La réalité en Espagne est en train de changer : de plus en plus de personnes ressentent de la peur ou de l’anxiété lorsqu’elles sortent ou voyagent dans les transports en commun, où des gangs armés de machettes sèment la panique.

« Je travaille dans les unités d’intervention policière, j’y suis depuis 17 ans, je suis dans la rue tous les jours et pendant ce temps j’ai vu comment la société a changé et malheureusement elle n’a pas changé pour le mieux […] Il y a le problème de l’immigration incontrôlée » , a déclaré Hugo del Prado du Syndicat National de la Police (JUPOL) lors de la session du Congrès des Députés intitulée « Les défis de la nouvelle réalité criminelle » , une réunion axée sur l’analyse des défis actuels du modèle de sécurité en Espagne.

Les jeunes qui vont travailler doivent être accompagnés, dit une femme sur X. Elle souligne qu’elle ne sort pas dans la rue après six heures du soir, car dans son quartier il y a des groupes dans la rue toute la journée et l’après-midi ils commencent à se rassembler et à occuper les places.

Lorsqu’elle sort, elle porte toujours du gaz lacrymogène sur elle, qu’elle utilise contre toute personne qui l’approche de manière suspecte. Mais ce n’est pas seulement la peur de sortir. « Ce n’est plus seulement ça. Ils montent dans les appartements. Ils montent sur les balcons du premier étage » , ajoute la femme, précisant qu’ils volent tout ce qu’ils voient, même pendant que les propriétaires sont occupés à l’intérieur.

M. Del Prado affirme que le problème est que les criminels étrangers adaptent leurs façons de commettre des crimes à partir de leur pays d’origine, et « ce que nous commençons à remarquer, c’est qu’ils le font ici, et c’est un problème » .

« Ensuite, nous avons un autre problème dont on ne parle pas beaucoup, c’est que l’Espagnol moyen, le jeune, adapte également ces coutumes car il y a quelques temps, l’utilisation de machettes dans la rue n’était pas très courante, mais aujourd’hui, par exemple, ce week-end, j’étais de service l’après-midi et deux de mes interventions ont impliqué des machettes. »

C’est ce qui se passe aujourd’hui à Madrid , mais les criminels n’adoptent pas seulement la tendance violente des machettes, mais on observe aussi de plus en plus d’armes à feu à longue portée entrer par la frontière française, ce qui devient très courant avec l’augmentation de l’immigration, a déclaré del Prado.

On constate également une augmentation des comportements irrespectueux à l’égard des autorités médicales dans les services de santé et des forces de sécurité.

« Quand j’avais 13 ans et que je traînais dans la rue avec mes amis en train de faire n’importe quoi, n’importe quelle personne plus âgée vous interpellait et vous baissiez la tête, vous gardiez le silence […] Maintenant, si on dit quelque chose à un jeune, qu’on le rappelle à l’ordre, il vous poignarde sans aucun problème. Les valeurs ont changé », a souligné Pablo González, du Syndicat professionnel de la police.

Sergio Sánchez, agent de sécurité à Barcelone, affirme que la violencegagne les gares et les wagons. Dans ce contexte, son groupe a subi 150 agressions physiques en un an. Les agents utilisent du spay-gel s’ils voient approcher une personne armée d’un couteau. Cela leur fait parfois perdre leur visibilité, ce qui permet de leur confisquer l’arme.

Les femmes se sentent en insécurité

« Une écrasante majorité de 97 % des jeunes femmes espagnoles âgées de 20 à 39 ans sont profondément préoccupées par le problème de la violence contre les femmes, et environ deux tiers d’entre elles estiment qu’elle a augmenté ces dernières années », a déclaré  le centre d’analyse de données économiques et sociales Funcas, d’après les chiffres de 2023. Il ajoute que 52 % ont déclaré s’être « parfois » senties « en danger ou menacées parce qu’elles sont des femmes », dans la rue, la nuit, tandis qu’un tiers (33 %) ont déclaré avoir éprouvé ce sentiment « fréquemment » .

« Beaucoup se sentent en insécurité ou menacés dans certaines situations, et la majorité estime que la réglementation, l’éducation et la prévention dans ce domaine sont insuffisantes. »

Ce sentiment d’insécurité s’accompagne d’une augmentation impressionnante du nombre de délits sexuels, dont la plupart se produisent à proximité des habitations ou dans les habitations elles-mêmes et leurs annexes (ils sont passés de 4773 cas en 2017 à 10.945 cas en 2023) et dans la rue (de 2166 à 3940 cas sur la même période), selon les registres du ministère de l’Intérieur.

On a également constaté une augmentation des agressions sexuelles dans les bâtiments ou des espaces clos (de 887 à 2805 cas), dans les établissements (de 881 à 2 319 cas) et dans les transports en commun (de 191 à 433 cas).

Au total, les infractions sexuelles en Espagne ont représenté 21.825 cas en 2023, avec 11.699 arrestations et enquêtes. Parmi celles-ci, la majorité étaient des agressions sexuelles (81 %). Les agressions sexuelles sans pénétration sont passées de 6580 en 2017 à 12.727 victimes en 2024, soit une augmentation de 93,4 %, et les agressions sexuelles avec pénétration sont passées de 2136 à 4890 victimes, soit plus du double, soit une augmentation de 128 %.

