Sur Lyon, il y avait LUCIDE le 16 janvier. J’y étais…
N’étant jamais en mesure de monter à Paris, j’étais ravi que pour une fois une telle initiative ait eu lieu dans mon coin. Leur grande première du 8 janvier m’avait hélas pris de court, alors pas question de louper la deuxième. Lorsque l’info confirmant que le rassemblement avait été autorisé par la préfecture (amis « parisiens », bonsoir) est tombée à J-1, plus question d’hésiter. Bien que je déteste la foule et que je sois d’un naturel solitaire, je me suis fait violence.
Touchante attention: la page Facebook de LUCIDE propose plein de visuels à disposition de tous. Notamment un beau détournement du désormais bien moisi « je suis Charlie », à partir duquel j’ai pu me bricoler un joli badge en 5 minutes avant de quitter le bureau.
Un dîner rapide, un parc relais pour y laisser mon trop encombrant – dans de telles circonstances – véhicule, 2 tickets de métro, et m’y voilà rendu en un temps record. Finalement c’était pas si compliqué.
Le rassemblement avait lieu place des Jacobins, à 3 pâtés de maisons plus au nord. Je m’étais préparé en prévision du pire… à tort. Pas de comité d’accueil des antifas ou de chances-pour-la-France à la station Bellecour. Je m’étais planifié un itinéraire de contournement pour éviter une arrivée directe en cas d’embuscade sur le trajet. Précaution superflue : les rues étaient mornes et aussi léthargiques que d’habitude.
Première impression: nous n’intéressions personne !
Ce soir là, le destin semble s’être acharné sur LUCIDE. En effet, tout d’abord, il faisait un temps de chiottes: depuis le matin il pleuvait non-stop et ça ne s’était pas calmé le soir, bien au contraire. Pas de quoi refroidir le moto-boulot-dodo que je suis, mais personne n’est jamais très chaud pour aller patauger à une manif…
Deuxième couac: faire ça un vendredi soir. Combien de participants potentiels n’ont pas daigné sacrifier leur routinier départ en week-end pour venir défendre cette cause? C’est pourtant pas sorcier, j’y suis bien arrivé, moi ! Enfin, je ne me fais plus guère d’illusions sur le tempérament du lyonnais lambda…
Le résultat, c’est que seul une maigre groupe attendait autour de la fontaine. Si, selon les organisateurs, la première édition avait réuni 400 personnes, ce soir-là c’était bien le bout du monde si on était 80… L’effet Charlie semblait s’être dissipé très vite.
C’était essentiellement des gens comme vous et moi, rien d’effrayant. Seuls quelques participants avaient un look très typé « identitaire », vaguement paramilitaire. Il y avait aussi une fille avec un énorme appareil photo. Journaliste? Allez savoir…
Impossible de distinguer facilement les organisateurs dans la pénombre. Aucun signe distinctif visible, et donc un certain malaise : que faisions donc nous-là, au milieu de Boboland, si peu nombreux et pratiquement livrés à nous-mêmes?
Ce n’est qu’au dernier moment que j’ai osé accrocher mon badge à ma veste.
Par contre, les forces de sécurité étaient là : des fourgons de police et de CRS tout autour de la place, à chaque carrefour. C’était à la fois impressionnant et ridicule, la proportion étant quasiment de 1 flic pour 1 manifestant. Durant tout l’évènement, ils ne bougeront pas. Mais ils auront au moins démontré que la préfecture aura pris LUCIDE très aux sérieux, elle !
Et puis nous en sommes venus au vif du sujet. Les organisateurs ont rassemblé la foule et distribué des pancartes judicieusement confectionnées d’avance. Hélas, loi de Murphy oblige (jusqu’au bout, décidément!), l’unique porte-voix des organisateurs est tombé en carafe avant même le début du discours. Et aucune charmante Christine à l’horizon qui aurait pu avoir une chance d’en emprunter un aux CRS .
Du coup, bien qu’au premier rang, je n’ai pratiquement rien entendu du discours prononcé « unplugged » et partiellement couvert par le sifflement des fumigènes de signalisation brandis par les organisateurs. Par chance, le texte est dispo sur leur page FB, mais son contenu n’apprendra rien de bien neuf à ceux qui sont déjà lecteurs réguliers de RR et RL.
