ALGÉRIE : Les sombres secrets de Abdelmadjid Tebboune dévoilés dans une enquête explosive

Tandis que Boualem Sansal croupit toujours prisonnier,  le satrape et autocrate Tebboune est toujours en sursis à la tête de l’Algérie. Le journaliste Mohamed Sifaoui nous révèle le côté sulfureux du personnage au cours d’ une carrière pour le moins surprenante dans les arcanes de ce pays sous la coupe d’une junte de militaires inamovible depuis son indépendance en 1962. Les frasques rocambolesques de Tebboune dévoilées par Monsieur Sifaoui (pas très clair lui non plus, note de C.Tasin, voir note sous le nom de Juvénal) nous permettent de découvrir les étranges méthodes de gouvernance et l’impéritie chronique qui règne dans ce pays au détriment d’ une population exploitée par une caste sans scrupule, vénale et corrompue. Quel gâchis !
Juvénal
Sur Sifaoui

Il y a encore des niais pour faire confiance à Sifaoui ? Il vient de témoigner contre Bensoussan

 

 

Sur sa chaîne YouTube, le journaliste politique franco-algérien, Mohamed Sifaoui, a publié le 23 septembre le premier volet d’une série d’épisodes consacrés à la face cachée de l’histoire personnelle et politique du président algérien. Des révélations documentées qui jettent une lumière crue sur les vérités accablantes que le locataire d’El Mouradia tente de dissimuler à coups de mensonges éhontés et permettent de mieux comprendre le «vrai visage du système Tebboune». 

L’histoire personnelle et politique de Abdelmadjid Tebboune est un secret mal gardé. Beaucoup le connaissent au sein du sérail algérien, bien que empreint du sceau de la confidentialité, mais peu osent le divulguer, explique d’emblée Mohamed Sifaoui dans cette première chronique qui s’appuie, précise-t-il, sur «des histoires vraies, vérifiées et recoupées», bien loin des rumeurs. L’auteur de cette enquête a consacré une année entière à recouper et à vérifier, «point par point», chacune des informations recueillies. Ce travail de longue haleine aboutit aujourd’hui à des révélations d’une portée explosive, qui éclairent d’un jour nouveau l’actualité politique algérienne et, en particulier, l’affaire Nacer El Djinn, ancien chef de la Direction générale de la sécurité intérieure, aujourd’hui en fuite après avoir été placé en résidence surveillée. En adoptant cette démarche, Mohamed Sifaoui n’a pas peur de verser dans l’atteinte à la vie privée, ligne rouge qui ne doit pas être franchie dans un souci d’éthique et de déontologie, tout du moins dans les pays démocratiques. Et pour cause, considère-t-il, «lorsque la vie privée d’un responsable politique, quel qu’il soit, influe directement sur ses fonctions publiques, lorsque ses frasques conditionnent ses choix, ses amitiés et ses alliances, alors oui, il est du devoir de tout journaliste responsable d’éclairer l’opinion publique».

Vidéo

C’est précisément le cas «du dictateur algérien», précise Sifaoui, «un homme qui n’était pas du tout prédestiné à devenir chef d’État en raison d’insuffisances professionnelles que sa hiérarchie n’a eu de cesse de mentionner tout au long de sa carrière». Et le journaliste de s’appuyer sur les nombreuses frasques et l’affairisme pathologique qui ont jalonné une carrière qui, bien que teintée de médiocrité, a été marquée par plusieurs promotions reposant sur une sainte trinité: « tribalisme, copinage et régionalisme ».

Que sait-on réellement de Abdelmadjid Tebboune?

Qui était-il avant d’occuper sa fonction actuelle et surtout comment a-t-il gravi les échelons du pouvoir? Dans un épisode d’une trentaine de minutes, qui sera suivi par d’autres, Mohamed Sifaoui livre les résultats d’une enquête de longue haleine, documentée par des sources algériennes, étayée par des sources françaises, afin de répondre à ces questions cruciales et lever le voile sur le manière dont un ministre décrit comme «affairiste», empêtré dans plusieurs scandales retentissants, est pourtant parvenu à tirer son épingle du jeu pour devenir le président d’un «État en crise».

