L’immeuble Art Nouveau de la société de machines à coudre « Singer » à Saint-Pétersbourg

…un joyau de l’Art Nouveau

Contexte Historique

Ce bâtiment de 7 000 m2 sur sept étages a été construit en 1902-1904 par Pavel Suzor, sur commande de la compagnie par actions Singer en Russie. La compagnie venait de construire un gratte-ciel à New York et voulait une construction de prestige dans la capitale de l’Empire russe pour présenter et vendre ses machines à coudre. 

L’immeuble Singer représente l’une des réalisations les plus emblématiques du style Art Nouveau en Russie.

À l’origine, il abritait les bureaux de la société Singer, célèbre pour ses machines à coudre.

Les machines à coudre Singer sont apparues en Russie dans les années 1860 : elles étaient importées par le biais de l’Allemagne.

Plus tard, près de Tsaritsyne (ancien nom de Volgograd) dans le sud du pays, Singer crée un atelier d’assemblage et, en 1897, la société par actions « Compagnie manufacturière Singer », est enregistrée en Russie.

Une nouvelle unité de production est ensuite établie à Podolsk, à proximité sud de la ville de Moscou.

Singer, qui avait sa propre production et sa propre chaîne de magasins en Russie avait par conséquent également besoin d’un siège local.

Machines à coudre – Compagnie Singer

En 1900, la compagnie Singer décide de construire sur la principale rue commerciale de Saint-Pétersbourg, alors capitale de l’Empire.

La Compagnie Singer achète le terrain pour un montant dépassant un million de roubles de l’époque.

Singer voulait à l’origine édifier un immeuble de huit étages. Cependant, à Saint-Pétersbourg, une limite de hauteur  était imposée, hauteur déterminée par celle du Palais d’Hiver, et aucune construction ne pouvait excéder celle-ci.

En 1904, la construction est achevée.

Pendant la Première Guerre mondiale, l’entreprise américaine a été associée à l’Allemagne – en raison du nom allemand de son fondateur – et l’on a même soupçonné ses représentants d’espionnage, bien que la Singer, outre ses activités commerciales, ait cousu des uniformes militaires pour l’armée russe. Afin de supprimer ces associations indésirables, la direction de l’entreprise a loué le rez-de-chaussée au consulat américain en 1917-1918.

En 1919, la Maison du livre, pionnière du commerce étatique de livres dans la ville, a ouvert ses portes aux deux premiers niveaux de l’édifice. Cette institution subsiste encore aujourd’hui.

Architecture

Lors de sa construction, les techniques les plus avancées de l’époque ont été appliquées : l’édifice avait une charpente en fer, les gouttières ont été cachées à l’intérieur des murs, l’air des pièces était purifié, chauffé et humidifié, et le toit était déneigé au moyen d’une alimentation automatique en vapeur.

Les façades ont quant à elles été revêtues de granit de différentes teintes et décorées de figures de bronze en fer forgé. Trois ascenseurs ont été installés à l’intérieur. Est également apparu sur le bâtiment un pygargue (du sculpteur Artemi Ober), le poitrail duquel arborait un bouclier avec des étoiles et des rayures, en référence au drapeau américain.

On orna les façades de sculptures d’Amandus Adamson (1855-1929), symbolisant le progrès. Ce fut aussi le premier bâtiment de la ville à être construit avec une charpente métallique. Il y avait un toit en partie vitré. Celui-ci pouvait être automatiquement nettoyé de la neige en hiver par un mécanisme spécial.

La maison Singer, depuis le bas de l’atrium

 

L’audacieuse coupole 

 

Inspirations végétales caractéristiques de cette période

 

Des ornementations omniprésentes

 

L’enseigne de la Maison du Livre

 

Restauration

Au deuxième étage, de 09 h à 23h, le café Singer est ouvert, où vous pourrez admirer la perspective Nevsky et la cathédrale de Kazan dans une atmosphère détendue, ainsi que déguster des plats russes et européens.

Les restaurateurs ont remplacé les anciens systèmes d’ingénierie par de nouveaux éléments, en préservant les intérieurs historiques.
Le globe sur la tour a été muni de fenêtres modernes à double vitrage. L’aspect des façades a également été préservé : les climatiseurs sont situés sous les barreaux des fenêtres, et les conduits de ventilation sont également savamment cachés.
Les deux volées de l’escalier central, en marbre de Carrare

Rôle culturel

Après la Révolution de 1917, l’immeuble Singer a été transformé en bibliothèque et centre culturel, devenant un lieu de rencontre pour les intellectuels et les artistes. Aujourd’hui, il abrite une célèbre librairie, qui attire tant les locaux que les touristes.