Le rapport de l’Institut national de statistique espagnol (INE) souligne que les délits sexuels commis par des ressortissants africains ont augmenté de 144 % entre 2017 et 2023, et ceux commis par des ressortissants américains de 88 %. Ceux commis par des ressortissants européens ont également augmenté. En revanche, ceux commis par des Espagnols ont augmenté de 13 %.

Josema Vallejo, vice-président de la Police du XXI^e siècle, a souligné lors du Forum économique de Madrid la différence entre les agressions sexuelles avant l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel et celles d’aujourd’hui, qu’il attribue à l’immigration clandestine incontrôlée.

Les régions les plus touchées en 2023 ont été la Catalogne, l’Andalousie et Madrid, suivies de la Communauté valencienne, des îles Canaries et des îles Baléares.

Des machettes aux armes de gros calibre, avec une augmentation des homicides et des vols de véhicules

Outre les agressions sexuelles, les homicides ont augmenté pour atteindre près de 1700. Ce chiffre est sans commune mesure avec « même la pire année de l’ETA, dans les années 1980 » . Cependant, M. Vallejo ajoute que les chiffres eux-mêmes ne sont pas exacts, car dans les cas où la personne n’est pas décédée, l’affaire est classée comme cas de blessures.

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, l’Espagne a enregistré 308 homicides intentionnels et meurtres achevés en 2017. En 2024, ces cas sont passés à 384, soit une augmentation de 24,7 %.

Le nombre de tentatives de suicide est passé de 799 en 2017 à 1343 en 2024, soit une augmentation de 67,9 %.

Les cas de blessures sont passés de 18.086 en 2017 à 29.346 en 2024, soit une augmentation de 62,4 %.

Hugo del Prado a déclaré que la police ne devrait pas intervenir en cas de violence de rue avec son arme de service, qui est une arme de poing de petite taille. « Nous avons besoin de casques balistiques, de boucliers balistiques, et même de véhicules blindés, de fusils d’assaut et d’armes à longue portée. Nous ne pouvons pas intervenir face à une arme à feu de calibre 16 ou semi-automatique. »

De plus, la plupart des criminels sont des récidivistes car, même lorsqu’ils sont arrêtés, les autorités les libèrent à nouveau, a déclaré Carlos Quero, du Syndicat de la police fédérale.

Le vol de véhicules et le trafic de drogue constituent un autre problème pour les citoyens, ayant augmenté respectivement de 800 % et 300 % au cours des dernières années.

Augmentation des crimes terroristes

Les arrestations en Espagne liées à des délits terroristes ont augmenté de manière significative, atteignant un record de 69 arrestations en 5,5 mois, selon les registres du ministère de l’Intérieur.

Si cette tendance se poursuit, il est probable que d’ici la fin de 2025, le nombre d’arrestations égalera ou même dépassera les 131 enregistrées en 2004, année de l’attentat dévastateur d’Atocha qui avait fait 193 morts et plus de 2000 blessés, un événement qui a marqué un tournant dans la lutte contre le terrorisme et posé un défi sans précédent aux forces de sécurité.

Les affaires liées au terrorisme évoluent constamment, prennent de nouvelles formes et gagnent en intensité. À titre de comparaison, en 2024, 81 arrestations ont été effectuées au cours de l’année ; en 2023, 78 ; et en 2022, 46.

Le profil des cas correspond à l’endoctrinement de mineurs, à la radicalisation avec usage ou fabrication d’armes ou de drones.

Un grand nombre de détenus étrangers

Le pouvoir judiciaire indique qu’en 2023, plus de 31 % des détenus en Espagne étaient étrangers (soit 16.693 personnes). Cette proportion est encore plus élevée en Catalogne et à Madrid, où les détenus étrangers représentent respectivement plus de 50 % et 43 %. Dans ces régions, cette proportion n’était que de 43 % et 23 % respectivement en 2017. En Aragon et aux Baléares, où le nombre d’étrangers est également élevé, cette population représentait 37 % du nombre total de détenus en 2023.

Les dernières données sur la population carcérale en Catalogne indiquent qu’à la fin de 2023, les centres pénitentiaires de la région comptaient 8042 détenus. Parmi eux, 4048 étaient de nationalité étrangère et 3994 de nationalité espagnole, bien que les citoyens naturalisés soient inclus ici. Parmi les étrangers, 1661 étaient de nationalité maghrébine (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie), 265 venaient du reste de l’Afrique, 1118 d’Amérique centrale et du Sud, 466 de l’Union européenne, 334 du reste de l’Europe, 185 d’Asie et 15 du Moyen-Orient.

Moins d’Espagnols

L’augmentation du nombre de détenus étrangers se produit alors que la proportion de citoyens espagnols en Espagne diminue chaque année. En janvier 2025 , on comptait 42,2 millions de citoyens espagnols, soit environ 86,1 % de la population totale de 49 millions d’habitants. En 2017 , cette proportion était de 90,7 %.

En 1998, la population espagnole de la Catalogne était de plus de 98 %, soit 6,2 millions, et aujourd’hui elle est de moins de 82 %, soit 8 millions.

De plus, de nombreux Espagnols sont des étrangers naturalisés. En 2017, le nombre de naturalisations accordées s’élevait à 66.000. Ce chiffre augmente d’année en année. D’ici 2023, ce nombre devrait atteindre 225.000.

Entre-temps, le gouvernement espagnol a annoncé qu’il accorderait 900.000 permis de séjour à des étrangers sans papiers au cours des trois prochaines années, ce qui pourrait contribuer à augmenter ces chiffres à l’avenir.