En honorant Hô Chi Minh, Macron crache sur tous les héros de Diên Biên Phu, dont mon père

Lors de son voyage récent au Vietnam, le Président Macron honora abusivement la mémoire d’Hô Chi Minh, le leader communiste de l’indépendance vietnamienne. Un tel non-sens mémoriel justifie de rappeler un certain nombre de faits. Pour donner chair à cette mise au point, l’auteur de ces lignes, fils d’un rescapé de Diên Biên Phu, se permettra d’y mêler quelques souvenirs paternels reçus.

Durant la bataille, et tant qu’il le put, mon père, officier de transmission et de renseignement, faisait chaque jour le tour des différentes positions du camp retranché aux prénoms féminins, puis il présentait son rapport de situation au PC opérationnel basé sur Claudine que dirigeait le général de Castries.

La bataille de Diên Biên Phu s’est déroulée en Indochine, du 13 mars au 7 mai 1954. Le camp retranché français situé au Nord de l’actuel Vietnam avait pour but de protéger, contre les assauts du Viet-Minh communiste, une piste d’aviation par laquelle devaient arriver ravitaillements et renforts. L’épisode est d’abord à replacer dans le contexte de la décolonisation, Diên Biên Phu étant l’ultime combat d’une guerre d’Indochine qui dura huit ans, de 1946 à 1954. Les Accord de Genève du 20 juillet 1954 marqueront la fin de la présence française.

Mais, la bataille est d’abord à replacer dans le contexte de la guerre froide, les Français tentant de contenir le Viet-Minh marxiste-léniniste, dans le cadre de la stratégie d’endiguement de l’expansion communiste élaborée par les Américains, que l’on passe trop souvent sous silence au nom d’une mémoire officielle corrompue par l’idéologie de la repentance. On oublie en effet trop souvent de dire qu’en 1946, le processus de décolonisation était bien avancé, puisque les accords Hô-Sainteny, par lesquels « la France reconnaît la République du Viêt Nam comme un État libre ayant son gouvernement, son Parlement, son armée et ses finances, faisant partie de la Fédération indochinoise et de l’Union française » avaient été signés. Malheureusement, le début de la Guerre froide ne permit plus de laisser le territoire aux mains du communiste Hô Chi Minh. Le conflit, dès lors inévitable, était donc moins dû à des raisons coloniales qu’à l’impératif de défense du monde libre.

On a beaucoup glosé sur cette défaite qui entre dans le cercle restreint que fondent certaines batailles mythiques de l’histoire de France, à l’instar d’Alésia, Azincourt et Waterloo, au cours desquelles l’héroïsme des combattants a recouvert du drapeau de l’honneur, l’humiliation de l’échec. Perçue d’un point de vue tactique conventionnel, l’armée française a donné l’impression de s’être laissée enfermer stupidement dans la cuvette de Diên Biên Phu, dans laquelle elle fut soumise, durant 57 jours consécutifs, au pilonnage incessant des canons de 155 qui étaient fournis au Viet-Minh par les Chinois. En réalité, l’armée française s’était trouvée face à une guérilla qui appliquait des méthodes aux effets paralysants sur une armée conventionnelle. Le contingent français faisait ainsi face à une fourmilière humaine cheminant au sein des boyaux qu’elle creusait dans les collines environnantes. Peu soucieux de la vie de ses hommes bien souvent enrôlés de force, le général vietnamien Giap les envoyait chargés d’explosifs se faire sauter contre les défenses du camp retranché.

Plus de quinze mille français étaient engagés à Diên Biên Phu. Au soir de la défaite, près de trois mille d’entre eux avaient péri au combat. Les combattants ont été souvent trahisdurant celui-ci. Le général Navarre, l’homme qui avait choisi le site défensif de Diên Biên Phu, dira plus tard : « Lorsque nous avions une information importante, nous évitions de la faire remonter à Paris, car elle était immédiatement connue par le Viêt-Minh ». Les traîtres étaient à Paris, mais ils étaient aussi en Indochine, à l’instar d’un français nommé Ribera. Quand le chef du Viet-Minh, le général Giap, était insatisfait des informations fournies par son service de renseignement, il disait à ses hommes : « Allez demander à Ribera, lui, il sait. » Quant à la presse, elle ne soutenait guère le moral des Français et le Général Giap put dire un jour : « Quand je suis déprimé, je lis la presse française et mon moral remonte. »