Signification et héritage

L’immeuble Singer est considéré comme un symbole de la modernité et de l’innovation en Russie au début du XXe siècle. Son design unique et son rôle dans la culture russe en font un site incontournable pour quiconque s’intéresse à l’architecture et à l’histoire de Saint-Pétersbourg.

Conclusion

L’immeuble Singer à Saint-Pétersbourg est bien plus qu’un simple bâtiment ; c’est un témoignage de l’effervescence artistique et culturelle d’une époque. Avec son architecture saisissante et son histoire riche, il continue d’inspirer et d’attirer des visiteurs du monde entier, préservant l’héritage d’un des mouvements artistiques les plus influents de l’époque.

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21 Commentaires

  1. Très beau bâtiment, enfin ce n’est pas la France qui a encouragé Poutine à se jeter dans les bras de la Tchétchénie du Daghestan des affreux barbus iraniens et tutti quanti si ? Vous qui savez tout sur ces sujets Jules Ferry pouvez-vous me dire ce qu’il en est du délicieux gâteau français je suppose appelé « russe » , qu’on trouve de moins en moins hélas en pâtisserie car long et délicat à faire : d’où vient cette appellation de russe et en quel honneur ? Merci

    • Bonjour Christine, je crois que le nom du gâteau est « Russe » car son composant de base est l’amande et que les meilleures amandes étaient importées de Crimée au XIXème siècle. Bonne dégustation si vous en trouvez !

  2. Belle découverte ! Magnifique bâtiment.
    Je ne savais pas que Singer était une marque américaine, alors que mère et grand-mère ont une machine Singer !! marque qui garantit la qualité.

  3. Merci pour écrire comme c’est une belle ville. Après y avoir séjourné, je la préfère à Paris ou Vienne.

  4. Comme vous j’ai une passion pour la Russie. J’ai eu le bonheur d’aller à Saint-Pétersbourg, en voyage organisé. J’ai vu beaucoup de merveilles mais je n’ai pas le souvenir d’avoir vu ce magnifique bâtiment. Mon grand regret est de ne pouvoir retourner en Russie. Hormis le contexte actuel, les voyages sont vraiment trop onéreux…

    • Bonjour, ne parlez pas de malheur, à Londres c’est ce qui est arrivé à un bâtiment mythique du centre-ville (le célèbre Trocadéro de Londres) transformé en mosquée ! Grrr…

  5. Les Russes ont la mémoire longue et n’oublient pas la vieille amitié avec la France.
    Cherles de Gaulle est le modèle de Poutien pour la politique étrangère, son petit-fils Pierre le rencontre , la disapora française est de plus en plus nombreuse.
    La décadence occidentale et l’ère mondialo-macronique n’auront qu’un temps.

  6. Merci Jules de nous faire rêver et découvrir cet immeuble d’une beauté à regarder et à découvrir .

    • Bonjour durandurand, avec plaisir (« Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage »)

  7. Quelle chance pour les russes! Heureusement qu’ils n’ont ni un Emmanuel ni un Jean-Michel dégénérés pour transformer ce lieux glorieux en ruine insignifiante de laideur …

  8. Et pendant ce temps macronescu va transformer le bâtiment de la monnaie de Paris en musée de l’art africain. Comme quoi, il n’y a pas de culture française, (c’est le clown macronescu qui l’a dit) , mais une culture africaine. Un magnifique bâtiment qui va abriter des horreurs à donner des cauchemars aux enfants. Quelle honte.

  9. Très intéressant. C’est un plaisir pour les yeux et d’une certaine façon un réconfort au milieu de la laideur qui aujourd’hui nous environne de plus en plus. Merci !

  10. Merci pour cet article qui ravive le rêve de découvrir l’ancienne capitale de la Russie.

  11. En 2024 nous avons la machine à découdre la France à l’Élysée, marque Le Singe, celui qui singe Davos. Merci Jules.

  12. Une pure merveille! Qui n’a pas eu dans foyer une machine Singer? Dans les années 1970 Singer a aussi commercialisé des televiseurs et de l’électroménager. Mille remerciements Jules, pour vos efforts, vos articles sont toujours aussi passionnants et inédits à l’iconographie toujours superbe. Bonne journée.

    • Bonjour Le chti français, oui la beauté est bien de ce monde. Très bonne journée à vous

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