Comment la centralisation génère-t-elle de la bureaucratie ?

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Je confesse volontiers une fierté d’être français.

Certes, ça fait franchement « facho » de nos jours, mais je m’en fiche royalement.

Re-certes, cette fierté est mise à mal depuis que Macron est président. Mes amis étrangers, jadis fort respectueux de notre pays s’en donnent désormais à cœur joie en s’en gaussant désormais sans retenue.

En revanche, malgré l’immensité des apports que la France a pu apporter à l’Humanité, il en est un qui, à lui seul, annihile tout le reste.

En effet, peu de gens le savent mais le mot « Bureaucratie » est une invention française. La première occurrence se trouve dans la correspondance littéraire de Melchior Grimm en juillet 1764.

Grimm a l’honnêteté d’attribuer la paternité du mot « bureaucratie » à l’Intendant du Commerce Vincent de Gournay qui aurait créé ce néologisme entre les années 1745 et 1750, sans que nous n’ayons davantage de précision.

Étant immensément fier de ce que notre Nation a pu exporter, je ne peux que déplorer que cette invention française ait été le produit le plus exporté au monde.

Elle a tout envahi, s’est immiscée dans les Administrations, a contaminé ensuite les grandes entreprises, puis s’est attaquée aux moyennes, et a fini par dévaster les plus petites structures.

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Si l’on est optimiste, on peut considérer que la bureaucratie a atteint son apogée et que sa capacité de nuisance a atteint son maximum. En effet, lorsqu’on analyse la fréquence d’utilisation de ce mot, on constate une certaine stabilisation:

Mais ne réjouissons pas trop vite. Le côté vicieux de cette grave pathologie de nos sociétés modernes en est avant tout le caractère invasif. Créer de la bureaucratie dans l’Administration contaminera obligatoirement l’ensemble de la société car il faudra bien des bureaucrates salariés dans le privé pour répondre à leurs homologues du public.

Cette bureaucratie envahit tout. À l’image du gui qui pompe la sève des arbres sains, elle en affaiblit l’organisme jusqu’à l’étioler.

Et encore, le gui n’est pas le pire car ce n’est qu’un hémiparasite qui consent à se nourrir en partie seul puisqu’il est doté de chlorophylle.

La bureaucratie, elle, ne produit rien. Rien que du poison qui asphyxie le vivant des autres structures : normes, règlement, taxes ou même de plus anodines notions de guide de procédures ou de moraline d’apparence plus inoffensive mais tout aussi néfastes.

Non ! La bureaucratie est comme le phylloxéra, qui a presque réussi à éliminer le vignoble français.

La bureaucratie envahit tout. L’exemple de Bruxelles est là pour nous le confirmer tous les jours. Une armada de fonctionnaires grassement payés, en parfaite roue libre, s’acharnent à justifier leur existence en s’ingéniant à pourrir la vie de tous.

On leur doit toute une liste de sottises, des « bouchons solidaires » sur les bouteilles en plastique aux toilettes sur les barges ostréicoles.

On est dans l’expectative de la prochaine absurdité : un diamètre légal pour les asperges bio ? Une directive sur l’angle d’inclinaison des tranches de saucisson dans les sandwiches ? Une obligation d’en proposer des halal pour davantage d’inclusion ? Une norme sur la température de service du café pour éviter les brûlures ?

On ne peut effectivement que s’indigner de ces aberrations.

Moi, je m’en réjouis bien au contraire. Car c’est la bureaucratie qui tuera l’Europe, tout comme le Plasmodium relictum, ce parasite aviaire qui a bel et bien exterminé dix espèces d’oiseaux hawaïens. Il arrive en effet que le parasite tue son hôte.

Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Si le Parasitus bruxellensis proliferans est proche de l’extinction, bien d’autres espèces commensales se développent.

Toutes les organisations, publiques comme privées, se dotent de fonctions dont l’utilité est souvent très hautement questionnable.

Ne trouve-t-on pas des Communautés de Communes dans lesquelles prospèrent des :

  • « Chargés de mission biodiversité et corridors écologiques »
  • « Responsables de la cohésion sociale et du vivre-ensemble »
  • « Animateurs de territoire en transition énergétique »
  • « Coordonnateurs des mobilités douces »
  • Facilitateurs de projets citoyens participatifs ».

