Dans un bus de la banlieue d’Alger, un soir du 31 décembre (TÉMOIGNAGE)

marocviolA lire, sur Huffington postmaghreb

http://www.huffpostmaghreb.com/selma-kasmi/dans-un-bus-de-la-banlieu_b_6406364.html

Le train qui m’emmène vers ma banlieue est à son accoutumée en retard en ce 31 décembre 2014. Un retard qui ne surprend plus les voyageurs mais non sans les irriter. Nous arrivons après le crépuscule à cet arrondissement de l’Est algérois.

À l’horaire convenu tacitement et quasi unanimement pour que les trottoirs et les endroits publics soient vidés de toute créature humaine de sexe féminin. Je fais partie donc des retardataires soupçonnées de… Je ne comprendrais jamais quoi.

“Si ces filles avaient une famille, elles ne seraient pas dehors à cette heure-ci”, lance un drille sur notre passage. Il n’était pourtant que 18 :25!

“Maandkoumch Lahkim” (vous n’avez pas de tuteur), vocifère un autre depuis sa voiture. Il avait l’air très jeune, pas encore la trentaine, et il se révoltait déjà de ne pas voir certaines adultes toujours sous “tutelle” à l’heure où l’Est du monde est déjà passé à 2015.

En attendant mon 2015, je me réjouis déjà de trouver un bus qui m’emmène vers chez-moi, car ici, la desserte se fait d’une manière aléatoire après 17:30, selon les humeurs des chauffeurs de bus.

Toisée par des regards désapprobateurs, je m’installe à deux rangées de l’arrière entourée de jeunes hommes dont quelques étudiants, comme on pouvait le déduire de leurs conversations.

Nous sommes trois femmes au total à causer le désagrément chez les hommes de ces bourgades si proches pourtant si éloignées d’Alger.

Le bus démarre après une surcharge de passagers. Une jeune fille assise au dernier siège demande à son voisin d’ouvrir la fenêtre, lequel refuse violemment. La demoiselle lui dit qu’elle n’arrive plus à respirer, et le monsieur lui lance méchamment: “Je ne l’ouvre pas et essaies de venir l’ouvrir!”.

“On est dans un endroit public, on ne peut pas agir à notre guise. Il y a des asthmatiques, des hypertendus, des personnes qui ont un problème de souffle, c’est l’intérêt collectif qui prime. Chez nous, on fait ce qu’on veut, pas en société”, lui rétorque-t-elle d’une voix ferme.

Se sentant humilié par une femme qui “ose élever sa voix”, le trentenaire l’insulte en lui demandant de “fermer sa gueule”.

La “malédiction”

Le jeune assis à mes côtés se lève d’un air vif et se retourne vers eux pour dire: “Eh madame, fermes ta gueule, tu as poussé un homme à t’insulter en public, tu n’as pas honte!”.

” Tu veux le confort prends un taxi” lance un autre à l’avant du bus.

Un jeune aux allures modernes, plutôt beau gosse, qui était debout devant moi, observait la scène en murmurant des mots imperceptibles. L’ayant entendu prononcer des phrases en français auparavant, j’attendais qu’il intervienne pour “équilibrer la balance”.

Il finit par parler avec un accent algérois: “Errdjal Saktin Ou Enssa Yahadrou (les hommes se taisent et les femmes parlent)”, dit-il à ma grande stupéfaction. Il ajoute: “Dieu va nous maudire”.

“Il a déjà commencé à nous maudire depuis que les femmes sont devenues juges et procureurs dans ce pays” réplique mon voisin de chaise.

“Ce n’est que le début”, rajoute un autre de loin, également d’un pur accent algérois en argumentant sa pensée: “Regardez la hausse des prix des fruits et légumes malgré toute la pluie de l’année dernière. Nous n’avons que le pétrole, et son prix a chuté aussi. N’est-ce pas là une grande malédiction?”.

On refera un nouveau Raïs!