Quelques slogans repris en chœur, 3 fois la Marseillaise… un peu cacophonique sur la fin d’ailleurs. Finalement, savoir donner le ton c’est tout un art et ça fait toute la différence, chose que j’aurai retenue de mon service militaire mais dont tout le monde n’a pas conscience. Merci Chirac !
20h45: dispersion. Un peu en vrac d’ailleurs… Un pauvre gars qui avait pris l’initiative de collecter les affichettes s’est trouvé fort dépourvu en voyant que les organisateurs avaient déjà filé sans intention de les recycler. J’espère qu’il a pu trouver un conteneur accueillant sur le chemin du retour. Je l’aurais bien débarrassé, mais je me voyais mal reprendre le métro tout seul avec tout ça sous le bras, sauf à vouloir figurer à la rubrique faits divers.
Je suis parti parmi les derniers, restant à me joindre aux dernières conversations en petit comité. Un rappel utile a été formulé: notre ennemi c’est l’islam et rien d’autre, ne pas l’oublier, personne n’a envie de se retrouver étiqueté raciste ou néo-nazi.
Et puis nous sommes partis. Eux tous vers le nord et moi vers le sud, aussi seul que j’étais arrivé. Évidemment, mon badge a réintégré ma poche, mais pas avant qu’un des participants ne l’ait eu photographié en gros plan. J’étais le seul à en porter un ce soir, semble-t-il.
Bilan: ce fut tellement bref et sans conséquences que je me demande si je n’ai pas rêvé.
A ce jour, pas ne nouvelles du mouvement et c’est inquiétant. LUCIDE est-il mort-né? N’a-t-il pas survécu à ce flop? Ce serait dommage, moi qui m’étais juré d’y retourner. Et même de me procurer un chouette drapeau tricolore pour l’occasion.
D’autant que la durée totale (trajet non compris) a été de 30 minutes. Ceux que je fustigerais sont donc plutôt ceux de mes voisins qui n’ont pas pris la peine de sacrifier 30 malheureuses minutes de leur temps pour venir défendre une cause qui en vaut la peine: l’avenir de leur pays, le leur, tout simplement!
Oui, 30 minutes et ensuite on peut reprendre sa vie normale. L’enjeu était avant tout d’y être et de faire masse. Alors si même ça c’est trop demander…
Le gros point noir fut le manque d’expérience général, des organisateurs comme des participants (et je m’inclus dans le lot). C’est au niveau de l’accumulation des petits détails négligés que j’ai pu éprouver une certaine frustration. La dispersion non encadrée et sans consignes quant à un éventuel itinéraire de repli aurait par exemple pu couter cher en d’autres circonstances… (Cf. le dernier Pediga et son ambiance de guerre civile)
Et pourtant, pas question de jeter le bébé avec l’eau du bain. LUCIDE est l’initiative locale que j’attendais, moi qui déplore que toutes les manifs patriotes ne se déroulent qu’à Paris (ou à Pétaouchnok). Ce mouvement est simplement très jeune et manque encore de rodage. Mais ça viendra, j’ai envie d’y croire. Pediga n’a surement pas pris son ampleur actuelle d’un simple claquement de doigts non plus… C’est maintenant qu’il faut s’accrocher. Même si LUCIDE semble en l’état actuel n’intéresser personne : ni ses adversaires, ni même (et c’est bien plus triste) ses sympathisants potentiels.
« D’abord ils riront de toi. Puis ils t’ignoreront. Puis ils te combattront. Puis tu gagneras » (Gandhi)
Pierrot le Fou
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Il ne faut pas désespérer à Paris nous n’étions guère plus et pourtant il y a déjà eu plusieurs manifs, avec de la patience nous y arriveront, Rome ne s’est pas construite en un jour.
Ne perdons pas courage. À Montpellier aussi, nous n’étions qu’environ 70, et les « antifas » au moins deux cents. Le temps joue avec nous, et la réalité aussi !
Pierrot
excellent commentaire. Apparrement les tribus gauloises dans leur mieux !
C’est visiblement une manif idiote et mal organisée.
80 c’est un début mais 80 isolés qui repartent en prenant leur bus et leur métro ce n’est pas une force mais une vague queue de cinéma ou 2 ou 3 caisses d’hyper un jour d’affluence
visiblement personne n’a cherché à prendre contact avec qui que ce soit
l’important c’est de s’améliorer à chaque manif, rassemblement, réunion