En Libye nos joyaux gréco-romains sont menacés par les Barbares, allons-nous disparaître avec eux ?

Théâtre d’Apollonie de Cyrène, Libye : on est transporté dans  l’Antiquité, assis sur les gradins, face à la mer.

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Depuis 2013, nos archéologues ne vont plus en Libye, aux mains des barbares islamistes; les joyaux gréco-romains menacés

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L’idée que des barbares puissent faire disparaître ces derniers vestiges est insupportable. Allons-nous un jour disparaître nous aussi à cause d’eux ?

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La photo du théâtre interpelle et nous rappelle à quel point une civilisation est fragile.

Destruction du patrimoine culturel par l’État islamique.

À partir de 2014, l’État islamique procède à la destruction organisée et au vol d’objets appartenant au patrimoine culturel des territoires qu’il contrôle en Irak, en Syrie et en Libye.

L’État islamique dispose d’une unité spéciale (la Kata’ib Taswiya) chargée de la destruction du patrimoine culturel. La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a qualifié ces activités de « génocide culturel » et appelle à la mobilisation des acteurs internationaux pour la préservation du patrimoine des zones contrôlées par l’EI.

Bien que la Libye, la Syrie et l’Irak soient tous trois signataires de la Convention de la Haye (respectivement depuis 1957, 1958 et 1967), celle-ci n’a pas été respectée.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_du_patrimoine_culturel_par_l%27%C3%89tat_islamique

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Cyrène et son port Apollonie, le « rêve de marbre »

C’est Cyrène, la grecque, aussi vaste que Leptis Magna, qui est la plus touchée par l’urbanisation et les pillages, avec Apollonie, son port, dont les vestiges colossaux sont en partie sous l’eau.

 

Plusieurs cas de vols d’objets antiques par les islamistes ont été répertoriés.

En 2018, le ministère espagnol de l’Intérieur a annoncé avoir saisi “de nombreuses œuvres d’art originaires des régions de la Cyrénaïque (est) et de la Tripolitaine (ouest), dont sept mosaïques, des sarcophages et des pièces d’origine égyptienne”.

Selon Madrid, «il a été prouvé qu’elles provenaient des sites d’Apollonie et de Cyrène, deux nécropoles pillées par des groupes terroristes».

Apollonie, port de Cyrène. Vue de la basilique

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Un passé prospère.

Le musée de Cyrène possède une des plus riches collections de statues de la période hellénistique et archaïque, du VIIe au IIe avant J.-C. C’est ce rêve de marbre qu’il faut aujourd’hui protéger.

Cyrène fut fondée en 631, autour de la source Kyra, nom libyen rappelant celui d’une nymphe aimée d’Apollon [citations du Spécialiste Claude Sintès, Libye grecque, romaine et byzantine].

Les riches terres du plateau, très bien arrosées, permettent à la nouvelle fondation de connaître un essor immédiat : de nombreux jeunes Grecs arrivent à leur tour de Théra, mais aussi de Rhodes et du Péloponnèse.

Dès 600, l’extension est telle que l’on fonde de nouvelles villes. La reconnaissance pour les dieux est à l’image des monuments que les premières vagues d’arrivants édifient.

Un temple de Zeus est ainsi construit à l’est du site, sur une éminence.

Ses dimensions, comparables à celles du temple d’Olympie, en font le plus grand du genre en Afrique.

Le port

Fondé au VIIe siècle avant notre ère, simple anse aménagée avec ses grèves, le port grandit avec ses quais, sa cale de halage pour des vaisseaux de trente mètres, ses bittes d’amarrage en cuivre et ses rues pavées.

Le port d’Apollonie et le temple, vus par le dessinateur Golvin https://jeanclaudegolvin.com/cyrene/

Au IVe siècle av. J.-C., quatre cités constituent la Libye grecque : Cyrène (et son port Apollonie) qui restera longtemps la ville dominante, Barca (plus tard délaissée au profit de son port Ptolémaïs), Taucheria (qui se transformera en Arsinoé) et Euhesperides (la future Béréniké). La création de cette dernière ville, dans une zone de lagune proche de Benghazi, totalement impropre à l’agriculture, souligne le rôle croissant du commerce.

