L’Espagne aussi perd 40 % de ses exploitations agricoles ! Mais Der Leyen a signé le Mercosur

 Une marche de protestation européenne historique prévue le 18 décembre

En vingt‑cinq ans, 505.000 exploitations agricoles ont été perdues en Espagne — dont 111.000 au cours des trois dernières années. Un déclin dont la nette accélération se confirme, alors que la Politique agricole commune (PAC) est de plus en plus décriée pour son éloignement de la production alimentaire locale et de la protection des zones rurales.
La situation est comparable dans plusieurs pays européens.
En conséquence, plus de quarante organisations agricoles préparent une importante mobilisation paneuropéenne.
Plus d’un cinquième de cette diminution est survenu entre 2020 et 2023. C’est le constat du Recensement agricole et de l’enquête sur la structure des exploitations agricoles de l’Institut national de la statistique (INE). Sur la même période, la surface mise en culture est passée de 16,7 millions d’hectares à 11,4 millions.
Le recul s’accompagne d’une concentration : la taille moyenne des exploitations est passée de 20,73 ha en 1999 à 26,37 ha en 2020, puis à 30,46 ha en 2023, traduisant un mouvement d’agrandissement au détriment des petites structures.
Le secteur de l’élevage a connu un ajustement encore plus marqué. Les exploitations bovines sont passées de 188 .211 à 79 .279, et les exploitations porcines de 180.600 à 30.800, bien que dans ce dernier cas le cheptel total ait été maintenu — voire augmenté — dans les élevages restants.

Journée de mobilisation européenne

La Copa‑Cogeca a appelé à une journée de protestation paneuropéenne à Bruxelles le 18 décembre.
Cet évènement doit intervenir quelques heures avant le déplacement au Brésil de Mme von der Leyen en vue de sceller l’accord avec le Mercosur. Parallèlement, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE se réunissent au Conseil européen pour décider du futur budget communautaire.
La Copa-Cogeca, la plus grande organisation agricole de l’Union européenne, représente conjointement les agriculteurs, les éleveurs et les coopératives agricoles de tous les États membres. Elle souligne que les demandes des agriculteurs restent encore sans réponse.

« Depuis 2024, les agriculteurs n’ont cessé d’alerter l’UE sur les réformes de la PAC et du budget, sur une réglementation excessive qui entrave l’initiative agricole et sur les pressions exercées pour conclure des accords commerciaux inacceptables, comme l’accord du Mercosur. Or, fin 2025, ces attentes restent vaines. »

Copa-Cogeca, regroupement d’organisations syndicales et professionnelles agricoles et coopératives européennes

L’organisation juge la décision de la Commission de poursuivre l’accord avec le Mercosur « une erreur historique pour le projet européen, ses agriculteurs et les consommateurs ».

Crise agricole et nouvelle PAC

Le secteur a qualifié la décision de la Commission européenne de poursuivre le projet Mercosur d’« erreur historique pour le projet européen, ses agriculteurs et ses consommateurs ».
Après des décennies de journées de travail à rallonge, de coûts en hausse, de lourdeurs administratives et d’incertitudes sur les prix, les comptes ne tiennent plus et les nouvelles générations d’agriculteurs et d’éleveurs renoncent.
L’Union des syndicats a récemment souligné les obstacles à l’installation des jeunes entrepreneurs et averti que « si l’on n’apporte pas de soutien, le renouvellement des générations est impossible. Les jeunes tiennent quatre ans puis partent. »
« Si l’on veut qu’ils restent, il faut s’y mettre et beaucoup dépend de la volonté politique. »
La situation pourrait se détériorer davantage avec la nouvelle PAC, préviennent les organisations agricoles, en raison notamment de réductions d’aides et de conditions jugées incompatibles avec la viabilité des petites et moyennes exploitations.
« La nouvelle PAC présentée en juillet pourrait aggraver l’abandon des terres et cela nous inquiète beaucoup », a alerté Alfredo Berrocal, responsable de l’élevage et président de l’Union des éleveurs, agriculteurs et forestiers de la Communauté de Madrid (UGAMA).
« Puisqu’il est question de coupes budgétaires de plus de 30 %, cela pourrait entraîner l’abandon des campagnes et freiner le renouvellement des générations.

Mercosur : sans ratification des parlements nationaux ?

