Dans les années 60, les Hlm de la Californie, à Nancy, c’était le bonheur….

Quartier de la Californie à JARVILLE (banlieue Sud de Nancy)

La Californie…C’est vrai que rien que le nom, ça nous faisait un peu rêver.

Je suis né en 1957, vers la gare de Nancy, derrière l’église St Léon…Un logement insalubre, comme il en existait tant encore à l’époque. La Croix de Bourgogne, le parc Ste Marie, la piscine Nancy-Thermal étaient nos terrains de jeux. Quartier très tranquille, quelques clochards de ci de là, rien de bien méchant. Ce logement, disais je, était non seulement insalubre, mais beaucoup trop petit. 8 enfants dans 2 pièces…Oui, vous avez bien lu…Plus le père et la mère…Malheureux ? Pas vraiment, c’était un peu à la «  va-comme-je-te-pousse » et des moments de bonheur sont toujours présents en ma mémoire.

Ce fut une des connaissance de mon père, qui voyant dans quoi nous vivions, proposa, à je ne sais qui, ni ne sait comment, un logement dans ce qui venait d’émerger dans la banlieue de Nancy . Il y avait déjà le « Haut-du-Lièvre », une des plus grandes barre HLM d’Europe, « Champ Le Boeuf » du coté de Laxou, « La Chiennerie » sur Vandoeuvre…La ville de Nancy, à l’époque, s’est prise d’une frénésie de destruction, quelques très beaux immeubles (art nouveau, entre autres) sont passés à la pelleteuse, et des quartiers entiers, démolis ; St Sébastien, entre autre, du côté de la rue de la Flize, de l’autre côté de la Pépinière, la Grand’rue où il y eut peu de démolitions, mais où des taudis subsistaient. Je voyais déjà ces destructions, mais qu’y faire ? L’inéluctable, par essence, ne s’arrête pas…

Nous déménageâmes donc en 1966 ou 1967, je n’ ai pas le souvenir de la date exacte.

Quel changement !! Une salle de bains, des wc, 5 chambres, un vide-ordure, un séchoir pour le linge, chauffage central (fini la galère avec les bidons de gasoil!!) (pour rappel ; mal isolé, mal conçu et de piètre qualité), une vue dégagée sur un immense terrain, plus ou moins vague, les restes d’un immense crassier avec en haut son squelette d’une machinerie improbable…Et tout autour des bois, quelques étangs, une boucle de la Meurthe….

Nous nous y sommes bientôt trouvés fort à l’aise, la vie était belle, je trouvais, mes frères et sœurs aussi, de bons copains qui venaient de quartiers défavorisés (les fameux quartiers démolis…) et les premiers immigrés…En ces années, la drogue, chez nous était inconnue, les voyous du quartier piquaient plutôt des mobylettes, voire une voiture pour les plus téméraires ; quelques bagarres, des engueulades d’une fenêtre à l’autre, des tirages de tifs et des coups de boule pour certains d’entre nous…Il n’y avait pas beaucoup d’immigrés à l’époque, des gitans sédentarisés, des manouches, des « familles » aussi avec des noms qui ronflaient comme des menaces, connues des services de police…Pas mal de nationalités aussi, je me souviens de Russes, de Yougoslaves, de Polonais, Portugais, des Arabes aussi, en petit nombre, et je tiens à le souligner, très sympas!

Comment cela a-t-il commencé à se dégrader ? Il y eu une sorte de ghettoisation, on met tout le rebut de ces quartiers ensemble, loin du centre ville, pas de véhicule pour se rendre en ville, plus de bus après 21 heures…Nancy n’est pas très loin. Et dans les années 1974/1977, ça a commencé à se dégrader franchement, ascenseur dégueu, caves complètement démolies, boîtes aux lettres défoncées, portes d’entrée arrachées…..C’est pas de maintenant tout ça. L’arrière des bâtiments d’où il fallait s’éloigner pour ne pas prendre sur la tête les restes du repas de midi, une boîte de conserve ou quelques autre objets...Dégueu comme ce quartier qui s’est mis lentement à pourrir de par sa population.

Le quartier fut repris en main, rénovations, animations etc. J’en suis parti en 1978, mes parents y vécurent encore une vingtaine d’années, dans ce quartier qui était devenu un point de deal à lui tout seul avec sa violence qui pointait, pas la « violence » des années 70, une autre, plus insidieuse…Il paraît que les flics ne s’y aventuraient plus à une époque…

Il y a de braves gens dans ce quartier, je le pense, des anciens qui vivent encore là-bas…

Je pense à ce quartier, je pense à La Californie

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16 Commentaires

  1. Ces HLM à la construction financée par des générations de français (employés-ouvriers et employeurs) sont pour la plupart devenues des cités casbahs invivables, ce qui oblige les ménages français modestes à se loger chez des bailleurs privés à des prix fortement majorés ou le moindre 3 pièces est de l’ordre de 1.200€/mois en banlieue parisienne. Elle est sutout là la perte de pouvoir d’achat des français et cette paupérisation est bien la conséquence de l’immigration massive incontrôlée! Il n’est nécessaire d’être ultra droite pr le constater..

