Ma passion pour la céramique m’a amené à me rendre au marché de céramique de Bussière-Badil en Dordogne pour le week-end de l’Ascension.
Un petit village au milieu de rien, une sorte de Larzac avec des hippies aux coiffures bizarres et des looks improbables, parmi moult Néerlandais et Britanniques retraités établis dans ce département où ils sont si nombreux.
Bussière est le premier marché de potiers de France, créé en 1977 et reconduit annuellement depuis. Des créations de tout type, de la simple tasse à la sculpture qu’on ne peut porter même à deux personnes, sont proposées aux visiteurs. Les prix comportent fréquemment 3 chiffres. Environ 40 artisans d’art ont été sélectionnés pour participer afin de garantir un niveau élevé de technicité et de créativité.
Passés ces détails, le principe est simple : dans une grande halle ouverte à tous vents, les professionnels installent leurs objets sur des étals pour les vendre. C’est le même principe que le marché où l’on achète ses légumes et son poisson et cela dure 4 jours, pendant le week-end prolongé de l’Ascension…
L’un des organisateurs du marché s’exprime dans les colonnes de Sud-ouest pour déplorer la baisse des subventions publiques pour ce marché : elles étaient de 40.000 euros et sont passées à 30.000…
Je dois dire que j’étais loin de penser qu’un simple marché permettant à des personnes de vendre leur marchandise bénéficiait de subventions, tout d’abord.
Ensuite, ce montant de subventions me paraît extrêmement élevé pour, je le répète, un simple événement où chacun expose sa marchandise dans un hangar.
Il est vrai qu’un céramiste est invité pour faire une démonstration de poterie dans une église… mais faut-il vraiment 40 000 euros pour cela ?
Il est vrai qu’une buvette était installée à proximité… mais les consommations, naturellement, n’ont pas vocation à être gratuites.
Alors je m’étonne de la facilité avec laquelle des collectivités financent finalement à un tel niveau un événement qui certes permet aux visiteurs du marché de contempler de belles choses mais trouve avant tout une justification mercantile.
Pour y avoir passé plus d’une heure, j’ai pu constater que les gens achetaient, et même achetaient beaucoup, en particulier les retraités britanniques et néerlandais, malgré des prix parfois déroutants…
J’ai relevé dans l’article de Sud-ouest la précision intéressante que la région Nouvelle-Aquitaine s’était totalement désengagée, la subvention passant de 5000 à 0 euros au motif que les manifestations ayant plus de 5 ans doivent être autonomes financièrement. Quoi de plus normal ?
Une association professionnelle regroupe les professionnels concernés, qui peuvent ainsi mutualiser leurs coûts qui ne sont que des charges découlant naturellement de leur activité, comme tout commerçant, et qu’ils peuvent d’ailleurs déduire des résultats de leur exploitation pour limiter leurs impôts et cotisations sociales...
En revanche, la commune, la communauté de communes, le département continueraient à verser une somme chaque année, pour 11.300 euros… quid des 17.700 euros permettant d’arriver à la somme de 29 000 euros de subventions publiques en 2025 ? payés par le ministère de la culture ?
C’est d’ailleurs sous l’angle de la culture que le journal Sud-ouest aborde le sujet.
Il n’y a pourtant rien à voir entre une exposition culturelle et un marché où des artisans écoulent de la marchandise.
Finalement, peut-on être surpris de voir nos départements, collectivités de communes, communes, et l’Etat lui-même régulièrement surendettés si des subventions sont accordées à tout ce qui bouge sous prétexte que c’est joli et que c’est donc culturel ?
Ceci n’étant qu’une goutte d’eau dans un océan de gabegie…
Bien sûr, il est appréciable que ce genre d’événement ait lieu, mais il ne me paraît pas normal que des citoyens qui n’y participent pas doivent le subventionner via leurs impôts. C’est aux professionnels de le financer intégralement et collectivement en reversant une partie de leurs bénéfices à un budget dédié au fonctionnement de leur marché.
Reste la question de la pertinence, pour le journal « Sud-ouest », d’aborder cet événement de cette façon.
Le journal cherche à nous fait pleurer sur le financement d’un marché tout à fait « bobo », où un vase peut être vendu 500 euros…
N’y a-t-il pas là quelque indécence à l’heure où beaucoup de ménages ont du mal à subvenir à leurs besoins élémentaires ?
« On doit rogner sur tout » : casse-tête budgétaire pour le plus vieux marché céramique de France
Les subventions se réduisent et les organisateurs du Marché céramique de Bussière-Badil en Dordogne se battent pour maintenir sa qualité et sa gratuité. Cet événement phare en Périgord vert vivra sa 48e édition à partir du jeudi 29 mai
« Il y aura encore cette année de très belles choses. Mais à plus ou moins longue échéance, ça ne sera peut-être plus le même Bussière », redoute Tristan Chambaud-Héraud, l’un des piliers de l’organisation du Marché céramique de Bussière-Badil, dont la 48e édition se déroulera de ce jeudi 29 mai au dimanche 1er juin dans ce village du nord de la Dordogne. Pourquoi cette inquiétude ? « C’est de plus en plus dur de boucler notre budget. Et si on fait en sorte que le marché en souffre le moins possible, nous, on souffre et on s’épuise à trouver des solutions », expose l’artiste installé à Abjat-sur-Bandiat.
