« Les Barbouzes » : Lautner, Ventura et l’art du contre-espionnage à la française

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« Les Barbouzes », ce joyau de Georges Lautner sorti en 1964, capture une France insouciante et fière, celle des années gaulliennes où l’on se rêvait encore grande puissance au cœur de la guerre froide.

L’histoire suit Francis Lagneau, agent secret français incarné par Lino Ventura, missionné pour récupérer des brevets d’armes atomiques détenus par une jeune veuve blonde, Amaranthe, dans un château provincial aux airs de refuge aristocratique. Face à lui, une galerie d’espions hétéroclites – Américains, Soviétiques, Allemands, Chinois et même Suisses – tous lancés dans une course-poursuite burlesque où le panache tricolore l’emporte, au son des dialogues ciselés par Michel Audiard.

Ce qui frappe aujourd’hui, c’est ce parfum de nostalgie pour une époque où la France assumait sans complexe son rôle de premier de la classe. L’espion de Ventura, présenté comme « le meilleur », séduit la veuve pour la patrie sans un battement de cil, dans un monde de barbouzes – ces ombres des services secrets des années 60 – qui opèrent à l’ancienne, avec travestissements, bastons homériques et mystifications personnelles, loin des agences lisses d’aujourd’hui.

Le château, avec ses passages secrets et sa domesticité, évoque une province éternelle, rurale et centralisée, déjà folklorique en 1964, mais qui résonne comme un antidote imaginaire à la France périurbaine contemporaine.

Les acteurs, eux, cristallisent cette douceur de vivre d’« avant ». Ventura le roc, Bernard Blier le finaud, Francis Blanche l’exubérant, Mireille Darc la pulpeuse : une distribution mythique du cinéma populaire, où le public suivait ses idoles plus que des franchises hollywoodiennes. Audiard y déploie son argot assassin, mêlant verbe brillant à une violence burlesque qui raille les puissances rivales tout en célébrant la gauloiserie.

Revoir Les Barbouzes au coin du feu, c’est replonger dans une comédie virile et bavarde, où la souveraineté stratégique se joue en huis clos festif, et où la France se moque d’elle-même avec une élégance disparue. Parfait pour un réveillon nostalgique, loin de la France de Macron !

Extraits : 

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1 Commentaire

  1. On peut signaler aussi l’acteur franco-américain Jess Hahn.
    Mon film préféré reste tout de même « Les Tontons flingueurs ». Je ne m’en lasse pas.