Toute ressemblance avec des personnes…
Malheur à toi pays dont le roi est un enfant. (Ecclésiaste.)
Il était une fois un méchant petit roi, dans un joli pays, jadis prospère, mais qu’il ruina en quelques années seulement. C’était une monarchie élective. Il était si nul pour gérer les affaires courantes que l’on peut se demander pourquoi une partie du peuple l’avait remis à la tête du royaume pour un deuxième mandat. Il insultait ses sujets sans cesse. Il faut croire que certaines personnes adorent être insultées. Peut-être une forme de masochisme électoral. Ajoutons à cela qu’il faisait tabasser par sa garde ceux qui avaient l’outrecuidance de protester, garde aux ordres, et qui obéissaient au doigt et à l’œil.Il avait pour habitude de laisser envahir le royaume par des populaces étrangères qui se conduisaient comme si elles se trouvaient en terrain conquis. Et qui tentaient d’imposer leurs us et coutumes avec l’approbation tacite du roi et de ses conseillers. De plus, ces peuples étaient choyés, tellement choyés que les services du Trésor royal accablaient le peuple d’impôts et de taxes pour pourvoir à leur entretien. Et interdiction formelle de le faire remarquer. La liberté de dire et de penser avait été fortement réprimée. La Justice était impitoyable. Les libelles étaient prohibées. Il faut dire que beaucoup d’échotiers s’étaient rangés du côté du pouvoir et faisaient l’opinion. Il subsistait ça et là quelques gazettes qui tentaitent de résister, mais elles étaient bien seules.Le monarque menait grand train, ainsi que la vieille reine son épouse. Les mets les plus fins, les vins les plus capiteux, ils ne se refusaient rien, pendant que les pauvres sujets peinaient à garnir leurs garde-manger. Et question garde-robe, la vieille souveraine n’hésitait pas à la dépense. Rien n’était trop beau. Escarpins assortis à ses toilettes, et aumônières du même tonneau.Le vingt-quatre décembre, le couple ripailla, but sans retenue, pendant que le pauvre peuple dansait devant le buffet. Le roi se mit au lit, dans ses draps de soie, vêtu d’un pyjama de la même étoffe, la reine à ses côtés. Ils s’endormirent du sommeil de l’injuste. Soudain, sur les coups de minuit, le souverain fut réveillé par une main rude qui le secouait. Une créature lumineuse se tenait au pied de la couche royale.—- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous? On ne réveille pas son roi de cette manière.—- Je suis Thémis, déesse de la justice. Tu maltraites tes sujets depuis trop d’années. Les dieux ont décidé de te punir. Si tu ne changes pas, tu rétréciras lElle disparut ensuite dans un éclair de lumière verte. Le roi se rendormit, mais il fit d’horribles cauchemars. Au matin, cependant, il se rasséréna. Il mit cela sur le compte du réveillon de la veille. Il vaqua à ses occupations comme si rien ne s’était passé, prit les mêmes mauvaises décisions, continua de paupériser le peuple comme jamais, ignorant l’avertissement qui lui avait été fait, mais le soir…Quand il regagna sa chambre, il s’aperçut qu’il flottait dans ses vêtements et que ses chaussures étaient devenues trop grandes. Le lendemain, encore pire. Il n’osa plus sortir de ses appartements. La reine glissait les ordres de son époux sous la porte. Il devint si petit, qu’un jour, un chat passant par là, le prit pour un rat, l’emporta et le tua d’un coup de patte à droite. Et même d’extrême-droite.Dès que la nouvelle fut connue, ce fut une explosion de joie dans tout le royaume. Des feux d’artifice furent tirés, des banquets improvisés eurent lieu. Une liesse générale. Ceux qui avaient collaboré avec le souverain faisaient grise mine et évitaient de sortir de leurs domiciles. Certains préfèrèrent même s’exiler. Mais ceci est une autre histoire.FINARGO
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Superbe conte cher ami, qui nous fait regretter que s’en est un ! Une parfaite osmose entre « un chant de Noël » de Dickens et « l’homme qui rétrécit de Richard Matheson.joyeux Noël