Illustration : le conservatoire national de musique de New York, inauguré en 1885
C’est en 1891 que Dvořák est invité aux États-Unis par une richissime américaine, épouse du fondateur du conservatoire de New York. Elle lui propose d’enseigner pour 1 500 dollars annuels, soit 30 fois ce qu’il gagne à Prague. Le compositeur tchèque arrive dans la grosse pomme le 27 septembre 1892 et donne son premier concert au Carnegie Hall le 1er octobre suivant, avec, au programme, une nouvelle œuvre composée de trois ouvertures décrivant la Nature, la Vie, l’Amour. Le dernier morceau de cette trilogie est l’ouverture Othello, naturellement inspirée de Shakespeare (le motif que l’on entend à 2’17 » est aussi utilisé dans les deux premières ouvertures du cycle, Dans la Nature et Carnaval.
Dvořák a été immédiatement enthousiasmé par son pays d’accueil et il y est resté trois ans. Cette période fut féconde sur le plan créatif et nous allons commencer maintenant avec la Suite américaine. Cette suite, composée en 1894 est aussi connue Suite en la majeur. Écrite pour le piano, elle sera orchestrée en deux temps, d’abord en 1894, puis en 1895 après le retour du compositeur dans sa terre natale. Ce n’est que le 1er mars 1910 que la suite en version orchestrale sera jouée pour la première fois. On trouve dans cette œuvre découpée en cinq parties, des influences américaines, notamment rythmiques. Voici donc la suite dans sa version d’origine, celle pour orchestre sera proposée en fin d’article.
Mais l’œuvre la plus célèbre de la période américaine reste incontestablement la symphonie numéro 9, dite du Nouveau Monde. Elle fut créée le 16 décembre 1893 au Carnegie Hall. Dans un article publié la veille Dvořák avait expliqué au New York Herald en quoi la musique des peuples natifs d’Amérique avait influencé la symphonie :
« Je n’ai utilisé aucune des mélodies indiennes. J’ai simplement écrit des thèmes originaux englobant les particularités de cette musique et, utilisant ces thèmes comme sujets, je les ai développés avec les moyens des rythmes modernes, contrepoints et couleurs orchestrales. »
Pour le musicologue André Lischke, « l’œuvre, riche et puissante, d’une remarquable clarté en raison du relief de ses idées, la Symphonie « Du Nouveau Monde », aussi slave qu’américaine, pourrait être dite, aussi bien, « Symphonie du Monde Entier ». Si la popularité de la symphonie est parfaitement justifiée, elle a cependant le tort d’avoir occulté certaines des symphonies précédentes de Dvořák. En voici une version entièrement américaine, tant pour l’orchestre que pour le chef, une sorte de retour aux sources, si je puis dire, puisqu’en 1893 le maestro Anton Seidl d’origine hongroise avait été naturalisé américain en 1891.
Autant l’avouer, je ne suis pas un spécialiste des quatuors et autres quintettes à cordes mais difficile de faire l’impasse sur le douzième quatuor, dit quatuor américain de Dvořák. Il a été écrit pendant les vacances d’été de cette même année 1893 à Spillville, dans l’Iowa. En voici la description trouvée sur Wikipédia :
« Ainsi, comme dans la neuvième symphonie, ce n’est pas seulement l’Amérique qui est évoquée, mais également l’Europe centrale. Les quatre mouvements (respectivement Allegro ma non troppo, Lento, Molto vivace et Finale vivace ma non troppo) furent esquissés en moins d’une semaine et la composition de l’ensemble prit à peine quinze jours. Dvořák travailla donc dans un sentiment d’euphorie, sinon de facilité. Comme si les impressions exotiques des espaces américains s’étaient accordées idéalement, pendant ce beau mois de juin 1893, avec son tempérament ‘slave’. Ce mariage plein de lumière est perceptible dans les gammes pentatoniques du premier mouvement, dans le lyrisme rêveur du Lento (musique tchèque ou ‘blues’ ?), et dans les trilles du scarlet tanager, une fauvette que Dvořák entendit dans son jardin et dont il reproduisit le chant à l’apogée du Molto vivace. Mais la substance de l’œuvre demeure la nostalgie du pays natal, que souligne la beauté lumineuse des ultimes mesures (après l’imitation, ou plutôt la transfiguration, d’un gospel song dont la mélancolie traverse le dernier mouvement, imprégné tout entier par l’esprit de la danse). »
Et quoi de plus naturel pour ce morceau d’être en compagnie du quatuor à cordes du New York Philharmonic ?