  2. Bonjour.
    Je suis né à Saint-Denis en 1950 j’y ai vécu jusqu’en 1974 ensuite je suis allé à Noisy-le-Sec puis Aulnay-sous-bois que j’ai quitté définitivement en 1999 ainsi que la France !
    J’ai connu tout ce que vous exprimez dans votre témoignage et je partage les sentiments que vous évoquez !

  3. =====
    ► « Ce n’est pas seulement une histoire de réussite médicale. Il s’agit de la force et de la résilience de l’esprit humain », a réagi l’Hôpital international des femmes et Centre de fertilité à Kampala, où l’Ougandaise a été admise.

    ■ Une Ougandaise de 70 ans accouche de jumeaux – Safina Namukwaya est devenue la maman africaine la plus âgée. Le 29 novembre, elle a accouché d’un garçon et d’une fille.
    → Tous se portent bien, selon les médecins.

    ○ fr.SPUTNIKNEWS.africa : https://tinyurl.com/2pwdmy9u

  4. Bonjour. J’ai habité le « Hêtre Pourpre »un an de 67 à 68. Appartements neufs et très bien conçus. L’idéal pour de jeunes ménages possédant peu de meubles. aussi un gardien pas craintif qui faisait son travail.Bons souvenirs.

  5. La californie sans la mer comme dit macron ,sauf que moi aussi j’ai connu dans une autre ville (qui a connu récemment les émeutes) les mêmes problèmes , années 70 a 80 super ,des petits immeubles avec des gens biens ,au rez de chaussée des boutiques, mais mais… quelques années après « ils sonts arrivés »les boutiques ont fermé car regulierement cambriolées, dégradées, idem pour les caves, boites aux lettres ,le soir rodéos (déjà)bruit,trafic etc…nous avons déménagé.

  6. « Il y eu une sorte de ghettoisation, on met tout le rebut de ces quartiers ensemble, loin du centre ville » : Attention au travers gauchiste ! Non, ce n’est pas parceque « on les a mis ici » que ça justifie les dégradations.
    Problème N° 1 : Ils ‘ont rien à faire en France.
    Problème N°2 : En quand bien même e quoi ça justifie qu’ils se comportent comme des sauvages ?

  7. Oui c’était un autre temps et d’autres valeurs ,le respect,la politesse perso j’étais dans une vieille rue avec caniveaux a l’air libre et mes copains ,mes voisins étaient espagnols ,et nous avions le mème age,jouions ensembles et tout se passait très bien et étions amis
    pas de racisme, rien,nous jouions au ballon sur un terrain vague ,eux billes ,aux dés !
    Nous avons connu la première télé noir et blanc ,la première voiture une 203 !
    Aucun souci de quoi que ce soit !Pas de danger pour nous personne pour nous surveiller !
    Autre temps ,autre moeurs !Dommage l’intégration se faisait toute seule!

  8. Dans les années 80 déjà, au Haut-du-lièvre, les échanges au fusil étaient fréquents et il valait mieux ne pas y garer sa voiture la nuit.

    • Oui. J’ai une sœur qui a travaillé là haut, dans l’animation de quartier (!), en 70/74…
      y’avait pas toujours besoin d’être animé, il l’était par certains habitants !

  9. J’ai connu la même chose. De beaux souvenirs. Après « ils » sont venus… Et ce fut la fin. Merci pour votre récit qui réveille des souvenirs de cette belle époque d’avant l’invasion.

  10. Votre description de ce quartier est universelle car dans les années 60, quand sont apparue ces barre HLM, c’était une classe ouvrière qui l’habitait, on y vivait bien, mais comme vous dites c’est vers la fin de année 70 que tout s’est dégradé et ce dans toute les regions qui abritent ce genre de quartier. Merci de votre témoignage.

    • Oui, je me suis aperçu après relecture, qu’en effet, cette description est « universelle », vous avez raison. Mais justement, il faut croire que ma pensée se liait à tout ces quartiers en France où il faisait bon vivre….dans la paix et une certaine sécurité; ce qui n’existe plus aujourd’hui. Je sais que ce petit texte parle à nombre d’entre nous, avec des souvenirs jolis et un pincement au cœur ….

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