Bref, toutes sortes de chargés de mission se développent comme des RH en milieu humide…

Il existe également des municipalités où sévissent :

  • Des « ‘Adjoints délégués à la démocratie participative »
  • Des « Chargés de mission égalité femmes-hommes »
  • Des « Référents communaux du bien-être animal »
  • Des « Correspondants locaux de la lutte anti-gaspi alimentaire »
  • Des « Médiateurs numériques de proximité »

Bref, je crois avoir mis en évidence une Première Loi : tout organisme semble condamné à créer des structures inutiles qui prolifèrent à la façon de cellules malignes.

 

Je pense qu’il existe également une Deuxième Loi : le degré de prolifération est proportionnel à la centralisation.

Plus l’organisme est petit (une commune rurale en France par exemple), plus il est protégé : il sécrète naturellement suffisamment d’anticorps.

Une grande commune est déjà plus vulnérable et une Communauté de Communes presque systématiquement infectée.

Quant aux Départements et aux Régions, la contamination est généralisée. Il suffit de regarder toutes les brochures émises par leurs « service communication », brochures n’ayant en fait pour seul vertu que de glorifier leur propre existence.

Pour ce qui est de l’État français, je ne vous ferai pas l’insulte de développer l’analyse de toutes les excroissances, comités Théodule et Agences diverses outrageusement gavés aux financements publics.

Pour vérifier cette deuxième Loi, je me suis dit que le modèle le plus abouti devait obligatoirement se trouver tout en haut de l’échelle:  à l’ONU !

Effectivement, j’ai découvert un filon d’où j’ai extrait de magnifiques pépites. Vous avez tous entendu parler des Journées Mondiales qui ont proliféré désormais au point où il n’y a pas assez de jours pour les loger.

On peut effectivement lorsqu’on est humaniste, se réjouir qu’il y ait une Journée Mondiale des Droits de l’Homme ou de la Liberté de la presse ou des Réfugiés ou pour la Paix. Même si l’efficacité en est hautement discutable : ceux qui foulent aux pieds ces droits se contrefichent de ces Journées Mondiales.

Mais a-t-on besoin de créer et financer les journées mondiales suivantes :

  • Journée mondiale des toilettes (19 novembre)
  • Journée internationale du yoga (21 juin)
  • Journée mondiale de l’orgasme (21 décembre)
  • Journée mondiale du câlin (21 janvier)
  • Journée internationale du jazz (30 avril)
  • Journée mondiale de la langue portugaise (5 mai)

Et surtout a-t-on besoin de financer tout cela ?

Car à l’ONU, les Journées mondiales sont confiées au Département de la Communication Globales (DGC), doté d’un budget de 93 millions de dollars par an (2015) et d’un effectif de 730 personnes !

Et, point important : il n’existe pas de budget spécifique alloué à ces journées mondiales. Chaque entité de l’ONU (Agences, fonds, programme) ou même partenaire extérieur financera en outre les dépenses de ces journées sur ses fonds propres.

Alors, cher ami lecteur, soyez pleinement conscients que vous participez à l’insu de votre plein gré au financement de toutes ces sottises.

Vous vous appauvrissez pour engraisser des entités obèses qu’elles soient locales, nationales ou supranationales.

Vous créez ainsi des armadas de fonctionnaires qui vont s’ingénier à gangrener vos vies en inventant de nouvelles lois, de nouvelles normes, en inventant de nouvelles menaces, en inventant de nouveaux combats.

Tout ceci au moment où, au contraire, on manque cruellement de moyens pour que l’État puisse assurer dignement ses fonctions régaliennes.

Une grande purge devient indispensable dans toutes les structures, depuis l’ONU jusqu’à vos communes. Car rappelez-vous : contrairement au phylloxéra que l’on a vaincu par le greffage, la bureaucratie ne se greffe sur rien. Elle ne fait que sucer votre argent et  vos libertés.

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3 Commentaires

  1. On en arrive à un point où même au bureau de poste il faut décliner son identité, voir son adresse si vous n’êtes pas inscrit, pour acheter un timbre!