Jeune enfant, une sortie scolaire de mon école primaire a bouleversé à tout jamais ma vision du monde. Toujours dans le car, en m’approchant de ce village, je fus saisi par la beauté des lieux, c’était tout simplement majestueux.
Essayez un instant d’imaginer un magnifique village, perché à flanc de falaise (pour échapper aux invasions des Maures), surmonté de deux éperons rocheux, une chaîne est tendue entre ces deux escarpements et une étoile dorée pendant en son milieu, brillant de mille feux dans la luminosité et la pureté du ciel provençal.
Avec le recul, je dirais que Moustiers est la représentation grandeur nature de la crêche de la Nativité si chère à tous les provençaux et qu’enfant on construisait avec bonheur en installant les fameux santons de Provence proches de la cheminée pour profiter de sa bienveillante chaleur. Et pour anecdote,mon santon préfèré était le Ravi de la crêche car il avait cette faculté d’être toujours heureux.
Arrivant aux pieds du village,nous commençâmes à arpenter ses rues, écoutant avec un vif intérêt l’histoire et les légendes baignant ce lieu. En montant le chemin de procession qui même à la chapelle de Beauvoir (si mes souvenirs sont encore bons),une plaque de marbre sur laquelle était gravé le texte que voici attira mon attention :
Prisonnier des Sarrazins
Accoutré comme un bohème
Avec un Fez cramouisi
Que le soleil essore
En tournant la noria
Dont la roue grince
Un Blancas priait ainsi
A tes pieds Vierge Marie
Je suspendrai ma chaîne
Si jamais
Je retourne
A Moustiers dans ma patrie.
Bien que ne comprenant pas toutes les nuances contenues dans ce magnifique poème,je fus boulversé et c’est avec émotion que je demandai des explications a un adulte présent à mes côtés. Celui-ci, passablement érudit m’expliqua que c’était un grand auteur provençal, Frédéric Mistral, qui écrivit ce poème en l’honneur d’un preux chevalier, le Duc de Blacas dont voici l’histoire : Au 10e siècle, le chevalier Blacas, captif en Orient, fit la promesse de déposer un ex-voto à Moustiers en l’honneur de la Vierge Marie si un jour il redevenait un homme libre. A son retour dans ses terres, il tint parole et mit une chaîne entre les deux rochers, symbolisant ainsi sa liberté retrouvée.
Bien qu’étant qu’un enfant c’est à ce moment là que je compris ce qu’était la liberté et qu’il fallait la protéger quel que en soit le prix à payer. Plus tard,le recueil de Pensées de Marc Aurèle m’a aussi beaucoup apporté, mais ceci est une autre histoire.
Luc Forgeron
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Ce que vous dites est tout a fait vrai, j’ai séjourné plusieurs fois à Moustiers, il y a comme une magie, comme dans les rêves, un endroit où on se sent bien !!!