Tenoua le Psittaciste et Denis Charbit le Procureur (3) : « Si Israël cesse d’être un État de droit… »

– Première partie : Tenoua le Psittaciste et Denis Charbit le Procureur
– Deuxième partie :
Contre-Pouvoirs

Tenoua le Psittaciste et Denis Charbit le Procureur (3) : « Si Israël cesse d’être un  État de droit… »

Ah notre pauvre Ronen que Netanyahou veut limoger… Ah nos contre-pouvoirs qui nous échappent… Ah cette pauvre Cour suprême qui subit les assauts du peuple… Ah, la pauvre Eva Illouz privée de prix, pour avoir appelé la CPI à condamner Israël… Ah ces pauvres cinéastes israéliens, juifs et arabes, menacés par la censure pour avoir cloué au pilori Israël…

Après s’être livrés avec assiduité, l’un s’agrippant à l’autre, à cet exercice pervers de pleureuses professionnelles qui consiste à faire des agresseurs des victimes, nos deux larrons qui n’en font qu’un dans cette interview téléphonée nous réservent une sacrée belle surprise pour la fin, à peine éventée par le titre même de l’entretien :

« Si Israël cesse d’être un État de droit, la diaspora doit assumer pleinement son rôle »…

Mais pour en redoubler le suspense, laissons cela, nous aussi, pour la fin… Silhouette d’Hitchcock en fond…

Adieu Ronen

L’Histoire allant plus vite que les écrivants, sauf quand ils trichent avec la science-fiction, je viens d’apprendre que le brave Ronen Bar avait finalement décidé de se… barrer. Je suppose que ses copains de la Cour suprême le lui ont fortement conseillé, car son cas étant indéfendable au vu des PV de réunions, pour le 7 octobre et pour la suite, elle allait perdre la face, et il ne manquait plus que ça…

Du coup, imaginez la panique des Yair Golan et Lapid, de tous ces ex-généraux qui ne génèrent que du vent, du syndicat-maison Histadrout et tutti quanti :

« ne pensant qu’à ses intérêts au détriment de ceux de la Nation, Ronen, nous a lâchés (en aparté, “Ah, le salaud”) » !

Ne venaient-ils pas de perdre un si bon prétexte à en découdre ? N’allaient-ils plus pouvoir « étrangler la Knesset », « paralyser le pays », et même « faire couler du sang », comme ils l’avaient annoncé dans le cas où le gouvernement aurait osé passer outre le jugement d’une Cour Suprême annulant le limogeage du chef du ShinBet.

Quoi qu’il en soit le Deep state israélien en sera ébranlé jusqu’à son tréfonds.

À bientôt donc Ronen, dans l’attente des futurs enquêteurs du 7 octobre.

7 octobre.

Je ne puis savoir s’il aura échappé aux lecteurs de l’interview de Tenoua1 que, malgré ses 9 occurrences, le vocable n’est jamais associé à l’idée, pourtant fondamentale, de la faillite du narratif de cette gauche qui depuis 60 ans répétait comme des mantras :

« Fin de l’occupation et de la colonisation », « Territoires contre la Paix », et en somme « Solution à deux États ».

« Eux OU nous » vs « Eux ET nous »

Et alors que, pour la grande majorité de la population des kibboutzim attaquée bestialement par le hamas, le 7 octobre 2023 c’est désormais « Eux OU Nous », pour le RedChef d’une revue qui se proclame d’un « judaïsme ouvert » ainsi que pour l’universitaire-procureur de Raanana, l’équation n’a pas bougé, c’est toujours « Eux ET Nous ».