Un vieil homme debout à l’avant de ce bus de transport privé de marque asiatique rassure sa junte: “Bouteflika n’est pas éternel, il partira et on refera un nouveau Raïs partout en Algérie”.

“In Chalah” crient la quasi-totalité des passagers. Raïs est, pour rappel, le village tristement célèbre situé à la frontière des wilayas d’Alger et de Blida, où un terrible massacre a été perpétré un 28 août 1997.

Le chauffeur qui ne sent pas concerné pas le lynchage d’une cliente par d’autres clients sourit au vieil homme porteur de rêve de massacre de Raïs.

Son receveur “indifférent”, fourre son nez dans sa pochette pour séparer les billets des pièces de monnaies. Consciente de mon incapacité physique à faire face au gaillard qui violentait verbalement la demoiselle, je décide lâchement de faire profil bas.

Que faire devant cette scène surréaliste où des dizaines d’hommes se prêtent main forte pour faire taire une femme et lui rappeler sa “place” de sous-humain, voué à la servitude et l’obéissance?

Avec un propriétaire de transport public que ne sent pas tenu de protéger ses passagères et des jeunes étudiants qui croient que cette “liberté des femmes” prétendument “accordée par Bouteflika” est à l’origine de la flambée des prix des denrée alimentaires et la chute des prix du pétrole!

Et bien entendu, elle a été la cause des tremblements de terre, inondations, tsunamis et volcans! Et, le comble, avec des gens qui rêvent carrément de remettre leur pays à feu et à sang, des questions anachroniques me traversent l’esprit.

À 30 km de la “Mecque des révolutionnaires”

Nous sommes à une trentaine de kilomètre de la ville d’Alger qui fut la “Mecque des révolutionnaires”, et quelques siècles auparavant, la ville où l’on venait de tout l’empire Ottoman et le sud de l’Europe pour “se civiliser”.

Je fais tout de même partie d’un pays qui se vante de son Histoire d’émancipation du colonialisme et de toute sorte de servitude et d’humiliation humaine. Le choix socialiste qui en a suivi, avec tous ses inconvénients, ne reposait pas non plus sur la minorisation d’une partie de la population, bien au contraire.

Je me pose des questions. Ces gens-là n’ont-ils jamais bénéficié d’un plan d’intégration culturel et civilisationnel? Ou est-ce la décennie noire qui a fait de l’écrasement de la moitié de la société un idéal, même chez des gens qui vont à l’université?

Sidérée! Mais je n’ai pas le temps de soliloquer sur la psychologie du chaos, Je m’apprête à mener mon ultime combat de la journée.

Je presse le pas en priant Dieu, les esprits, la force surnaturelle, les étoiles, je ne sais quoi, pour rentrer chez moi sans incident. Je halète en baissant mes yeux pour qu’ils ne croisent pas les regards qui me suivent et me poursuivent de chaque coin de cette ruelle mal éclairée.

J’arrive à quelques minutes de l’heure “très tardive” de 19h, J’ai encore quelques heures devant moi pour formuler mes meilleurs vœux pour mon pays, en cette nouvelle année. Malgré tout!

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24 Commentaires

  1. @Beate
    Tout cela je le sais parfaitement bien car…je l’ai vécu petite, en 1958, en France dans une ville chic de l’ouest de Paris ! A cette époque un bidonville d’ouvriers arabes s’est ouvert (temporairement car on l’a démoli) dans ma ville et je “les” croisais sur une partie du chemin de l’école, dans la journée ! J’avais 9 ans et ils me dévisageaient, m’interpelaient, essayer de me caresser le visage au passage, de m’attraper, et j’étais morte de peur. Plus tard à 25 ans dans une autre ville un jour deux hommes arabes m’ont dévisagée de manière sordide, malotrue, et sans réfléchir je leur ai tiré la langue. Ils étaient arrêtés en voiture et moi à pieds, ils m’ont hurlé des menaces de mort : “tu vas voir, on va te tuer salope !” Mais j’ai peut-être déjà raconté cela ici.

