Autoportrait
Alexej von Jawlensky (1864-1941) est un peintre d’origine russe, figure majeure de l’expressionnisme et pionnier de l’abstraction. Né à Torzhok dans l’Empire russe, il suit d’abord une carrière militaire avant de se consacrer pleinement à la peinture, étudiant à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Il fréquente alors le cercle du peintre réaliste Ilya Repin, où il rencontre Marianne von Werefkin, qui deviendra une figure clé de sa vie artistique et personnelle.
En 1896, il s’installe à Munich, où il étudie dans l’atelier d’Anton Ažbe et rencontre Wassily Kandinsky, avec qui il fondera plus tard la Neue Künstlervereinigung München (Nouvelle Association des artistes munichois) , puis participera au groupe formé à Munich en 1911, le Cavalier bleu (Blaue Reiter en allemand), un groupe de l’avant-garde expressionniste. L’histoire du Blaue Reiter prend fin avec le déclenchement de la Grande Guerre, en août 1914. Kandinsky s’enfuit en Russie.
Jawlensky s’imprègne des avant-gardes européennes, notamment du postimpressionnisme, du fauvisme (Matisse, Derain) et des Nabis (Sérusier, Verkade), tout en restant profondément marqué par la tradition iconographique russe.
Jawlensky développe un style où la couleur devient vecteur d’expression pure, s’affranchissant du naturalisme. Sa touche, large et énergique, privilégie les aplats vibrants et la stylisation croissante des formes. Dès les années 1910, il se détourne du motif extérieur pour explorer une intériorité exacerbée, notamment à travers ses célèbres séries de Têtes mystiques, Têtes abstraites et Méditations, où le visage humain est transfiguré en archétype spirituel et universel.
Ses portraits se caractérisent par une frontalité hiératique, des lignes simplifiées et des oppositions chromatiques intenses. Cette approche, qui puise dans l’iconographie byzantine, fait du portrait un espace de méditation plastique et chromatique, à la frontière du sacré et du profane.
Après avoir été expulsé d’Allemagne en 1914 à cause de la Première Guerre mondiale, Jawlensky séjourne en Suisse, où il rencontre Emmy Scheyer (Galka), qui deviendra sa promotrice aux États-Unis et cofondatrice du groupe Die Blaue Vier avec Kandinsky, Klee et Feininger. De retour en Allemagne en 1921, il s’installe à Wiesbaden, où il poursuit son œuvre malgré des problèmes de santé croissants (arthrite sévère).
Son travail est interdit par le régime nazi en 1933, et de nombreuses œuvres sont confisquées lors de l’exposition sur « l’art dégénéré » en 1937. Il cesse de peindre en 1938 et meurt en 1941 à Wiesbaden.
Jawlensky laisse une empreinte profonde sur l’art moderne, notamment par sa capacité à transformer le portrait en une quête spirituelle et plastique. Son influence s’étend aux générations d’expressionnistes et d’abstractionnistes, de Kandinsky à Klee, et ses œuvres sont aujourd’hui prisées sur le marché de l’art, tant pour leur rareté que pour leur puissance expressive.
En résumé, Alexej von Jawlensky fut un acteur clé de l’avant-garde européenne, reconnu pour ses portraits iconiques où la couleur et la forme deviennent langage spirituel et universel.
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Cher Jules Ferry,
Je suis un pur inculte en peinture.
Cet art plus qu’un autre, nécessite une éducation particulière et assez poussée.
J’apprécie beaucoup qu’on prenne le temps de m’expliquer, de décortiquer.
Merci donc pour ce moment de partage, même s’il est virtuel.
Merci jules pour cette découverte, mais je dois avouer que ce n’est pas le genre de peinture que j’apprécie, trop plat! On ne retrouve pas la lumière des italiens, ni l’ombre des flamands. Chacuns ses goûts !
J’adore les couleurs. Il y a du Van Gogh chez ce peintre. Merci Jules.
Du Van Gogh sur le portrait du garçon sur fond bleu, un peu, pour le reste on trouve un peu de tout.