Ils étaient trois copains …
Ils étaient trois copains et ils ont écrit l’une des plus belles pages de l’aviation civile française et même mondiale. L’histoire de l’aviation est un sujet très riche et très vaste et il nous oblige à faire des choix. En effet, six pays se sont particulièrement distingués dans le développement de l’aviation : Les USA, la France, l’Italie, la Grande Bretagne, l’Allemagne et l’URSS.
Les trois copains s’appelaient dans l’ordre de leur apparition ici-bas : Saint-Exupery, Mermoz, Guillaumet. A eux trois, ils ont grandement contribué au développement de l’aviation civile commerciale intercontinentale. Les progrès de l’aviation furent fulgurants. Il suffit de penser que seulement 60 ans séparent le premier vol de Blériot au dessus de la Manche en 1909 sur un frêle monoplan de bois et de toile, du premier vol de Concorde en 1969 et du premier pas de l’homme sur la lune cette année là. Et déjà 51 ans nous séparent de ces deux derniers exploits qui ont marqué une sorte de sommet dans l’histoire du vol. En effet, depuis ce moment là, plus aucun avion civil n’a dépassé ni même égalé les performances fantastiques de Concorde et des fusées Apollo. Comme si l’histoire de la conquête de l’air était restée figée. Il n’en est rien et d’immenses progrès ont été accomplis ces cinquante dernières années aussi dans le domaine de l’aviation, de la sécurité et de la navigation aérienne grâce aux développements de l’informatique. Jusqu’au Concorde, c’était l’homme qui pilotait la machine, aujourd’hui, c’est pratiquement l’inverse, c’est la machine qui corrige et anticipe l’erreur humaine…
Pour en revenir à nos trois copains, Saint-Exupery, Mermoz et Guillaumet, plusieurs points communs les unissent. Ils ont tous les trois participé au développement de l’aéropostale. En effet, jusqu’alors, l’aventure de l’aviation consistait principalement à franchir la plus grande distance possible par les airs sans but commercial. Ensuite seulement, progressivement, on a commencé à transporter quelques passagers téméraires ainsi que du fret et en particulier du courrier.
Un autre point commun les unissait également, leur Chef, Didier Daurat, homme visionnaire, à la poigne de fer a largement contribué à construire leur équipe et forger leur personnalité :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Daurat
Saint-Exupery a évoqué la personnalité de Didier Daurat dans ses romans sous le nom de Rivière.
Enfin, nos trois amis ont tous les trois disparu en mer et aucun d’entre eux n’est arrivé à vivre vieux.
Jean Mermoz a vécu 34 ans, Henri Guillaumet 38 ans et Saint-Exupery 44 ans seulement. Il ne faut pas nécessairement vivre vieux pour accéder à la célébrité.
Aujourd’hui, à 120 ans de sa naissance, j’aimerais m’attarder en particulier sur Saint-Exupery et, peut-être, sur certains aspects moins connus du parcours de cet immense écrivain, poète, pilote et journaliste particulièrement cher au cœur de l’Oncle John.
Immense écrivain, car, après la Bible, Saint-Exupery est l’écrivain français le plus traduit au monde.
Pour approfondir le sujet, il existe quantité de livres et de sites que chacun peut consulter soit-même. Par contre, au niveau du modélisme, il existe bien peu de reproductions des avions pilotés par Saint-Ex. Si Saint-Ex a volé pratiquement toute sa vie sur des avions français, paradoxalement, c’est sur un avion de fabrication américaine qu’il a trouvé la mort le 31 juillet 1944.
A notre connaissance, en modélisme, il existe seulement quatre reproductions d’avions pilotés par Saint-Ex :
Une modeste maquette Heller du Caudron Simoun : https://www.france-maquette.fr/maquettes-avions-fr/maquettes-avions-civils-modernes-fr/caudron-c635-simoun-1-72-heller-56208.html
Reproduite à l’échelle standard du 1/72ème, l’Oncle John a construit cette maquette en son temps. Il s’agit d’une maquette plastique simple, peu onéreuse, petite mais bien rendue. Elle peut particulièrement bien convenir à celui qui désire se lancer dans le modélisme. Seul défaut, elle ne possède pas les décals permettant de reproduire l’avion de Saint-Ex.