    • En effet, vous l’avez déjà raconté, Sandrine, mais c’est important de le redire, car de nouveaux lecteurs se connectent tous les jours sur R.R.

      Bonne Année !

      Eva

  2. Toutes ses réalités sont occultées avec un bel ensemble par la classe politique depuis hier soir .

  3. Dans les villes islamisées de France, c’est parfois la même chose. J’avais l’habitude d’aller nager une fois par semaine le soir pour me détendre, une heure de 20h30 à 21h30. Plusieurs soirs (surtout l’hiver lorsqu’il faisait nuit) j’ai été verbalement harcelée avec propositions indécentes; suite à mon refus j’ai été insultée par des commentaires du genre « Sale pute! » ou « Salope ! Si tu étais ma femme tu traînerais pas dehors la nuit.»
    En 2009, j’ai été attaquée en sortant de la piscine, poussée contre une grille près de la Basilique par des maghrébins qui m’insultaient Sale pute! », « Salope! T’en veux? »; j’ai été secourue par des Maliens qui ont même eu la gentillesse de me raccompagner chez moi. J’ai eu très peur. Sans l’aide de ces Maliens je pense que j’aurai été violée. Suite à cette attaque je ne suis jamais plus sortie le soir, donc je ne suis plus aller me détendre à la piscine.
    La police m’a dit qu’il n’y avait pas eu de crime donc qu’il était inutile de déposer plainte. « Madame, la police doit s’occuper de choses bien plus sérieuses ! »

    • Chère Beate,

      Votre récit prouve que les non-musulmans qui vivent dans des villes islamisées sont comme abandonnés par leur gouvernement.

      Bonne Année à vous et à vos filles,

      Eva.

    • au moins c’est rassurant ! tu peux nous en dire plus, peut-être sous la forme d’un article ?

    • Peut-être dans certains endroits du Maroc, c’est impensable.
      Mais j’ai une amie Française de souche qui a vendu une villa qu’elle possédait au Maroc car elle était constamment insultée dans la rue par des Marocains quand elle rentrait dans sa villa le soir.
      Elle m’a dit qu’elle préférait vendre tant que les prix étaient bons, car plus islamistes perceront au Maroc, plus le prix des propriétés immobilières vont baisser.

  4. Je rebondis sur un commentaire d’Eva pour poser quelques questions qui me taraudent depuis un moment.
    Pour la majorité des français, tous les nord-africains sont des arabes. Je sais que c’est réducteur, mais c’est grosso modo ce que les gens pensent. Ca permet aussi des raccourci faciles.

    Question : les Algériens, Tunisiens et Marocains parlent-ils l’arabe ou parlent-ils une langue officielle algérienne, tunisienne ou marocaine ? Ces langues sont elles enseignées à l’école ou alors, la langue arabe est-elle la langue de l’éducation nationale ?
    Si l’arabe littéraire était la langue d’enseignement des pays du Maghreb (et autres), ces élèves apprendraient donc une langue étrangère à leur langue maternelle ?
    Merci de m’éclairer.

    • Allez on laisse Philippe et Eva répondre, ce sontles spécialistes de la question

    • Celui qui a signé l’arrêt de mort de l’Algérie s’appelle : Boumédiène !

    • « Si l’arabe littéraire était la langue d’enseignement des pays du Maghreb (et autres), ces élèves apprendraient donc une langue étrangère à leur langue maternelle ? »

      On pourrait le penser mais ce serait quand même excessif.
      Pour le moment, pouvons-nous nous contenter de ces quelques indications de wikipedia ?
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe_standard_moderne

    • Bonjour Jean-Louis,

      Désolée d’avoir tardé à vous répondre. Vous dites:
      “Pour la majorité des français, tous les nord-africains sont des arabes. Je sais que c’est réducteur, mais c’est grosso modo ce que les gens pensent”.