Tizi Ouzou et les années Whisky à gogo

Le récit de Mohamed Sifaoui débute à la fin des années 1980, à Tizi Ouzou, dont un certain Abdelmadjid Tebboune a été promu wali. Une fonction sensible s’il en est– au vu de la conjoncture politique et sociale tendue en Kabylie– qu’il occupera de 1989 à 1991. Mais alors que la région nécessite un suivi sérieux, la population en manque de réponses concrètes à ses attentes va faire connaissance avec ce nouveau wali qui– comme c’est toujours le cas aujourd’hui– «passe peu de temps au bureau». Non pas qu’il croule sous le travail, mais parce qu’il «est alors réputé pour être un bon vivant qui aime refaire l’Algérie en vidant quelques bouteilles de whisky» et «privilégie alors les soirées entre amis et les beuveries». Sa gestion des affaires locales est menée en apparence, «entre deux décrets et trois inaugurations». C’est sa façon de faire, de fonctionner, et ce, de longue date, car rappelle Mohamed sifaoui, «ce haut fonctionnaire sans saveur et sans charisme est pour le pouvoir central, l’illustration du parfait exécutant qui, malgré des manquements avérés, arrive néanmoins à évoluer».

Les «folles» années parisiennes

En 1989, alors qu’il vient d’être promu wali de Tizi Ouzou, Abdelmadjid Tebboune est âgé de 44 ans et est alors marié depuis neuf ans à Fatima Zohra Bella, avec laquelle il aura cinq enfants: Saloua, Maha, Salaheddine Ilyes, Mohamed et Khaled. Mais à cette époque, révèle Mohamed Sifaoui, le wali de Tizi Ouzou mène une double vie entre l’Algérie et la France. Et s’il «se rend souvent à Paris, c’est parce qu’une charmante compagnie l’attend à chacune de ses virées», annonce le journaliste. L’attrait pour Paris de Tebboune ne serait toutefois pas dû qu’à sa maîtresse car il souhaite aussi investir dans la capitale, qu’il entrevoit comme une porte de sortie. Avec sa casquette de wali, Tebboune va en réalité faire ce qu’il sait faire le mieux, à savoir travailler pour son propre intérêt et cela sera rendu possible par le truchement d’«un vieux Kabyle, immigré, propriétaire d’un bar et d’un appartement dans la capitale française», que lui présente un ami à la fin des années 80. L’homme souhaite vendre ses biens à Paris et rentrer au pays pour y passer sa retraite. La rencontre tombe à pic pour le wali de Tizi Ouzou qui se rêve entrepreneur en France. Mohamed Sifaoui révèle ainsi «qu’en contrepartie d’une faveur», Tebboune va «obtenir ce bar» sans aucune rétribution. Comment? En donnant au tenancier, en sa qualité de wali, «une concession minière par arrêté préfectoral». L’affaire est dans le sac, et pour brouiller les pistes, son statut de haut fonctionnaire l’obligeant à la discrétion, il décide de mettre le bar au nom de sa maîtresse, «qui était alors enceinte». Un montage sur lequel Mohamed Sifaoui invite les autorités algériennes et la justice de son pays à se pencher et à enquêter.

Il s’agit désormais de mener une double vie sans se faire démasquer et pour ce faire, «Il recrute un barman pour gérer son établissement (…), laisse sa maîtresse enceinte et (…) retourne à Alger», poursuit le journaliste. Tout est bien qui finit bien? Pas vraiment, car les plans de Abdelmadjid Tebboune ne vont pas se dérouler comme prévu.

