Quand le Louvre fait nocturne sans vigile et que nos entreprises font leurs valises…

La sécurité du Louvre vacille, nos fleurons industriels se font la malle, mais à l’Élysée, pas de panique : Emmanuel Macron continue de veiller — mais sur quoi, exactement ? Sur son image, peut-être. Sur les musées et les emplois, c’est moins sûr. La France ressemble de plus en plus à un immeuble sans gardien, où les portes grincent et les voisins partent les uns après les autres.

Le Louvre : nouvelle aire d’autoroute culturelle

Le plus grand musée du monde a désormais un petit souci de taille : il est gardé à vue basse. Le Louvre, jadis symbole de prestige et de protection du patrimoine, semble aujourd’hui fonctionner selon la méthode “on verra bien”.
Entre les alertes à la bombe, les sous-effectifs et les économies budgétaires, la Joconde n’a jamais été aussi exposée. À ce rythme, elle va finir par devoir acheter son propre spray au poivre.

Mais le Président, lui, reste imperturbable. “La France est forte de sa culture”, répète-t-il avec son sourire de pub pour assurances-vie. Fort heureusement, la culture n’a pas encore été délocalisée. Encore que, vu les moyens, on finirait presque par se dire qu’elle aussi pourrait envisager un exil fiscal.

Pendant que les vigiles comptent les heures sup’, l’Élysée compte les likes. La priorité, c’est la communication, pas la sécurisation. On ne protège pas les musées avec des budgets, mais avec des tweets inspirants et des selfies présidentiels en polo.

Les grandes entreprises : un aller simple pour l’ailleurs

Pendant que la Joconde surveille les visiteurs, nos entreprises, elles, surveillent les taux d’imposition… et décollent aussitôt. Les fleurons français sont devenus les nouveaux backpackers de la mondialisation : un pied à Paris pour la photo, le reste en Irlande pour les impôts.
Macron, apôtre du “monde qui bouge”, regarde tout ça avec une bienveillance quasi paternelle : “C’est la preuve que la France rayonne à l’international.” Oui, enfin… quand tout le monde s’en va, ce n’est plus un rayonnement, c’est une fuite de gaz.

Le chef de l’État parle souvent de “souveraineté industrielle”. Il en parle très bien, d’ailleurs. Tellement bien qu’on en oublierait presque qu’elle s’évapore pendant qu’il cause. À force d’aimer les start-up et les licornes, il a oublié qu’un pays, ça se construit aussi avec des usines, des ouvriers, et parfois un peu de sueur — pas seulement des slides PowerPoint en anglais.

Présider, ou l’art de faire semblant d’agir

Macron, c’est un peu ce prof charismatique qui parle très fort, brasse beaucoup d’air, et à la fin du cours, on se rend compte qu’on n’a rien appris. Il promet la sécurité, l’emploi, la souveraineté… mais la réalité, elle, file entre les doigts du pouvoir comme un contrat public vers une multinationale étrangère.

Quand on lui parle du Louvre, il parle “d’émotion culturelle”. Quand on lui parle d’emplois, il évoque “le défi de la transition”. En langage clair : circulez, il n’y a rien à voir. Ou plutôt, si : un Président qui maîtrise l’art de répondre à côté, avec la même élégance qu’un serveur parisien qui ignore un touriste.

Et quand tout s’écroule ? Il appelle ça de la “résilience”. Ce mot magique qui transforme une catastrophe en storytelling. Un musée menacé ? Résilience patrimoniale. Une entreprise qui délocalise ? Résilience économique. Un pays fatigué ? Résilience nationale. La France, c’est devenu une thérapie de groupe.

Le Louvre comme miroir du pouvoir

Le Louvre, finalement, c’est le reflet du macronisme : immense, prestigieux, mais sous-doté et sous surveillance. On admire la façade, on communique sur la grandeur, mais à l’intérieur, les agents courent partout pour éviter que tout ne parte en vrille.
C’est beau, le symbole : d’un côté, la Joconde qui sourit calmement au chaos, de l’autre, un Président qui fait pareil.

Peut-être que dans quelques années, on installera au Louvre une nouvelle salle : “Les chefs-d’œuvre disparus de l’industrie française.”
On y exposera des reliques : un pneu Michelin, une boîte de Doliprane, un vieux plan d’usine Alstom. Les visiteurs étrangers seront ravis : “Quel sens de l’autodérision, ces Français !”

Et après ?

Macron l’a dit : “La France doit s’adapter.” C’est vrai. Mais s’adapter à quoi ? À la disparition progressive de tout ce qui faisait sa force ? À la muséification de son patrimoine et à l’expatriation de son génie industriel ?

Il paraît que gouverner, c’est prévoir. Chez nous, c’est plutôt laisser faire et commenter ensuite. Peut-être qu’un jour, quand il ne restera plus rien à protéger ni à produire, on inventera un nouveau concept : la start-up nation sans nation.

En attendant, la Joconde continue de sourire. Elle a vu passer les rois, les empereurs et les présidents. Elle survivra sans doute aussi à celui qui préfère veiller sur sa popularité que sur sa sécurité.

Ginette de Bordeaux 

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6 Commentaires

  1. Mais attendez là, sur l’image du casse, mais, mais, c’est notre étron national, c’est l’macron de profil, ça !!??

  2. La France agonise lentement. Le face à face risque d’être très violent. Ceux qui en ont les moyens vont s’installer ailleurs.

  3. Je ne comprends pas non plus qu’il n’y ait pas eu d’ambition de réaliser un coffret DVD permettant de visiter le Louvre. Cela se serait vendu par millions d’exemplaires et aurait permis de réaliser des recettes publiques substantielles ! IL est tellement plus facile de prélever l’impôt sans contrepartie. La Réunion des musées nationaux est un EPIC qui a vocation à faire commerce avec l’image de nos musées et aurait donc pu éditer un tel projet.
    Actuellement il existe tout au mieux un DVD de 2h permettant d’avoir un aperçu du musée.
    Entre hôtellerie hors de prix à Paris, risques de terrorisme, maintenant risques de cambriolages, je n’ai aucunement l’idée de retourner visiter le Louvre physiquement au cours de ma vie !

    • Bonjour Maxime, il y a eu, il y a bien longtemps, un programme informatique qui permettait de voir en detail les oeuvres et le musée, mais la philosophie « poubelle » fait qu’aujourd’hui, il n’est plus utilisable sur aucun ordinateur récent car sous Windows 98. Bonne journée