      Les Arabes sont les peuples de la péninsule arabique, qui se situe en Asie (grosso-modo: Arabie, Yémen et quelques territoires environnants). Les autres pays dits arabes sont habités par des peuples d’Asie ou d’Afrique du Nord, qui ont été envahis par les Arabes de la péninsule arabique, dans le but de les islamiser. Ils les ont donc convertis (souvent de force) à l’islam, et dans certains cas, ils les ont arabisés, c’est à dire qu’ils leur ont imposé, avec le passage des siècles, la langue arabe.
      Beaucoup d’Occidentaux pensent que les Maghrébins sont des Arabes car les Maghrébins font tout pour être vus comme étant des Arabes, parce-qu’ils détestent être considérés comme des Africains, ce qu’ils sont, pourtant.
      Si vous voulez provoquer une crise d’apoplexie chez un Maghrébin, qualifiez-le d’Africain. Hospitalisation garantie. Pour comprendre pourquoi les Maghrébins, bien qu’Africains, ne supportent pas d’être considérés comme des Africains, il vous suffit d’observer comment les Nord-Africains traitent les Africains noirs. Ils les traitent comme des chiens, les ont réduits en esclavage, et ils ont le culot d’accuser les Occidentaux de racisme. L’hôpital qui se moque de la charité…
      Une petite anecdote qui illustre ce complexe: une de mes amies, qui est Autrichienne, a été fiancée avec un Marocain de la haute bourgeoisie. Il lui disait toujours:
      «Je suis mieux que le roi Hassan II, car lui est moitié Arabe/moitié Berbère, tandis que moi, je suis 100 % Arabe».
      Avant que je le lui explique, mon amie n’avait pas saisi que son fiancé marocain se vantait d’être 100 % descendant d’ancêtres venus d’Asie, tandis que son roi, lui, était affligé de 50 % de sang africain.

      “Question : les Algériens, Tunisiens et Marocains parlent-ils l’arabe ou parlent-ils une langue officielle algérienne, tunisienne ou marocaine ?”

      Aujourd’hui, les peuples des pays arabes d’Asie parlent correctement l’arabe, avec des différences d’un pays à l’autre (différences d’accent, de prononciation). Mais bon, ça reste quand même la même langue, et ils se comprennent d’un pays à l’autre.
      Mais pour ce qui est du Maghreb, la langue que parlent les Nord-Africains est une sorte de mélange d’un dialecte berbère mélangé à des mots arabes déformés (1). Pour cette raison, les peuples des pays arabes d’Asie ne comprennent pas le parler des peuples des pays du Maghreb.
      Je me souviendrai toute ma vie de la première fois où j’ai rencontré un marocain, à mon arrivée en France. Les Français qui me l’ont présenté m’ont dit:
      «Eva, voici Omar, un ami marocain avec lequel tu vas pouvoir discuter dans ta langue maternelle».
      Horreur et putréfaction ! L’énergumène s’adressait à moi dans un infâme sabir, un dialecte berbère guttural qui m’écorchait les oreilles, sans doute parce-que je n’y comprenais rien. Ce dialecte était mélangé à quelques mots d’arabe qui étaient méconnaissables. Ceci est surtout vrai pour les Algériens et les Marocains. Les Tunisiens parlent d’une manière beaucoup plus compréhensible pour un Arabe du Moyen-Orient (Asie).

      «Ces langues (algérienne, tunisienne, marocaine) sont elles enseignées à l’école ou alors, la langue arabe est-elle la langue de l’éducation nationale ?»

      Les Maghrébins apprennent leur dialecte à la maison, auprès de leur famille. Ils apprennent l’arabe classique dans beaucoup d’écoles, mais pas toutes. Il semble que l’apprentissage des langues berbères au lieu de l’arabe soit une revendication récurrente au Maghreb. Autant l’islam fait une belle carrière au Maghreb, autant la langue arabe est comme une greffe qui n’a jamais vraiment pris dans ces pays. Il est en effet plus difficile pour un Maghrébin d’apprendre une langue différente du dialecte dans lequel il s’exprime au quotidien.
      Tandis que dans les pays du Moyen-Orient, les écoliers souffrent moins pour apprendre l’arabe classique, car l’arabe «courant» qu’ils parlent est assez proche de l’arabe classique (2).
      D’après ce que j’ai pu constater, le niveau des Maghrébins en arabe classique est généralement médiocre pour ceux qui ont fait leur scolarité au Maghreb, et plutôt lamentable pour ceux qui sont nés en France (ce que je peux comprendre, car l’arabe n’est pas très enseigné dans les écoles françaises, malgré les revendications de nombreuses familles musulmanes).

