Jean-Pierre Melville, maître du film noir à la française

Delon et Melville
En 1967, le réalisateur offre à l’acteur le rôle-titre du « Samouraï ». Leur relation est fusionnelle et le film, hors norme, fixe à jamais le mythe Delon.

Jean-Pierre Melville, né Jean-Pierre Grumbach en 1917 à Paris, est une figure emblématique du cinéma français, notamment reconnu comme le maître du film noir à la française.

Dès son plus jeune âge, il est passionné de cinéma, recevant une caméra à six ans et faisant ses premiers films familiaux. Inspiré par des films américains comme « Cavalcade » de Frank Lloyd, il veut devenir cinéaste. Sa carrière est cependant interrompue par la Seconde Guerre mondiale : engagé dans la Résistance sous le pseudonyme Melville, en hommage à l’écrivain Herman Melville, il forge son caractère et ses valeurs, notamment celles de loyauté et d’honneur, qui marqueront profondément ses œuvres.

Après la guerre, il entame une carrière de réalisateur avec des moyens modestes, faisant preuve d’une grande exigence artistique. Son premier long métrage, « Le Silence de la mer » (1947), est une adaptation du roman de Vercors, tourné dans un contexte difficile de pénurie. Malgré ces obstacles, Melville donne à voir un cinéma sobre, intense, marqué par la poésie du silence et de la résistance intérieure.

Il développe ensuite une filmographie essentiellement centrée sur le film policier, mêlant intrigue serrée et profonde interrogation sur la solitude, l’échec et la mort. Des films comme « Bob le flambeur » (1956), « Le Samouraï » (1967) avec Alain Delon, ou « Le Cercle rouge » (1970) font figure de classiques du genre, et ont influencé de nombreux réalisateurs internationaux, de Scorsese à Tarantino. Melville impose un style épuré, presque ascétique, où chaque geste a une signification, où les héros sont souvent des hommes solitaires, fidèles à un code moral strict.

Parmi ses anecdotes, on sait que Melville était très exigeant avec ses acteurs, ce qui a parfois provoqué des tensions sur les tournages. Il a aussi construit ses propres studios, les Studios Jenner à Paris, pour garder un contrôle total sur ses productions. Sa passion pour le cinéma était totale, presque obsessionnelle, et il avait l’habitude de se retirer dans une petite cabane en bois construite sur le plateau de son dernier film, « Un flic » (1972).

Melville est aussi un homme très discret, presque secret, qui a su mêler son engagement personnel avec un style cinématographique unique, où l’ombre et la lumière jouent un rôle primordial. Son œuvre est une quête de sens dans un monde souvent dur et injuste, un hommage à l’homme dans sa complexité, à ses failles et à sa noblesse. Il meurt prématurément en 1973, laissant derrière lui une empreinte indélébile dans l’histoire du cinéma français et mondial.

Voici une liste des 10 films incontournables de Jean-Pierre Melville, qui illustrent parfaitement son style unique, sa maîtrise du film noir et son regard sur la France d’avant-guerre et la décennie suivante :

  • L’Armée des ombres (1969) – Un drame poignant sur la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale, considéré comme l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre. Voir ici l’article de Christine Tasin

  • Le Cercle rouge (1970) – Un polar intense et stylisé mettant en scène un trio de criminels dans un vol audacieux. Lien de visionnage en ligne ici

  • Le Samouraï (1967) – Film noir emblématique avec Alain Delon, racontant l’histoire d’un tueur à gages solitaire et méthodique.

  • Le Doulos (1962) – Thriller noir où la tension et la trahison se mêlent dans le milieu criminel.

Serge Reggiani

Fabienne Dali

Un film furieusement intelligent sur le mensonge. « Le Doulos » c’est, en argot, le mouton, l’indicateur de police. Serge Reggiani y est remarquable. Voir les deux articles de presse sur ce film : lien 1   lien 2

  • Léon Morin, prêtre (1961) – Un drame de guerre et de foi, explorant la relation complexe entre une jeune veuve et un prêtre.

  • Bob le flambeur (1956) – Premier grand polar de Melville, qui mêle charme et suspense autour du monde du jeu.

Extrait,  Pigale en 1956 (Bob Le Flambeur) :

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  • Un flic (1972) – Dernier film du réalisateur, centré sur la traque policière avec Alain Delon.

Extrait N°1/2 Un flic 1972 (Alain Delon, Catherine Deneuve, Richard Crenna, Michael Conrad)

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Extrait N°2/2 :

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  • Le Silence de la mer (1949) – Film sur la résistance intérieure et le silence face à l’Occupation allemande.

  • L’Aîné des Ferchaux (1963) – Adaptation d’un roman de Simenon, ce drame explore les rapports de force entre un « secrétaire » et un ancien banquier en fuite.

Jean Paul Belmondo et Charles Vanel

Michèle Mercier et Jean Paul Belmondo

Extrait,  Jean-Paul Belmondo dans « L’aîné des Ferchaux » (1963) :

 

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4 Commentaires

  1. Bonjour,

    L’une des plus belles filmographies du cinéma français, peut-être la plus belle même …

    Merci Jules, pour cette nostalgie …

  2. Encore Merci, Jules Ferry. Argo a tout dit. Ma seule lueur d’espoir pour une renaissance eventuelle ,l’existence d’acteurs tels que les interpretes des  » Films à l’Arrache « .A quand L’émergence d’un cinema francais independant de toute subvention?

  3. Merci Jules. La grande époque. De nos jours, c’est la catastrophe. Des acteurs minables au moi hypertrophié genre Omar Sy, ou des actrices idiotes et capricieuses. Le cinéma d’aujourd’hui est à le reflet de notre société, décadent.’