Pour les soldats survivants et faits prisonniers, un nouvel acte du drame commença après leur capture  -il allait durer quatre mois-, celui des camps. Près de dix mille prisonniers n’y survivront pas et ils ne seront que 3200 survivants au retour en France, au mois de septembre 1954. Ainsi, 80% du corps expéditionnaire français présent à Diên Biên phu a péri en six mois. L’épisode douloureux des camps commença par une longue marche de 700 km – une de ces fameuses « marches à la mort » dans laquelle excellent les pouvoirs totalitaires – dans la jungle indochinoise. Le but était de décimer le groupe des prisonniers en tuant les plus faibles qui étaient abattus d’une balle dans la tête s’ils avaient le malheur de s’effondrer. Parfois, pour gagner du temps, les prisonniers étaient chargés sur des camions de type Molotova fournis par les Soviétiques. Lors d’un transport mon père fut attaché dos à dos avec le journaliste et futur cinéaste Pierre Schoendorffer. Ce dernier avait auparavant tenté de s’enfuir avec un autre journaliste de Paris Match, Jean Péraud. Schoenderffer fut repris, mais on ne revit jamais Péraud. Mon père qui entendit une rafale de mitraillette, au loin, dans la jungle, a toujours estimé que ce dernier avait été abattu par les communistes.

Les prisonniers furent ensuite triés et affectés dans différents camps en fonction de leur rôle dans la guerre. Ils souffraient de la faim, des mauvais traitements, du travail forcé dans le but de les exténuer et, pire, des séances quotidiennes de lavage de cerveau, dont les techniques efficaces en avaient été mises au point par les spécialistes de la structure psychique occidentale du parti communiste français. Ceux qui répondaient mal aux questions voyaient réduite leur maigre ration alimentaire et ils en mourraient. Le soir, mon père et les autres survivants enterraient les camarades décédés dans la journée, mais, la nuit, les cochons sauvages les déterraient et les déchiquetaient. Il fallait alors enfouir les restes plus profondément. Ce qui ne décourageaient pas les vilaines bêtes qui, excitées par l’odeur de la chair, recommençaient la nuit suivante leur œuvre macabre.

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(Prisonnier français tout juste libéré)

Dans les camps, les hommes de Diên Biên Phu ont eu aussi à subir les tortionnaires français; le plus connu se nommait Georges Boudarel. Ce professeur de philosophie, devenu chef de camp était redouté pour sa cruauté ; il aurait été responsable de la mort de 90% des prisonniers qui lui avaient été confiés. Il affectionnait notamment le supplice du poteau : le prisonnier était ainsi attaché à un pieu planté sous une maison à pilotis, dans une eau putride ; il ne pouvait pas se protéger des piqures d’insectes particulièrement agressifs en milieu tropical et agonisait en basculant dans la folie.

(Georges Boudarel)

Boudarel fut reconnu par certaines de ses victimes, lors d’un colloque tenu au Sénat, en 1991. L’homme était devenu un honorable maître de conférence, spécialiste du Vietnam, à la faculté d’histoire de Paris Jussieu. Toutes les poursuites engagées par les rescapés contre Georges Boudarel, à tous les niveaux de la hiérarchie judiciaire, française et européenne, n’aboutirent pas, les anciens combattants étant systématiquement déboutés. Ainsi, trahis en Indochine, les anciens de Diên Biên Phu le furent aussi par la justice.

Ils le furent aussi sur le plan mémoriel par nombre d’historiens renommés qui firent paraître une tribune en soutien à Boudarel, justifiant leur attitude par le prétexte de ne pas faire remonter les fantômes du passé. Les mêmes estimaient pourtant, dans le même temps, alors qu’avaient lieu les procès d’ex-acteurs de l’Occupation (comme Klaus Barbie, Paul Touvier ou Maurice Papon) que de telles pratiques s’imposaient pour assainir la mémoire collective, ainsi qu’à des fins pédagogiques pour édifier les jeunes générations. Deux poids, deux mesures, donc. A mes yeux, de grands noms de la discipline historique et des écrivains qui défendirent Boudarel, tel Pierre Vidal-Naquet, Madeleine Rebérioux ou encore Jean Lacouture, se déshonorèrent.

Mon père fut marqué à vie par l’expérience, au point qu’il fallut pendant longtemps lui poser des questions avec beaucoup de précautions pour éviter de sa part une répartie cinglante. Il pesait moins de quarante kilos à son retour de déportation. A l’époque, les rescapés ne passaient pas chez le psy et une fois remis sur pieds après quelques semaines d’hôpital, ils étaient envoyés sur d’autres fronts. Le refoulement était total : charge à la descendance de se démerder avec cet héritage traumatique. Ce n’est qu’une fois que j’étais devenu professeur d’histoire, trente ans après les faits qu’il consentit à me parler du combat. Pour les tortures subies, ce fut pire : Il faudra en effet beaucoup de temps pour que les refoulements remontent et que s’effectue la saine catharsis. Ce n’est qu’en 2008, 54 ans après les faits qu’il évoqua, pour la première fois, les camps du Viet-Minh avec force de détails. La République reconnut sa souffrance, ainsi que celle de ses camarades : Ainsi, dans l’échelle des pensions octroyées, les rescapés bénéficièrent du taux le dédommagement le plus élevé, leur situation étant alignée sur celle des rescapés d’Auschwitz et de Treblinka ; il furent aussi décorés : mon père reçut trois fois la Légion d’honneur (Chevalier, Officier, puis Commandeur).

