ENTRETIEN SUR L’IMMIGRATION
« Tout ne change pas dans le bon sens »
La migration modifie la société. Les politiciens des Verts, Daniel Cohn-Bendit et Nargess Eskandari-Grünberg à propos des défis et des chances : « Si près de 60 pour cent des Turcs vivant en Allemagne votent Erdogan, c’est que nous avons commis des erreurs. »
Compagnons de route : avec le Service administratif pour affaires multiculturelles, tous deux sont associés depuis belle lurette.
Monsieur Cohn-Bendit, vous avez créé en 1989 à Francfort le premier Service administratif pour affaires multiculturelles Amt für multikulturelle Angelegenheiten (Amka), pour faciliter l’intégration de nombreux étrangers. Madame Eskandari-Grünberg, en tant que coordonnatrice titulaire, vous êtes à la tête de cette administration qui a nettement grandi entre-temps, dans une ville dans laquelle la majorité de la population est d’origine migratoire. L’aide à l’intégration y reste-t-elle au moins un sujet ?
Eskandari-Grünberg : Organiser une société diversifiée exempte de discrimination est une tâche intemporelle. Comment pouvons-nous rendre possibles participation et accès ? Et comment l’administration peut-elle soutenir cela ? Cela demeure encore un grand défi.
Qu’est-ce qui fait défaut, à votre avis ?
Eskandari-Grünberg : Il manque l’égalité des chances. Il a toujours été recommandé aux parents migrants d’envoyer leur enfant plutôt à l’école secondaire s’ils ne sont pas en mesure de l’aider dans sa formation. Ces discriminations structurelles sont un obstacle à ce que les migrants exercent des fonctions de cadre et postes à responsabilité. Nous devons nous attaquer à cela. Il faut encourager et promouvoir les personnes talentueuses, quel que soit leur milieu familial d’origine. Mais la formation politique est importante elle aussi. Les valeurs démocratiques doivent en faire partie.
N’êtes-vous pas, Madame Eskandari-Grünberg, ainsi que le bourgmestre, Mike Josef, la meilleure preuve que des carrières sont tout de même possibles ? Vous êtes née en Iran, Josef en Syrie.
Eskandari-Grünberg: En Allemagne, je reste la seule femme d’origine migratoire à être devenue maire. Soixante-dix ans après les premiers contrats de recrutement, la participation à l’exercice du pouvoir reste un grand combat.
Cohn-Bendit : Et cela a du reste été possible pour l’unique raison qu’avec notre position à Francfort, nous avons remporté les élections. Nous sommes un pays d’immigration avec comme conséquence que cette population se transforme. Car l’immigration n’est pas une utopie mais le résultat d’une évolution démographique. Et celle-là a déjà débuté dans les années cinquante sous l’égide du ministre de l’Economie de l’époque, Ludwig Erhard, de la CDU.
Eskandari-Grünberg : Beaucoup n’ont pas encore compris que la migration transforme une société. Comme l’a dit Max Frisch : nous avons fait appel à de la main-d’œuvre, et ce sont des êtres humains qui sont arrivés. Et ces êtres humains, ces familles font également valoir des droits. S’ils vivent ici, ils veulent également y faire carrière, faire des études, se mettre en lumière dans cette société.
Cohn-Bendit : Mais nous devons également parler de cet autre aspect. Tout n’évolue pas dans le bon sens, de ce fait. Car des visions politiques autoritaires de la part de migrants font également partie de la réalité. Si près de 60 pour cent des Turcs vivant en Allemagne votent Erdogan, c’est que nous avons commis des erreurs. Car Erdogan est en contradiction avec les concepts démocratiques qui sont les nôtres, que nous voulons transmettre.
Un échange des groupes entre eux fait-il défaut ?
Eskandari-Grünberg : Nous devons créer plus d’espaces de rencontre, c’est exactement pour cela que j’ai fondé les pavillons de la démocratie dans les quartiers de la ville. Il n’existe aucune garantie quant à un vivre ensemble paisible, nous devons constamment y travailler. Aujourd’hui les défis qui se posent à nous sont peut-être plus grands que jamais : l’antisémitisme croissant, le renforcement de la droite.
Cohn-Bendit : Peut-être avons-nous aussi un manque à combler concernant l’évocation des problèmes que les migrants posent à la société. Nous n’avons considéré trop longtemps que nos seuls déficits en matière de traitement des migrants. Les deux vont de pair, c’est vrai, décrivent la situation actuelle. Si vous vous rendez le soir à la place Konstablerwache au centre-ville, vous voyez où résident les problèmes. Y aller, c’est un problème pour les Juifs, pour les femmes, pour les jeunes homosexuels. En ville, il existe toujours encore des groupes, mais aussi des institutions, qui voient le multiculturel comme des unités séparées. Mais nous devons avoir une idée commune de la société. Et nous avons sans doute sous-estimé l’importance de la religion. L’islam doit changer. Comme l’Église catholique a changé, comme les Juifs orthodoxes doivent changer. Car dans une société démocratique, ce n’est pas la religion qui fixe les lois de la vie. On peut la pratiquer volontairement – ou non. L’islam évolue justement de manière très rétrograde dans le monde, il nous faut en tenir compte en matière d’immigration.