1991, l’année où la machine déraille

En se basant sur des sources algériennes mais aussi françaises, Mohamed Sifaoui poursuit son enquête, laquelle prend une tournure pour le moins saisissante. En 1991, Abdelmadjid Tebboune est nommé ministre délégué aux collectivités locales auprès du ministre de l’intérieur. Une nomination que Sifaoui impute «à ce bon vieux régionalisme tribal dont le pouvoir algérien raffole» et qui intervient à la veille de la décennie noire qui va faire basculer l’Algérie dans l’horreur. Pris dans ses nouvelles fonctions, Tebboune délaisse Paris pendant quelques mois. Une période d’absence au cours de laquelle sa maîtresse aurait accouché d’un fils. Quand il finit par s’y rendre, les choses ne tournent pas comme prévu. «Sa maîtresse, furieuse d’avoir été abandonnée durant plusieurs mois, a trouvé mieux à faire. La dame est désormais en couple avec le barman qui lui claque la porte nez», explique Mohamed Sifaoui. Le bar étant au nom de cette femme, Tebboune perd ainsi d’un coup son établissement et sa compagne au profit d’un homme qu’il avait lui-même recruté. S’ en suit une altercation entre les deux hommes en pleine nuit, alors que Abdelmadjid Tebboune est en état d’ébriété avancé. «Devant ce trouble à l’ordre public, le voisinage appelle la police», poursuit le journaliste qui explique que l’incident a été notifié dans une main courante par les policiers français qui sont intervenus ce soir-là pour arrêter un homme qui leur a déclaré: «Ne me touchez pas, je suis le ministre de l’intérieur de la République algérienne». L’incident est suffisamment grave pour que soit établi dans la foulée un rapport d’incidence «qui sera transmis quelques jours plus tard à la DST», explique Sifaoui. Prévenu par le contre-espionnage français de l’incident, le général Mohamed Médiene, dit Toufik, alors puissant patron de la DRS, «serait entré dans une colère noire» et aurait ordonné que Tebboune soit «à tout prix écarté de toute fonction officielle». Verdict: en 1992, Abdelmadjid Tebboune est démis de ses fonctions de ministre. C’est ainsi que Mohamed Sifaoui explique la disparition soudaine de Tebboune de la scène politique dans les années 90, et le mépris qu’affichent à son égard les patrons des services de renseignements algériens de cette époque.

La traversée du désert

Littéralement répudié par ses pairs, Abdelmadjid Tebboune se réfugie à Adrar, loin des violences terroristes de la décennie noire et loin aussi des salons algérois où s’ébruitent ses frasques parisiennes. Il s’y fait bâtir une belle villa «avec les économies qu’il a amassées grâce aux multiples affaires qu’il a réalisées partout où il est passé», poursuit le journaliste politique. À Adrar, il débute une nouvelle vie et crée une société de vente de pois chiches et de haricots secs. Il n’est pas seul à la tête de cette affaire, car il s’est associé à un certain Mohammed Hassouni, «celui-là même qui deviendra conseiller présidentiel en 2023, chargé des affaires religieuses, des zaouias et des écoles coraniques», rappelle Sifaoui. À Adrar, Tebboune est introduit, grâce à son nouvel associé et ami, auprès des grandes zaouïas du Sud. Certaines d’entre elles recevaient régulièrement la visite de dignitaires du régime algérien, parmi lesquels Abdelaziz Bouteflika, ancien ministre des Affaires étrangères sous Boumediene, qui, dans les années 1990, traversait lui aussi une période de marginalisation politique. Vidéo :https://www.youtube.com/watch?v=FXdmgGulNhQ

C’est ainsi que, lors de ses escapades dans le sud, en quête de mysticisme, Bouteflika est invité par Abdelmadjid Tebboune à séjourner dans sa villa tout confort. Une invitation qui tombe à point nommé car la région ne dispose pas d’infrastructures hôtelières confortables, explique le journaliste d’investigation. Entre les deux hommes naît alors, non pas une amitié, mais une forme de complicité. Mohamed Sifaoui raconte alors une période au cours de laquelle Bouteflika, excellent conteur, «qui dépasse intellectuellement Tebboune», pouvait «parler des heures durant surtout lorsque plus personne ne s’intéressait à lui» de Fidel Castro, de Che Guevara, du général de Gaulle, du terroriste Carlos… Face à lui, Tebboune, «méprisé par l’ensemble du sérail», est «sous le charme», «fier et flatté de voir que Bouteflika lui accorde de l’intérêt».