C’est dommage, car cela n’aurait pas coûté plus cher à Heller de reproduire l’immatriculation de l’avion de Saint-Exupery et lui aurait probablement permis d’en vendre beaucoup plus. Ceci dit, cette maquette peu onéreuse est toujours disponible et facilement accessible. L’Oncle John en possède encore une en boite à construire quelque part au fond se sa cave…
Ensuite, il y a une maquette du P-38 Lightning de Saint-Ex réalisée en bois à l’échelle du 1/35ème par Pilot Station. C’est une belle maquette mais pas vraiment conforme au niveau de la décoration et limitée dans les détails à l’avion réel. Elle est montée sur socle en bois précieux et n’est plus produite pour l’instant. Son prix est assez conséquent mais, en cherchant un peu, il est encore possible de se la procurer : https://www.cdiscount.com/maison/decoration-accessoires/pilot-s-station-maquette-avion-p-38-f-5b-lig/f-1176351-auc3664615036778.html
Un autre Lightning piloté par Saint-Ex a été produit également par Revell : voici une revue détaillée de ce kit plastique réservé aux modélistes chevronnés et expérimentés : http://modelstories.free.fr/analyses/avions/MS2008_01P/REVL_P38/index.html
Réalisée à l’échelle classique du 1/72ème en 1999, ce kit plastique permettait de réaliser deux versions de P-38 pilotés par Saint-Exupery et est fourni également d’un livre qui raconte l’histoire du pilote écrivain. Cette maquette n’est plus disponible mais peut encore se trouver sur le marché de l’occasion. L’intérêt de la formule est de joindre l’utile à l’agréable, ainsi Revell a produit quelques maquettes qu’ils ont vendu avec un livre racontant l’histoire du sujet présenté (par exemple aussi le Titanic).
Enfin, le dernier et, à mon avis le modèle de loin le plus réussi du Lightning du dernier vol de Saint-Ex est celui produit par la firme Franklin Mint à l’échelle du 1/48ème il y a vingt-cinq ans environ. Ce modèle réduit est de toute beauté et reproduit dans les moindres détails cet avion légendaire. Un véritable hommage rendu à notre héros du jour. Tout d’abord son échelle est idéale pour reproduire les détails avec réalisme et son encombrement est raisonnable. Ensuite, il est réalisé principalement en métal lourd (comme le vrai) et pèse plus d’un kilo (1020 grammes !), ce qui est considérable. Tout y est. Cockpit et verrière détaillés, couleurs réalistes. Train d’atterrissage reproduit dans ses moindres détails, y compris les puits de train. Même les inscriptions figurant sur les pales d’hélices sont reproduites fidèlement. Un véritable must du modélisme ! Une des plus belles pièces de l’Oncle John tous modèles confondus. Aujourd’hui, cet avion est assez difficile à dénicher car il a été produit en série limitée et n’est plus fabriqué depuis longtemps. Voici celui de l’Oncle John (cliquer pour agrandir):
Deux petits films racontent le dernier vol du commandant Antoine de Saint-Exupery le 31 juillet 1944. Le premier est plus fidèle au niveau de l’avion (même si les couleurs sont inexactes). Le deuxième est plus juste au plan historique et nous évoque les « retrouvailles » tout-à-fait inattendues et relativement récentes de l’épave de l’avion de Saint-Ex en Méditerranée, au large de Marseille.
Un pilote allemand, Horst Rippert (1922-2013) a reconnu de nombreuses années plus tard avoir abattu l’avion de Saint-Ex. Il a profondément regretté son geste car il aurait lu les livres de Saint-Ex et ceux-ci auraient été à l’origine de sa vocation de pilote ? Si c’est vrai, on aimerait y croire. Une chose est sûre en tout cas, l’avion de Saint-Ex était désarmé et équipé pour la reconnaissance photo seulement. En revanche, le P-38 était un avion rapide qui a servi encore pendant vingt ans après la guerre jusqu’en 1965 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lockheed_P-38_Lightning
Enfin, pour conclure, si la plupart d’entre nous avons lu les livres de Saint-Exupery, lequel d’entre nous a entendu sa voix claire, calme et agréable ? Si l’aviation est une aventure technique, c’est aussi une aventure humaine qui a forgé de solides convictions chez ceux qui l’ont vécue et qui peuvent encore nous donner des leçons en ces temps troubles et incertains pour combattre la peur qui s’est emparée des esprits à la faveur du virus chinois.
La voix de Saint-Exupery :
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Je ne suis pas modéliste, mais j’ai une passion pour l’aviation civile. Dans ton dernier billet, Oncle John tu parles des pionniers de l’aviation civile qu’ont été Saint-Exupery, Mermoz, et Guillaumet.
