Le parti bulgare Renaissance : nous voulons que la Bulgarie soit un gardien de la civilisation européenne

 

Kostadinov de  » Възраждане » : « Restés sous le joug de l’Union soviétique pendant 45 ans, nous ne voulons pas que cela se reproduise avec l’Union européenne.

Les événements en Bulgarie connaissent une dynamique remarquable depuis quelques mois.

Le parti politique national- conservateur « Renaissance » (Vazrazhdane- Възражданеa) a remporté la troisième place avec près de 15% (14,5%) lors des élections législatives qui se sont tenues  de manière anticipée le 2 avril 2023.
« Renaissance »constitue une alternative à la politique européenne des partis dominants en Bulgarie, tout comme l’AfD en Allemagne.

Ce qui est intéressant, c’est qu’en République de Bulgarie, comme en Allemagne, deux fronts se forment dans l’espace politique : le front des partis qui soutiennent la guerre en Ukraine, et les partis, menés par « Renaissance » suivis par les socialistes, (étrangement d’ailleurs !) qui plaident pour des négociations de paix.


Le parti Vazrazhdane s’oppose à ce que la Bulgarie entre dans la zone euro, ce que la Commission européenne prévoit pour 2024, et souhaite organiser un référendum sur cette question dans le pays.
Les événements en Bulgarie connaissent une dynamique remarquable depuis quelques mois.



Ci-dessous un entretien avec Kostadin Kostadinov, président du Parti bulgare « Renaissance » .


Nicolas Faure : Le parti politique conservateur « Renaissance » a remporté la troisième place avec près de 15% (14,5%) lors des dernières élections législatives et constitue une alternative à de la politique européenne adoptée par la plupart des partis bulgares. « Renaissance » se prononce contre une entrée de la Bulgarie dans l’euro, prévue par la Commission européenne pour 2024, et vise à organiser un referendum national dans le pays sur la question de l’adhésion à l’euro. Quelle serait votre vision d’une « meilleure Bulgarie » dans une « meilleure Europe » ?

Kostadin Kostadinov : La Bulgarie est la plus ancienne nation d’Europe et, en tant que telle, elle apparaît sur la carte d’Europe depuis plus de 13, quasiment 14 siècles. D’ailleurs, en 2032, nous fêterons les 1400 ans de la Bulgarie, et donc la création de l’État bulgare et de son initiateur, Khan Kubrat. C’est pourquoi il est assez insultant pour nous, Bulgares, que l’on parle de la Bulgarie en Europe uniquement quand elle est concernée politiquement car nous avons l’une des plus anciennes consciences de nous-mêmes et de notre peuple en tant qu’Européens. Ce n’est certainement pas l’UE qui transformera les Bulgares en Européens.
De ce point de vue, notre conception d’une Bulgarie meilleure a une grande importance, car une Bulgarie meilleure signifie aussi une Europe meilleure, parce que notre continent, et notre civilisation, dépendent de chaque pays d’Europe, et de leur diversité culturelle, de leurs différences et de leur interaction. Les Romains disaient : « Variatio delectat » – la diversité réjouit.
Une meilleure Bulgarie signifie un pays avec une corruption zéro, un pays dont l’économie parvient à se développer, un pays qui non seulement n’exporte pas l’instabilité, mais constitue aussi un vecteur de croissance et de liberté en Europe et dans les Balkans, bref, un gardien de la civilisation européenne, car n’oublions pas qu’à l’est de la Bulgarie, nous sommes aux portes du continent asiatique : la Turquie est donc à proximité, avec sa civilisation islamique, et un peu plus loin c’est le Moyen-Orient, etc. Telle est notre point de vue, car si l’Europe veut être stable et se développer, et ne pas dormir sur les lauriers d’un vieux continent, elle a besoin de pays qui se développent avec détermination et assurance et qui se veulent modernes. La Bulgarie se doit de devenir un pays comme cela.