La Cyrénaïque est particulièrement prisée pour les céréales précoces produites par les grands domaines, les chevaux – fameux dans tout le monde antique –, et surtout le silphion, plante médicinale aux vertus extraordinaires, mais aussi condiment dont on fait grand usage et qui est exporté en quantité massive. Cette ombellifère coûte si cher qu’elle assure une partie de la richesse commerciale de la région pendant plusieurs centaines d’années. Elle figure presque systématiquement sur les monnaies de la cité, dont elle constitue l’emblème (…).

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Des sites menacés…

Qu’en est-il des monumentales cités grecques et romaines de la côte libyenne ?

Quid de Cyrène, immense cité grecque, dont le temple dédié à Zeus est plus vaste que le Parthénon ?

Et de Leptis Magna, « la Rome de l’Afrique », où est né l’empereur Septime Sévère ?

Qu’en est-il du théâtre romain de Sabratha, à l’ouest de Tripoli ?

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 L’Etat islamique, les pillages, l’urbanisation…

Après les destructions par l’Etat islamique (EI) du musée de Mossoul, et des antiques Ninive, Nimroud et Hatra en Irak, puis Palmyre en Syrie, l’inquiétude se porte sur la Libye, en plein chaos.

L’urbanisation sauvage galopante sur les sites et nécropoles antiques représente un grand danger, notamment à Cyrène, et des pillages qui nourrissent le trafic illicite des œuvres d’art, via l’Egypte, Israël, les pays du Golfe.

La Jordanie, le Liban et la Turquie sont des plaques tournantes très efficaces.

Pillages.

Les fameux bustes funéraires d’une grande beauté, les « aprosope » – sans visage – ou « cylindres à coiffure », une spécificité de Cyrène, sont les plus prisés.

 « Une pièce a été saisie dans le port franc de Genève, quatre à Paris, une autre à Londres », indique Vincent Michel, directeur de la mission archéologique française pour la Libye antique (Cerla).

« Trois mosaïques ont été récemment découvertes à Apollonia, le grand port de Cyrène, il serait urgent de les déposer pour les mettre à l’abri, s’alarme l’archéologue. La situation se détériore, il faut sauver les meubles. »

Les missions françaises et italiennes, très actives, ont cessé toute activité.

La conservation des sites antiques était autrefois confiée à des missions archéologiques occidentales, mais les archéologues ne sont plus venus en Libye depuis 2013, en raison du chaos et de l’insécurité.

Gianfranco Paci, le directeur des fouilles italiennes en Libye, se dit aussi « très préoccupé par la situation. Il n’y a plus de personnel sur place, c’est trop dangereux ».

Quand les Français pouvaient se rendre en Lybie…

De 1953 à 1956, le Français Pierre Montet dégage en partie le niveau romain, avec les thermes et plusieurs quartiers d’habitation, et fait établir le premier plan d’ensemble du site.

À partir de 1956, les fouilles sont autorisées par intermittence, au bon vouloir des autorités libyennes : mission américaine de D. White de 1965 à 1967, mission française de François Chamoux à partir de 1976 dont la direction est reprise à partir de 1981 par André Laronde, qui impulse les fouilles sous-marines de 1985 à 1998.

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 Après la chute, en 2011, du régime de Kadhafi,  les Français ont été les premiers à revenir.

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Dès avril 2012, on fouillait à Latroun – aujourd’hui sous contrôle d’Al-Qaida – et Abou Tamsa, puis, en juillet 2012, à Leptis Magna, sur les thermes romains. En octobre 2013, ce fut le dernier voyage.

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Croquis de la mission française,  septembre 1996 

 

Il faudrait restaurer et conserver,notamment les mosaïques très nombreuses laissées à l’abandon

 

Le scientifique Vincent Michel :

« L’histoire n’était pas enseignée. Kadhafi n’a pas permis à la population de prendre conscience de son patrimoine.

Lequel fait partie du paysage local mais pas de la conscience historique. » 

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Un patrimoine demeuré méconnu, aussi, à cause du tourisme absent, par la volonté de Kadhafi, à qui les revenus du pétrole suffisaient.

En l’absence d’autorité, « les gens construisent sur les nécropoles, précise le directeur libyen. 

