Pour la première fois, je pense que le RN peut gagner en 2027

A l’occasion de la sortie du livre “Salus populi”, nous avons rencontré l’auteur, Bruno Mégret. L’occasion d’un entretien passionnant avec un homme retiré de la politique, mais qui demeure un observateur remarquable, et qui, par ailleurs, ne manque pas d’idées pour la suite du combat patriote.

Riposte Laïque : Nos lecteurs les plus avertis vous connaissent fort bien, vous avez été maire de Vitrolles, numéro deux du Rassemblement national, que vous avez quitté en 1998, pour créer le MNR. Vous êtes aujourd’hui retiré de la vie politique, mais en demeurez un observateur attentif. Vous avez appelé à voter François Fillon en 2017 et Eric Zemmour en 2022. Pourquoi ces choix ? 

Bruno Mégret : Il s’agissait dans les deux cas, et bien sûr pour des raisons différentes, d’un vote utile au premier tour pour faire obstacle à Macron le plus efficacement possible au deuxième tour.

Nicolas Sarkozy, c’est tout le contraire du héros de mon livre

Riposte Laïque : Vous venez donc de publier “Salus Populi”, un livre de politique fiction qui commence en 2032. Vous y décrivez un homme de centre-droit, candidat par défaut, suite à quelques imprévus, qui se fait élire président de la République en menant une campagne très droitière sur l’immigration et l’insécurité. Mais une fois élu, l’homme découvre la réalité de ce qu’on appelle l’état de droit, et se voit incapable de faire appliquer le programme pour lequel il a été élu. Avez-vous pensé à un anti-Nicolas Sarkozy, élu en 2007 sur un programme de rupture très droitier, qui est par la suite rentré dans le rang, en écrivant cet ouvrage ? 

Bruno Mégret : Oui, la démarche de Nicolas Sarkozy est un bon exemple de ce que le Système attendait de Jérôme Bolton le héros de mon livre, après son élection à la présidence de la République. En 2007, Sarkozy mène en effet une campagne très droitière, ce qui lui vaut d’être élu. Mais à peine en place il nomme à son gouvernement des personnalités de gauche, même très marquées comme Kouchner, tout en refusant la moindre ouverture vers sa droite. Dans mon récit de fiction les conseils pleuvent sur Bolton venant des médias, de la haute fonction publique, de la classe politique et des figures du Système. Tous lui disent la même chose : «Faites comme vos prédécesseurs, renoncez à votre programme, ou réduisez-le à une version édulcorée, mais ne transgressez pas l’état de droit, ce serait votre arrêt de mort politique.»

L’état de droit est une perversion du droit pour empêcher les politiques d’agir

Riposte Laïque : Ce livre est une fiction, bien sûr, mais votre héros, Jérôme Bolton, refuse, lui, de rentrer dans le rang, et de se soumettre à cet état de droit. Il va donc tenir tête au système, et se donner les moyens d’imposer le programme pour lequel il a été élu. Pourriez-vous définir ce qu’est, pour vous, cet état de droit, qui cadenasserait tout élu qui voudrait s’affranchir des règles du système ?

Bruno Mégret : Au premier abord, la notion d’état de droit est anodine et consensuelle : il est normal que dans un pays censé pratiquer la démocratie existent une constitution, des lois et des tribunaux. Mais cette notion d’état de droit va bien au-delà de ce truisme, car elle est en réalité une injonction idéologique comme l’a été, au fil des décennies passées, le recours incessant aux droits de l’homme, puis plus récemment aux valeurs de la République et au vivre ensemble, maintenant c’est l’état de droit. Or, l’état de droit est une perversion du droit devenu un instrument pour empêcher les politiques d’agir et de sortir du politiquement correct alors qu’il devrait être un outil à la disposition du pouvoir pour mettre en œuvre le programme qu’il a promis aux Français d’entreprendre.

Dès lors, contraints par l’état de droit, les gouvernants sont soumis aux juges, les grands prêtres du droit et c’est un véritable gouvernement des juges qui se met en place et subvertit le principe même de la souveraineté du peuple. Les plus dangereux des juges sont les neufs prétendus sages qui forment le Conseil constitutionnel et qui se sont arrogé le droit de censurer les lois votées par les représentants du peuple français comme on l’a vu encore récemment avec la loi macroniste sur l’immigration. Le pouvoir législatif est dès lors soumis au Conseil constitutionnel. Le peuple est mis sous tutelle.