      C’est pour cela que je ris comme une bossue quand les Maghrébins assènent d’un air docte à leurs amis Français de souche:
      «Vous ne comprenez rien à l’islam, puisque vous n’avez pas lu le coran EN ARABE, car contrairement aux textes sacrés de toutes les autres religions, le coran, lui, est intraduisible» (!!!??!!)
      C’est un argument ridicule, car la majorité des musulmans ne connaissent pas du tout l’arabe, comme par exemple les musulmans Turcs, Iraniens, Pakistanais, Afghans, Tchétchènes, Ouïgours, Indonésiens, Birmans, etc…Comment tous ces musulmans ont-ils fait pour «comprendre l’islam» alors qu’ils ne sont pas arabophones et n’ont donc jamais lu le coran en arabe ?
      Il faut savoir que tous les musulmans qu’ils soient arabophones ou pas, sont tenus de faire leurs prières en arabe, car Allah, dans sa toute-puissance, est monolingue 🙂

      «Si l’arabe littéraire était la langue d’enseignement des pays du Maghreb, ces élèves apprendraient donc une langue étrangère à leur langue maternelle ?»

      Pour les enfants Maghrébins, l’arabe classique qu’ils apprennent à l’école est assez étranger à leur langue maternelle, qui est un dialecte berbère mâtiné de mots d’arabes, mais qui n’est pas de l’arabe.
      Pour les enfants du Proche et Moyen-Orient, les choses sont plus simples, car l’arabe «courant» qu’ils parlent à la maison est assez proche de l’arabe classique qu’ils apprennent à l’école. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas besoin de travailler à l’école, mais ils souffrent moins que les enfants Maghrébins. Les pays du Maghreb ont longtemps eu recours à des professeurs d’arabe classique originaires des pays du Moyen-Orient, car leur propre corps enseignant n’était pas capable d’assurer l’enseignement de la langue arabe. Je ne sais pas si c’est toujours le cas aujourd’hui.

      Pour résumer mon expérience personnelle avec les peuples africains qui se disent arabophones: Quand j’entends des Marocains ou des Algériens discuter, je comprends moins de 10 % de ce qu’ils disent. Pour les Tunisiens, j’ai plus de facilité à saisir, et encore plus de facilité dans le cas des Libyens. Mais les Egyptiens restent les Africains dont l’arabe est le mieux compris par les Arabes d’Asie. Cela vient du fait que l’arabe égyptien est proche de l’arabe classique, et aussi parce-que Le Caire était la «Cinecittà» du monde arabe, et les films égyptiens étaient distribués sur toutes les chaînes de télévision des pays arabes. Cela a permis à l’arabe que parlent les égyptiens d’être compris dans l’ensemble des pays du Proche et Moyen-Orient, mais aussi d’Afrique du Nord.

      ————————————
      (1) Ces mots arabes sont légèrement défigurés par les peuples du Maghreb, et cela de plusieurs manières:

      – Par l’escamotage des voyelles des mots arabes quand ils sont prononcés par des Maghrébins:
      Exemple: «Tawil» sera prononcé «twil». Karim sera prononcé « Krim ».

      – Par la contraction de la plupart des mots arabes:
      Exemple: «Moubarak» sera prononcé «Mbarek». «El-Nissâ’» sera prononcé «Ennsâ», «El-Hichma» sera prononcé «Lahchouma».