Nicolas Faure : la question des relations avec la Macédoine est centrale pour vous. La Macédoine est le deuxième État bulgare de la péninsule balkanique et Vazrazhdane (« renaissance ») prône l’unification de ces deux entités bulgares en un État commun. Ce ne sont pas des fantasmes de grande puissance, mais un désir de stabilité. Quelle politique envisagez-vous pour unifier la Bulgarie et la Macédoine ?



Kostadin Kostadinov : La même qui a réuni la République démocratique allemande et la RFA en un seul pays. Tout d’abord, il faut mettre fin à la déformation de l’histoire qui est presque devenue un sport national en Macédoine et qui tente d’expliquer que la population bulgare locale constitue un peuple bulgare séparé – le peuple macédonien. C’est comme si on expliquait qu’un Bavarois n’est pas allemand, qu’un Lombard n’est pas italien, etc. En Europe, les régions ont une histoire très ancienne, mais cela ne signifie pas que chaque région constitue déjà une nationalité distincte. C’est pourquoi la première chose à faire est de remédier à tout ce qui est faussé sur le plan historique.

Deuxièmement, la coopération économique entre la Bulgarie et la Macédoine doit commencer – sans être entravée par d’autres manigances politiques.
Pour l’instant, toutes les conditions sont réunies, car il y a 150 000 citoyens macédoniens, soit plus de 10 % de la population macédonienne, qui ont la nationalité bulgare. Dans la pratique, environ 70 à 80 % des étudiants macédoniens étudient en Bulgarie. La frontière entre nos deux pays est facile à franchir, nous parlons la même langue et nous n’avons absolument aucun problème à nous comprendre. Nous avons la même culture, la seule chose qui nous sépare, ce sont les vestiges du passé communiste de la Macédoine qui ne sont pas une source de satisfaction.

Nicolas Faure : Pendant de nombreuses années, la politique étrangère bulgare a été influencée par l’appartenance de la Bulgarie à des organisations d’importance internationale comme l’EU et l’OTAN, et présentée comme un participant décisif aux processus mondiaux et un acteur irremplaçable dans les affaires internationales. Dans le même temps, la politique dans la région des Balkans était timorée, inactive, de qualité médiocre, voire lâche. En d’autres termes, la Bulgarie était plutôt un pion sur l’échiquier géopolitique d’autres puissances et non un acteur dans sa région, avec les peuples voisins.
Quel changement de cap en matière de politique étrangère prônez-vous ?

Kostadin Kostadinov : Vous l’avez vous-même indiqué dans la question : nous voulons que la Bulgarie soit un pays libre et indépendant, ce qu’elle n’est malheureusement pas pour l’instant et pour être tout à fait honnête et francs, cette politique que vous qualifiez de lâche est en réalité encouragée par le gouvernement – et ce, au motif que l’UE et l’Otan sont là pour résoudre les Problèmes de la Bulgarie.
Mais la Bulgarie ne fait pas partie de pays dépendants de ces organisations. Nous devons plutôt suivre les grandes nations, même si je ne pense pas que la Bulgarie doive être subordonnée à un autre pays.
Nous sommes restés sous le joug de l’Union soviétique pendant 45 ans et nous ne voulons pas que cela se reproduise avec l’Union européenne. Nous ne voulons pas que l’ambassade soviétique soit remplacée par l’ambassade américaine, qui gouverne le pays en coulisses. Si nous voulons que la Bulgarie mène une politique étrangère libre et indépendante de Washington, Bruxelles ou Moscou, dans l’intérêt de la Bulgarie et en équilibre avec les autres partenaires de négociation nationaux, le pays doit avant tout retrouver sa liberté et son indépendance en matière de politique intérieure, ce qui est l’objectif principal du Parti de la renaissance.
Nicolas Faure : L’assemblée électorale de l’AfD pour les prochaines élections européennes de 2024 s’est tenue le 27 juillet à Magdebourg. Les délégués ont voté pour élire l’eurodéputé , originaire du Land de Saxe, Maximilian Krah, comme tête de liste. Dans son discours, Krah a souligné que l’AfD et « Vazrazhdane », Renaissance » auraient beaucoup à gagner en travaillant ensemble.
Où se situent les points de convergence entre vos programmes politiques respectifs ?