De même, le pouvoir exécutif est de son côté placé sous la coupe de la justice administrative couronnée par le Conseil d’État qui annule les décisions des ministres et des préfets, décrétant à leur place ce qui doit être fait. A cela s’ajoute la Cour européenne des droits de l’homme qui n’hésite pas à sanctionner la France pour de prétendus non-respect des droits des personnes et dont la jurisprudence est reprise par toutes les juridictions françaises. Quant à la Cour de justice de l’Union européenne, elle impose au gouvernement de respecter scrupuleusement tous les traités et règlements européens.
Empêchés d’agir par toutes ces juridictions, les gouvernants ont perdu tous leurs pouvoirs et il n’est pas étonnant que les Français aient le sentiment que les élections ne servent à rien puisque, quel que soit le résultat du vote, c’est la même politique qui est menée, la seule qui soit autorisée par le gouvernement des juges.

Quand on est la France, on peut contester l’Europe bruxelloise sans vouloir quitter l’UE

Riposte Laïque : Nous sommes en pleine campagne des Européennes, et naturellement, dans votre ouvrage, le nouveau président de la République se heurte à l’hostilité de l’Union européenne, dès qu’il prend des mesures spectaculaires, notamment sur l’immigration. Il parvient même, dans votre fiction, à retourner l’Union européenne en sa faveur. Cela vous paraît-il vraiment possible, dans le contexte actuel ? 

Bruno Mégret : Dans le contexte actuel, non bien sûr, car le gouvernement des juges défend les institutions bruxelloises et soutient cette Europe mondialiste, immigrationniste et libre-échangiste qui détruit nos nations. Mais le président de mon livre annonce tout de suite la couleur, il conteste l’Europe bruxelloise mais ne veut pas quitter l’Union européenne, il veut la refonder. Et il entre en dissidence avec Bruxelles en annonçant qu’il ne respecterait pas les textes européens qui entraveraient les grandes actions de redressement qu’il va lancer en France. Il appelle ensuite les nations européennes qui partagent ses préoccupations à constituer un groupe de pression interne pour provoquer la négociation d’un nouveau traité fondateur. Et ce président qui a réussi à arrêter complètement l’immigration dans son pays, à rétablir en un temps record la sécurité des Français et à organiser le redressement économique et social de la France, devient de plus en plus populaire dans de nombreux États membres et son projet européen de plus en plus attractif. Mais je ne vais pas raconter le livre.

Je dirai seulement que la France qui est, ne l’oublions pas, la deuxième plus grande nation européenne, membre fondateur de l’Union et qui incarne, de par sa géographie et son identité, le cœur de l’Europe, réussit finalement à amener la plupart des pays européens à ce renouveau de l’Union européenne. Alors, certes, vu d’aujourd’hui cela paraît difficile, mais le redressement de la France dont rêvent les frexiteurs l’est-il moins ? En faisant de l’Union européenne un pôle de puissance qui prendra une place éminente dans le monde multipolaire qui s’organise, les Français et avec eux les autres peuples européens resteront dans l’histoire et sauvegarderont leur commune civilisation en s’imposant avec la Russie et les États-Unis face à la Chine, à l’Inde, au monde musulman et à quelques autres encore.

Interdire toute expression publique de l’islam et le confiner dans la sphère privée

Riposte Laïque : Vous faites également mener des batailles à votre héros sur le désendettement de la France, mais vous lui faites prendre aussi des mesures spécifiques contre l’islam, qu’il entend cantonner dans la sphère privée. Espérez-vous voir un candidat reprendre ce qui s’apparente à vos propositions, pour 2027 ?

Bruno Mégret : Le président de mon livre est très attaché à l’identité de la France et il rompt avec la pratique de ses prédécesseurs qui définissaient l’identité de notre pays par la seule référence aux valeurs de la République. Une conception absurde de l’identité française puisqu’elle conduit à considérer que tous les pays qui possèdent un système démocratique et républicain auraient la même identité et seraient donc identiques. Lui, donne de l’identité française une approche beaucoup plus complète et plus exclusive et réclame pour la France son droit à l’identité. Il en conclut que l’islam, qui est porteur d’une civilisation incompatible avec la nôtre, constitue une menace pour la sauvegarde de notre identité nationale et qu’il faut donc interdire toutes les manifestations publiques de l’islam, qu’elles soient religieuses ou non. Et, s’il faut bien sûr garantir aux musulmans la liberté de pratiquer leur culte, cela doit se faire exclusivement dans la sphère privée. Une loi établit ce principe qui interdit toute expression publique de l’identité islamique : l’islam est désormais confiné dans la sphère privée.

Pour la première fois, je pense possible la victoire d’un candidat issu du RN en 2027

Riposte Laïque : Pensez-vous possible la victoire en 2027 d’un candidat du Rassemblement national, et le pensez-vous capable de se comporter comme votre héros, et de retourner la table ?

