« Le Pain noir » (1975) : une fresque sur l’histoire de la France vécue par les pauvres gens en Limousin

En métayer limousin, Henri VIRLOJEUX réussit une très belle composition. Cathie la fillette apparaît en être de lumière, tel Gavroche ou Cosette. 

Le Pain noir
• 1974-1975
• Feuilleton
• Adaptation littéraire

Le Pain noir est un feuilleton français, en huit épisodes de 90 minutes, créé et réalisé par Serge Moati d’après l’œuvre éponyme de Georges-Emmanuel Clancier et diffusée du 20 décembre 1974 au 3 février 1975 sur la deuxième chaîne de l’ORTF puis Antenne 2.

Ce dernier grand feuilleton produit par l’ORTF constitue une sorte de testament d’une télévision publique de qualité. Cette production disposait de moyens importants : plus de 180 comédiens, 500 figurants, 600 costumes, 9 km de film, un milliard d’anciens francs de budget et 14 mois de tournage. 

C’est l’histoire d’une petite paysanne pauvre du Limousin, contrainte par l’évolution de la société de devenir ouvrière en ville. Une fresque populaire aux personnages innombrables, courant de 1885 à 1945.

« C’est la véritable histoire de la France, celle écrite par les pauvres gens, que j’ai voulu raconter », dit G.-E. Clancier, auteur du roman dont est tiré ce feuilleton.

« Les souvenirs de sa lointaine, misérable et poétique enfance, ma grand-mère me les contait à l’âge où l’on écoute, peureux et ravi, « Cendrillon » ou « Peau d’âne ». A l’âge d’homme, les souvenirs des souvenirs sont revenus à ma mémoire, avec la force patiente, têtue, irrépressible d’une source. Il m’a fallu, avec les mots et les images, leur donner, leur redonner vie, vie de songe pour moi et pour les autres, seule vie qui échappe à la mort.
Ainsi naquit Le pain noir » G.-E. Clancier

Un roman de terroir en quatre tomes qui  s’élève à l’universel

L’histoire :

Dans la campagne limousine, peu après l’avènement de la IIIème République, une petite fille, Cathie, s’éveille dans la ferme de ses parents. C’est par ses yeux tantôt émerveillés, tantôt effrayés, mais toujours fascinés, que Serge Moati propose de découvrir les principaux événements historiques de France  jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Catherine en est la principale héroïne.
Issue d’un milieu social extrêmement pauvre, elle fut livrée à elle-même depuis sa prime jeunesse.
Employée comme bergère depuis l’âge de six ans, elle ne put, par manque de moyen aller à l’école et ,de ce fait , elle restera analphabète toute sa vie.
Ceci ne l’empêchera pas d’avoir un parcours de femme exemplaire, grâce à son courage et à sa lucidité.

Vous  repenserez à ces gens qui ont fait la France quand vous entendrez les Roka-machins vous servir les théories américaines sur le « privilège blanc » pour salir la mémoire de vos ancêtres, vous culpabiliser et manger sur votre dos. 

Henri Virlojeux, formidable, joue  ce personnage inculte, humble et droit qui va avoir à faire un choix crucial: mentir et avoir une bonne vie ou dire la vérité et rester dans sa misère. Fier, il refusera de mentir et se retrouvera, sous un prétexte fallacieux, chassé de la métairie.