      – Par l’inversion de certaines syllabes de mots ou prénoms arabes, ou par la déformation de certains prénoms ou mots, les rendant méconnaissables pour une oreille non-avertie.
      Exemple: “Lahcène”, au lieu de El-Hassan. «Mouloud» au lieu de «Mawloud».

      Expliqué comme ça, ça n’a l’air de rien, mais imaginez le résultat que cela peut donner quand chaque mot arabe est transformé, et quand la majorité du vocabulaire n’est pas arabe, mais berbère.
      Ca donne un mélange difficile à comprendre pour un arabe non-Maghrébin.
      Pour cette raison, les Français d’origine maghrébine qui vont faire le jihad en Syrie ou en Irak essaient de communiquer en Anglais avec les Arabes du Moyen-Orient, car autrement la communication serait très laborieuse.

      (2) L’arabe classique est celui qu’on écrit, mais qu’on ne parle que pour des occasions solennelles: discours politiques, prêches religieux, journaux télévisés ou radiophoniques.
      Même s’il n’est utilisé que pour certaines occasions, il est indispensable d’apprendre l’arabe classique si on veut lire le journal en arabe, ou se familiariser avec la littérature et la poésie arabes.

  5. Témoignage intéressant, et révoltant aussi.
    Ce pendant, je relève deux choses:

    “Nous sommes à une trentaine de kilomètre de la ville d’Alger, qui fut quelques siècles auparavant la ville où l’on venait de tout l’empire Ottoman et le sud de l’Europe pour « se civiliser ».

    Pas à ma connaissance. Sous l’empire ottoman, ainsi qu’avant et après cet empire, le sud de l’Europe et une partie du Proche-Orient comprenaient des villes autrement plus civilisées et attrayantes qu’Alger.

    “Je fais tout de même partie d’un pays qui se vante de son Histoire d’émancipation du colonialisme et de toute sorte de servitude et d’humiliation humaine”.

    Pourtant, l’Algérie est un pays qui devrait éviter de se vanter, car il a été islamisé (ce n’est pas une servitude, l’islam ?) et aussi arabisé à la hâte (les Algériens ne parlent pas l’arabe, mais un dialecte berbère mélangé à quelques mots d’arabe, que les arabes d’Asie, leurs envahisseurs, ne comprennent quasiment pas).

    Quand au colonialisme français, il n’était en rien une humiliation pour les Algériens, mais une chance qu’ils n’ont pas su saisir pour la plupart d’entre eux, un héritage qu’ils n’ont pas su faire fructifier.
    L’humiliation des Algériens ne leur vient pas d’avoir été colonisés, mais d’avoir été colonisés par des NON-musulmans.
    La preuve, c’est que la domination turque ne les a pas révoltés, mais la colonisation française les scandalise encore aujourd’hui, à tel point qu’ils refusent d’en admettre les aspects positifs.

    • « les Algériens ne parlent pas l’arabe, mais un dialecte berbère mélangé à quelques mots d’arabe, que les arabes d’Asie, leurs envahisseurs, ne comprennent quasiment pas ».
      Ce qui explique qu’à une époque j’ai eu un mal fou pour apprendre/parler l’arabe en Algérie, sur le terrain.
      Par ailleurs j’ai des souvenirs cocasses où effectivement des Algériens et des Egyptiens (à une époque ils étaient nombreux dans l’enseignement en Algérie, recrutés d’ailleurs, me disait-on, sur la base de faux diplômes) ne parvenaient pas à se comprendre.

      « la colonisation française les scandalise encore aujourd’hui, à tel point qu’ils refusent d’en admettre les aspects positifs » :
      La propagande FLN -au pouvoir depuis l’indépendance- est toujours en vigueur en Algérie, jusqu’en France dans les manuels scolaires.