Donc comme si le 7 octobre n’avait pas eu lieu, comme si les Juifs n’avaient pas été massacrés parce que Juifs, comme si les accords d’Oslo, depuis longtemps tombés en désuétude, n’étaient pas définitivement morts et enterrés ce jour-là. Comme si le hamas n’avait pas fait qu’actualiser la pensée arabo-musulmane de toujours, celle des Mollahs iraniens, des Frères musulmans de Hassan El Banna, de Sayyid Qutb, et des Ramadan, mais aussi des chefs nationalistes Nasser, Assad, Boumédiene, Saddam Hussein, et autres Kadhafi, sans oublier le chef des Arabes de Palestine, l’ami d’Hitler, et l’oncle d’Arafat, le grand Mufti de Jérusalem, Amin el Husseini

Pensée portée désormais aussi par les émigrations musulmanes de par le monde, qui brandissent désormais sans complexe, le slogan génocidaire « De la rivière à la mer », c’est-à-dire du « Jourdain à la méditerranée »

Face à cette terrible réalité que nos soldats affrontent héroïquement depuis plus d’une année, ayant eu à enterrer plus de 800 des leurs, ni Charbit ni le RedChef n’ont rien à dire de neuf.

RIEN, sauf balbutier les mêmes mantras d’antan, signe on ne peut plus évident de leur déconnexion du réel ou de leur décrépitude intellectuelle, puisque désormais ni les Juifs ni les Falestiniens ne veulent plus entendre parler de ces Accords d’Oslo, les Juifs parce qu’ils ont mené à tant de catastrophes couronnées par celle du 7 octobre. Et les Falestiniens, parce qu’ils refusent l’idée du partage, et plus encore de reconnaître la légitimité des Juifs à être sur cette infime partie de leur terre dont ils avaient été chassés. Vive la Falestine ! Exit tous les Juifs d’Israël !

Quand on se veut historien du temps présent, et juif par-dessus le marché, n’est-ce pas terrible d’être incapable de tirer les leçons de ce qui fut la plus grande tuerie de Juifs depuis la Shoah ?

Mais revenons au laïus bipolaire.

« Dérive illibérale en Israël ? »…

Ainsi parle Tenoua, sans que l’éminent professeur de l’université ouverte de Raanana ne le contredise, ni même lorsque le RedChef ose comparer Israël à la Turquie !!!La Turquie qui détient le record du plus grand nombre de prisonniers politiques au monde, parmi lesquels, dernièrement, le principal leader de l’opposition à Erdogan !

Plus prudent, Charbit se contente d’évoquer « une dynamique illibérale », mais évidemment sans définir la notion d’illibéralisme comme l’exigerait son titre de « professeur ».

Bravo l’enseignant ! Depuis quand Israël dériverait-elle vers l’illibéralisme ?

Avant la contre-révolution juridique du Grand Prêtre le juge Aaron Barak, qui a consisté à concéder plus de pouvoir à la Cour suprême, dont il était le président, qu’au Parlement, Israël de 1948 à 1992 était-elle une « démocratie illibérale » ?

Et l’Europe qui a dérivé, deux décennies avant Israël, vers ce qui a été appelé « le gouvernement des Juges », en quoi serait-elle plus démocratique que les régimes dits « illibéraux » tels ceux de la Hongrie ou de la Pologne ?

En quoi un pays où le Parlement, élu par le peuple, a plus de pouvoir qu’une Cour suprême dont les Juges sont désignés, serait-il moins démocratique ?

Je conseillerais vivement aux deux larrons la lecture de « La Démocratie au péril des prétoires » dont l’auteur, Jean–Eric Schoettl a été durant 10 ans le secrétaire général du Conseil Constitutionnel français, présidé alors par Badinter, et qui donc sait, lui au moins, de quoi il parle … Et que dit-il ?2

– Face à la dérive dite « libérale » ou « progressiste » qui favorise les droits des individus plutôt que ceux de la nation, Jean–Eric Schoettl préconise « la recherche du bien commun par les représentants de la Nation, au travers du vote de la loi, qui est l’expression de la volonté générale ». Et il conclut ainsi :

« La souveraineté populaire, c’est la démocratie représentative avant la jurisprudence, l’élection avant le pouvoir juridictionnel. ».L’État de droit doit rester le correctif de la souveraineté, non dévitaliser cette dernière…

– Dira-t-on que la République qu’avaient présidée Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing n’était pas un État de droit ? Dira-t-on que les Pays-Bas ou la Suède, qui ne connaissent même pas le contrôle de constitutionnalité, ne sont pas des États de droit ?

