Le concert du mois : Richard Strauss, deuxième partie

Une fois n’est pas coutume…le concert de ce mois va s’étaler sur deux samedis, en raison de l’œuvre immense laissée par Richard Strauss, notamment au niveau de la voix, avec ses opéras comme Salomé, Le chevalier à la rose, La femme sans ombre, Elektra, etc.

C’est pourtant par une composition pour orchestre que va débuter ce concert avec Till Eulenspiegel’s lustige Streiche (Les joyeuses facéties de Till l’Espiègle). Ce poème symphonique a été créé le 5 novembre 1895 à Cologne. Trois liens lui seront consacrés. Comme la semaine dernière, je vais vous proposer une répétition. Nous ne sommes plus en 1970, mais en 1965 avec l’orchestre Radio Symphonique de Stuttgart dirigé par le chef roumain Sergiu Celibidache. Suite à la répétition de Don Juan avec Karl Böhm un de mes fidèles commentateurs, que je remercie, s’est étonné que “certains humanistes de gauche n’aient pas déposé plainte pour maltraitance”. Avec Celibidache, c’est dix fois pire ! Dès les premières secondes il fait s’arrêter l’orchestre et recommencer x fois la même phrase, ce que les musiciens détestent particulièrement, ils préfèrent jouer, quitte à faire des “retours”par la suite. On notera aussi l’agacement du chef au moindre murmure de l’orchestre. Aujourd’hui on ne peut plus diriger comme ça. Le maestro n’est plus le Deus ex machina ou le Jupiter, quoique…on en a bien un chez nous !

Mais pour autant, Celibidache fait partie des grands chefs du siècle passé !

Après la répétition, vient le concert, mais pas avec le même chef, YouTube l’ayant supprimé de la chaîne pour atteinte aux droits d’auteur. Donc la répétition, oui, le concert, non ? ET pourtant tout venait du même DVD. J’ai dû faire amende honorable en répondant à des questions posées par “l’école des droits d’auteur” !

En fait cela m’a arrangé, car je vais vous proposer une version très récente de Till Eulenspiegel. Ainsi nous pouvons bénéficier d’une prise de son et d’image impeccable ! Qui plus est, cette version est chapitrée d’après les indications de Richard Strauss, les voici avec leur traduction :

 

On pourra comparer cette version avec celle, plus lente, de l’immense Lorin Maazel :

L’opéra Salomé, en un acte, fut créé à Dresde le 9 décembre 1905 à Dresde. C’était le troisième opéra de Strauss, et, si les deux premiers furent des échecs, celui-ci rapporta tellement d’argent que Strauss put acquérir sa maison de Garmisch-Partenkirchen ; cependant l’œuvre fit scandale ; était-ce dû à la Danse des sept voiles ? L’action se déroule au début de l’ère chrétienne sur une grande terrasse du palais d’Hérode. Au cours de la scène IV, Hérode demande à Salomé de danser pour lui et de retirer les sept voiles qu’elle porte sur elle jusqu’à se retrouver entièrement nue :

Le Chevalier à la rose, opéra en trois actes sur un livret de Hugo von Hofmannstahl  fut créé le 26 janvier 1911 à Dresde. Comme pour Salomé, je ne vais pas m’étendre sur le sujet puisque tout se trouve sur Wikipédia. Je vous en livre deux extraits avec, entre autres, la sublime Elisabeth Schwarzkopf dans une mise en scène somptueuse de 1962, direction Herbert von Karajan (il faudra que j’achète le DVD !). À suivre, La présentation de la rose, le trio final :

À la fin de sa vie, Strauss s’était éloigné de l’Allemagne vaincue et s’était installé en Suisse. C’est là qu’il composa son œuvre ultime entre mai et septembre 1948, Les quatre derniers Lieder :

  • Frühling (Printemps), allegretto ;
  • September (Septembre), andante ;
  • Beim Schlafengehen (L’heure du sommeil), andante ;
  • Im Abendrot (Au crépuscule), andante.

J’ai trouvé un site qui présente parfaitement ce cycle magnifique, en voici le lien :

https://www.espritsnomades.net/musiques/richard-strauss-les-quatre-derniers-lieder/

Naturellement, j’aurais pu choisir la version Elisabeth Schwarzkopf dirigée par George Szell et dont je possède le CD. Mais justement, c’est un CD et je préfère une vidéo, mais pas n’importe laquelle, celle captée en 2004 au festival de Lucerne avec Renée Fleming et l’orchestre du festival de Lucerne dirigé par Claudio Abbado, disparu en 2014 comme d’ailleurs Lorin Maazel. J’aurai eu l’immense bonheur d’applaudir ces deux chefs au théâtre des Champs-Élysées à Paris. Fleming n’a pas à rougir des versions de références plus anciennes ! Et Abbado, très intelligemment, garde les bras levés après Abendrot, ainsi les applaudissements n’interviennent qu’au bout de plusieurs secondes :

Ce concert du mois en deux parties est à présent terminé. Je vais cependant terminer l’article par un gag. Nous avons vu que l’action de Salomé se déroulait au début de l’ère chrétienne. À cette époque, Rome était toute puissante, cependant dans la ville, la circulation n’allait pas de soi ; attention, les personnages que vous allez voir s’expriment en latin, même si quelques doutes subsistent sur l’authenticité des termes employés !

Filoxe

 

 

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3 Commentaires

  1. Les quatre derniers Lieder : Renée Fleming évidemment. Kiri Te Kanawa sublime. Mais je les ai découverts par Jessye Norman, à l’époque une amie de ma mère se débarrassait de tous ses vinyles de classique, un trésor, donc c’est ma madeleine de Proust.
    Merci pour ce grandiose exposé en 2 parties et toutes ces belles rencontres musicales !

  2. Encore une fois merci pour votre investissement dans la vulgarisation de la musique, elle en a bien besoin !

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