’ai travaille que 3 mois chez ce concessionnaire auto, j’ai donne ma démission, pour travailler ailleurs.

    1) souvent on me donnait un boulot le plus con a faire, et en plus on me donnais un aide de nationalité malienne: (regarde ce qu’il fait, tu feras pareil), naturellement a force de me regarder 10 fois, il savait faire le boulot (sauf que s’il y avait un imprévu, ce qui arrive en mécanique, il ne savait pas quoi faire, puisqu’il ne comprenait pas comment ça marche.

    2)de plus on me payait en dessous du smic, vu qu’il me manquait quelques mois pour avoir 18 ans.

    J’ai donc compris, qu’a terme je serais remplace par mec n’ayant aucuns diplômes.

    Finalement cette formation n’a servie a rien, puisque je ne pratique plus depuis 30 ans.

    • effectivement, Paul je l’ai publié il y a 2 ou 3 jours si tu cherches dans les brèves (voir sous le bandeau du site) tu le trouveras

  2. Bien dit, Philippe.
    La France a aujourdui honte du bleu de travail. Alors, on pousse les jeunes à se former dans des filières « nobles » qui généralement ne débouchent sur pas grand chose, surtout si on n’est pas parmi les meilleurs.

    Et quand le lavabo fuit, on fait des mains et des pieds pour trouver un plombier et on s’étonne que les rares installateurs compétents soient surbookés.

    Cela fait fait des années que je tiens le même raisonnement. Pourquoi cette orientation débile alors que les métiers manuels, d’ailleurs de plus en plus techniques, auraient le plus grand besoin de gens ayant une bonne instruction, une bonne culture générale et technique. Bref, des bons, pas des toquards souvent issus des cités de chances pour la France n’ayant aucune attirance pour leur futur profession et qui font cela par défaut.

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