Bouteflika, le sauveur de Abdelmadjid Tebboune

Les années passent. Nous sommes en 1999 et Abdelaziz Bouteflika est nommé président de la république coopté par l’armée. Contre l’avis des services de sécurité, il décide de nommer Tebboune ministre de la communication, en souvenir de l’hospitalité dont il a fait preuve en l’invitant dans sa villa à Adrar. Après sept années de traversée du désert, il revient ainsi au gouvernement et délaisse son commerce de pois chiches. Mais un autre scandale guette le ministre affairiste, nommé ensuite au ministère de l’habitat, «là où les affaires se font et se défont dans le ciment». Il se retrouve très vite éclaboussé par l’affaire Rafik Abdelmoumen Khalifa (l’un des plus gros scandales de l’histoire d’Algérie), au même titre que la majeure partie du sérail algérien, et est «accusé d’avoir donné des instructions verbales au directeur des OPGI (Office de Promotion et de Gestion Immobilière) afin que ces derniers aillent déposer les fonds publics dans la banque Khalifa», explique Mohamed Sifaoui.

Après avoir nié, dans un premier temps, les accusations qui pesaient contre lui, tout comme le fait d’avoir un compte dans cette banque ou d’avoir effectué une dépense de l’ordre de 35.000 euros depuis un compte de cette même banque, Tebboune finit par avouer… «Moumen Khalifa lui avait donné en personne une carte de crédit Mastercard qu’il avait la possibilité d’utiliser à sa guise. Ce qui en droit s’appelle tout simplement de la corruption», commente Mohamed Sifaoui. La carte en question, approvisionnée en euros, a permis à Abdelmadjid Tebboune – aujourd’hui président de la République algérienne – de dépenser pas moins de 35.000 euros. À l’époque, bien qu’inquiété par la justice, il avait été laissé en liberté dans l’attente de la clôture de l’instruction, bénéficiant de son statut de ministre. C’est alors que Abdelaziz Bouteflika intervient une nouvelle fois, lui évitant la peine de prison qu’il encourt. Le président refuse qu’un membre de son gouvernement soit incarcéré, mais surtout, Abdelmadjid Tebboune a sollicité l’entremise de Saïd Bouteflika, frère cadet et influent conseiller du chef de l’État, qui plaide en sa faveur. L’affaire est classée, les poursuites officiellement abandonnées pour «vice de forme».S’il nourrit encore l’ambition de demeurer au gouvernement, voire d’être nommé ambassadeur ou consul, Tebboune doit finalement céder son portefeuille ministériel en 2002. Il sera écarté de la scène politique durant une décennie entière.

Mais en 2012, la roue tourne en sa faveur. Abdelaziz Bouteflika lui tendra une perche pour la troisième fois, en le nommant à nouveau ministre de l’habitat, le poste idéal pour faire des affaires et se refaire une situation. «Le peuple a la mémoire courte en Algérie et les gens du sérail deviennent parfois subitement amnésiques. (…) De temps à autre, leur mansuétude leur permet de repêcher les pires voyous et même de leur refaire une virginité», commente Mohamed Sifaoui.

Abdelmadjid Tebboune, alors ministre de l’habitat (2012-2017), tout sourire aux côtés de Abdeslam Bouchouareb, ministre de l'industrie et des mines (2014 à 2017), sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, dont l’actuel président prétend combattre la mafia alors même qu’il en faisait partie. En fuite en France depuis 2019, Abdeslam Bouchouareb est condamné cinq fois par contumace par la justice de son pays à vingt ans d’emprisonnement pour des infractions financières.

La suite, on la connaît, elle se déroule aujourd’hui sous nos yeux. Comme le rappelle Mohamed Sifaoui, Abdelmadjid Tebboune a oublié bien vite tout sentiment de loyauté envers son sauveur et pour parvenir à ses fins – la présidence du pays -, il est même «arrivé à faire croire qu’il n’a rien à voir avec la bande de Bouteflika, cette Issaba comme il dit aujourd’hui». Et de résumer cette longue carrière politique entachée de frasques: «Ainsi va l’Algérie. Un bar à Paris, un enfant jamais reconnu, une vie parallèle, un ministre affairiste, puis président par magie»…

à suivre…

Par Zineb Ibnouzahir  Source

 Pcc : Juvénal de Lyon

 

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