Interdiction en trompe l’oeil : la France, premier importateur européen de gaz de schiste américain
« Une bulle spéculative est en train de se créer et finira par exploser », écrivait Le Monde Diplomatique de mars 2013, en citant NafeezMosaddeq Ahmed, un politologue britannique ; le mensuel n’hésitant même pas de titrer « Gaz de schiste, la grande escroquerie ». Ceci n’est qu’un exemple des nombreuses annonces catastrophistes qui, avec une rapidité surprenante, entre 2010 et 2014, ont permis aux ONG environnementales de bloquer le développement de cette ressource énergétique dans l’UE. Cette rapidité est à comparer aux décennies qu’il a fallu pour parvenir à arrêter le développement de l’énergie nucléaire, Les pisses-vinaigres verts annonçaient que les faillites allaient se multiplier, jusqu’à l’abandon de cette source d’énergie diabolique et détestée.
Il est parfois intéressant de se plonger dans le passé récent pour se rappeler certaines « certitudes » comme celle-ci : on annonçait alors une « forte probabilité » que tout le secteur s’effondre, engendrant une crise économique bien pire que celle des subprimes.
Entretemps, les États-Unis sont devenus les leaders incontestés de la production d’hydrocarbures grâce à ce même gaz de schiste (il s’agit plus exactement de gaz de roche mère). Avec 15 millions de barils par jour en 2018, ils sont les premiers producteurs de pétrole, devançant l’Arabie Saoudite et la Russie , qui en ont produit respectivement 12 et 11 millions de barils par jour. C’est ce qui explique que malgré les tensions dans le détroit d’Ormuz, « nous ne roulons pas toujours pas tous en vélo ».
Quant au gaz naturel, les USA sont une fois encore les premiers producteurs avec 832 milliards de m³ en 2018, devant la Russie et le Qatar, avec respectivement 670 et 176 milliards de m³. Le président Barack Obama (démocrate, rappelons-le), convaincu que les pétrole et gaz de schiste allaient créer un changement paradigmatique, avait créé,au sein du Département d’état, le Bureau of EnergyResourcesafin de forger la politique énergétique internationale, renforcer la sécurité énergétique des États-Unis et du monde, et répondre aux défis énergétiques du monde entier. Il l’avait fait afin d’utiliser cette nouvelle géopolitique énergétique pour diriger la géopolitique tout court des États-Unis. Ce bureau assure la sécurité énergétique des États-Unis, de leurs partenaires et alliés en soutenant la diversification des sources d’énergie, des approvisionnements provenant de toutes les sources d’énergie et des routes maritime qui transportent les hydrocarbures. Par ailleurs, il a vocation à réduireles obstacles au commerce et au développement de l’énergie en favorisant des secteurs de l’énergie ouverts, transparents et fondés sur le marché afin de promouvoir les intérêts économiques des États-Unis. Ses actions visent aussi à empêcher les terroristes et les régimes voyous d’utiliser les ressources énergétiques pour financer la violence ou déstabiliser les activités qui nuiraient aux États-Unis et à leurs alliés. En effet, cette nouvelle politique devait non seulement bénéficier aux États-Unis, mais aussi promouvoir l’accès universel à une énergie abordable et fiable, de manière à contribuer à réduire la pauvreté, de favoriser la croissance économique et de promouvoir la prospérité pour tous.
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Bien entendu le successeur de Barack Obama n’a pas fermé ce bureau ; bien au contraire,il l’utilise à fond.Il est aussi intéressant de souligner l’existence du « Office of FossilEnergy » du ministère de l’Énergie américain, une organisation composée d’environ 750 employés fédéraux, scientifiques, ingénieurs, techniciens et employés administratifs qui travaillent dans le domaine des énergies fossiles. Il est responsable des efforts fédéraux de recherche, de développement et de démonstration sur la production d’électricité avancée et du développement de solutions technologiques. Cet office joue un rôle clé en aidant les États-Unis à assurer que la nation puisse continuer à compter sur ses ressources traditionnelles pour une énergie propre, sûre et abordable tout en améliorant la protection de l’environnement. Donc, contrairement à ce qui se passe en Europe, les États-Unis continuent à miser sur le développement des énergies fossiles. C’est d’ailleurs le cas de presque tous les pays du monde, tant pour la production que pour la consommation des énergies fossiles. Voyons un exemple en analysant les exportations de gaz naturel américain.
