Benjamin Nétanyahou, le Churchill d’Israël face au blitz iranien

Tout homme naît et se forme pour une grande heure de sa vie. Sa plus belle heure a été la plus belle de l’Angleterre. Dans le granit des âges et l’amour des générations, il apparaîtra prophète d’Angleterre, prophète de la plus belle heure d’Angleterre, Churchill d’Angleterre.

Albert Cohen[1]

1.

L’immeuble où habite ma fille à Tel-Aviv a été endommagé cette nuit par le souffle de l’explosion déclenchée par un missile iranien. En face, des immeubles ont été sévèrement atteints. Comme me le disait ce shabbat mon ami Robin Twite, diplomate britannique qui a passé plus de la moitié de sa vie en Israël, la guerre actuelle ressemble au blitz allemand contre Londres. L’évocation du “Blitz” par ce vieil anglais né près de Coventry il y a plus de 90 ans, alors que nous nous trouvions dans l’abri souterrain de l’immeuble où nous étions invités pour le repas du vendredi soir à Jérusalem, était évidemment très parlante.

Mais, dans cette atmosphère de guerre terrible, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel. L’essentiel aujourd’hui pour Israël, face à l’ennemi iranien et face à l’ennemi de Gaza, c’est de savoir que nous sommes sur le chemin de la victoire. Celle-ci prendra encore des semaines, des mois et peut-être plus encore, mais nous sommes en bon chemin. Ne pas douter, continuer de serrer les dents en sachant que notre peuple, notre armée et notre gouvernement sont en train de remodeler le visage du Moyen-Orient et du monde pour en faire un endroit plus sûr pour le peuple Juif et pour l’humanité tout entière !

2.

Nous avons naturellement tendance à croire que le destin de Churchill était tracé d’avance, du palais de Blenheim où il est né en 1874, jusqu’au palais de Westminster et au 10 Downing Street… Cette illusion rétrospective, propre à celui qui contemple l’histoire, nous fait oublier qu’aucun homme n’est d’emblée lui-même ; le drame de la vie est précisément, comme le dit lumineusement Ortega Y Gasset, cette “lutte frénétique avec les choses pour obtenir d’être effectivement celui que nous sommes en projet[2]. Si Churchill a réussi à devenir Churchill, ce fut au prix de cette “lutte frénétique”, qui l’opposa non seulement à l’opinion publique – au début hostile à la guerre, comme celle des Etats-Unis – et à la classe politique, où il faisait figure d’outsider et d’excentrique, jusque dans les rangs de son propre parti – mais aussi au War Cabinet qui était très largement acquis aux thèses pacifistes de Lord Halifax.

Entre Neville Chamberlain, qui promettait à ses compatriotes “la paix pour notre temps”, et Churchill qui ne leur offrait que “du sang et des larmes”, l’histoire a donné raison au second, et cette leçon est aussi valable aujourd’hui qu’hier. Le testament politique de Winston Churchill peut se résumer ainsi : on ne négocie pas avec un régime voué à votre destruction, ou pour reprendre son langage imagé : “On ne peut pas négocier avec un tigre, lorsqu’on a la tête enfoncée entre ses mâchoires”. Cela valait pour l’Angleterre face à l’Allemagne nazie en 1940, et cela vaut tout autant pour Israël aujourd’hui, face à l’Iran des ayatollahs, au Hamas ou à l’Autorité palestinienne.

3.

Comme l’écrivait un homme politique israélien en septembre 1993 – à la veille de la signature des accords d’Oslo – dans les colonnes du New York Times,Neville Chamberlain avait cru acheter la ‘paix pour notre temps’ en cédant la Tchécoslovaquie à Hitler, dans un accord fondé sur la “paix contre les territoires”. Le gouvernement d’Itshak Rabin et de Shimon Pérès a lui aussi cru acheter la paix en édifiant un état-OLP au coeur d’Israël, “menaçant les villes d’Israël”. Les accords d’Oslo,au lieu de donner une chance à la paix, sont une garantie de tension accrue, de terrorisme à venir et, en fin de compte, de guerre”.

Le dirigeant qui écrivait ces lignes prémonitoires en 1993 s’appelle Benjamin Nétanyahou. L’avenir lui a donné entièrement raison (ce qui ne l’a pas empêché de manquer succomber lui aussi, à un moment de son parcours politique, aux sirènes de la “paix pour notre temps” – notamment lors des accords de Hébron en janvier 1997). Mais le Nétanyahou de 2025 n’est pas celui de 1997. Il a gagné en maturité, en lucidité et aussi en profondeur de vue. Celui que les médias s’obstinent avec malice à décrire comme un Premier ministre avide de pouvoir et corrompu est en réalité un dirigeant obsédé par le bien de son pays et par les dangers qui le menacent. C’est de son père, l’historien Bentsion Nétanyahou, qu’il a hérité cet engagement.

La constance avec laquelle Benjamin Nétanyahou dénonce le péril iranien depuis plusieurs décennies n’a d’égal que celle avec laquelle Churchill dénonçait Hitler en 1940, à une époque où nul ne connaissait encore les horreurs de la Shoah. Les temps ont certes changé à bien des égards, mais le danger du totalitarisme demeure tout aussi actuel. Israël a depuis trop longtemps suivi la politique des concessions à ses ennemis et de la “paix en notre temps” initiée à Olso et avant. Mais les illusions mortelles du pacifisme se sont dissipées dans le fracas de la guerre terrible déclenchée le 7 octobre 2023. Et Benjamin Nétanyahou, qui vit aujourd’hui la “grande heure de sa vie”, pour reprendre l’expression d’Albert Cohen, est bien l’homme de la situation, le Churchill d’Israël.

Pierre Lurçat

[1] Churchill d’Angleterre, Lieu commun 1985.

[2] José Ortega y Gasset, Le Spectateur, Rvages Poche 1992.

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6 Commentaires

  1. Les temoignages de ceux qui ont vecu une epoque et sont des honnetes gens ,ne relativisent pas l’Histoire mais lui rendent toute son actualite.
    Merci pour cet article qui renvoit dos a dos les Tucker Carlson ,Scott Ritter et compagnie aux Jacques Baud, idriss Aberkane et aux Ehud Olmert et Eli barnavi…

  2. Faites savoir CONCRETEMENT au gouvernement Israëlien que vous APPROUVEZ cet article :
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