Bruno Mégret : Oui pour la première fois, je pense qu’une candidate ou un candidat issu du RN peut gagner l’élection présidentielle de 2027. Les Français sont maintenant très nombreux à être conscients de la situation catastrophique dans laquelle se trouve notre pays et beaucoup savent que notre courant avait très tôt dénoncé ces fléaux qui nous assaillent et proposé alors des solutions à la hauteur des enjeux. Aussi la légitimité du RN issu du FN est-elle aujourd’hui suffisante pour faire élire son candidat sur une scène politique où, par ailleurs, aucun autre protagoniste n’a plus rien à proposer pour répondre aux vraies préoccupations des Français.

On peut s’interroger ensuite comme vous le faites pour savoir si la personnalité issue du RN, une fois élue présidente de la République, saura emprunter un chemin comparable à celui du héros de mon livre ? Je le souhaite de tout cœur car, si elle ne prend pas un tel chemin, elle restera comme ses prédécesseurs enfermée dans le champ clos du politiquement correct paralysée par l’état de droit. Certes, dans une telle hypothèse, la première année du quinquennat donnerait sans doute aux Français l’impression de vivre un grand changement salvateur. Des mesures symboliques nombreuses et bénéfiques montreraient que le vent a tourné, des discours au ton nouveau seraient tenus depuis les estrades officielles. Mais dès l’année suivante, nos compatriotes commenceraient à comprendre que rien ne change vraiment et les discours officiels recommenceraient à expliquer que la France est bloquée de toute part et que le gouvernement a fait du mieux qu’il pouvait. Inutile de dire que la déception serait immense et qu’une opportunité historique déterminante aurait été définitivement gâchée.

Riposte Laïque : Vous avez longtemps prôné l’Union de tous les patriotes. Quel est votre regard sur la situation actuelle, marquée par une forte progression, dans les sondages, du RN, l’apparition de Reconquête, et la forte rivalité de ces deux partis ?

Bruno Mégret : Je considère que les trois années qui viennent seront décisives et que tout doit être fait pour créer la configuration la plus favorable possible à l’arrivée au pouvoir d’un candidat national. Les élections européennes ne vont peut-être pas dans ce sens mais, passée cette étape, chacun devrait s’efforcer de faire en sorte que la personnalité la mieux placée puisse gagner l’élection.

Riposte Laïque : Notre camp est fortement frappé par la répression du régime, par des dissolutions, des interdictions de manifestation ou de réunion, et une accumulation de procès. Quels conseils donneriez-vous aux responsables patriotes ou identitaires visés par toutes ces procédures, de plus en plus totalitaires et liberticides ?

Bruno Mégret : Je leur fais part tout d’abord de mon soutien et de ma gratitude. Ils sont l’honneur de notre peuple et, si je les incite à la prudence pour éviter de s’exposer inutilement, je les invite cependant à amplifier leur action et à ne pas céder à l’adversaire. Qu’ils pensent à la victoire qui est maintenant possible à court terme !

Riposte Laïque : Comment peut-on se procurer votre livre ? 

Bruno Mégret : On peut le trouver sur les grandes plates formes de vente de livres en ligne et dans toutes les bonnes libraires. On peut aussi le commander chez son libraire de quartier.

Riposte Laïque : Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Bruno Mégret : Je voudrais dire pour conclure que le temps qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle est lourd de possibilités et que le meilleur peut en sortir. Il faut donc que tous les militants de notre camp s’engagent activement et que les cadres songent à préparer les lendemains d’une éventuelle victoire. Celle-ci, si elle survient, ne doit pas être un aboutissement mais un commencement. Le commencement du redressement de la France.

Brunot Mégret, Salus populi, Roman

Propos recueillis par Pierre Cassen

https://ripostelaique.com/pour-la-premiere-fois-je-pense-que-le-rn-peut-gagner-en-2027.html

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5 Comments

  1. Le RN pourrait gagner en 2027 ?… alors NON ! Le RN pour qui l’Islam est compatible avec la France ? NON ! Le RN qui est pour l’Europe et pour l’OTAN ? NON ! Ni MARINE, ni BARDELLA ! – Un vrai Patriote, Florian PHILIPPOT? OUI !!!

  2. Certes,le RN au pouvoir mais si c est pour se respectabiliser au point de faire une politique LR pour l immigration et LFI pour l economie,autant votez Reconquete !

  3. J’ai pu échanger quelques mots avec Bruno Mégret il y a fort longtemps. Un homme courtois, calme, rare en politique. Il est parti du FN à cause des outrances verbales de JM L P, qui semblait vouloir se cantonner dans l’opposition et qui gâchait ses chances d’accéder au pouvoir.

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