– On peut imaginer à cet égard de « forcer » le maintien en vigueur d’une disposition législative déclarée inconstitutionnelle par le Conseil constitutionnel dès lors que le Parlement se prononcerait expressément en ce sens par un vote à la majorité qualifiée.

– Une option forte serait d’inscrire dans la Constitution une possibilité parlementaire de « passer outre » aux jurisprudences paralysantes des Cours suprêmes.

Encore moins que d’autres pays, Israël ne peut se payer le luxe de la dictature, fût-elle celle des Juges.

– C’est la culture démocratique des Juifs qui a permis jusqu’à présent que malgré toutes les tensions intérieures et extérieures, Israël n’a pas explosé.

– C’est l’assurance que tout se jouait lors d’élections démocratiques, dans le respect du pluralisme et de l’alternance, qui lui a permis de surmonter ses crises.

C’est au contraire l’usurpation du pouvoir par une caste aristocratique, la Cour suprême, qui est allée jusqu’à modifier une Loi fondamentale, qui met en péril la démocratie et donc la stabilité.

Un jour, lors d’une conférence, Charbit caractérisa comme un « paradoxe » le fait que malgré la provenance des Juifs de pays non démocratiques (Europe de l’Est, Afrique du Nord et Moyen-Orient), Israël s’était distinguée par sa démocratie, et ce, avant même la renaissance de l’État juif en 1948. Faussement naïf, je lui demandai si, contrairement à l’Islam qui préfère assassiner les penseurs critiques, cette propension démocratique chez les Juifs ne provenait pas plutôt de la culture du judaïsme, fondée sur le dialogue, et dont le Talmud est le plus bel exemple.

À cette époque, il acquiesça… Acquiescerait-il encore aujourd’hui ? J’en doute fort quand je lis sous sa plume

« J’ai toujours considéré que le sionisme était une dialectique permanente entre une dimension particulariste (État juif) et une dimension universaliste (démocratie) ».

Car dans cette formulation, la démocratie n’est plus une dimension endogène au judaïsme, mais une pièce rapportée.

Et ce qui en découle, c’est que « l’État juif » serait illibéral et devrait être corrigé par la démocratie.

C’est ce que précisément arriva à faire Aaron Barak en faisant adopter par la Knesset en 1992 une Loi fondamentale3 qui définit Israël comme un « État juif ET démocratique ».

En apparence anodine, cette définition est à elle seule une contre-révolution qui remet en cause la déclaration d’indépendance définissant Israël comme « État Juif ».

En mettant sur le même plan, par la magie d’une particule de coordination, identité et forme de gouvernance, Barak ne commit pas volontairement seulement une hérésie conceptuelle :

Plus gravement, il ouvrit la voie à une nouvelle définition d’Israël comme« État de tous ses citoyens » qu’une partie de la gauche israélienne (dont Charbit) et les partis arabes revendiquent déjà.

Après avoir cherché à diluer l’identité juive dans les droits particuliers de l’homme, on se servirait de ces derniers pour, cette fois, dissoudre l’État juif d’Israël. Avant-dernière étape avant la disparition d’Israël.

Quand s’occupera-t-on sérieusement de ces questions ?

N’est-il est pas temps de définir un statut pour les minorités qui préserveraient leurs droits cultuels et culturels, ainsi que leurs droits au travail et à la résidence, à la condition qu’elles reconnaissent la légitimité du peuple juif en sa terre retrouvée, et à se légiférer en toute indépendance.

Ce qui voudrait dire la Knesset pour le peuple juif et une Chambre séparée pour les nationalités minoritaires dont les propositions devraient, pour avoir force de loi, être entérinées par la Knesset.

EVA ILLOUZ

Du début à la fin de cette interview, notre couple fait l’inventaire, en ratissant très large, de tout ce qui peut démontrer le peu de considération que leur inspire l’État d’Israël contemporain. Et hormis ce que nous venons déjà de noter, s’ajoutent deux cas qui soulèvent leur émotion.

« Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch a refusé la décision d’un jury universitaire d’attribuer le prix Israël à la sociologue franco‐israélienne Eva Illouz. »

« Punition institutionnelle«. « Ligne inquisitoriale ». Ignorance et incompétence. « Mesquinerie et fanatisme ».

Diantre !

La raison qu’en donne le ministre est pourtant limpide. La sociologue s’était associée en 2021 à une requête grave adressée à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, affirmant que les institutions d’enquête et judiciaires israéliennes, y compris ses tribunaux, ne mènent pas d’enquêtes sérieuses sur les « crimes de guerre commis par Israël dans les territoires occupés, en totale violation du droit international ».

Charbit tente de la défendre en citant sa dernière déclaration :

« La vérité, c’est que depuis le 7 octobre, j’ai perdu mes illusions à l’égard des tribunaux internationaux et je ne crois plus en leur intégrité supposée inébranlable »4.

Mais si ses propos étaient vraiment sincères et non pas destinés juste à lever l’obstacle à l’obtention du Prix Israël, pourquoi n’a-t-elle pas saisi la perche que lui tendait le ministre : excuses publiques et retrait de sa signature de la pétition adressée à La Haye ? Car remarquons ce que notre universitaire semble ne pas avoir discerné :

« perdre des illusions » n’équivaut pas à condamner la CPI qu’elle ne nomme même pas, et encore moins à revenir sur des propos jetant le discrédit sur Tsahal et les forces de sécurité, et ce alors que nous sommes toujours en pleine guerre contre le terroriste et pogromiste hamas.

Et comme si le Procureur soudain converti en avocat sentait que sa plaidoirie était insuffisamment probante :

« Elle est montée au créneau pour dénoncer les discours visant à disculper le Hamas, véhiculé par l’extrême‐gauche intellectuelle ».

Pure allégeance envieuse ou compagnonnage idéologique ? Ce qui est certain, c’est que pariant sur le fait que très peu de gens auront la patience de vérifier ses propos, il se comporte comme un goujat.

En effet, dans deux pétitions5, Eva Illouz s’adjoignant aux contempteurs attitrés des gouvernants d’Israël, les David Grossman, Noa, Ohad Naharin, Avi Mograbi, et consorts, ne déplore la non-condamnation des auteurs du 7 octobre par la gauche mondiale, non pas par simple humanisme, mais parce qu’elle craint que l’indifférence de ses pairs au massacre des Juifs n’« affaiblissent la capacité de la gauche israélienne» !

Le non-dit de cette poignante conjuration, quasi un appel au secours à la gauche américaine et européenne pourrait ainsi se dire :

« si vous ne faites rien, la gauche israélienne déjà réduite à une peau de chagrin sera avalée par la droite ».

Donc contrairement à ce que Charbit tente de nous faire croire, Eva Illouz n’a en rien changé depuis ses propos tenus à un journal allemand en 20146 :

« Israël est une puissance militaire colonialiste ; l’armée contrôle les Palestiniens à travers un ensemble d’outils colonialistes. »,

… jusqu’à ceux de cette pétition de décembre 2023 :

« Ce cycle d’agression porte gravement atteinte à notre lutte de longue date contre l’oppression et la violence, et en faveur des droits et de l’égalité pour tous les habitants d’Israël-Palestine ».

« Israël-Palestine » !!! De quel pays s’agit-il « Israël-Palestine » ?

N’est-ce pas, en plus soft, la formule de la gauche internationale qui s’est faite la caisse de résonance de la revendication génocidaire falestinienne : « From the river to the sea » ?

Je signale au passage, que les deux revues Tenoua et « K » qui publièrent ces deux pétitions refusèrent le texte intitulé : « Deux cinéastes israéliens le constatent, les idiots utiles, ça existe aussi en Israël » que Ziva Postec, la chef monteuse de Shoah et moi-même, leur avions envoyé. Toutes les deux « par manque de place »…

Des idiots utiles, Israël en a certes un bon lot.

En témoignent ceux de la ville justement de Raanana (des amis du professeur ?) qui chaque année commémorent avec des familles de terroristes le « Jour du Souvenir »(Yom Hazikaron) institué en Israël pour le souvenir public des soldats tués et des victimes du terrorisme arabe !