    • « Si l’arabe littéraire était la langue d’enseignement des pays du Maghreb (et autres), ces élèves apprendraient donc une langue étrangère à leur langue maternelle ? »

      On pourrait le penser mais ce serait quand même excessif.
      Pour le moment, pouvons-nous nous contenter de ces quelques indications de wikipedia ?
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe_standard_moderne

      • Erreur de ma part, ce commentaire est mal placé.
        Je le déplace là où il devrait être: au commentaire de Jean-Louis le 06 à 11h46

    • ” l’Algérie est un pays qui devrait éviter de se vanter…”
      Chère Eva, j’aime beaucoup votre fine malice, quand ce n’est pas franchement votre humour.
      C’est peut-être involontaire de votre part, mais là, sachez que je ris aux larmes.

      • Vous avez vu juste, cher Monsieur Jallade.
        Quand je dis que l’Algérie devrait éviter de se vanter, c’est une forme d’humour que les britanniques appellent “under-statement”.
        Je ne sais pas comment cela se dit en français.
        Euphémisme, peut-être ?

        Je vais prendre le temps de répondre à Jean-Louis de manière précise sur la langue que parlent les Nord-Afracains. Il me faut juste le temps de récupérer après le choc que j’ai eu ce matin.
        Je n’étais pas loin des bureaux de Charlie Hebdo, et le ballet paniqué et incessant des ambulances et voitures de police m’a rappelée l’ambiance quotidienne de mon pays natal.
        J’ai fait des efforts surhumains pour ne pas m’écrouler, car j’étais accompagnée d’une enfant, et je en voulais pas l’alarmer.
        Je suis rentrée chez moi le plus vite possible, pour mettre cette enfant en sécurité. J’ai tenté d’ouvrir la porte de mon appartement avec la puce qui me sert à ouvrir la porte de mon immeuble.
        Et la porte de mon immeuble, j’avais tenté de l’ouvrir avec ma carte bleue ! La petite me regardait d’un drôle d’air, en se demandant ce qui m’arrivait…
        J’étais tout simplement ailleurs, je n’arrivais plus à me concentrer sur ce que je faisais.

        Quelle sinistre manière de commencer l’année…

        • Je ne peux pas vous dire quelle langue les enfants apprenaient. Je peux seulement vous informer, en 1967/1968/1969, les enseignants qui s’occupaient des petits, à leur faire rabâcher en chœur des séries de phrases ( à partir du coran ), c’étaient des Jordaniens, Syriens, Palestiniens et Égyptiens…et que si leurs yeux avaient été des canons…nous ne serions plus là !
          Voilà pourquoi j’ai écrit que Boumédiène était l’assassin de l’Algérie, c’était l’arabisation à outrance ! Ce pays avait une opportunité, elle l’a laissé passer…
          NB : Notre petite aide-ménagère n’aurait jamais voulu travailler pour d’autres que des Français ! Pourquoi ? À mon avis, parce que, naturellement, la majeure partie d’entre nous respecte son Prochain, homme ou femme !

  6. hi

    helas , ce genre de chose ce prodiut en eurabia aussi
    et cela ira en s’accentuant

    occideny lors de la guerre froide tu as su te battre arme a la main
    etre pres d’etre aneantie par le feu nucleaire . fier de tes idées et te battant pour elle
    en faisant le necessaire pour vaincre tes ennemis

    aujourd hui , c’est l’inverse , tu t’ applatie plus bas que terre
    tu fiue comme un vieillard du une ruel mal eclairé
    tu sacrifie tes enfants , fille , femmes , aux violes , a la pedophilie de tes conquerant …

    qu’elle decheance

    reveille toi , batte toi car tu es entrain de mourrire de lacheté

    by

    • Facile à dire ! On ne se bat pas de face quand on n’en a pas les moyens ! Cette jeune fille a eu raison, car une fois morte, quel sera le résultat ? la victoire des barbares !
      Il faut ruser, c’est la seule solution et se regrouper.

  7. Pendant ce temps là, la France donne 300 000 visas aux Algériens, nos ministres “rassurent” l’Algérie, la France signe une convention avec l’Algérie pour la formation d’imams algériens officiant chez nous, des nunuches bien de chez nous s’amourachent de musulmans (modérés comme il se doit) algériens…
    Vivement le 18 janvier !

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