Exportations mondiales de GNL depuis les USA pour les 5 premiers mois de 2019 (données du Energy Department’s Fossil Energy)
Au cours des cinq premiers mois de 2019, 193 cargaisons de gaz ont été expédiées depuis essentiellement Port Sabine, en Louisiane (les terminaux de Cameron et Corpus Christi étant plus récents et vont monter en puissance). L’UE a importé 6,4 milliards de m³ de gaz de schiste américain, soit 1,4 fois plus que l’Asie de l’Est et Pacifique. Presque un jour sur deux, un méthanier vient décharger sa cargaison de gaz liquide dans un port Européen. Le 8 mars dernier, la Commission européenne a publié un communiqué indiquant que 35% des exportations américaines de GNL arrivaient dans l’UE,en expliquant que cela était un résultat de la visite du 25 juillet 2018 de Jean-Claude Junker à Washington pour « convaincre » Trump d’envoyer du gaz américain dans l’UE. C’est vrai , mais ces importations résultent aussi d’un prix de vente plus intéressant dans l’UE qu’en Asie, le marché du gaz naturel devenant enfin concurrentiel, comme je le démontre dans mes livres sur la géopolitique de l’énergie.
Si on examine à présent les pays importateurs européens de gaz de schiste américain, on doit observer que la France en est le principal avec 1,4 milliards de m³, suivi de près par l’Espagne avec 1,3 milliard de m³.
Exportations de GNL depuis les États-Unis vers l’Europe pour les 5 premiers mois de 2019 (données du Energy Department’s Fossil Energy)
Cela ne doit pas vraiment surprendre : en matière de politique énergétique, il y a un gouffre entre les paroles et les faits, qui eux sont têtus. La réalité du monde de l’énergie est que les énergies fossiles représentent encore 84% de toute l’énergie consommée. Sur les dix dernières années, la part des énergies renouvelables n’a représenté que 21% de la croissance totale de la demandeénergétique mondiale, c’est-à-dire qu’en valeur absolue la consommation des énergies fossiles est en croissance en dépit des milliards de financements en faveur des énergies vertes. Les irréductibles peuvent avancer que cela va changer ; il faut beaucoup de foi pour le croire, puisque la Convention de Rio sur le changement climatique date déjà de 1992.
Alors pourquoi cette profonde différence entre les discours médiatiques et politiques et la réalité ? Pour une raison simple : l’énergie est la même grandeur physique que le « travail » (au sens physique, tous les deux se mesurent avec l’unité qui s’appelle le Joule). Si on veut « travailler », ne serait-ce que pour vivre, il faut de l’énergie. Si on ajoute la qualité de vie, la demande de « travail » explose et donc aussi la demande en énergie. Hélas, les énergies renouvelables sont incapables, pour des raisons de nature physique que la politique ne peut changer, de concurrencer l’efficacité énergétique desénergies fossiles. Par ailleurs, comment dire désormais aux pays asiatiques ou africains en développement qu’ils doivent faire confiance aux énergies renouvelables, alors que l’UE est le principal importateur de gaz de schiste américain ?
Non, le gaz de schiste n’est pas une escroquerie et, si bulle il y a, ce n’est pas celle de ce gaz de schiste qui a révolutionnéil y a peu la géopolitique mondiale, mais bien celle des énergiessubventionnées appelées « vertes ».
Samuele Furfari est docteur en sciences appliquées, ingénieur chimiste et ingénieur industriel. Il a été durant trente-six ans haut fonctionnaire à la Direction générale de l’énergie de la Commission européenne. Il enseigne depuis 2003 la géopolitique de l’énergie à l’Université Libre de Bruxelles ainsi que dans d’autres universités. Conférencier pédagogue, il est très souvent invité. Il est le président de la Société Européenne des Ingénieurs et Industriels.
