Il est des comparaisons qui ne relèvent pas de l’analyse, mais de la faute morale. Il est des analogies qui, sous couvert de lucidité historique ou de dénonciation universelle de la guerre, ne sont en réalité que des abominations rhétoriques. Car il y a des lieux, des événements, des crimes, dont la singularité est telle qu’aucune comparaison n’est permise sans trahir l’humanité elle-même.
Auschwitz en est le symbole absolu
Auschwitz n’est pas un champ de bataille. Ce n’est pas un théâtre d’affrontement, ce n’est pas une tragédie militaire avec ses civils pris dans le feu croisé. Auschwitz est une machine. Une industrie de mort. Une bureaucratie du néant. Un projet rationalisé d’anéantissement. Un lieu où l’on ne tuait pas des ennemis, mais des êtres humains réduits à une non-humanité. On y exterminait des enfants, des femmes enceintes, des vieillards, non pas par erreur de tir ou par dommage collatéral, mais parce qu’ils étaient nés juifs, tziganes, homosexuels, handicapés. Parce qu’ils existaient.
Comparer cela à une guerre, c’est trahir
Ce n’est pas seulement un contresens historique. Ce n’est pas seulement une bêtise, une approximation. C’est une complicité. Oui, une complicité morale avec ceux qui cherchent à relativiser, à banaliser, à effacer l’horreur. Car relativiser Auschwitz, c’est déjà faire un pas vers son oubli. C’est rendre acceptable l’idée qu’il ne fut qu’un événement parmi d’autres, une « tragédie » parmi d’autres tragédies, un drame humain comparable aux autres alors qu’il fut l’antihumain absolu.
Ce n’est même plus du négationnisme
C’est pire. C’est de la banalisation
Le négationniste nie les faits, par mensonge, par idéologie. Le banaliseur, lui, ne nie pas – il égalise. Il racle la mémoire pour la lisser. Il gomme l’absolu. Il prétend que toute souffrance se vaut, que tous les morts se valent, sans jamais s’interroger sur la nature du mal, sur la logique du crime, sur la perversion du système. Il fait mine de compatir, mais c’est pour mieux vider les mots de leur sens.
Non, tous les morts ne se valent pas moralement. Car il y a une différence abyssale entre mourir dans un bombardement, aussi injuste et tragique soit-il, et être trié à la rampe pour finir dans une chambre à gaz après avoir été dépouillé de son nom, de ses vêtements, de son identité et, jusqu’au dernier instant, de sa dignité.
Ceux qui comparent sont des assassins de la mémoire
Ils tuent une seconde fois ceux qui sont morts. Ils insultent les survivants. Ils profanent les tombes. Ils piétinent les cendres de Treblinka et les barbelés de Birkenau. Ils brisent le silence sacré qui entoure l’indicible pour en faire une arme polémique, un point de rhétorique dans un débat médiatique, une carte blanche à leur ressentiment.
Et ne me dites pas que « c’est pour ne jamais recommencer ». Car on ne prévient pas le retour de la barbarie en effaçant sa spécificité. On ne lutte pas contre les horreurs du monde en plaçant toutes les horreurs sur le même plan. C’est même exactement le contraire : c’est en maintenant vivante la frontière de l’absolu, celle que l’humanité n’aurait jamais dû franchir, qu’on empêche qu’elle ne le refasse.
Auschwitz est cette frontière
C’est le point de non-retour de la civilisation. C’est la mise à mort de l’homme par l’homme, non pas dans une explosion de haine, mais dans une gestion froide, méthodique, logistique.
C’est la Shoah par balles et par gaz, par fiches et par quotas. C’est le crime sans mobile autre que la haine de l’existence de l’autre. Et cela, cela seul, mérite le nom d’abomination.
Alors non, on ne compare pas
On ne compare pas Auschwitz à Gaza. On ne compare pas Auschwitz à Guernica. On ne compare pas Auschwitz à Dresde, à Falloujah, à Grozny. On ne compare pas, parce que comparer, c’est dissoudre. C’est faire croire qu’il y a une logique commune. Et il n’y en a pas.
Auschwitz n’a pas de logique. Il n’est pas une déviance. Il est une rupture.
Il y a des lieux où l’on se tait. Où l’on baisse la voix. Où l’on ne cherche pas à mettre en parallèle. Où l’on reconnaît, en silence, que l’humain a failli. Que la civilisation s’est autodétruite. Que des États ont participé, que des peuples ont détourné les yeux, que des intellectuels ont justifié, que des églises ont béni. Et que, face à cela, le minimum moral, c’est de ne pas oser comparer.
Comparer, c’est pactiser
Alors que chacun prenne ses responsabilités. Que chacun choisisse son camp. Il y a ceux qui veulent maintenir l’absolu d’Auschwitz, pour rappeler à l’humanité ce qu’elle peut devenir. Et il y a ceux qui voudraient le noyer dans la comptabilité des douleurs humaines, pour mieux l’oublier. Pour mieux recommencer.
Monsieur Ardisson, mesdames Salamé et de Malherbe, en comparant Auschwitz à Gaza, vous avez non seulement brisé votre image en un instant, perdu votre âme, votre dignité et votre statut d’observateur de l’actualité mais vous avez pactisé avec le Diable et êtes devenus complices, a posteriori, de l’abjection que vous prétendez dénoncer !
Vos excuses tardives n’effaceront rien !
Richard C. ABITBOL
Transmis par Patrick Granville, pour ouvrir le débat sur le séisme médiatique orchestré par le service public FR2
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EXACT !!!!!!!!
En effet, ces présentateurs télé, ne sont pas des plus futés.
Incapables de faire la différence entre un chou et un navet.
Les trois cités dans l’article, sont plus particulièrement imbus de leur personne et orientés vers le lèchemacron, et le soutien à l’islamogauchisme.
Tout ce qui peut leur rapporter des points est bon à prendre.
Aucune déontologie, aucune réflexion personnelle.