Niamey 2015 : manif contre la présence du président nigérien Issoufou à Paris après la tuerie Charlie Hebdo
Le Niger est un bel exemple d’islamisation en mode diesel mais terriblement efficient. Et comme en France, le succès s’explique par une natalité prolifique et une pédagogie dès le biberon.
Le Niger fut longtemps dominé par une sorte de soufisme mystique couplé à des traditions animistes ancestrales : un curieux mélange auquel les colons de l’Afrique Occidentale Française se familiarisèrent.
Mais le Niger est aujourd’hui confronté à l’exécution du « projet islamique » soigneusement planifié et déployé par l’Arabie Saoudite depuis les années 1970 grâce aux pétrodollars. Une concurrence féroce y fait rage entre l’Arabie Saoudite sunnite wahhabite, l’Iran chiite et les Frères musulmans pour s’emparer des âmes soufistes, animistes et même des païens nigériens qui s’ignorent.
Ainsi, la « vraie foi » se répand progressivement au Niger et à travers le Sahel : mosquées, écoles islamiques et fondations caritatives poussent comme des champignons et on est parfois à un jet de pierre de la radicalisation comme au Mali ou en Indonésie. Certains fondamentalistes semblent visiblement pressés et souhaitent propager l’islam par le jihad et la force.
Les similitudes avec le Liban sont évidentes. Là-bas, le Hezbollah a créé « un État dans l’État » répondant à toutes les attentes du citoyen. Bref, une sorte de mafia en version islamoïde, le charme latin en moins.
Dans une ou deux décennies, à l’instar de la Mauritanie, le Niger sera peut-être dénommé officiellement État Islamique du Niger. Non que l’islam y ait réellement été imposé par la force, mais plutôt par un lent processus d’influence via les sentiers démocratiques. Non pas un califat façon ISIS mais une société islamique, tout simplement. Comme en France, « tout simplement »
Allah est grand de 5 piliers pour les petits de 5 ans
Rassemblement ! Les gosses s’entassent autour du maître de la madrassa ou école coranique et débitent à haute voix les versets du Coran. Les sages leur apprennent les civilités : « salaam aleikum, que la paix soit avec vous ». En 2019, les parents payaient environ 100 CFA (16 cents) par semaine pour les cours de Coran.
Marmane Babacar, enseignante nigérienne enthousiaste : « Tout le monde veut une bonne éducation islamique pour ses enfants. Les enfants pleurnichent parfois pour des leçons de Coran quand ils voient leurs copains en bénéficier ». « Du Coran, du Coran ! », à considérer comme une mauvaise blague quand ça sort d’une bouche encore innocente.
L’infrastructure pédagogique nigérienne est dans un état pitoyable et en raison d’une croissance démographique extrême (5 millions d’âmes en 1977, 23 millions en 2020 !) due au taux de fécondité le plus élevé au monde (7,6 enfants par femme, la fameuse « main-d’œuvre agricole gratuite »), un demi-million de nouvelles places scolaires sont nécessaires chaque année. Ainsi donc le surplus est véhiculé vers les écoles coraniques.
Lycée National de Niamey, 1959
En 2020, on ne croise quasi plus de femme sans voile dans les rues de Niamey
École coranique au Niger ou voie express vers le Néant : le viol de l’innocence
Izala : le Coranvirus par excellence
JIBWIS ou Izala Society est un mouvement salafiste fondé dans le nord du Nigéria pour lutter contre la « bid’a » (innovation) pratiquée par les confréries soufies, très influent au Nigeria, au Tchad et au Cameroun. Il a pénétré le Niger par le biais de musulmans salafistes pour éradiquer ce qu’ils nomment « le soufisme nigérien païen »
JIBWIS Niger, le sabre sous les palmiers
Modeste concurrence chiite
Opérationnel au Niger, le « savant » islamique Sheik Sabiou Malam Idi s’est converti du sunnisme à la doctrine chiite : « Ces sunnites du Caire sont tous têtus, toujours en colère ou excités. L’islam chiite est plus pacifique. Regardez les organisations terroristes ici au Sahel : Boko Haram, Al Qaida, IS. Ce sont tous des sunnites. Ils reçoivent le soutien de l’Arabie Saoudite et des armes des États-Unis »
Son objectif ? Une grande société islamique pacifique et l’application de la charia. Au Niger, les chiites sont minoritaires avec « à peine » 40.000 fidèles environ. Les rares catholiques ne sont pas plus nombreux.
Selon La Croix Africa, l’AED ou Aide à l’Église en Détresse qualifie le sort des catholiques nigériens de « préoccupant », un euphémisme caractéristique de la pensée chrétienne.
Cathédrale Notre Dame du Perpétuel Secours à Niamey, refuge de la civilisation
L’arrière-garde soufiste
En 2019, lors d’une discussion interconfessionnelle au domicile d’un délégué catholique, Sheik Barham dit : « Les salafistes ont empoisonné notre société. En 2012, nous avons vu la destruction à Tombouctou et les châtiments corporels cruels, tout ce qu’ils font au nom d’Allah et combien ils influencent notre style de vie avec leurs prescriptions radicales »
Le soufi poursuit : « Ils veulent détruire notre culture pacifique et prêcher l’hostilité et l’intolérance. Ils abusent de la pauvreté, de la piété et de l’analphabétisme. Ils veulent même forcer nos femmes à porter des gants et à se couvrir complètement, cela à une température de 50 degrés dans le désert »
Le piège d’un État faible
Si l’islam politique prospère au Niger, c’est essentiellement parce que les autochtones vivent dans une précarité parfois criante et que les infrastructures publiques font défaut. Déçus de la gouvernance, ils n’en sont que plus malléables et puisque le salafisme résout des problèmes auxquels le gouvernement n’a aucune réponse…
L’islam politique s’est propagé naturellement à travers la nouvelle élite religieuse formée dans le monde arabe ainsi que la mise en place d’institutions islamiques et de fondations caritatives. Les fonds en provenance d’Arabie Saoudite ou d’autres États du Golfe ne sont même plus systématiquement nécessaires, les citoyens les collectant parfois eux-mêmes au profit de la construction de mosquées et d’écoles.