Il est l’auteur de dix livres dont son dernier est en deux volumes « The changing world of energy and the geopolitical challenges. »
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Il ne faut pas confondre « accidents de parcours » et nuisances continues! Les mensonges… ainsi, le gaz de schiste n’est jamais sorti d’un robinet et ce hoax a été reconnu. Il peut être exploité de manière 100% écologique… ce qui n’est pas le cas des éoliennes par exemple: elles polluent, tuent même, là où on exploite les métaux rares nécessaires à leur fabrication, elles rendent les riverains malades par leurs infrasons spécifiques qui blessent des organes internes, elles coûtent une fortune pour ne donner que TRES peu d’énergie… mais beaucoup de bénéfices à leurs promoteurs!!
@ Olivia et frejusien. Chaque technique d’exploitation des énergies entraîne inévitablement des désagréments et il ne faut pas vouloir faire une règle de quelques cas particuliers malheureux. L’exploitation du charbon fait aussi s’effondrer les sols et l’exploitation du pétrole a produit des marées noires et des catastrophes nucléaires se sont produites et des avions se sont écrasés et des gens meurent encore en voiture, en bateau, en moto, en train, en vélo écolo … C’est le prix à payer pour vivre.
Il est temps de mettre un terme à toute cette surexploitation éhontée de la planète quand on sait qu’on peut l’éviter, faire autrement…
Vous produisez un article en ne faisant la démonstration que de ce en quoi vous croyez et en omettant, sciemment ou non, les désastres écologiques. Quand vous dîtes : « quelques cas particuliers malheureux » vous induisez le doute et travestissez une cruelle réalité ! Partout, où la fracture hydraulique a été instaurée des catastrophes se sont produites ! Pensez-vous sincèrement que le mot « désagrément » soit, en l’occurrence, approprié aux explosions dans les maisons, au sortir du robinet, à l’effondrement des sols, sans oublier la ruine irrémédiable des sous-sols et de tout l’environnement ?
Pour faire court, si on voulait s’en donner la peine, l’énergie solaire pourrait venir à bout de tous nos problèmes d’énergie : le soleil produit en 1 heure l’énergie que l’humanité consomme en 1 an !
Or, il y a suffisamment de déserts dans le monde – en dehors du Sahara – pour y implanter des panneaux solaires. Cela se ferait sans destruction et sans danger, ni pour les humains, ni pour la planète.
Et pour conclure, Macron n’est pour rien dans l’abandon de cette folie. C’est sous Hollande que le combat écologiste s’est produit – et j’en fus croyez-le – pour faire pression afin d’interdire en France la production de gaz de schiste. Et laissez-moi vous dire que les habitants des communes qui étaient pressenties pour cette exploitation étaient vent debout contre les projets !
Alors j’ose dire que ceux qui vilipendent les écologistes à longueur de temps, bénéficient sans le savoir, de leurs luttes incessantes pour un mieux vivre sur terre, contre les puissants et les puissances. Et à notre échelle, en dépit du déni et du mépris universel, des puissances d’argent, les associations telles que Bloom, Greenpeace, les Amis de la Terre, obtiennent certaines victoires.
Je voudrais bien que la lutte contre l’islamisation connaisse le même succès.
Pour une fois, je dis Merci Macron ! Vous savez ce que représente la « Fracturation Hydrolique » ? Non seulement pour les sols, les nappes phréatiques, tout l’environnement, mais pour les habitants ! Allez donc vous renseigner auprès des Britanniques qui ont été confrontés au problème et se sont battus comme des diables pour empêcher ce crime de trop contre notre Terre !
Je suis étonnée que vous ignoriez également les reportages faits aux USA où les habitants n’ont plus d’eau potable : c’est du gaz qui sort sous pression des robinets. Bref, les gens sont obligés de quitter leurs maisons, même s’ils sont propriétaires ! Quant aux paysages c’est une véritable dévastation…
Alors, priez pour que ce fléau nous soit épargné !
