De « La Belle équipe » à « Don Camillo»  : la France du réalisateur Julien Duvivier

La Belle équipe, Julien Duvivier,  1936, avec Jean Gabin, Charles Vanel, Raymond Aimos, Viviane Romance.

Des amis, ouvriers au chômage, vivent dans un hôtel meublé parisien. Un billet de loterie acheté conjointement leur fait gagner une somme considérable.

Réalisé lors de l’été 1936, La Belle Équipe coïncide avec l’avènement du Front populaire, et en reflète les enthousiasmes, les espoirs et les désillusions. Les lieux de tournage en extérieurs, à Chennevières, île de la Marne, confèrent au film l’atmosphère de ces endroits de réjouissances populaires du moment, restituée lors d’une séquence chantée par Jean Gabin : Quand on s’promène au bord de l’eau sera un grand succès de l’époque.

Écrit par Julien Duvivier et Charles Spaak − le scénariste de Renoir, Marcel L’Herbier, Jean Grémillon… −, le scénario exalte des valeurs d’amitié virile et de solidarité ouvrière incarnées par Jean Gabin. L’acteur, qui doit déjà à Duvivier son rôle dans La Bandera, inaugure un nouveau type d’acteur auquel le public peut s’identifier.  Source : La Cinémathèque française

Julien Duvivier est un réalisateur français, né le 8 octobre 1896 à Lille et mort le 29 octobre 1967 à Paris.

Julien Duvivier incarne une France d’avant pleine de contraste, de dureté et de poésie, témoignant par son cinéma d’une société à la fois populaire et tragique, imprégnée d’un profond réalisme et d’une nostalgie diffuse pour le monde d’avant la guerre et l’effervescence des années 1930.

Son œuvre cristallise la mémoire d’une époque où les quartiers populaires – Halles grouillantes, guinguettes sur la Marne, pavillons Baltard – vibrent encore des voix et des gestes d’une France qui n’a pas été touchée par le béton ni l’oubli.

Ses films avec Jean Gabin, comme La BanderaLa Belle équipe ou Pépé le Moko, sont une ode à ce Paris disparu, où chaque personnage porte sur lui la lassitude et la grandeur d’un peuple désabusé, mais debout, cherchant la chaleur humaine au milieu du drame.

Les dialogues âpres, les fins parfois funestes et les regards perdus de ses héros rappellent une France d’avant où les destins se jouaient dans la pénombre des cafés, sur les quais de Seine, autour des boulots trop précaires et des solidarités provisoires.

La France de Duvivier, ce n’est pas celle d’un passé idéalisé, mais d’un monde sur le fil, un équilibre entre la douleur et l’espoir, façonné par le peuple, le bruit des Halles, les éclats de rire étouffés dans la misère.

La filmographie de Julien Duvivier est l’une des plus riches du cinéma français, couvrant près de cinquante ans avec de nombreux classiques du réalisme poétique et du cinéma populaire.

« Il fuit le style pour explorer tous les genres, la diversité est sa seule règle. Chaque film est différent du précédent et du suivant ».

« Les Don Camillo sont une pantalonnade mais où ne sont creusées que des questions essentielles : le fils, l’âme, la résurrection, le miracle, la justice, le mensonge, la vengeance, l’omission… Duvivier joue sur les cordes très sensibles de l’amitié Peppone/Camillo et de Jésus/Camillo. Il y a des choses énormes dans le second : Don Camillo portant son Christ muet sous la pluie, la neige. La cloche qui tombe. Le match de boxe. Et encore le déluge final de l’église, l’eau qui inonde tout, l’eau qui se met une fois de plus en colère… »

« Duvivier a été un pionnier du cinéma français qui commença dans le muet et finit dans le bavard. Dix chefs-d’oeuvre et au moins cinq grands films. Tout le reste est raté. Il ne fait pas des films, il fait des cauchemars.  On appelle ça un artiste inégal, mais dans les moments où il nous régale personne ne l’a encore égalé ».

Voici une liste sélective de ses principaux films en tant que réalisateur :

Pépé le Moko (1937)

La Belle équipe (1936)

La Bandera (1935)

Un Carnet de bal (1937)

La Fin du jour (1939)

La Tête d’un homme (1933)

Sous le ciel de Paris (1951)

Le Petit monde de Don Camillo (1952) lien de visonnage en ligne ici

Le Retour de Don Camillo (1953) lien de visionnage en ligne ici

Voici le temps des assassins (1956)

Marie-Octobre (1958)

Diaboliquement vôtre (1967)

Il a aussi réalisé des adaptations littéraires marquantes :

Anna Karenina (1948)

Au bonheur des dames (1930)

Poil de carotte (1932)

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4 Commentaires

  1. La belle équipe, la fin du film fut modifiée, à l’origine l’issue était tragique comme le souhaitait Julien Duvivier, mais finalement c’est une option optimiste qui avait été retenue.

  2. J’ai une pensée pour Gabin, je suis passé récemment devant les deux propriétés qu’il avait acquises à Sainte-Gemmes 28. Ils ont baptisé la chambre qu’il occupait dans l’une d’elle, La Gabinerie. Merci Jules pour cet article. Gabin était un grand ami de Fernandel, ils avaient fondé ensemble une société de production, la Gafer, nom composé par les premières lettres des noms de nos deux acteurs. Gabin disait : Heureusement que nous n’avons pas pris celles de nos vrais noms, ça aurait donné la Moncon ( Moncorgé et Contandin). Gabin surnommait Fernandel, Uranie, du nom d’une jument de course, à cause de la mâchoire de Fernandel.