Et comme d’habitude, ton récit est passionnant et toujours bien documenté. Tu as tout à fait raison de souligner l’extrême rapidité des progrès de l’aviation civile en à peine quelques décennies. Je ne pense pas vraiment, comme tu l’écris, que les progrès ont cessé depuis le Concorde et le programme Apollo hors outils de repérages aériens.
Ces progrès ont continué mais vers une autre direction : non plus le transport aérien civil basé sur la rapidité de vol entre deux points, mais sur la capacité d’embarquement des passagers au détriment du temps de vol. D’où l’A 380 extraordinaire et formidable avion mais, hélas, comme tout le monde le sait, un échec commercial et son arrêt de fabrication. Cela est vraiment dommage, et les raisons ne sont uniquement qu’une question de coûts, d’infrastructures et rien d’autre.
– de coût : cet avion était extrêmement cher à l’achat (446 millions de dollars prix catalogue) et à l’exploitation. Au-dessous d’un seuil de taux de remplissage de 90 % il perdait de l’argent. Le prix des places était, est encore exorbitant, et ne touchait qu’une clientèle élitiste. Donc, perte de l’essentiel du transport aérien.
– d’infrastructure : c’est un avion à double pont et les aéroports ne sont pas équipés et doivent le faire. Compte tenu du nombre limité d’Airbus 380 par rapport au nombre d’avions du monde les aéroports ont hésité à faire ces nouveaux équipements très onéreux. Il y a actuellement 70 aéroports équipés dans le monde pour accueillir l’Airbus A380, ce qui est extrêmement peu.
Concernant les distances d’atterrissage et de décollage, l’Airbus se contente des pistes habituelles il n’y a pas de travaux particuliers à faire sur cette question.
Ainsi, de la vitesse par le Concorde, l’aviation civile est passée à la capacité maximum du nombre de passagers, mais pour les raisons ci-dessus citées, les compagnies ont préféré des avions de moyenne capacité.
Comme tu le dis également, de très nombreuses innovations techniques ont fait qu’un avion n’a maintenant plus besoin de pilote pour décoller, voler, et atterrir ! Tout peut se faire en automatique. Même s’il ne faut pas le mettre au même niveau de comparaison, il faut savoir que le métro de Lille n’a aucun conducteur de ram et fonctionne entièrement automatiquement depuis plus de 15 ans).
Si Saint-Exupéry est « cher au cœur de l’Oncle John », il n’en est pas moins cher à mon cœur également. Le document que tu as transmis dans ton article où l’on entend Saint-Exupéry est extrêmement émouvant. Tout d’abord parce qu’entendre un tel écrivain d’une telle sensibilité est impressionnant. Son témoignage est aussi très émouvant car il fait appel à de nombreuses valeurs humaines dont notre pauvre et triste pays, par des actions inhumaines et indignes, essaie de détruire, et réussit à détruire, en permanence au quotidien depuis 50 ans. Pauvre Saint-Exupéry s’il pouvait revenir dans cette nouvelle-France et constater ce que l’on en a fait.
Après, concernant la partie technique des maquettes, comme d’habitude, tu fais preuve avec toujours autant de modestie, d’une somme de connaissances et d’expériences impressionnantes. Que de choses j’ai apprises en lisant cette partie technique !
Merci Oncle John de tes billets que j’attends chaque lundi avec impatience.
@ Hagdik. Merci Hagdik. Il y a une cinquantaine d’années, l’essentiel de l’industrie du jouet était concentrée en Europe (Allemagne, Angleterre, France, Italie) et aux USA.
Aujourd’hui, la plupart de toutes ces marques qui ont bercé notre jeunesse sont produites en Chine … Sauf Märklin qui résiste encore à l’Empire du milieu …
Nostalgie ! Pendant ma jeunesse j’ai construit des quantités de ces maquettes d’avions avec mes frères.
@ Philippe DANJOU. Cher Philippe, si tu trouves le P38 Franklin Mint, n’hésites pas une fraction de seconde. C’est une pièce splendide qui te donnera entière satisfaction. Attention toutefois, Franklin Mint a produit aussi cet avion à l’échelle exacte du 1/100ème. Mais le P38 au 1/48ème lui est infiniment supérieur. Je ne sais pas si le P38 a été produit en tôle lithographiée? Probablement oui, mais certainement pas celui de Saint-Ex.
Bravo ! Un papier clair, synthètique et bien écrit, qui me donne envie d’ajouter un P-38 à ma collection d’avions miniatures. Dommage qu’il n’en existe pas de reproduction en tôle lithographiée, qui ferait bon ménage avec ma collection d’avions-jouets.
Je suivrai volontiers ta (vôtre) rubrique sur ce site.
Philippe