S’il ne bénéficièrent pas d’un juste travail de mémoire, ces hommes surent rester soudés jusqu’à la fin de leur existence. Chaque année, un certain nombre d’entre eux se retrouvaient ainsi à la caserne de Reuilly, dans le douzième arrondissement. Mon père m’ y emmena en 1992. Il me présenta des rescapés dont je connaissais parfois les noms pour les avoir lus dans les livres d’histoire. J’eus l’honneur ce soir-là de dîner à la table de L’Ange de Diên Biên Phu, madame Geneviève de Galard. Durant le repas et à intervalles réguliers, des hommes venaient la saluer avec une dévotion que l’on a en général pour la Madone. Car, elle l’était pour eux. Seule femme présente durant la bataille, l’infirmière les avait consolés, soignés, parfois sauvés. Ils l’aimaient. Une autre fois, en 2004, mon père me demanda de l’accompagner aux Invalides à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire du combat sous la direction du Président Jacques Chirac. Je fus très ému en voyant mon père et Pierre Schoendorffer tomber dans les bras l’un de l’autre ; ils ne s’étaient pas revus depuis leur transport en Molotova, mais il ne s’étaient pas oubliés, comme en témoigne le document ci-joint signé de la main du cinéaste.

  

Si les Français l’avaient emporté à Diên Biên Phu, des millions des Vietnamiens auraient eu la vie sauve. En effet, dans les années suivantes, plus d’un million d’entre eux périrent sous les coups des communistes, un autre million disparaissant dans les camps de la jungle tropicale, sans jamais avoir eu droit à un avocat pour plaider leur cause. Ces gens n’étaient pas de vils exploiteurs capitalistes, il étaient du peuple, bien souvent des paysans, une classe dont se débarrassa Hô Chi Minh, comme l’avaient faits avant lui, Staline et Mao, car jugés irrécupérables pour le communisme : majoritaires et trop attachés à leur petite propriété, à leur famille et à leur traditions, ils devaient être éliminés pour que triomphe la révolution socialiste.

Il faut le dire, Hô Chi Minh, comme Staline, Mao, Pol Pot, Ceausescu et d’autres, fut un criminel contre l’humanité qui a décimé son peuple et appauvri son pays. Voilà l’individu que Monsieur Macron honora honteusement sans que l’on sache s’il le fit par inculture, cynisme ou nihilisme. Probablement un peu des trois à la fois.

Nous, nous préférons honorer les valeureux héros de Diên Biên Phu qui se sont sacrifiés pour contenir cette grave perversion de l’esprit que l’on nomme le marxisme-léninisme. Indirectement, l’effondrement du soviétisme en 1991 est aussi leur œuvre. Qu’ils en soient remerciés.

Bruno Riondel

Docteur en Histoire des relations internationales

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Ripostelaique.com

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8 Commentaires

  1. Alors, Minus est-il à « l’ouest » ?
    Il ne fait plus partie de la nation France, il est en représentation pour lui-même, pour sa petite personne qu’il cherche à mettre en valeur.
    Il a complètement oublié qu’il a été élu par un peuple qu’il est censé représenter.
    **Narcisse en son miroir…

  2. Macron a piétiné et outragé la mémoire des soldats Français en rendant hommage à cette « chose » qui s’appelle  » Hô Chi Minh » . Il n’est plus aune ignominie près . SOCRATE a dit :  » L’ignominie ne blesse pas ceux qui en sont pétris » ……

  3. Faites savoir CONCRETEMENT au président que vous partagez sans réserves l’opinion de Bruno Rondel :
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  4. Le « communiste » Ho Chi Minh ? Je le vois mal dire que les prolétaires n’ont pas de patrie. « Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté ». Surtout l’indépendance j’imagine !
    Quant à Staline, tantôt il fallait embrasser la trace de ses pas car il avait térrassé le nazisme (Mao aussi a combattu l’impérialisme japonais), tantôt c’est un criminel contre l’humanité.

  5. Imaginez la pire insulte possible, le plus abject des crachats, la plus immonde traitrise possible, le plus cynique des désaveux, la putasserie la plus paroxystique qu’il soit, et ce ne sera rien devant ce que le guignol poudré est capable de faire pour chier sur nos soldats et sur notre Patrie. Notre minable président est pire que ce qu’est l’antéchrist pour les chrétiens..

  6. Ce sale type a été extrêmement bien choisi pour mener à bien la destruction de la France qu’il déteste.
    Il ne perd jamais une occasion de cracher sur notre histoire quand il se rend à l’étranger.
    Les deux pignoufs de l’élysée ont presque terminé leur sale mission, la fin sera-t-elle explosive, c’est possible s’il continue à asticoter la Russie.