L’Union des syndicats a souligné que l’accord Union européenne‑Mercosur présente des « irrégularités juridiques ». Celles-ci constituent « une menace pour le secteur agricole européen ».
Elle pointe notamment du doigt la division artificielle de l’accord. Cette division serait conçue pour faire avancer le plan de la Commission européenne sans la ratification des parlements nationaux, responsables de la protection des intérêts de leurs citoyens.
Le secteur agricole et de l’élevage craint que l’accord ne génère « une concurrence déloyale dévastatrice dans des secteurs tels que le bœuf, la volaille, le porc, le riz, le miel ou le maïs doux, en autorisant des importations massives sans clauses miroirs ni obligations équivalentes ».
Pour sa part, le président de l’ASAJA Alicante, M. José Vicente Andreu, a dénoncé la « ratification expresse » du pacte entre l’UE et le Mercosur, et a expliqué à Epoch Times Spain que la procédure choisie « laisse les campagnes européennes dans une position vulnérable » face aux importations agroalimentaires en provenance du bloc sud‑américain.
« Il reste un certain nombre de points en suspens qui ne sont pas éclaircis et qui compromettent fortement l’avenir de l’agriculture espagnole et des consommateurs européens », a‑t‑il poursuivi.
« Il n’existe aucun accord bilatéral. Le produit arrivera à bas prix et sans aucune garantie sanitaire » concernant les nuisibles, les produits chimiques et les pesticides, a‑t‑il précisé.
Par ailleurs, au sujet de certaines clauses largement diffusées par la Commission européenne, comme l’affirmation selon laquelle l’accord réduirait les droits de douane élevés sur les principaux produits agroalimentaires de l’UE, notamment le vin et certaines boissons, il prévient qu’« il faudra une décennie pour que ces mesures soient mises en œuvre ».
« En théorie, nous pourrions augmenter nos exportations de vin et d’huile d’olive, mais ce qu’ils n’ont pas mentionné, c’est qu’il y aura une période de transition de 8 à 12 ans pendant laquelle cet accord bilatéral ne sera pas en vigueur : pour pouvoir exporter nos produits, nous devons traverser cette période.
À l’inverse, les produits du Brésil et de l’Argentine pourront entrer en franchise de droits dès le premier jour. Autrement dit, ce n’est pas aussi avantageux », a-t-il souligné.

Les importations de céréales poussent « des milliers d’exploitations agricoles familiales à la ruine ».

Le prix des céréales est entré dans une spirale descendante en 2025. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu’à ce que l’équilibre entre les importations et les exportations, ainsi qu’entre la production nationale et internationale, soit normalisé.

« L’afflux de céréales importées, principalement d’Ukraine, fait chuter les prix à la source et pousse des milliers d’exploitations familiales à la ruine », ont dénoncé le 1er octobre l’ASAJA d’Ávila, de Ségovie et de Valladolid au sujet de la situation d’urgence à laquelle sont confrontés les céréaliers de Castille‑et‑León et d’Espagne.

Le groupe a déclaré que, dans le même temps, « le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation et le département de l’Agriculture et le Conseil régional de Castille-et-León maintiennent une passivité inacceptable sur les frontières et les marchés intérieurs ».
« Les céréaliers espagnols sont confrontés à une situation critique, les prix à la production s’étant effondrés. Dans le même temps, les coûts ont explosé ces dix dernières années, passant de 600 euros/ha pour les terres non irriguées et 1 700 euros/ha pour les terres irriguées, à 800 euros/ha pour les terres non irriguées et environ 2 200 euros/ha pour les terres irriguées », alertait Agronegocio le 23 mai.

« L’essor du solaire »

José Portillo a travaillé toute sa vie comme agriculteur à Carmona, près de Séville, mais il a déclaré aux médias qu’il avait décidé de changer de métier et de se consacrer à la location de ses terres à une entreprise photovoltaïque afin d’alléger le fardeau du loyer.
De nombreux agriculteurs ont observé la montée en puissance et la pression des centrales solaires. Ce contexte est combiné à une PAC de plus en plus exigeante. Face à la flambée des coûts, à la concurrence des importations alimentée par des accords et à la bureaucratie liée aux réglementations environnementales, l’exploitation d’une petite ferme est tout simplement devenue impossible.
Le maire de Carmona, ville où réside José Portillo, a reconnu en septembre que sa région connaît un véritable essor solaire. Le magazine Jara y Sedal rapportel’existence de 28 projets en phase de planification avec des millions d’euros en jeu. La commune compte 92.000 hectares de terres agricoles, dont une partie, auparavant cultivée, a déjà été convertie à la production d’énergie.
La pression exercée par la hausse constante des prix de l’électricité et la faiblesse des prix des céréales a finalement poussé les gens à rechercher des solutions alternatives.

Expansion des grandes entreprises

Le WWF promeut une loi sur la transition agroécologique qui offrirait un soutien aux producteurs d’agriculture biologique.
Le plan promeut également des politiques visant à limiter la concentration et l’accaparement des terres et de l’eau, ainsi que des fonds publics, afin de prévenir la spéculation et le déplacement des petits producteurs.

Des agriculteurs garent leurs tracteurs au milieu de Trafalgar Square pour participer à une manifestation contre la réforme des règles fiscales successorales concernant la propriété foncière agricole, dans le centre de Londres, le 26 novembre 2025. (JUSTIN TALLIS / AFP via Getty Images)

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2 Commentaires

  1. La hyène hitlérienne signera le mercosur et rien ne l’empêchera de le faire. Elle est là pour détruire l’agriculture européenne et elle ira jusqu’au bout. Les agriculteurs qui crèvent, elle s’en cogne. Cette femme c’est le diable. Frexit vite c’est urgent.