Kostadin Kostadinov : Premièrement, les deux partis veulent que nos pays soient indépendants et ne se laissent pas dicter leur politique intérieure et extérieure par les fonctionnaires invisibles de l’UE. Des fonctionnaires ou des ONG d’origine douteuse – des gens que personne n’a élus ou qui ne se sont jamais présentés aux élections, ni eux ni leurs positions et objectifs. Deuxièmement, la Bulgarie et l’Allemagne se trouvent toutes deux en situation avilie, partiellement dégradée, qui ne correspond ni au rôle historique de l’Allemagne , ni à celui de la Bulgarie, même si les repères actuels des deux pays sont bien sûr assez différents. Mais au fond, la situation en matière d’autodétermination ou de forces armées est la même, et tant en Bulgarie qu’en Allemagne, les deux pays connaissent une situation différente.

En Bulgarie comme en Allemagne, il y a des influences étrangères et des présences militaires qui semblent poser un très sérieux problème, car il s’avère qu’à un moment donné, selon certains hommes politiques, tant en Bulgarie qu’en Allemagne, ce ne sont pas les armées nationales, mais les armées des États-Unis ou de l’OTAN qui auront le dessus et qui pourront assurer la sécurité à leur manière. Ce ne sont que quelques exemples qui vous montrent à quel point nous pensons dans la même direction. Il y a encore une autre chose qui nous unit :
nous tenons à ce que la Bulgarie conserve son autonomie financière et sa monnaie, la leva, et ne s’embarque pas sur le Titanic en perdition qu’est l’euro – une nouvelle tentative avortée de créer une monnaie unique européenne, il y a d’ailleurs déjà eu d’autres précurseurs (l’Union monétaire latine au 19e siècle), tandis que l’AfD veut rétablir le mark et l’indépendance monétaire et financière perdus de l’Allemagne. Nous refusons d’avoir à supporter le coût du passage à l’euro pour ensuite revenir en arrière afin de récupérer le Lew. J’espère sincèrement que nous parviendrons à gagner cette bataille.

Propos recueillis par Rada Laykova, Référente bulgare au Bundestag,
Traduction Nicolas Faure, collaborateur parlementaire de Petr Bystron, porte-parole aux affaires étrangères du groupe parlementaire AfD au Bundestag.

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13 Commentaires

  1. Je n’y vois que le désir de la Bulgarie de s’accaparer la Macédoine.
    A-t-on demandé aux Macédoniens s’ils étaient d’accord ?

    • frejusien, les Bulgares depuis les guerres balkaniques du début du XXème siècle se fantasment et exigent cette partie des Balkans. La Bulgarie depuis l’entrée dans l’UE, estime le droit d’emmerder son voisin de Macédoine du Nord, alors que ledit voisin, n’aspire pas à faire partie de la nation bulgare (ni même de peuple serbe, sauf que les Serbes l’ont compris, alors que les Bulgares, apparemment sont en pleine psychose identitaire). Ce n’est pas la politique abjecte, de corruption des citoyens macédoniens en leur occtroyant des passeports bulgares, qui fera la différence. Tous les Macédoniens que je connais ont leur propre identité nationale et n’aspirent pas à devenir des « tataro-bulgares » (le terme de tatares est souvent utilisé par les macédoniens eux-mêmes pour désigner la population de la Bulgarie). Il serait temps que la Bulgarie redescende sur terre et arrête de vivre hors-sol.

      • Trop de mensonges et de la démagogie, Marco!
        Apprenez l’histoire, ne répétez pas le langage de la haine de vos politiciens vendus à UE et von der Layen!

