
Marx : Avec ton jeune homme, peut-être ?
Hélène : Ne t’inquiète pas de ça.
Marx : Vous ne vous voyez plus naturellement ?
Hélène (plus fort.) : Ne t’inquiète pas de ça.
Marx : Il était au dessus des préjugés, disais-tu ? ( Hélène a un rire amer.) J’en étais sûr. On ne se place au dessus des préjugés que lorsqu’on ne possède rien
Hélène : Il possède quelque chose, à présent ?
Marx (avec un signe de tête affirmatif.) : Sa qualité d’Allemand. Elle le remplit d’orgueil. Moi même j’en ressens, quoique je ne la possède pas intégralement. Mais en ce qui te concerne, si tu ne veux plus rentrer à la maison, (il attend.) Tu es obligée de partir. Je suis venu pour ça. (Hélène le regarde.) Je te prie de me dire dans quel avion je dois te réserver une place.
Hélène (secouant la tête.) : Je reste.
Marx : Les juifs qui sauront rester auront raison finalement. Mais tu ne sauras jamais, toi. On m’a averti. Tu parles trop.
Hélène : Je dis la vérité.
Marx (ferme.) : Ce n’est pas allemand de dire la vérité en ce moment. ( Hélène rit.) Des intérêts supérieurs…
Hélène : Par contre, c’est juif de parler des différentes races juives en ce moment ?
Marx : Encore ! Mais, alors, qu’est-ce qui te retient ici ?
Hélène : Les juifs.
Marx : Ou le chrétien ? (Hélène a un rire amer.) Vous vous voyez en cachette ?
Hélène : Tu te représente mal les choses.
Marx : Avant les événements, je le jugeais insuffisant pour toi. Mais depuis…
Hélène : Tu le trouves important.
Marx : …Inaccessible. Ce serait un malheur pour toi, pour lui, pour nous, pour la fabrique, pour tous. Si nous réussissons à nous maintenir au point de vue économique, nous devons éviter de nous mêler à eux dans nos rapports personnels. Nous manifestons par là notre grande admiration, à laquelle ne se mêle aucune jalousie. Et ça ne nous coûte rien.
Hélène : Je n’ai qu’à regarder dans la rue en ce moment et me dire qu’il est peut-être parmi eux pour éprouver une admiration sans jalousie. Je devrais plutôt mourir de honte d’avoir cru en lui, de lui avoir appartenu. Comment cela a t’il été possible ?
Marx : Mais alors pourquoi ne pas partir ?
Hélène : Je le hais. Tu peux être tranquille.
Marx : Je ne serai tranquille que lorsque tu l’auras oublié.
Hélène : Comment cela a t’il été possible ?
Marx : Qu’est-ce qui te retient ici, alors ?
Hélène : Les juifs. Ce qui se passe en bas,dans la rue, me retient ici par une force magique.
Marx : Une force magique ?
Hélène : Comme si mes yeux devaient absolument tout voir, tout ce qui est encore possible de nos jours.
Marx : C’est peut-être une autre force qui te retient. Fais attention.
Hélène : En ce vingtième siècle (bas, le regard fixe) de l’ère chrétienne, en Allemagne. Le pays de l’hygiène.
Marx : Hélène, tu es perdue si tu ne pars pas.
Hélène ( avec force.) : Quand les Allemands vont en France, en Autriche, en Italie, ils commencent par faire la grimace. Ce sont bien les pays de la plus vieille voiture européenne, seulement, voilà : dans ces pays là, tout le monde n’a pas sa salle de bains, l’eau courante. ( Marx la regarde stupéfait.) Moi même, j’eus cette vanité. Pour moi non plus tout cela n’était pas simplement du confort, mais un moment de culture allemande. Je le regrette.
Marx : Mais de quoi parles tu ?
Hélène : De l’erreur d’englober le confort dans la culture d’un pays.
Marx : Tu es complètement folle.
Hélène : De lui donner trop d’importance et de négliger précisément la culture. On peut prendre des bains l’un après l’autre, cela n’avance à rien si la vermine est sous la peau.
Marx ( se détournant.) : Ça devient pénible.
Hélène : L’homme doit refaire cette découverte. Et ce qui se passe dans la rue en ce moment ne serait plus possible.
Marx : Si tu voulais m’écouter une seule fois. Décide toi. Rentre à la maison. Malgré toutes tes révoltes, tu es une allemande, que tu le veuille ou non. ( Dans la rue, clameurs et rumeurs de plus en plus fortes.)
Hélène : Aurais tu le courage de traverser la rue en ce moment ?
Marx : Mon chauffeur est membre du parti depuis longtemps sans que je l’aie su. Sois sans inquiétude. On vient à bout de toutes les difficultés, même de celles qui paraissent insurmontables.
Hélène ( fermement.) : Mais que font les juifs qui n’ont pas de chauffeur ?
Marx : Tu ne fais pas partie de ceux-là. Finissons en.
Hélène : J’en fais partie. Et j’ai là ferme conviction que ce sera un jour allemand de dire la vérité, mais que ce ne sera jamais juif d’envoyer des circulaires dans le monde entier pour….
Marx ( avec un signe de tête affirmatif.) : J’en ai envoyé 5000.
Hélène : Toi ? Que me veux tu, alors ?
Marx : Je ne peux pas nier qu’il faut avoir la tête solide aujourd’hui pour être un vrai juif. Si nous perdons la tête, nous perdons le dernier droit de vivre qui nous reste. Tu es en train de le perdre, prends garde.
Hélène : Moi aussi, j’ai envoyé des lettres
Marx ( effrayé.) : Tu as même écrit ?
Hélène : Je n’ai écrit que la vérité. Rien d’autre.
Marx : S’ils mettent la main sur une de ces lettres…
Hélène : La vérité. Preuves à l’appui. La vérité irréfutable.
Marx : Ça peut te coûter la vie. Tu comprends ce que cela signifie ? Moi même, je connais des cas…
Hélène : Tu les as cités dans tes circulaires, n’est-ce pas ?
Marx ( hors de lui.) : Tu as perdu la raison !
( bruit plus fort dans la rue.)
Hélène : Sois fier d’avoir conservé la tienne. Sois fier de tes savons et de tes crèmes. Qui sait ? Les bouches qui hurlent en bas ont été lavées avec ton eau dentifrice, les produits de ton usine.
Marx : Je suis fier de mon usine, mais pas de toi.
Hélène : Hâte toi. Ils pourraient soudain ne plus rien vouloir savoir. Le chauffeur, les circulaires, la tête solide : tout cela pourrait soudain ne plus servir à rien. » Prenez garde au juif ! «
A SUIVRE.
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Merci mon ami le chti français. Pour ce boulot. Hier j’ai passé une journée horrible. Le kiné, ça m’a épuisé. J’ai dormi une partie de la journée. Mal partout. Bon Noël et bonne fin d’année. Pour ma part, je vais passer le vingt-cinq décembre au lit. Dernière séance de kiné cet après-midi.
Tiens bon, repose-toi bien. On a besoin de toi
Bon courage mon ami, cela m’attriste vraiment de te savoir mal en point pour les fêtes, je croise les doigts pour que tu ailles mieux et que tu nous reviens retabli. Que Noël t’apporte la joie que les épreuves t’on spoliées.