Vue de nuit de Budapest
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vous propose une ouverture, Ouverture pour une fête académique. Brahms a écrit deux ouvertures, celle dont je viens de parler et l’Ouverture tragique. Brahms disait lui-même qu’il y avait une ouverture qui riait et l’autre qui pleurait. L’ouverture pour une fête académique est une sorte de pot-pourri à la Suppé et qui va au-delà des simples chansons d’étudiants. Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter la version Bernstein de 1981 avec l’orchestre philharmonique de Vienne. On sent à quel point Lenny s’amuse avec cette musique qu’il dirige même de la tête ! Aucune autre version ne vaut celle-là !
(Je vous propose un lien de secours au cas où YouTube me ferait des misères pour les droits d’auteur. En effet j’ai extrait la vidéo d’un de mes DVD et je l’ai publiée sur ma chaîne, la qualité est meilleure que celle ci-dessous qui est 240p !)
Les 21 Danses Hongroises de Brahms ont été écrites entre 1868 et 1880 et sont parues chez l’éditeur Simrock. Écrites pour piano à quatre mains, elles ont été orchestrées par la suite, mais pas toutes par Brahms qui transcrivit seulement les danses 1, 3 et 10. Les cinq dernières furent orchestrées par Dvořák, d’autres par des musiciens moins connus.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Danses_hongroises
J’ai eu du mal à trouver les danses dans leur version d’origine. En définitive, je suis tombé sur la version Cyprien Katsaris et Hélène Mercier, avec la partition, si vous voulez tenter l’expérience ! Malheureusement les danses font toutes l’objet de liens séparés et naturellement je n’allais pas les citer tous ! Mais vous les trouverez facilement sur YouTube à partir de la première danse sur la chaîne AnExarion. Pour ma part, j’ai décidé de toutes les télécharger et de les regrouper dans une vidéo unique.
Toujours sur YouTube, je n’ai trouvé qu’une seule version proposant les 21 danses dans leur version orchestrale due à Claudio Abbado. Heureusement la vidéo est chapitrée et vous saurez qui a orchestré chacune de ces danses.
Cependant je ne résiste pas au plaisir de vous présenter la version Dorati. Même s’il n’y a que 16 danses, c’est un véritable feu d’artifice !
Et pour en terminer avec Brahms, impossible de faire l’impasse sur Charlie Chaplin !
C’est en 1875 que Brahms et Dvořák se sont rencontrés, à l’occasion d’un concours, où le premier était membre du jury et l’autre candidat. À partir de ce jour ils sont devenus amis et le restèrent jusqu’à la mort de Brahms le 03 avril 1897 à Vienne. Je soupçonne Dvořák d’avoir utilisé un thème du Requiem allemand dans son Concerto pour violoncelle, la ressemblance est vraiment troublante !
Dvořák écrivit deux recueils de huit danses slaves, le premier parut en 1878 et rencontra un vif succès. Il faut dire que le compositeur tchèque avait été encouragé dans ce travail par Simrock qui avait flairé le bon filon avec Brahms. Comme ce dernier, Dvořák écrivit les danses pour piano à quatre mains, attention, n’oubliez jamais que :
Par la suite, Dvořák orchestra lui-même les danses, voici les seize danses op.46 et op.72 dans leur version d’origine :
Comme je l’ai précisé plus haut, Dvořák avait édité les danses op.46 en 1878 et il avait laissé entendre qu’il écrirait un autre volume, mais visiblement il a pris son temps ce qui a agacé Simrock, voici ce que j’ai trouvé à ce propos sur Internet :
« Voici enfin un excellent et, qui plus est, un talent tout à fait naturel. Je considère les ‘Danses slaves’ comme une œuvre qui fera le tour du monde comme les Danses hongroises de Brahms » (Louis Ehlert en 1878 pour la Nationalzeitung de Berlin). Au début de 1879, des sélections de ces danses furent données lors de trois concerts à Hambourg, Nice, Berlin, Londres et Brunswick ; et à l’automne, il y eut des représentations à New York et Boston : la prophétie d’Ehlert se réalisait déjà et Dvořák avait atteint une reconnaissance internationale. Simrock, constatant que les danses pour lesquelles il avait payé 300 marks allemands devenaient une véritable mine d’or, demanda à Dvořák, au début de 1880, d’écrire une autre série de ces pièces lucratives. À un moment donné, le compositeur a peut-être dit à son éditeur qu’il était prêt à le faire, mais pas tout de suite. Il n’avait pas l’intention de retarder le travail sur un certain nombre de projets qu’il avait en tête, et il ne voyait aucune raison de donner la priorité à une œuvre destinée à être avant tout à être une autre source de revenus pour Simrock. 1880-1885 Rien, s’impatientant, Simrock commence à harceler Dvořák pour les danses. Dvorák lui envoi cette réponse brutale : « Vous me pardonnerez, mais je n’ai tout simplement pas la moindre envie de penser à une musique aussi légère maintenant. Je dois vous informer que ce ne sera en aucun cas une affaire aussi simple que la première fois avec les « Danses slaves » ! Faire deux fois la même chose est sacrément difficile ! Tant que je ne suis pas d’humeur à le faire, je ne peux rien faire. C’est quelque chose qu’on ne peut pas forcer… » Pendant l’été 1886, tout en profitant de la paix de sa retraite bien-aimée dans le pays de Vysoká, il écrivit dans une veine joyeuse à son éditeur : » Il n’y a pas beaucoup de temps pour composer, mais maintenant cela avance à grands pas. J’ai beaucoup de plaisir à faire les Danses slaves, et je suis sûr que celles-ci seront très différentes… » Il n’est pas surprenant que Dvořák ait reconnu la différence entre ses deux séries de danses. Huit ans les séparaient, et pendant cet intervalle, il n’en avait fait qu’une, avec un nombre croissant de chefs-d’œuvre à son actif. Le premier ensemble nous attire par sa fraîcheur, sa gaieté simple, sa bonne humeur et sa mélancolie occasionnelle, tandis que le second ensemble transmet des émotions plus profondes… »
Et c’est ainsi qu’en 1886, le compositeur s’attela aux huit autres danses de l’opus 72 et elles furent éditées l’année suivante.
Voici à présent les huit danses op.46 dans leur version pour orchestre. Ici encore nous retrouvons l’exceptionnel Antal Dorati dans une version bouleversante, la troisième qu’il a réalisée de cette œuvre, les deux précédentes ayant été enregistrées avec l’orchestre de Minneapolis et de Bamberg.
Et voici l’opus 72 avec les mêmes interprètes :
Je vais laisser Dvořák, au moins pour un temps, mais sans oublier de vous proposer sa Sérénade pour cordes créée le 10 décembre 1876 au Théâtre national de Prague. Il s’agit d’une des œuvres orchestrales les plus populaires à ce jour.
Et je le répète : méfiez-vous des pianos à quatre mains !
Filoxe
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Je ne peux pas me passer de la symphonie du nouveau monde.
Merci Filoxe pour cette mise en lumière des danses slaves de Dvorak et des danses hongroises de Brahms. Bien que ces oeuvres sont archi-connues, c’est toujours un plaisir de les entendre. Pour les dances slaves j’aime bien la version de Rafael Kubelik. Bonne fin de semaine.