Identité : Réfléchissons bien aux propos de Julia de Funès

Heureusement que le visionnage en différé des vidéos permet d’être attentif et d’interrompre les flots et les rapides de certains intervenants pour prendre le temps nécessaire à la réflexion. L’exemple de Julia de Funès, philosophe et essayiste, invitée de l’émission « Face à Bock-Côté » du samedi 18 février 2023 permet d’illustrer cette démarche.

Lien de la vidéo : Face à Bock-Côté du 18 février 2023

Madame de Funès a un débit verbal tellement rapide qu’au cours du direct de cette émission, je n’arrivais pas à suivre son raisonnement. J’ai dû regarder une deuxième fois la vidéo de cette émission et transcrire ici les propos qui m’intéressaient pour pouvoir les analyser et en tirer profit. Dans la dernière partie de cette émission il s’agissait de sujets titrés par Cnews.

« Identité : un besoin d’enracinement » puis « Identité : quelle France de demain ? »

À la question posée par Mathieu Bock-Côté :

Beaucoup de gens aujourd’hui vont voter en disant « La France n’est plus la France et je dois voter pour qu’elle le redevienne ». Cette phrase a-t-elle pour vous un sens ?

la réponse fut immédiate :

Aucun, puisque si je leur demande de définir ce que c’est la France….

Mathieu Bock-Côté s’empresse de préciser sa question :

« Imaginons que la France devienne à 80 % musulmane, dans un siècle par exemple, que la France soit culturellement africanisée, dans un siècle. Est-ce que la France, sera la France pour vous ? ».

La réponse commence par une tautologie imparable, puisque toujours vraie. Heureusement qu’elle est plus raffinée dans la partie qui la suit immédiatement :

Ce sera la France, puisque c’est la France

Ce qui provoque une moue dubitative chez Mathieu Bock-Côté

…sauf qu’elle est indéfinissable. Il n’y a pas de problème puisque s’ils disent que la France n’est plus la France, quelle image avaient-ils de la France antérieure ? Et là on arrive sur les apories du concept qu’on ne peut pas définir. Mais je comprends ce sentiment. J’insiste sur le besoin d’un ‘Sentiment collectif’, du sentiment d’un ‘Nous’. La thèse du livre est de dire, en gros, si l’on veut retrouver un sentiment identitaire, il ne faut pas passer par le concept d’Identité. Et le Collectif… Un exemple, j’ose un truc politique, ce n’est pas mon genre : vous savez avec Zemmour, le phénomène Éric Zemmour qui a finalement monté… Et je trouve qu’il avait fait appel à ce besoin de sentiment d’Identité, de retrouvailles avec la France. Et au moment où il a voulu dire finalement que la France c’est ça, on ferme à l’Ukraine (sic) etc. tout s’est effondré. Donc, dès qu’on veut préciser ce sentiment identitaire par l’Identité, on achoppe et on se fourvoie. Donc, pour moi, le sentiment collectif, par exemple, si vous dites que la France c’est ça, rassemblons-nous derrière cette idée-là, ça ne marchera pas parce qu’on n’aura pas une idée commune. En revanche, une émotion, une conscientisation d’un risque, un attentat demain, vous allez voir que le pays est très solidaire et qu’il y a un sentiment d’unité nationale. Donc je crois beaucoup plus à l’émotion, au collectif, à la conscientisation d’un risque pour rassembler un peuple qu’à une étiquette identitaire qui ne fonctionne jamais .

 

Par certains aspects, Madame de Funès a bien raison, même si, soit dit en passant, Zemmour n’a jamais exclu les Ukrainiens d’une identité européenne et judéo-chrétienne dans laquelle il s’inscrit volontiers, lui le Nord-Africain d’origine. Il n’en exclut pas les Russes, non plus. Ce n’est pas là que réside ma critique de la pensée articulée par Madame de Funès : elle ne va pas jusqu’au bout de son propre raisonnement. En suivant son argumentaire je me pose une question : si elle admet que nous nous retrouvons unis lors d’un danger, pourquoi ne considère-t-elle pas la perte de tout une civilisation, d’une histoire et d’un territoire que nous chérissons, comme une perte fatale, plus ravageuse que les effets d’un attentat à grande échelle ? Il n’y aurait donc que l’imminence et le spectaculaire qui réveilleraient soudainement nos consciences et nous amènerait à jouer Collectif ?

