Illustration : la Basilique Saint-Pierre de Rome la nuit
Suite de l’article précédent avec trois Requiem qui ne sont pas forcément les plus joués. Je vais commencer avec Berlioz et sa Grande Messe des Morts écrite en 1837 à la mémoire des soldats morts lors de la révolution de 1830. Le texte du Requiem était pour moi une proie dès longtemps convoitée, qu’on me livrait enfin, et sur laquelle je me jetai avec une sorte de fureur, écrira Berlioz. La première de cette messe fut donnée le 5 décembre 1837 dans l’église des Invalides. Berlioz avait l’habitude de diriger lui-même ses œuvres mais dans ce cas précis on lui imposa François-Antoine Habeneck, avec qui il était brouillé ! Berlioz raconte un incident lors du concert :
« Habeneck baisse son bâton, tire tranquillement sa tabatière et se met à prendre une prise de tabac » ; Berlioz se rua sur le podium pour diriger l’orchestre, sauvant ainsi le concert d’un désastre.
Je vous propose une version dirigée par Seiji Ozawa, à la tête du chœur du festival de Tanglewood et de l’orchestre de Boston. Bravo aux choristes qui n’ont pas de partition ! J’aurais pu choisir la version Bernstein aux Invalides en 1975, mais je l’ai écartée pour plusieurs raisons : pour une musique comme la messe des morts de Berlioz, il faut une qualité d’image et de son irréprochables, or en 1975 on en est loin. L’image est au format 4/3 et le son n’est pas top. Qui plus est, on n’a pas besoin de voir l’arrivée de Giscard, suivie d’une Marseillaise au tempo hyper-lent et des choristes ayant besoin d’une partition pour chanter l’hymne national ! Dernière avanie, un spectateur qui applaudit avant la fin !
Pour en revenir à la messe de Berlioz : sa musique a la réputation d’être violente, voire carrément bruyante. Or ici nous avons affaire à une œuvre plutôt intimiste, les passages les plus spectaculaires étant le Tuba Mirum, le Lacrimosa et dans une moindre mesure le Rex Tremendae. Trompettes et trombones sont placés aux quatre coins de la salle de concert (ou de l’église) et interviennent à plusieurs reprises. J’aime particulièrement le dialogue entre flûtes et trombones dans l’Hostias et l’Agnus Dei, du Berlioz pur jus et qu’est-ce que c’est beau ! On remarquera qu’à plusieurs reprises Ozawa se retourne pour diriger les cuivres répartis un peu partout. Dans les commentaires
Si vous voulez en savoir plus sur le Requiem de Berlioz, vous pouvez consulter le lien suivant : « une horrible grandeur », écrivait Berlioz qui avait un sens aigu de l’oxymore !
https://www.forumopera.com/cd-dvd-livre/requiem-grande-messe-des-morts-la-grandeur-du-recueillement/
Une œuvre injustement oubliée est le Requiem de Dvořák, composé en 1890 et créé le 9 octobre 1891 à Birmingham, sous la direction du compositeur. Je vous propose une version 100% tchèque où la vidéo est chapitrée (cf. commentaire de ). Contrairement à Mozart ou Verdi par exemple, le requiem de Dvořák n’est ni une œuvre de commande, ni une œuvre de circonstance. Le motif initial de l’œuvre est repris dans toute la composition.
Le Requiem de Duruflé est une messe des morts composée en 1947 et comme vous, je la découvre ! Voici une version qui nous vient de Pologne (chapitrage inclus) :
Il y a beaucoup d’autres messes de Requiem, qu’elles soient de Gossec, Cherubini ou Saint-Saëns… que l’on peut trouver facilement sur YouTube.
En bonus, je vous propose une version du Requiem de Berlioz avec la partition. Je vous déconseille de la visionner avec votre smartphone, mais sur un écran d’ordinateur, voire sur un téléviseur s’il est compatible avec YouTube !
Pour vous donner une idée de la partition, voici comment se présente le Tuba Mirum :
Et la partition complète, téléchargée depuis le site IMSLP (Petrucci Music) :
IMSLP893765-PMLP41675-Berlioz_Requiem_Bärenreiter
Dans le prochain article nous serons avec Dvořák mais avec des œuvres peu connues, donc pas d’ouverture Carnaval, pas de Concerto pour violoncelle et surtout pas de Symphonie du Nouveau Monde !
Filoxe
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Bonjour Filoxe, la messe des morts de Berlioz a été enregistrée par Colin Davis et le LSO, je pense que c’est ce disque qui la rendue populaire. Merci aussi d’avoir parlé du requiem de Dvorak, il est en effet peu connu et magnifique, c’est un peu en entendant du Dvorak très jeune ainsi que Mozart et Couperin que ma passion pour la musique c’est développée. Je t’attends donc au tournant avec ton article sur Dvorak , car je suis devenu un afficionados de son catalogue bien plus important que l’on ne pourrait le croire. Merci et bon dimanche.