Francfort : une spécialiste de l’islam harcelée, sa chaire fermée…

Une spécialiste de l’islam est neutralisée – elle reproche du harcèlement à l’Université Goethe

Dieter Sattler

Le Centre de recherche islamologique de Susanne Schröter ferme ses portes au 1er octobre. Elle se sent harcelée moralement par l’Université Goethe de Francfort.

Francfort – Avec son Centre de recherche sur l’islam mondial Frankfurter Forschungszentrum Globaler Islam (FFGI), elle a atteint la renommée dans toute l’Allemagne : mais l’Institut du Professeur Susanne Schröter va fermer ses portes au 1er octobre. Un événement en fait absolument normal. L’ethnologue est née en 1957 et donc professeur émérite depuis deux années déjà. On lui a encore accordé au 1er octobre 2023 un professorat de recherche qui arrive maintenant à terme dans le respect des délais.

Madame le Professeur n’a pas déposé de demande de prolongation. Mais on peut supposer qu’elle l’aurait fait si elle s’était sentie suffisamment soutenue par l’Université. Selon ses propos, ses conditions de travail ont été rendues de plus en plus difficiles. « C’est ainsi par exemple que mon collaborateur le plus important a été muté à un autre poste par l’administration universitaire », précise Schröter. Comme elle l’a souligné lors de plusieurs interviews, elle se sentait véritablement harcelée moralement ces derniers temps.

Schröter était considérée initialement comme une figure de proue de l’université Goethe

Initialement, Schröter était considérée avec son centre de recherche fondé en 2014 et l’impact externe de celui-là comme une figure de proue de l’Université Goethe, qui cherche du reste des liens avec   l’espace public pour trouver  ds moyens de la part de tiers. Mais,  ces dernières années, les collègues ont pris de plus en plus leurs distances. La réputation de Schröter a souffert. À cause de son attitude très critique envers l’islamisme, que certains cataloguent d’islamophobie, elle passait de plus en plus pour être « controversée ». Ces derniers temps, l’Université semblait considérer son ancien professeur vedette plutôt comme fardeau.

Comment le Professeur  Susanne Schröter en est-elle arrivée là ?

Comment en est-on arrivé à ce processus de détachement ? « Les premières critiques à mon égard ont été émises quand j’ai mis en rapport les attaques de la Saint-Sylvestre 2015 avec l’image de la femme chez de nombreux musulmans », dit Schröter. Mais comme tournant décisif, elle voit la dite conférence sur le foulard au printemps 2019. À l’époque, un groupe de gauchistes dits antiracistes avait tenté d’empêcher l’événement réunissant d’éminentes personnalités, avec comme invités, outre Alice Schwarzer, par exemple, mais  aussi la journaliste Khola Maryam Hübsch, partisane déclarée du foulard.

La présidente de l’Université à l’époque, Birgitta Wolff, s’est placée nettement derrière Schröter dans le sens de la liberté d’opinion. Le comité général des étudiants AStA, situé à gauche, du reste également. Il a même critiqué Schröter, lui reprochant d’être trop tolérante au motif qu’elle avait invité Hübsch, qui minimisait le mariage forcé qualifié de « mariage par médiation ».

Le climat à l’Université Goethe a changé

« Après ça, l’ambiance a changé », déclare Schröter aujourd’hui. À partir de ce moment, elle était considérée comme un problème pour l’Université. D’autres conférences comme celle sur l’Afghanistan après le retrait des troupes occidentales en 2023 se sont déroulées sans encombre, puis est arrivée la rencontre « Gérer la migration » fin avril 2023. Pour cause de protestations, elle ne put avoir lieu que sous protection policière. Dès auparavant, il avait été reproché à Schröter de n’inviter que des conférenciers du milieu conservateur. Lors d’une conférence de presse avant la rencontre, elle assura avoir également invité des orateurs du camp radical de gauche. Mais tous auraient décliné l’invitation.

Un autre reproche était que la réunion n’était pas suffisamment scientifique, parce que trop de gens du terrain, venant de la politique, de la police et de l’enseignement intervenaient. Dans le cas présent, Schröter a pu faire référence au fait qu’il était souhaité par l’Université d’agir dans l’espace public. Dans un premier temps, la conférence s’est déroulée dans une ambiance objective quant au contenu. Puis s’est produit l’éclat majeur. Le bourgmestre de Tubingen, Boris Palmer, aux positions alors très polarisantes, se laissa provoquer par des manifestants devant les locaux de la réunion et entraîner à des propos racistes. Le « mot en N » (nègre…) est même tombé.

Schröter se distança de suite expressément de Palmer, qui quitta les Verts sur les entrefaites. Mais le renom du Professeur Schröder comme personne conservatrice et islamophobe voire populiste de droite s’est renforcé, et pas en dernier lieu à cause de la sonore musique de fond de cette réunion. Le fait que peu de temps après lui soit accordé le professorat de recherche de deux ans expirant à présent a été très controversé dans les milieux internes de l’Université.

Bien sûr, Schröter n’entend pas rester inactive à l’avenir. Elle souhaite continuer à donner des conférences et à encadrer des doctorants, et son nouveau livre, « Droite, gauche, islamiste – Les véritables ennemis de la démocratie », paraîtra aux éditions conservatrices Herder en mai 2026. Elle envisage également de poursuivre la gestion de son centre de recherche sous forme d’usine à concepts privée. On continuera donc à entendre parler de Susanne Schröter.

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1 Commentaire

  1. Merci beaucoup pour cet article . Je ne sais pas si beaucoup d Allemands sont au courant et même s ils connaissent Dr.Schrötter .