1. Le Temps des métairies

Les Charron, de pauvres paysans sans terre, louent leurs bras à des propriétaires méprisants et capricieux. Ils devront plusieurs fois s’arracher à une ferme qu’ils aiment pour ne pas céder devant l’autorité mesquine de leurs maîtres. Les enfants poussent la charrette, le père tire, mais derrière ces efforts, de la fierté, du courage et de l’espérance. Lien

2. La Maison des prés

La famille Charron a quitté la campagne et vit maintenant dans une triste banlieue. Jean, le père, ne trouve pas de travail. Les fils aînés ont déjà quitté la maison pour travailler. Pour le reste de la famille, la jeune Cathie, sa nouvelle petite sœur Clothilde et Francet, resté infirme à la suite d’un accident à la jambe, c’est la misère et même la faim. Lien

3. L’Adieu à l’enfance

Cathie décide d’éviter l’orphelinat à ses petites sœurs Clotilde et Toinon. Elle entre comme servante chez Emilienne, et en dépit de leur différence de condition, une amitié se noue entre elles. C’est que toutes deux s’insurgent en secret contre les barrières de l’argent. Cependant, l’amitié que lui accordent Emilienne et Xavier lui vaut l’hostilité des domestiques. Lien

4. Le Père Fraternité

Cathie a 18 ans. Pour son anniversaire, toute la famille s’est rassemblée pour une fête champêtre. Aurélien avoue son amour à Cathie. Le mariage d’Emilienne Desjarrige donne l’occasion d’une grande fête à la fabrique. Au son du même orchestre, bourgeois et ouvriers dansent en deux groupes, sans se mélanger. Lien

5. Les Drapeaux de la ville

Aurélien Lartigues, qui a été réformé après une blessure à la main, et Catherine Charron (Cathie) se sont mariés. Le progrès technologique et le progrès social tapent à la porte du XXème siècle et avec elles les premières idées socialistes. Lien

6. Le Tramway de la révolution

Jean Pierre Renault

Cathie s’est engagée pour une société plus juste et plus fraternelle. A la fabrique de porcelaine, les ouvrières sont confrontées aux avances d’un contremaître qui les fait renvoyer lorsqu’elles refusent de céder. Le patron refuse de se séparer de son employé indélicat et les syndicats votent la grève. « L’internationale » retentit dans les réunions syndicales. Lien

7. La Patrie du cœur

Jean Louis Bauer

Frédéric, le fils de Cathie, est au front. Cathie est infirmière dans un hôpital militaire. Au cimetière de Limoges, on enterre les morts alors qu’à la gare les trains emportent des volontaires. Après une permission, Frédéric est de nouveau sur le front. Les marraines de guerre viennent distraire les blessés. Cathie se pose des questions sur les raisons de la guerre. Lien

8. La Dernière saison

La guerre est finie. Frédéric, le fils de Cathie, ne rêve plus que de partir en Amérique. Cathie lui donne ses bijoux pour l’aider à payer son voyage. Il part avec sa femme Louisette, en laissant Pierrot leur fils à la garde d’Aurélien et Cathie. Grâce à cet enfant, les deux couples continuent à vivre et un peu de gaieté revient dans leurs cœurs. Lien

Georges-Emmanuel Clancier : ici article paru à la disparition du grand poète et écrivain limougeaud, né le 3 mai 1914 à Limoges et mort le 4 juillet 2018.

Entretien : 

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1 Commentaire

  1. J’ai lu le Pain noir de Georges- Emmanuel Clancier dès sa publication. Cette lecture m’avait bouleversé. Un peu l’histoire de mes deux familles, paternelle et maternelle. Des déracinés qui ont quitté leur terroir, temporairement ou définitivement. Mes deux familles sont un peu comme des graines de pissenlits emportées ça et là au gré du vent : des Bretons, des Corréziens, des Alsaciens, des Auvergnats qui ont fait souche avec d’autres là où ils se trouvaient. J’ai appris par ma mère que de son côté nous avions une Afrikaner, une aïeule, parmi nos parents. Un aïeul corrézien était parti faire de l’élevage en Afrique du Sud puis est rentré au bercail en Corrèze après s’être marié là-bas. J’ai tribulé pas mal de mon côté mais dans l’hexagone. PS : j’ai visité Limoges et les lieux où Clancier a situé son roman pour la partie limougeaude. Évidemment tout a changé. Mais il reste les manufactures de porcelaine. Merci Jules pour ce très bel article.