Pouvez-vous citer des exemples à cet égard ?
Cohn-Bendit : La possibilité de quitter l’Église à 14 ans a été obtenue ici de haute lutte. Pour les Musulmans, c’est inconcevable, il en va de même dans certaines familles juives. Ce n’est pas bien, cela ne se fait pas, cela ne va pas… Les religions qui ont évolué dans une autre direction doivent s’en accommoder ici. Quand j’étais coordonnateur il y a 35 ans, c’était un gigantesque sujet de faire comprendre aux familles de migrants que les enfants filles ont le même droit à l’éducation scolaire que les fils.
Eskandari-Grünberg : De mon temps comme coordonnatrice honoraire, c’était la participation des filles aux cours de natation. Puis, elles doivent mettre un burkini, mais il n’est pas acceptable que des parents apportent une attestation selon laquelle leur fille n’a pas le droit de participer aux cours. Ou bien aux excursions. Participation sociale signifie également respect des conditions cadres.
Cohn-Bendit : Ou parfois de les renforcer encore.
Que signifie pour vous intégration ?
Cohn-Bendit : Aider les gens à s’y retrouver dans la nouvelle société avec toutes leurs contradictions. Ils doivent la comprendre et se sentir à l’aise dans une société qui ne réfléchit pas comme en Anatolie, par exemple.
Eskandari-Grünberg : pendant des années on considérait que l’intégration était l’affaire des seuls migrants. Ils doivent apprendre la langue et comprendre nos valeurs. Mais de nos jours, il s’agit plutôt de veiller à ce que tous se sentent à l’aise dans une société plurale et multiculturelle. Quiconque vivant dans ce pays indépendamment de ses origines est tenu de respecter nos valeurs libérales et démocratiques. Mais il ne suffit pas de glisser un livre à ce sujet dans la main à quelqu’un. Les gens doivent aussi pouvoir apprendre comment mettre ces valeurs en pratique. L’Amka fournit une contribution importante à cet égard.
Cohn-Bendit : C’est pourquoi, nous avons bien avancé à Francfort, mais il nous faudrait un propre ministère à l’Intégration en Hesse et à l’échelle fédérale. En tout cas, la migration n’est pas du ressort du ministère de l’Intérieur.
Service administratif pour affaires multiculturelles
Le service administratif pour affaires multiculturelles Frankfurter Amt für multikulturelle Angelegenheiten a été créé comme premier du genre à Francfort en 1989 par Daniel Cohn-Bendit (Les Verts). Il en a été responsable pendant huit ans en tant que coordonnateur honoraire. Aujourd’hui, ce service administratif compte 80 membres du personnel avec un budget de 5,6 millions d’euros, il est dirigé depuis 2012 par Armin von Ungern-Sternberg. Il relève à l’heure actuelle de la responsabilité de Nargess Eskandari-Grünberg comme coordonnatrice titulaire. Comment le service a évolué, ce qu’il est aujourd’hui, est mis en lumière par une exposition à l’église Paulskirche. Y prendront la parole mercredi soir à 20 h Daniel Cohn-Bendit, Virginia Wangare Greiner, Gianni Jovanovic, José Sanchez ainsi que la politologue, Gelincik Tuzcu à propos des chances et défis de l’immigration.
Monika Ganster
Traduction de Jean Schoving pour Résistance républicaine
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Et bien les 60% DOIVENT RETOUNER chez eux puisqu’ils aiment leur Calife !!!!!
« Si près de 60 pour cent des Turcs vivant en Allemagne votent Erdogan, c’est que nous avons commis des erreurs ».
A la bonne heure! On dirait que certains découvrent l’eau chaude. C’est un bon début.
Il s’en trouve encore pour demande l’avis du pédophile ?
Cette serpillère peut-elle encore se rendre en Bochie sans se faire serrer ? Je le croyais personne non-grata bicause pédophilie aiguë ? Bref, tout ce que dit, pense, fait ce déchet dégénéré me passe au dessus du ciboulo à des hauteurs stratosphériques, la seule bonne nouvelle concernant cet homnonculus pédophilus sera sa mort que beaucoup espèrent prochaine, bonne journée.
« Je suis la seule femme d’origine migratoire » je ne savais pas que la « migration » était un pays!🤣🤣🤣
Le Gourou LFI : qu’il est grand le talent des migrants!
Les disciples : nous rendons grâce à Con Bandit!
L’antisémitisme est inséparable du texte même du coran. À ce titre ce manuel non expufgé de ces appels au meurtre et à la haine des juifs et autres chrétiens, impies, polythéistes, mécréants… devraitt être interdit à la vente au titre des lois Gayssot, Pléven, Taubira… etc
Bonjour,
Très intéressant : merci Jean !!
La seule erreur à mon avis, c’est Cohn-Bendit.