Justice, rectitude, loyauté…

Nous avons la très mauvaise manie de juger l’autre quand il nous est beaucoup plus commode de constater ses erreurs, tout en omettant sciemment, les nôtres.

En Israël, à l’heure actuelle, alors que la bataille fait rage sur ses frontières et que la mort est le compagnon fidèle de l’Israélien, il y a encore ceux qui ont oublié une des lois principales de la Bible : « Ne juge pas ton prochain avant d’avoir été, toi-même, à sa place ». Voir Pirké Avot, chapitre 2, Michna 4.

« Ne considère point sa mine ni sa haute taille, celui-là je le repousse. Ce que voit l’homme ne compte pas : l’homme ne voit que l’extérieur, Dieu regarde le cœur ». Voir Chmouel 1, chapitre 16, verset 7.

Les facultés de l’être humain permettant de juger ce qu’il voit et ce qu’il sait sont assez limitées.

D’ailleurs, il est dit que la présence divine est indispensable au sein des tribunaux rabbiniques, pour obtenir un jugement vrai, juste et équitable. Voir Talmud Brakhot 6a, Talmud Sanhédrin 7a, Téhilim 82, verset 1.

Mais voilà que l’impatience, la vengeance, le mal ont pris le dessus surtout lorsqu’un chef d’État est cerné par toute une audience venimeuse, et doit se justifier comme sur le banc des accusés.

Je n’ai nulle intention de faire une apologie à quiconque, mais j’estime que l’heure n’est pas propice pour demander des comptes. L’heure est trop grave, sinon cruciale pour que le petit État juif puisse s’emparer du marteau d’un juge et accuser Netanyahu et son gouvernement.

J’ai observé le visage de cet homme, qui durant toute sa vie, s’est voué à la sécurité et au bien-être d’Israël et j’ai vu ses yeux fatigués, ses traits flétris et sombres bien que nobles. J’ai compris et ai ressenti toute sa souffrance, son accablement dérivant sans doute d’une prise de conscience un peu tardive. Mais en dépit de tout cela, il s’est tenu tout droit devant les yeux accusateurs de l’audience, et a déclaré en phrases simples, combien il compatit à la douleur de son peuple et combien il est fier de lui.

Je n’étais pas particulièrement fière de tous ceux qui l’ont attaqué avec une acerbité impitoyable par des reproches et des accusations.

Je n’ai pu m’empêcher de hurler devant l’écran de la télévision : Ce n’est ni le moment ni l’endroit pour des questions pareilles… Ne voyez-vous pas combien il est las et il n’est qu’au début de l’œuvre gigantesque qui l’attend ?

J’étais si triste de constater combien l’être humain, pour des gains mesquins d’un scoop ou d’arrogance, oublie de se chausser des souliers de cet homme… oublie de l’admirer pour ses succès… Il ne voit que ses défaites… Mais qui d’entre-nous n’en compte pas ?

Je revis les heures tragiques de l’assaut contre les petits villages et les kibboutzim au sud israélien, les morts jonchant le sol, les amas de ruines fumantes, la débandade des festoyeurs sans que ma récapitulation n’amortisse l’attitude agressive des reporters envers Bibi.

Pourquoi Bibi Netanyahu avait-il fermé les yeux durant de longues années, sur ce que tous pouvaient voir se former et croître dans la bande de Gaza, en Judée et Samarie, au Liban ? Pourquoi n’a-t-il pas tenté de traiter sans tarder ce bubon au lieu de lui permettre de prendre des dimensions aussi gigantesques ?

La seule raison qui me vint à l’esprit était sa crainte de mettre la vie des jeunes soldats israéliens en danger… Je revis, comme dans un cauchemar, Menahem Begin, ancien premier ministre, lors de la guerre du Liban sous les huées des manifestations  – Menahem Begin, un des grands hommes d’État d’Israël, est mort à 78 ans. En réalité, il avait déjà disparu neuf ans auparavant, en 1983, année de sa démission du gouvernement et de son retrait de la vie politique – il a vécu, depuis, en reclus dans son appartement de Tel-Aviv.

On a vu en lui une des victimes de la guerre du Liban : M. Begin avait cru Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, qui lui assurait que la campagne du Liban serait terminée en quelques jours, avec très peu de pertes du côté israélien. En fait, Tsahal, l’armée israélienne, est restée embourbée au Liban pendant trois ans ; 650 soldats israéliens furent tués et des milliers d’autres blessés.