Dvořák a écrit trois concertos, d’abord un pour piano et un pour violon, ces deux œuvres ayant été critiquées pour la présence prédominante de l’orchestre au détriment de l’instrument soliste. Le troisième concerto pour violoncelle, est le plus abouti de tous. Sa composition fut commencée alors que Dvořák était encore sur le sol américain. Il prit forme pendant l’hiver 1895 et fut créé à Londres le 19 mars 1896, avec Leo Stern au violoncelle et Dvořák à la baguette. Je vous propose une version historique à bien des égards puisque la partie soliste est tenue par Jacqueline Du Pré épouse de Daniel Barenboim et qui dirige l’orchestre en ce mois de septembre 1968. Jacqueline Du Pré est morte le 19 octobre 1987 à Londres et Barenboim souffre de la maladie de Parkinson.
Pour terminer, la Suite américaine dans la version pour orchestre :
Allez, je ne peux pas résister au plaisir de vous proposer cette petite perle, l’Humoresque :
La semaine prochaine ce sera Dvořák vs Brahms au travers des danses slaves et hongroises.
Filoxe
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Merci de nous faire connaitre des aspects nettement moins connus du grand public dont je fais partie. J’ai découvert Dvořák sur le tard dans la voiture lors de longs trajets, il passe assez souvent sur Radio classique. Assez rigolo : depuis très longtemps, je reste fidèle à une certaine marque automobile originaire de la patrie du compositeur -increvable .
Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si votre voiture est fiable et quelle est sa marque. J’ai une Citroën C3 qui est bourrée d’électronique et de temps en temps, ça coince!! Encore hier, lorsque j’ai voulu mettre le contact, l’écran a affiché: Antivol électronique défaillant. Et impossible de démarrer. Qu’est-ce qu’ils sont fous ces abrutis avec leur électronique. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de choix. Jadis, on pouvait se dépanner tout seul, maintenant c’est impossible.
La marque des véhicules tchèques, c’est Skoda.
Des voitures robustes selon la rumeur.
Pour ce qui est de l’électronique que certains ne veulent pas, il existe des modèles européens, neufs, sans aucune fioriture ultra-moderne, appelés « ‘modèles de base » et bien sûr beaucoup moins chers.
Il suffit de passer commande.
Les marques françaises les font aussi, renseignez-vous auprès de votre garagiste.
Skoda oui. Octavia break. Le clone de la Passat. Bonne journée
Oui je pense que c’est Skoda et d’ailleurs j’en ai déjà possédé une et j’ai été très content de cette voiture. Si à une époque Skoda pouvait amener des commentaires ironiques depuis que la marque est dans le giron de Volkswagen ce n’est plus le cas.
Pour information, Skoda construit aussi des trains ! Et félicitations pour votre article consacré à Juliette Binoche.
Merci Filoxe, bon après-midi (ici il est 20h)
Merci Filoxe, en effet tu l’a bien souligné! Ce qui est réellement américain, musicalement parlant, c’est l’utilisation de la gamme pentatonique dans le quatuor No 12, cette gamme et utilisée dans la musique blues et toutes les variantes du rock pour les lecteurs qui ne sont pas musiciens la gamme ne comprends pas cinq tons (notes) et deux demi tons, comme la gamme majeure par exemple, mais cinq tons. Le deuxième mouvement, Largo de la symphonie du nouveau est aussi inspiré par la musique noire americaine, ce Largo est empreint d’une mélancolie indescriptible et magnifique. A bientôt et bonne fin de semaine.
Ouah le Chti quelle science ! Il y a au moins 50 ans que je n’avais plus entendu parler de gamme pentatonique … du temps où je jouais de la flûte dans un orchestre… j’étais très forte en solfège à l’époque, j’ai tout oublié !
Une petite mise à jour sur la gamme pentatonique ?
https://youtu.be/Nry09s4uDI4?si=HoS85OehhAxseRTI
Eh oui christine, lorsque l’on ne pratique pas, on oublie vite! Bonne fin de semaine !