Qui était Marwan Issa, « l’homme de l’ombre » des Brigades al-Qassam ?
Second commandant de la branche militaire du Hamas, l’un des hauts responsables les plus recherchés par Israël a été tué dans une frappe à Gaza, a confirmé la Maison Blanche.
OLJ / Par Clara HAGE, le 14 mars 2024, mis à jour le 18 mars
Marwan Abdel Karim Issa, 59 ans, dont la mort a été confirmée lundi soir par la Maison Blanche, est le plus haut responsable du Hamas à avoir été tué par l’armée israélienne à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Discret chef adjoint de la branche armée du mouvement, il était le numéro trois du groupe islamiste dans l’enclave, l’un des hommes les plus recherchés par Israël après Yahya Sinouar, son leader, et Mohammad Deif, commandant en chef de la branche militaire. « L’homme de l’ombre » des Brigades al-Qassam aurait joué un rôle de premier plan dans la planification de la triple incursion en territoire israélien. « Il était impliqué jusqu’au cou dans le 7 octobre ; il est l’un des cinq hommes qui connaissaient par avance (tous les détails des attaques), s’il n’était pas le plus impliqué d’entre eux », a suggéré lundi 10 mars sur une chaîne israélienne Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien, au lendemain d’une frappe aérienne qui a pris l’homme pour cible.
« Tué dans une opération israélienne »
Revenant sur cette attaque, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, avait indiqué qu’une opération conjointe de l’armée et du renseignement intérieur avait été menée dans la nuit du samedi au dimanche précédent contre un complexe souterrain appartenant à de hauts responsables du mouvement dans le centre de Gaza, à Nuseirat. Selon l’État hébreu, deux figures importantes du Hamas se trouvaient dans le site visé : Ghazi Abou Tamaa, considéré comme responsable de « toutes les armes du Hamas à Gaza », et Marwan Issa. « Lorsque nous aurons des certitudes, nous informerons le grand public », avait alors précisé Daniel Hagari alors que la rumeur selon laquelle le numéro trois du mouvement islamiste serait bel et bien mort commençait déjà à circuler en Israël. Des rumeurs désormais confirmées, une semaine plus tard, ce lundi, par la Maison-Blanche. « Marwan Issa a été tué lors d’une opération israélienne la semaine dernière », a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de l’exécutif américain, Jake Sullivan, lors d’une conférence de presse.
L’homme, né en 1965 dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de Gaza, a longtemps réussi à échapper aux radars israéliens. C’est depuis ce même camp que Marwan Issa s’implique dans les Brigades al-Qassam dès les premiers jours de leur création en 1991. Selon la chaîne publique israélienne Kan, le Palestinien initialement formé auprès des Frères musulmans aurait joué un rôle-clé dans l’implantation de l’organisation armée à Gaza. Son visage n’est toutefois connu du public qu’en 2011, lorsqu’il participe aux pourparlers pour la libération de milliers de prisonniers palestiniens détenus en Israël en échange du soldat israélien Gilad Shalit, capturé en 2006 par la branche armée du Hamas dans un kibboutz au sud de la bande de Gaza. Un an plus tard, le Gazaoui se hisse à la seconde place de l’aile militaire du Hamas, devenant en 2012 le commandant adjoint de Mohammad Deif. Marwan Issa remplace alors Ahmad Jabari, longtemps traqué par Israël et tué dans une frappe sur Gaza la même année. C’est en partie grâce à ses qualités de négociateur que Marwan Issa gravit les échelons du Hamas. Selon Israël, son rôle, en plus de ses activités en tant que chef militaire, consistait à jouer le médiateur entre les commandants militaires et la branche politique du Hamas, dont la majorité des responsables se trouvent au Qatar et en Turquie. En mai 2021, le Gazaoui participe activement aux négociations conduisant à un accord de cessez-le-feu après plusieurs semaines d’affrontements entre Israéliens et Palestiniens ayant débouché sur une opération militaire israélienne dans la bande de Gaza.
Appels à la résistance
Ses nombreuses années en détention ont également forgé sa réputation. En 1987, il est arrêté par Israël et passe cinq ans en prison pour ses activités pendant la première intifada. Dix ans plus tard, c’est cette fois l’Autorité palestinienne (AP) qui l’enferme pendant deux ans à l’époque où celle-ci menait des purges massives d’opposants politiques, la grande majorité d’entre eux étant soupçonnés d’être des sympathisants du Hamas. Marwan Issa a par la suite fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat menées sans succès par l’État hébreu. Selon le média saoudien Asharq al-Awsat, le quinquagénaire souffrait en outre d’un cancer depuis quelques années. Ces derniers temps, son état de santé se serait dégradé, motivant avant la guerre plusieurs tentatives d’évacuation de la bande de Gaza afin de se faire soigner. En mars 2023, quelques mois avant le 7 octobre, lors d’une rare intervention télévisée sur la chaîne palestinienne al-Aqsa, Marwan Issa avait prononcé un discours appelant à « relancer la résistance dans toute la Palestine et à la soutenir financièrement, moralement et médiatiquement », insistant sur la nécessité de lui fournir « de nouvelles opportunités » en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en plus de Gaza. À cette même occasion, il avait annoncé que les jours à venir « seront riches en événements », prédisant un « tremblement de terre régional » en cas de modification du statu quo dans l’enceinte de la mosquée al-Aqsa.
Cet article, initialement daté du 14 mars, a été mis à jour le lundi 18 mars 2024 à 22h30, après l’annonce de la mort de Marwan Issa faite par Washington.
https://www.lorientlejour.com/article/1371420/qui-est-marwan-issa-lhomme-de-lombre-des-brigades-al-qassam-.html
Juvénal de Lyon
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Une petite victoire, mais c’est l’hydre à mille têtes !
Cette secte est comme le chiendent, difficile de s’en débarrasser.