Ces terrains ancestraux appartiennent à des familles. Sous Kadhafi, celles-ci n’y touchaient pas. Aujourd’hui, elles les revendent pas cher. Les actes de propriété ont brûlé au tribunal d’Apollonia où ils étaient conservés ! Ont été bâtis deux immeubles sur la nécropole hellénistique d’Apollonie  le port de Cyrène  et un hôtel ». 

Une nécropole d’où ont été exhumés des vases panathénaïques, des trophées fabriqués à Athènes pendant les fêtes, à l’occasion des Jeux dédiés à Athéna et des concours de poésie.

Sources : https://www.lemonde.fr/architecture/article/2015/10/15/le-patrimoine-antique-libyen-est-en-danger_4789634_1809550.html

https://www.lepoint.fr/culture/en-libye-le-patrimoine-antique-menace-par-les-combats-et-les-pillages-03-10-2018-2259750_3.php

Gros plan sur une Gorgone à Leptis Magna en Tripolitaine.

 

 

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8 Commentaires

  1. Je reviens sur mon propos concernant l’ancienne Egypte pour laquelle je me demande qui en est actuellement responsable. Ce jour le JT explique qu’il a été trouvé de prodigieuses momies je ne sais où en Egypte….et le ministre concerné sur place d’expliquer que c’est vraiment une chouette trouvaille, non pour l’étude de cette civilisation, non non du tout du tout, c’est bon pour le tourisme ! ( Il est un peu en berne en ce moment, alors merci les momies… Ce serait des vestiges incas, ce serait bon aussi….Pffff.

  2. Se pose donc ici, avec la polémique de “rendre” aux pays respectifs les masques africains de nos musées, par exemple. S’agit-il seulement d’oeuvre d’art dans le chef de celui qui a créé l’objet ? On n’en sait rien finalement… mais bon la question est de dire “bon en renvoie les objets ” et je dirais bon, OK, à voir en fonction, ( vols, confiscations, commandes, dons…) mais quid des monuments, ponts et autres “ouvrages d’art” construits pas les Européens dans ces pays ? Et rendre à qui, un Rubens doit il être rendu à la Belgique qui n’existait pas aux temps de Rubens, ou à l’ Espagne qui était alors responsable de ce territoire qui s’appelait alors les Pays-Bas espagnols? Et la Turquie fait quoi avec les monuments grecs ? Les Arabes sont dépositaires de la civilisation pharaonique ?

  3. En Afghanistan les muzz avait déjà détruit les bouddha ..sa recommence bande de barbares

  4. L’empire romain favorisa – sans le savoir ni le vouloir – la propagation du Christianisme dans la partie du monde alors la plus développée.
    La mondialisation permettra à l’iydre islamique d’étendre ses tentacules partout.

    A la question posée par l’auteur de l’article, on ne peut bien-sûr répondre que par l’affirmative. C’est plié et emballé avec des occidentaux complètement décadents et qui n’ont pas voulu se battre.

  5. oui ça fait mal au cœur de voir que tout ces joyaux de notre civilisation risquent d’être détruits par ces sauvages incultes .
    les reste du passage de notre civilisation sur ces terre de sous hommes , me fais penser que nous (les blancs) sommes supérieur moralement et culturellement a eux .
    donc une question se pose , et elle divise même dans notre camps . devons nous les coloniser et les désarmer pour que le monde soit en paix ?
    car en effet , qu’ont t’ils battis les arabes et les noirs ? rien ! ou est la beauté de leurs civilisation ? inexistante ! ou sont les grand philosophes , poètes et musiciens ,arabes et noirs ? il y’en a pas ! ou sont les Wagner , Rastignac , Proust , Mozart , Beatles , Clapton ….. arabes et noirs ? il y’en a pas ! …………….. ils ne sont bons qu’a détruire ce qui est beau et a tirer une société vers le bas !

  6. Bonjour,

    Merci pour cet article.

    Je pense aussi à Tipasa chantée par Camus.

    Mes parents avaient eu la chance d’y aller dans les années 70 ; ils avaient été éblouis …

  7. Merci pour cet article.

    Quelle magnifique civilisation ! Bientôt éradiquée par des bédouins sanguinaires adeptes d’une secte débile.

    Je pense aussi à la magnifique cité de Palmyre ravagée par Daesh, les bouddhas de Bamyan, le krak des Chevaliers etc.

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