Cet islam politique surfe également sur le sentiment anti-occidental persistant dans de nombreux pays africains, ceci même après la décolonisation. Imposées par la Banque mondiale et le FMI en échange de prêts, les coupes dans le secteur public montent en flèche et les autochtones voient se détériorer soins, infrastructures et éducation. Cela suscite la colère face à l’ingérence de l’Occident alors que le monde arabe paraît plus bienveillant : la boucle est bouclée. Durant la grande famine de 1982, l’aide alimentaire est venue du monde islamique et non de l’Occident.
Les islamistes accaparent une part de plus en plus importante du pouvoir économique et investissent dans les magasins et les entreprises. À l’instar de la mafia, ils créent une économie dans l’économie et deviennent intouchables.
Le drame nigérien est ici : plus l’islam résout de problèmes, moins le gouvernement a de pouvoir et d’autorité. Simple, logique, naturel.
Cédéthèque « La voix de l’islam »
Le président, un cerveau made in France
Le président nigérien Mahamadou Issoufou est ingénieur des mines. En 1976, il obtient la maîtrise en mathématiques et applications fondamentales à l’Université des Sciences et Techniques de Montpellier. En 1977, le diplôme d’études approfondies de probabilités et statistique à l’Université Paris VI. En 1979, le diplôme d’ingénieur civil des mines à l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne.
En 2019, il déclare à The Guardian : « Une mauvaise interprétation de l’islam a conduit à l’explosion du taux de natalité au Niger, entravant la lutte du pays pour s’adapter à la crise climatique et préserver ses ressources de plus en plus rares »
Mahamadou Issoufou
Assemblée Nationale
Au Niger, les partis politiques religieux sont interdits mais la nouvelle élite islamiste, celle « d’un islam pacifique », risque de changer la donne. Il n’y a officiellement pas de religion d’État et la loi garantit la liberté religieuse. Mais que penser d’un État prétendument laïque simultanément membre de l’OCI ou Organisation de la Coopération Islamique ?
Président et gouvernement se veulent rassurants : l’aide étrangère est utilisée pour éviter la radicalisation et les menaces terroristes des pays voisins avec Boko Haram en tête. Le gouvernement surveille(rait) également les transactions financières étrangères, tentant ainsi de lutter contre le parrainage du terrorisme au Sahel.
Assemblée Nationale à Niamey, presqu’un petit air de parc d’attractions…
Témoignages nigériens en vrac qui en disent long
Laquali en 2019 : « Il y a 30 ans, quand j’étais étudiant, la religion ne jouait aucun rôle au collège. Aujourd’hui, 90% des étudiants sont influencés par l’islam politique. Même à l’intérieur de l’université, vous trouvez des mosquées non officielles où des imams radicaux prêchent. Cette nouvelle génération de musulmans dévots est éduquée, bien habillée et bien élevée. Ce sont les nouvelles élites qui contrôlent la vie politique, économique et sociale au Niger. Ils n’ont plus besoin de l’État »
Arzika en 2019 : « Tout le monde sait que les Américains et les Européens sont là pour exploiter nos matières premières. Ils financent des groupes terroristes et fournissent des armes pour déstabiliser notre pays et ainsi expliquer leur présence. Les citoyens perçoivent notre gouvernement comme une marionnette de l’Occident »
Justin Houessou Sonon dit « Le Gardien de la République » en 2020 : « … à tout cela s’ajoute l’uranium du Niger convoyé tous les jours et que Dieu offre à la France afin de produire l’énergie pour le bien-être des Français. À cause des fameux contrats de dupes signés avec la France, cette ressource minière profite aux compatriotes d’Emmanuel Macron, sans pour autant profiter à l’économie nigérienne »
Nous ne sommes pas du même monde
Le cas nigérien démontre clairement que l’Europe, par la volonté de ses souverainetés si l’U27 n’en est capable, a tout intérêt à se coaguler à la chinoise en considérant les membres du G5 et de la CEDEAO ou Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest comme des partenaires commerciaux et rien de plus. La globalisation, ça marche pour les marchandises mais pas pour les flux ethniques.
Coronavirus ? Le Niger fut l’un des premiers à apporter son soutien à l’Arabie Saoudite au moment de la suspension temporaire de l’Omra et des visites de la mosquée du prophète à Médine, à méditer.
Richard Mil+a
Jeunes gamins étudiants de l’École coranique devant la Grande mosquée de Niamey
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Bonjour,
Passionnant !
Merci Richard !
Le rapprochement des deux photos de classe est impressionnant.
Le but des islamisateurs (saoudiens etc etc) est de maintenir ces populations dans l’arriération pour en faire des armées de haineux qu’ils lanceront contre l’Europe …
l’avenir de l’Europe est de plus en plus sombre !!
Noir c’est noi ar, il n’y a plus d’espoir !
très bon article … description du lent processus d’envahissement islamique ! partout semblable …