    • Frejusien, je vous conseille de relire l’histoire bulgare, mais avec compréhension et analyse intelligente, pas influencé par des clichés occidentalisés!
      Et répondez, svp, a-t-on demandé des millions de bulgares qui étaient séparés de leurs proches et familles après les déchirures du Traité de Berlin, infligés par les pays occidentaux. A-t-on demandé les bulgares massacrés par des milliers à Stara Zagora, les exilés et tués en Grèce, des bulgares persécutés, emprisonnés et tués de manière la plus barbare en Macédoine, parce qu’ils se reconnaissaient bulgares et pas macédoniens!!!! Ah, ces milliers de massacrés bulgares, les avez-vous demandé s’ils sont d’accord qu’on leur enlève la vie par des barbares serbes, grecs et macédiniens simplement, qu’ils disaient qu’ils sont bulgares! Ne lisez pas l’histoire de manière aléatoire, comme cela vous arrange vous même et surtout avec des lacunes historiques évidentes! Reprenez les manuels et les livres et lisez de manière objectifs, s’appuyant sur les faits, pas sur la démagogie politique!

      • Je suis désolé, je ne connais absolument rien à l’histoire de cette partie de l’Europe, qui a l’air très mouvementée.
        Il serait bon que les Bulgares et Macédoniens en donnent leur version.

  2. J’ai bien rigolé avec cet article qui donne la parole à des petits « kapos » totalement sous psychose délirante. De plus, en 1913, après la première guerre de libération des Balkans, la Bulgarie se retourna contre la Grèce, la Serbie et le Monténégro, par cette ignominie impardonnable, les orthodoxes des Balkans ont perdu la ville sainte de Constantinople aux profits des Turcs, en effet, de par cette traitrise infecte des autorités bulgares, la ville fut reprise par l’armée turque dans la foulée, ainsi que toute la partie de l’actuelle Turquie européenne.

    Les Bulgares qui osent encore l’ouvrir alors que leur pays 1915-1918 et en 1941-1944 collabora avec les « Boches », par deux fois les Bulgares eurent comme délires de bulgariser le sud de la Serbie et l’actuelle Macédoine (qui faisait, alors, partie intégrante de la Serbie sous le nom de la Serbie du Vardar). Et non la langue macédonienne n’est pas un dialecte du bulgare, ni même une langue bulgare et le pays n’est pas le second pays Bulgare dans les Balkans.

    La Bulgarie est aux Balkans ce que la margarine est au beurre, une imposture.

      • T’es ridicule. laisse l’histoire des Balkans aux gens sérieux. Même la Serbie n’a plus de prétention sur la Macédoine du Nord depuis 1991 et il serait temps que tes potes bulgares en fassent de même. Tu veux dire la Bulgarie n’a pas collaboré par deux fois avec l’occupant allemand, une première fois avec le deuxième reich lors de l’occupation du sud de la Serbie qui incluait aussi l’actuelle Macédoine du Nord et une seconde fois avec l’Allemagne nazie en occupant encore une fois le sud de la Serbie, qui deviendra plus tard la république socialiste yougoslave de Macédoine, en massacrant la population local et en pratiquant une bulgarisation forcé ? Les habitants serbes et macédoniens s’en souviennent encore de la politique de tes potes bulgares. Les Macédoniens du Nord se foutent de l’avis de la Bulgarie.

  3. Il n’a pas tort Mr Kostadinov ! La Bulgarie doit être le gardien de la civilisation Européenne dans une Europe totalement Gauchiser, Corrompu par le progressisme imposer par une Commission Européenne qui a trahi les peuples Européens dans tous les domaines avec une Ursula Von Der Leyen qui se comporte comme une despote et une Nazie. Les Bulgares veulent rester souverain dans leur propre pays et ils se protéger de l’immigration de masse. Renaissance Bulgarie n’a rien à voir avec Renaissance version Macronor Terminator Enculator parce que ça pue la Gauche !

  4. Échange Renaissance bulgare contre Renaissance française. Mais ça m’étonnerait que les Bulgares acceptent.

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