En dépit des arguties philosophiques autour du concept d’Identité et la difficulté de le définir avec précision, pourquoi devrions-nous renoncer à sa charge émotionnelle lorsqu’il s’agit d’unifier ceux qui se sentent dépossédés et relégués à la périphérie des banlieues, alors qu’ils sont dans leur propre pays ?

Il y a donc une sorte d’apathie chez notre éminente intellectuelle qui devrait prendre conscience (se conscientiser comme elle dit) qu’en douce, mais sans douceur aucune, ceux qui éprouvent le sentiment d’être Français sont grand-remplacés. C’est une immense douleur de nos concitoyens qui ne se contentent pas d’une mémoire courte et ne se laissent pas cantonner aux seuls événements spectaculaires et à l’immédiateté.

N’en déplaise à Madame de Funès, l’Identité est bel et bien le changement qui s’opère au quotidien dans le cadre d’un système de valeurs et d’un même héritage de composantes civilisationnelles qui ne sont absolument pas les mêmes en Afrique du Nord et en Europe.

Les Vénus et Apollon seront à tout jamais allergiques aux tchadors, aux voiles et aux burqas. La beauté du nu divin est ce qui caractérise l’Europe, qui fait son Identité unique au monde. C’est ça qui fait la constance dans ce qui n’est que changement dans les formules de Madame de Funès.

Pascal Hilout, né Mohamed

https://ripostelaique.com/identite-reflechissons-bien-aux-propos-de-julia-de-funes.html

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12 Comments

  1. S’il fallait définir la France, on aurait besoin de plusieurs volumes , une encyclopédie sans doute…
    Son rythme d’élocution rapide et enveloppant, rappelle celui de son collègue Raphael Enthoven, probablement une technique apprise d’un professeur commun.
    Ces deux là ont un point commun, beaucoup de paroles pour ne rien dire. Une idéologie rigoriste qui camoufle un vide abyssal.

  2. Quel plaisir de te lire Pascal Hilout! Merci. Oui, cette acceleration de la parole est assez pénible. Cependant, il y en a un qui parle lentement c’est Macron mais on ne le comprends pas non plus!!

  3. Très déçu par la prestation de Mme de Funès. Encore une « philosophe » (aujourd’hui, on appelle ainsi des gens diplômés en études de philosophie, c’est-à-dire qui ont lu et paraphrasé les vrais philosophes du passé) qui en… les mouches et verse dans le sophisme, la casuistique et les réflexions aristotéliciennes (aussi appelées byzantines).

    Les réponses que vous citez sont juste consternantes. On croirait du Macron : la France n’existe pas, car vous ne pouvez pas la définir avec des mots. Ben à ce compte rien n’existe : peut-on définir un chêne, la mer, un homme avec des mots? Le mot n’est pas la chose, madame! Les choses et les êtres ne se laissent pas enfermer dans des mots et des définitions. Ce sont juste des panneaux indicateurs, des étiquettes pour savoir de quoi ou de qui on parle.

    (à suivre)

  4. Me De Funès n’arrive pas à voir la réalité en face car la France est confronter à de grave problème identitaire comme l’immigration , l’ensauvagement de la société et le mépris de la France par les jeunes issus de l’immigration qui constituent une vraie bouillie visqueuse qui conduit à une explosion de colère des Français . Mathieu Bock Côté est un vrai spécialiste de l’identité française qui voit les choses avec logique et intelligence et Me De Funès cherche toujours un prétexte de l’Extrême Droite pour débiter ses conneries en gros une immigrationniste !

  5. Bon, il n’y aurait pas d’identité Française, pourtant quand je suis allée à l’Etranger, les gens du cru savaient, juste à me voir (pas à parler), que j’étais Française à mon grand étonnement. Il y a donc bien un style Français.