En témoignent également les deux réalisateurs juifs israéliens qui se sont associés à deux autres réalisateurs arabes israéliens (qui se disent bien sûr « falestiniens »)…

« No Other Land ».

Continuant à pleurnicher sur le funeste sort d’un Israël subverti par une vague d’autoritarisme et de censure, notre professeur glisse à titre d’illustration, le cas de ce film. Or qu’en est-il ?

Ce film ne cherche pas à instruire un public qui ne connaît rien de l’histoire de cette région comme en ont témoigné de nombreuses interviews d’étudiants américains, mais à renforcer les mensonges et la désinformation prodigués par les médiateurs falestiniens et l’extrême gauche israélienne.

À Masafer Yatta des maisons avaient été construites illégalement sur un champ de tir acquis par Tsahal en 1979, lequel se trouvait de surcroît en zone C, qui d’après les Accords d’Oslo est une zone israélienne, et non pas comme il est dit dans le film, un « territoire occupé ». Le film montre la destruction de ces maisons…

Face aux habitants qui assurent avoir été là avant 1979 et donc avant que la zone ne devienne militaire, les photos satellites prouvent au contraire qu’il n’existait aucun village au sommet des collines avant les années 1990. Raison pour laquelle la Cour suprême a dû convenir de la pleine légalité de cette action, à contre-cœur, on imagine.

Naturellement rien de toutes ces données dans le film ou dans les propos de Charbit. Naturellement, au-delà de ce hameau, le film se veut emblématique du sort du pauvre peuple falestinien brimé par le colonialisme juif. Naturellement il se fera le véhicule d’un mensonge semblable à bien d’autres, taisant qu’en 1967 Israël après avoir déjoué puis vaincu une attaque arabe sur plusieurs fronts,

– arracha la Judée-Samarie et Jérusalem à la Jordanie (et non à la Falestine),

– et Gaza à l’Égypte (et non à la Falestine),

– et le Golan à la Syrie.

Taisant aussi que les Accords d’Oslo de 1993 découpèrent la Judée-Samarie en 3 zones (A, B et C) en attendant des Accords de paix définitifs qui ne vinrent jamais et qui furent remplacés par des intifadas et un terrorisme jamais vu, dépassés par le seul 7 octobre du hamas, dont, on ne dira rien.

Évidemment ce n’était pas le sujet du film ! Évidemment, il est oscarisé. Évidemment notre universitaire, soudain très pressé, se garde bien de le dénoncer.

Mais comment aurait-il pu le faire, lorsque l’on sait que lui-même fonctionne avec la même terminologie des « territoires occupés », « C’est une question de fidélité à nous‐mêmes » conclut-il. Pour une fois, nous ne le contredirons pas.

La meilleure, c’est que le film a été condamné par… BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) !

Bien que les réalisateurs du film aient accusé Israël d’apartheid et de génocide, BDS a déclaré que cette déclaration était insuffisante : « le film enfreint les règles anti-normalisation du mouvement BDS parce que les membres israéliens de l’équipe de production ne se disent pas officiellement en faveur des droits complets du peuple palestinien », peut-on lire dans leur communiqué7.

Et le pire, c’est que les institutions cinématographiques israéliennes, qui, avec les impôts de tous les citoyens, sont tenues de subventionner (Fondations) et de promouvoir les films israéliens (Festivals, et TV publiques), font de la « sélection »sur des critères idéologiques, « de gauche » faut-il encore le préciser, malgré les tentatives de notre professeur de nous faire croire que c’est la droite qui est discriminatoire et totalitaire.

Et si mon avant-dernier film « Algérie, histoires à ne pas dire » fut interdit en Algérie, en 2007, mon dernier « Israël, le voyage interdit », lui, fut refusé en Israël, tant par la « Nouvelle Fondation pour le film documentaire », que par tous les Festivals (Jérusalem, Tel Aviv, et Haïfa).

Sus à la théocratie !

Malgré l’importance de la question, honte à notre universitaire, il s’en débarrasse en reprenant à son compte les clichés en vogue.

