Le choix difficile de l’invasion de Gaza

Netanyahou connait parfaitement les risques de la guerre. C’est son frère, le lieutenant-colonel Yonatan Netanyahou, qui a été tué lors de l’assaut sur Entebbe, en 1976, pour libérer des otages israéliens. Un succès retentissant, mais avec un soldat et des otages tués, malheureusement. Le colonel Netanyahou avait 30 ans ….

Trois semaines après l’agression barbare du Hamas en Israël, l’opération terrestre de Tsahal sur Gaza n’a toujours pas été lancée, alors que le commandement se dit prêt. Netanyahou hésite et on le comprend.

Dans cette guerre asymétrique telle qu’elle se présente, l’écrasante supériorité technologique de Tsahal n’est pas aussi prédominante qu’on l’imagine, puisque la guerre urbaine est avant tout une affaire de fantassins, où l’assaillant doit aligner 8 à 10 combattants face à un seul défenseur.

Certes, avec 450 000 soldats contre les 20 à 40 000 combattant du Hamas, Tsahal a en théorie l’effectif suffisant pour mener un combat urbain à Gaza. Mais à quel prix ?

Nul ne sait combien de Tchétchènes et de Russes ont perdu la vie dans la bataille de Marioupol. Nul ne sait combien Wagner a perdu d’hommes dans celle de Bakhmut, deux batailles qui ont duré des mois de guérilla urbaine, rue par rue.

La destruction des tunnels n’est pas si aisée, compte tenu des centaines de kilomètres qu’il faudrait neutraliser.

Et surtout, Tsahal doit tenir compte des otages et limiter au maximum les victimes civiles qui seront innombrables en cas d’invasion.

Les familles des otages font pression pour négocier. Téhéran et le Hezbollah menacent d’intervenir si Tsahal lance son offensive généralisée. Américains et Européens prêchent pour la négociation, donnant priorité à la libération des otages.

Dans ce genre de guerre, les chars, les avions et l’artillerie  peuvent détruire des pans entiers de la ville de Gaza sans grand dommage pour le Hamas, terré dans ses tunnels. Et en cas d’invasion, les chars et les hélicoptères seront très vulnérables aux missiles portables du Hamas.

Quant à l’opinion mondiale, elle s’est retournée suite aux bombardements sur Gaza, largement exploités par les pays musulmans. Oubliée, la barbarie et les atrocités du Hamas le 7 octobre.

Que va décider Netanyahou ? Le risque est grand de perdre des centaines de soldats en cas d’invasion. Le risque est grand de sacrifier une partie des otages. Le risque est grand d’embraser la région.

Après tant de sauvagerie subie par le peuple israélien, il n’est pas facile de ravaler sa rage et sa soif de vengeance. Il ne nous appartient pas de juger ce que fera Netanyahou.

On peut penser que le sauvetage des otages sera sa priorité.

Ensuite, la liquidation de tous les leaders du Hamas, où qu’il soient dans monde, sera sans doute une priorité du Mossad, qui mènera sa guerre de l’ombre pendant des années.

Mais à court terme, il me semble qu’une invasion ne serait pas la bonne solution.

Mais qui suis-je pour donner mon avis sur un dossier éminemment complexe et explosif ? Faisons confiance aux décideurs qui ont toutes les cartes en mains et doivent endosser la lourde responsabilité de la guerre.

Qu’Israël venge ses morts et assure sa sécurité future. Et que Tsahal gagne cette guerre existentielle sans embraser le Moyen-Orient. 

Jacques Guillemain

https://ripostelaique.com/le-choix-difficile-de-linvasion-de-gaza.html

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8 Commentaires

  1. 1ère partie :

    A Monsieur Guillemain

    Pour une fois je ne suis pas en total accord avec vous.
    -« la destruction des tunnels n’est pas si aisée et poserait problème » selon vous. A mon avis, rien de plus facile au contraire : on obstrue les extrémités et de multiples solutions sont alors mises en action, sans carnage et sans qu’elles relèvent d’une quelconque barbarie . Avec même de possibles redditions. Tsahal en serait parfaitement capable.
    -les otages aux mains de Hamas ? il est exact que cette question est délicate et qu’elle puisse poser un problème à Netanyahou. Néanmoins, il faut savoir ce que l’on veut et je crois avoir entendu, de la part de militaires israéliens haut placés, que cela ne semblait pas les freiner pour autant. Par ailleurs, les Services spéciaux s’activent et font tout ce qu’ils peuvent.

    Imaginez cependant que cette question des otages dissuade Netanyahou de « mettre le paquet » ? Deux conséquences en découleraient, qui, à plus ou moins long terme, seraient cent fois plus graves que la perte de plusieurs centaines d’otages (même si cette dernière hypothèse serait effectivement un drame terrible) :

  2. 2ème partie

    -Israël se déconsidérerait « A VIE », aux yeux du monde entier, amis et ennemis. Surtout ces derniers, qui se considéreraient comme gagnants et se croiraient alors tout permis. Ce serait reculer pour se retrouver, à plus ou moins long terme, dans une situation qui serait pire que l’actuelle. Avec au final un risque certain pour Israël de tomber et de disparaître.
    -Et Israël mort, ce serait ensuite la France morte, l’Europe mort puis l’Occident mort.
    (pour en revenir sur la question des otages, ce parallèle : les milliers de civils français morts sous les bombes des anglais et de américains en 44 : qui s’est est soucié, avant la prise de décision puis après coup ???)
    ___
    A Mr Lenormand : vous me donnez l’impression que vous pensez possible « que la « destruction du Hamas pourrait coïncider avec une tuerie de masse indistincte et barbare, juste pour saigner de arabes ». Ce serait faire insulte à Israël !

  3. “Et que Tsahal gagne cette guerre existentielle sans embraser le Moyen-Orient. ”

    rien de moins sur ……
    Je suis convaincu que ça ne peut se terminer que par une vitrification de l iran ou du moins ses Natanz et autres antres du malheur
    israel vient de recevoir des US les fameuses bombes GBU

    et son armée a mis au point les toutes nouvelles “bombes-éponge” anti-tunnels

    ou encore un transfert total des gazaouis vers leur vrai pays:la jordanie, inventée par les rois du merdier:Albion
    sinon ce ne seront ad vitam eternam que des emplatres sur béquilles

  4. Envahir ou ne pas envahir Gaza ? Tel est la question pour Mr Benyamin Netanyahou le premier ministre Israélien qui réfléchit comment il faut libéré les otages sans que ces otages soit tuer dans cette opération,, Netanyahou vit cette situation comme un véritable casse-tête. Voilà un sacré dilemme pour le premier ministre de l’État Hébreu !

  5. Position sage et de bon sens que j’apprécie. La destruction du Hamas, l’élimination systématique de tous ses membres, ce qui est indispensable et devra se faire, ne peut pas coïncider avec une tuerie de masse indistincte et barbare, juste pour saigner les Arabes. La défense des droits d’Israël vaut mieux que cela.

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