Olivia il ne faut pas croire tout ce que racontent les medias officiels. Et même si c’était vrai, quel sens cela aurait de pourrir la vie des Américains pour utiliser leur gaz de schiste et l’interdire chez nous ?
Désolée, mais si j’en parle c’est non par des « oui-dire » mais parce que j’ai vu des reportages. J’ai vu les Américains devant leur évier et le feu qui leur explose dessus par leur robinet. Juste le temps de s’écarter. Et, j’ai vu aussi, je crois que c’est dans l’Alberta, au Canada, l’avant et l’après : un saccage abominable de la Nature – Il ne reste plus RIEN ! C’est ARTE qui a diffusé au moment où on parlait du gaz de schiste en France. Et pour les Anglais, j’ai vu aussi leur colère dans un autre reportage TV. Toute une petite ville qui s’est mobilisée pour protester.
Et il ne faut pas être savant pour comprendre que la fracturation hydraulique est un traumatisme pour la terre elle-même et son environnement souterrain. Les nappes phréatiques, si précieuses, sont irrémédiablement polluées. Et les secousses ont pour conséquences de provoquer de mini-tremblements de terre. Je peux vous certifier que les habitants américains se plaignaient aussi que leurs maisons se fissuraient et qu’ils ressentaient les tremblements. Bref, une horreur. Je pense que les documents ne manquent pas sur Internet pour s’informer librement.
Je suis tout à fait d’accord avec vous et ne regrette aucunement d’avoir milité à l’époque, sous Sarkozy, pour l’interdiction de cette abomination. Et j’ajouterai que quand bien même cela ne générait aucun désagrément, est-ce bien raisonnable de continuer à ce rythme la fameuse croissance qui ne fait que le bonheur des requins accoquinés aux pouvoirs (Frère et consorts alors détenteurs de permis sont ou étaient puisque le premier nommé me semble t-il est décédé proches de macron). Ces mêmes mondialistes qui sont décriés à juste titre dans ces colonnes comme fossoyeurs des cultures européennes et qui laisseront tomber leurs peuples lorsque la fête de la consommation sera terminée (c’est en cours). Et je dirais d’autre part que Trump a besoin du brut vénézuélien pour fait tourner sa petite machinerie. Certes, l’énergie fossile peut avoir du bon mais baser les civilisations mondiales sur ce château de carte ne peut que mener à la catastrophe. Et ne comptons pas sur Macron et ses amis qui font tout et son contraire en m^me temps pour nous guider. Oui l’écologie sera le fondement de la suite de l’humanité, pas n’importe comment c’est évident mais c’est incontournable.
Je suis d’accord avec vous, Olivia, j’ai suivi des reportages sur les ravages de cette technique aux USA, et là, fort heureusement les écolos ont eu le dernier mot,
sans oublier les sols qui s’effondrent , entraînant la ruine des habitations
Je crois que l’interdiction de l’exploitation du gaz de schistes en France date d’avant l’ère Macron. Des écolos ont diabolisé les procédés utilisés. Peut-être que maintenant des progrès ont été accomplis (progrès techniques et progrès des mentalités) et que cela pourrait être envisagé prochainement.
Au passage, je remarque que les pays pauvres ensoleillés n’ont aucune industrie de fabrication de panneaux solaires (mais ils ont des fonds pour construire des mosquées). Pourtant avec cette électricité, ils pourraient fabriquer et exporter de l’hydrogène (liquide), combustible non polluant (mais difficile à sécuriser: bah ! on est habitués aux explosions dues aux fuites de gaz, cela n’en ferait que quelques-unes de plus !).
@ LANLIGNEL. Si l’interdiction de l’exploitation du gaz de schiste en France date d’avant Macron, il faut reconnaître qu’il poursuit sciemment la politique verte ruineuse pour son pays. Il vient même d’inviter la grande prêtresse du climat, Greta pour son « homélie » à l’assemblée nationale. Et gare à ceux qui osent la critiquer! Ceux qui disent la vérité doivent être exécutés.