Les spécialistes du droit hébraïque, y compris non-juifs, ont pourtant dit depuis longtemps combien il a nourri le cheminement des Républiques européennes vers le libéralisme et la démocratie, et combien en de nombreux domaines du droit, il restait encore en avance… Et il est bien triste que ce soit un juge israélien et juif, et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit du fameux Aaron Barak, ex-Président de la Cour suprême et parrain du coup d’État juridique en 1992, qui avoue ne rien en connaître.

Quant aux ultra-orthodoxes, il en existe de toutes sortes.Rabbi Adin Steinzatz, en était aussi. Et quelle intelligence ! Quelle lumière ! Oui c’est grâce à ces Maîtres que le magnifique patrimoine toraïque a pu se transmettre et donc se conserver, et en se conservant, maintenir l’identité d’un peuple, malgré les persécutions, les exils et les déportations, permettant ainsi le retour, quand le moment devint propice, des Juifs éparpillés de par le monde. Raison pour laquelle nous devrions leur vouer une reconnaissance éternelle.

Et il y a bien sûr ceux qui tels les Netouraï Karta viennent clamer que le sionisme n’est pas juif et préfèrent prêter allégeance aux Mollahs d’Iran. Ou ceux qui refusent de rejoindre Tsahal, alors qu’ils n’ont ni le désir d’être des savants de la Torah, ni surtout la vocation. De récentes statistiques parlent de 14 000 jeunes dans ce cas. Mais ces mêmes statistiques disent aussi que parmi les jeunes non religieux, il y en a plus de 17 000, principalement à Tel Aviv et ses environs, comme par hasard, que l’on pourrait trouver dans les boites de nuit du jeudi soir au samedi soir…

Et puis, diaboliser les religieux en laissant entendre qu’ils feraient, dans leur ensemble, tout pour échapper au devoir patriotique, est tout simplement une infamie. Hormis les centaines de jeunes orthodoxes qui répondent de plus en plus à l’appel malgré les injonctions de certains de leurs maîtres, il ne devrait être un secret pour personne, que ce sont les dits « sionistes religieux » qui fournissent le plus gros contingent des unités combattantes, et conséquemment de soldats tués…

Trêve de suspense, voici le morceau de choix promis !

Un morceau de choix dont l’interview tire son titre8. Un titre qui masque mal une sorte de menace, surtout lorsqu’on lui restitue les parties tronquées :

« Si Israël cesse d’être un État de droit, si les territoires occupés sont annexés, les Juifs de la diaspora devront assumer leur rôle et dire : “Halte ! Nous ne collaborerons pas avec cette double trahison”. »

Mais enfin, Charbit, soyez un peu sérieux :

Qui trahit ?

Qui appelle à la désertion, de l’armée et du pays ?

Qui appelle à la rébellion et à prendre d’assaut la Knesset ?

Qui veut faire couler le sang dans Hayarkon ?

Qui veut rompre « l’Alliance » ?

Qui, sinon vous et vos amis ?

Il fut un temps où le mentor de Charbit, l’ex-ambassadeur Élie Barnavi reprenant l’appel d’Amos Oz, appelait les États-Unis au secours, pour aider Israël et la Falestine « à divorcer » (mais s’étaient-ils seulement mariés un jour ?!).

Or depuis le retour de Trump, l’appel ayant perdu toute performativité et l’Europe, incapable de s’extraire du bourbier ukrainien, étant plutôt préoccupée par un « grand remplacement » en passe de modifier son identité, l’universitaire de Raanana, décidément peu inspiré, a cru bon lancer son appel au secours… à une « diaspora » qui, subissant les assauts de plus en plus rudes d’un antisémitisme camouflé en anti-israélisme, et de plus en plus convaincue de l’inanité du « plus jamais ça », n’a plus qu’une seule idée : faire son alya9 avant qu’il ne soit trop tard !