    On retrouve cela dans les autres pays. Qui n’a pas ainsi en surface (manière d’être, de s’exprimer, etc…) « reconnu » un Belge ? Un Allemand ? Un Italien ? un Espagnol ? Un Russe ? même si ils sont dans notre pays ?

    C’est parce qu’on le dénature que l’on ne sait plus ce que c’est que d' »être » Français.

    L’identité ce sont, en gros, les racines culturelles que l’on a intégrées dans sa personnalité avec plus ou moins d’assentiment. Et c’est essentiel à l’être humain.

    • Excellent commentaire Amélie.
      Je ne suis jamais sorti de l’Europe géographique mais j’ai fait le même constat.
      En France je devine le Belge, l’Allemand, le Suisse…etc…rien qu’à l’utisation de la langue et le comportement. Un Suisse francophone est différent d’un Wallon et un Autichien germanophone est différent d’un Allemand. Idem pour tous les pays que je connais.
      Je voudrais dire aussi que là où je vais je passe tout de suite pour un Français, même sans laisser de papier gras par terre 😄.

      J’ai parfois plus de difficultés avec les Français du Sud. Pas toujours évident de faire la différence entre un Niçois et un Perpignanais.
      Ouh là là… je sens que je vais me faire engueuler sur le site. Bon, c’est pas d’ma faute, je suis du nord de la Loire, cette frontière météorologique, mais pas que!!! 😉

      • Merci Mantalo. C’est tellement évident, ceux qui nient cela ne sont pas dans la réalité ou ne veulent pas la voir pour des raisons idéologiques qu’ils ne pourraient même pas expliquer ni argumenter.

  6. Vous avez raison quant à la rapidité du débit et aussi, il faut le dire, les questions alambiquées par moment, de M.Bock -Coté, qui parle vite et fort !c’est le format de l’émission, comme celle de Y.Rioufol hier soir, qui recevait Alice Desbiolle, médecin de Santé Publique qui mettait en cause le scientisme après la crise covid ! et c’est bien dommage car on voit très clairement les interlocuteurs se dépêcher pour en placer le plus possible !! c’est insupportable !
    Je crois que Mme De Funès a voulu dire ( je n’ai pas été très attentive à son émission pour les raisons que j’évoque plus haut ), qu’il ne fallait pas se laisser « ‘enfermer  » par un mot , l’identité qui est tout de suite connoté extrême droite, nous le ressentons tous bien ! mais évidemment il ne faut pas attendre un attentat pour se reconnecter car cela ne marche pas non plus, bien que l’attentat de Nice ai montré un certain mouvement contre les élus car il arrivait après celui du Bataclan… alors, alors RIEN ! merci Mr Hilout .

  7. Son grand-père était bien plus drôle. La France musulmane à 80% changera de nom puisque le gouvernement sera musulman. Son grand-père s’il avait pu vivre à cette époque n’aurait pas tourné la Soupe aux choux, mais la Chorba. Et l’extra-terrestre aurait été un imam intergalactique.

  8. Julia de Funès a effectivement un débit très rapide, et je pense que c’est peut-être fait exprès. Elle noie son interlocuteur, sous un flot ininterrompu de paroles, c’est son arme, et à la fin on ne sait plus où on est.
    Elle ne veut surtout pas connaître le destin de Zineb. Elle n’est pas folle la guêpe. Elle n’est pas courageuse, elle n’a rien d’extraordinaire. Elle parle, donc elle meuble, mais à part ça.!!!!!!

    • Son amant doit se mettre des bouchons d’oreilles pour arriver à quelque chose. Les sans bouchons d’oreilles la baillonneront avant de l’essayer.

  9. Mr HILOUT, heureux de vous relire, ca faisait longtemps!
    Sur le fond, Mme DE FUNES est en parfait accord avec les ‘valeurs républicaines’ c’est à dire qu’être français est un concept.
    Je ne pense pas que mon père, pied noir du Maroc, se soit engagé à 18 ans, en 1943, pour défendre ces valeurs.
    Il s’était engagé pour libérer la France, son pays, des allemands.

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