Le Cairn « Menahem Begin, qui parlait de ses généraux comme de héros bibliques. Au moment où la décision de pénétrer au Liban fut prise, en 1982, celui-ci fut d’ailleurs berné non par l’armée mais par son ministre de la Défense, Ariel Sharon, lui-même militaire, qui lui donna des informations inexactes sur la profondeur de l’incursion de Tsahal en territoire libanais ».

L’histoire de l’État d’Israël fourmille d’exemples de différends entre le Premier ministre ou le ministre de la Défense et le chef d’état-major : ce dernier a toujours fini par plier.

Le traumatisme de la guerre du Liban a refaçonné la société israélienne et ses militaires : « La confiance placée dans les politiciens qui s’était fissurée en 1973 s’est brisée en 1982 », affirme Leslau. Ni Ehud Olmert, ni Amir Peretz n’ont voulu prendre le risque de se faire accuser par la droite de « tergiverser avec la vie des soldats et avec la sécurité du pays ».

Dans la compétition politique israélienne, il n’y a pas de reproche plus grave. Des généraux prestigieux comme Yitzhak Rabin, Ehud Barak ou Ariel Sharon n’avaient pas à apporter la preuve de leur courage et de leur détermination dans les moments périlleux pour le pays, à la différence des civils comme Olmert et Peretz.

En Israël, qu’on le veuille ou non, la légitimité politique s’acquiert souvent sur le champ de bataille ou en démontrant des qualités de commandement exceptionnelles, comme fut le cas de David Ben Gourion. Avoir derrière soi un passé de combattant courageux est une ressource politique souvent déterminante, car les Israéliens font davantage confiance aux hommes ayant démontré leur courage au front.

Tout le poids de ce passé a refaçonné la société israélienne et a culminé en l’approche désastreuse de l’initiative d’une refonte judiciaire qui devint par la suite le tremplin pour la mise en place d’une scission du peuple – juifs libéraux contre juifs orthodoxes – Les libéraux ayant été magistralement influencés par le progressisme et la laïcité.

Quoi qu’il en soit, le moment n’est certes pas favorable pour une enquête en due forme des  instances qui ont engendré l’assaut, l’humiliation, la mort et la prise d’otages. Et les Israéliens ne sont qu’au début de la tâche énorme qu’il leur reste à achever : la sécurité d’Israël.

Peut-être dans le fond, qu’il fallait un désastre de cette envergure pour remettre les aiguilles à leur place dans l’esprit de l’Israélien et ouvrir la fente pour la redécouverte d’une fraternité dépassée par l’attitude suicidaire du monde occidental et démocratique.

Aujourd’hui, il semble que le juif israélien a rebondi par-dessus le fossé qui le séparait de son frère afin de créer ce que Dieu avait souhaité à Sa création : l’amour fraternel dans toute sa splendeur.

Oh, Seigneur, que le trajet est long !

Thérèse Zrihen-Dvir

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6 Commentaires

  1. Benjamin Netanyahou a une part de responsabilité dans cette affaire car il n’avait pas été prudent sur ce que les Palestichiens allaient faire avec cette attaque surprise contre ce Kibboutz et une rave party mais les Palestichiens sont capables de tout ! Une vraie boucherie !

  2. Prévenir les populations de s’écarter avant de lancer les bombes, ça ne s’est jamais vu dans aucune guerre.
    C’est un peu comme si Is se sentait d’avance coupable des morts prévisibles.
    Et ce qui ne s’est jamais vu non plus, c’est la prise d’otages de civils et notamment d’enfants.

    Is sait que la communauté internationale lui fera porter tout le poids des fautes du hamas.

  3. De mon point de vue Thérèse, l’amour fraternel et une chose parfaitement individuelle au départ. Pour s’exprimer, ne peut être que réciproque. Je fais partie de ceux qui ne peuvent aimer une personne qui nous hait, nous déteste. L’histoire d’Israël, n’est qu’une infime partie de l’histoire du peuple Juif. Ce dernier, ne peut sortir vaincu militairement de cette ténébreuse histoire. Et as t on jamais vu une armée, comme le fait Tsahal, prévenir les populations civiles avent de mener une offensive. Que je sache les bombardiers qui ont pilonné l’Allemagne et le Japon, ne se sont pas embarrassé d’une telle mesure exemplaire. Je suis solidaire de ce peuple, j’en fais partie par la sincérité de mes pensées et de mes sentiments. Et je vais en quelque sorte prier, à ma manière pour qu’il traverse cette épreuve avec le moins de malheur qui soit possible.

    • L’ingérence ? Celle des massacreurs du Kamas entrant dans les maisons ?

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