Mais au même moment, sans s’apercevoir qu’il est en plein porte-à-faux historique, main sur le cœur et trémolos dans la voix, le mauvais comédien déclame avec une solennité calculée :

« La diaspora doit être capable de dire un jour :si le gouvernement largue la démocratie libérale définitivement avec le consentement des citoyens, il aura rompu l’alliance. Nous nous détacherons, la mort dans l’âme, d’Israël…” »…

« Rompre l’Alliance » ? Le professeur le sait aussi bien que moi, bien d’autres s’y sont essayés, cela a-t-il empêché la renaissance puis le renforcement d’Israël ?

Mais au fait, de quel droit l’universitaire de l’université ouverte de Raanana se permet-il de parler au nom de la « diaspora » ? !

À moins que ce ne soit là qu’une manière de parler de soi et des siens en idéologie…

« Allons‐nous partir au compte‐gouttes… ? », s’inquiète-t-il dans un bref accès de réalisme…

Olim toujours, yordim un jour10 ? J-PL♦

FIN

Jean-Pierre Lledo, MABATIM.INFO
Cinéaste, essayiste


1 https://tenoua.org/2025/04/17/si-israel-cesse-detre-un-etat-de-droit-la-diaspora-doit-assumer-pleinement-son-role/

2https://lphinfo.com/la-derive-de-la-justice-par-jean-pierre-lledo/ et https://lphinfo.com/la-derive-de-la-justice-partie-2-par-jean-pierre-lledo/. Ceux qui n’auront pas accès à son livre, peuvent consulter mes deux articles composés d’extraits de trois de ses textes :
https://metahodos.fr/2021/08/12/24549/
https://metahodos.fr/2021/08/29/il-faut-reconfigurer-letat-de-droit-pas-y-renoncer/
https://atlantico.fr/article/decryptage/jean-eric-schoettl-l-emprise-du-juge-est-aujourd-hui-telle-que-le-legislateur-et-l-administration-cherchent-plus-souvent-a-minimiser-le-risque-contentieux-qu-a-satisfaire-les-besoins-de-la-collectivite

3 Notamment la Loi fondamentale dite « Dignité et liberté humaines », permettant d’invalider les lois de la Knesset qui, selon la Cour suprême, s’opposeraient aux droits de l’homme…

4 Le 6 avril 2025 dans Haaretz.

5 Lettre ouverte d’artistes israéliens du 16 octobre 2023 : https://www.tenoua.org/lappel-des-intellectuels-israeliens-a-la-gauche-mondiale/

et Pétition du 13 Déc 2023 : Résister à la déshumanisation des Palestiniens et des Israéliens :

6 Interview au journal allemand Der Spiegel.

7 https://fr.timesofisrael.com/le-mouvement-bds-denonce-le-film-israelo-palestinien-oscarise-no-other-land/

8https://tenoua.org/2025/04/17/si-israel-cesse-detre-un-etat-de-droit-la-diaspora-doit-assumer-pleinement-son-role/

9 Alya : montée (en Terre d’Israël)

10 Olim : « les montants » (en Terre d’Israël). Yordim : les « descendants » (ceux qui quittent la Terre d’Israël).

 

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5 Commentaires

  1. « La perversion de la Cité, commence par la fraude des mots » Platon
    Ainsi, je ne dirai pas les territoires « occupés », mais plus justement « les territoires récupérés. »

    • C’est cela les nomades . Ils s’installent partout dés qu’il voit un bout d’herbe. Il se mettent entre eux bien groupés , ne se mélangent pas avec les autres. La Terre est à eux.

  2. Intéressant.
    La gauche porte en elle, l’ADN de la traitrise, (comme chez nous).
    L’État d’Israël ne tient que parce qu’il est juif.
    Il tient par son identité.
    Il doit rester le dernier refuge de la diaspora, quand le feu du djihad chasse et persécute les juifs, partout en Occident.

  3. Etes vous en train de vous lancer dans un débat de type la controverse de Valladolid .
    La controverse de Valladolid, qui a lieu en Espagne du 15 août 1550 au 4 mai 1551, est un débat politique et religieux concernant les relations entre les colonisateurs espagnols en Amérique et les indigènes amérindiens.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_de_Valladolid
    Une controverse sur l’ordre établi est il possible pour vous p.ledoute?

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