« On a des baisses de subventions pratiquement de partout », déplore le potier périgourdin. Son confrère limousin de Saint-Yrieix-la-Perche Thomas Cadith, trésorier de l’association Quatre à Quatre, détaille : « On est passé d’un budget d’environ 40 000 euros ces dernières années à 29 000 euros pour 2025 avec une diminution globale des aides de 35 %. Pour la Région Nouvelle-Aquitaine, la somme est passée de 4 000 euros à 0, au motif que les manifestations ayant plus de cinq ans d’ancienneté doivent être autonomes. »
Reprise de la buvette
Parallèlement, poursuit Thomas Cadith, « le Département de la Dordogne a réduit son enveloppe d’environ 33 %, à 4 500 euros ». « Mais pour eux, on avait été prévenus très à l’avance », remarque-t-il. Quant à la commune de Bussière-Badil, « fidèle soutien, en plus des travaux de la halle [NDLR : qui accueille les potiers], elle a maintenu ses 3 000 euros », note le trésorier. Et « pour la Communauté de communes du Périgord nontronnais, la baisse est assez limitée, de 4 000 à 3 800 euros ».
C’est un peu « la colo des potiers ». À Abjat, en Dordogne, chez Tristan Chambaud-Héraud, un four étonnant rassemble, des jours et des nuits durant, des artisans qui viennent de toute la France pour y cuire leurs créations
« Moins d’argent, cela veut dire moins d’affichages, de communication, alors que ce marché fait marcher toute l’économie du territoire »
« On doit rogner sur tout, expose Tristan Chambaud-Héraud. Et on doit faire ce que l’on déteste faire, car on est surtout là en tant que céramistes : récupérer des sous. On a tapé à la porte de privés et on a dû reprendre, à contrecœur, une partie de la buvette que l’on cédait aux associations de Bussière, au profit de l’école du village. »
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D’autres choix redoutés
Thomas Cadith enfonce le clou : « Moins d’argent, concrètement, cette année, cela veut dire moins d’affichages, de communication, alors que ce marché, le plus vieux (1) et l’un des plus réputés de France, fait marcher toute l’économie du territoire en attirant un public qui réserve des hébergements pour plusieurs jours, va dans les commerces, les restaurants… »
Les deux passionnés l’assurent, il n’est pas question de faire de concessions sur la qualité de la manifestation. Ni, pour le moment, sur la gratuité de l’entrée au marché comme à l’exposition dans l’église. « L’artiste invité est payé par l’association, on devra peut-être se poser la question de maintenir cet événement. Comme on devra peut-être s’interroger sur les ateliers pour enfants qui sont traditionnellement assurés par un jeune céramiste pour qui c’est un coup de pouce », redoute Thomas Cadith.
Patrick Crulis travaillera en public pendant toute la manifestation.
Photo fournie par le Marché céramique de Bussière
Les pièces de Jean-Raymond Meunier investiront l’église du village.
Photo fournie par le Marché céramique de Bussière
Ce marché, couru par un public « éclairé et fidèle » qui peut débourser jusqu’à 7 000 euros pour une pièce, est crucial en termes de revenus pour ses artistes. Tristan Chambaud-Héraud et Thomas Cadith exposeront tous les deux lors de l’édition 2025. Le premier présentera notamment plusieurs de ses grandes bouteilles caractéristiques de son travail sur le minéral. « Depuis dix ans que je suis engagé à Bussière, j’y consacre entre deux et trois mois de bénévolat chaque année. Ce temps, je l’ai pris sur autre chose et je n’ai pas pu faire une seule exposition personnelle en dix ans. J’attends la 50e édition pour passer le relais. »
(1) La Foire des potiers, nom originel de la manifestation, a été lancée en 1977.
À savoir
Le Marché céramique de Bussière, toujours engagé pour « faire découvrir une céramique contemporaine, vibrante, audacieuse et résolument joyeuse », sera ouvert tout le week-end de l’Ascension, de ce jeudi 29 mai au dimanche 1er juin, de 10 à 19 heures. 44 céramistes et autant d’univers investiront la halle. L’église accueillera Jean-Raymond Meunier. Son travail « bien déjanté, mélange la ferraille et la céramique », apprécie Tristan Chambaud-Héraud. Patrick Crulis, lui, créera une œuvre sur les quatre jours : « Il tournera des formes vaguement utilitaires pour les assembler, les accumuler, et refabriquer une sculpture. » Deux conseils à donner aux visiteurs ? « Venir jeudi de bonne heure car les plus belles pièces sont souvent vendues dès le début, et revenir par exemple samedi, car le travail de Patrick Crulis aura sûrement beaucoup avancé et sera spectaculaire. » Entrée gratuite, petite restauration sur place.
Connaissez-vous ARGILLA ? …ça vous plairait, peut-être. Cet évènement transforme les rues d’Aubagne en vaste exposition de poterie et céramique , non pas dans un hangar, mais sous le soleil ci-dessous leur annonce, « Venez découvrir le plus grand marché céramique de France, à ciel ouvert le week-end du 9 et 10 août 2025 ! Ce marché potier régional créé en 1991 est devenu au fil des éditions national puis international. 1er marché potier de France, 5e européen et 50 000 visiteurs, Il est l’évènement phare des arts de la céramique. » https://www.tourisme-paysdaubagne.fr/tourisme-paysdaubagne/un-jour-une-histoire/experiences-dici/argilla/
Connaissez-vous ARGILLA ? …ça vous plairait, peut-être. Cet évènement transforme les rues d’Aubagne en vaste exposition de poterie et céramique , non pas dans un hangar, mais sous le soleil ci-dessous leur annonce,
« Venez découvrir le plus grand marché céramique de France, à ciel ouvert le week-end du 9 et 10 août 2025 !
Ce marché potier régional créé en 1991 est devenu au fil des éditions national puis international.
1er marché potier de France, 5e européen et 50 000 visiteurs, Il est l’évènement phare des arts de la céramique. »
https://www.tourisme-paysdaubagne.fr/tourisme-paysdaubagne/un-jour-une-histoire/experiences-dici/argilla/