Le concert du mois : Dimitri Chostakovitch

Le concert de ce mois sera consacré à Dimitri Chostakovitch, né le 12 septembre 1906 à Saint-Pétersbourg (Empire russe) et mort le 9 août 1975 à Moscou (URSS). Il laisse une œuvre considérable avec des musiques de film, des opéras, des quatuors, des suites pour orchestre, des concertos, des suites pour orchestre, etc. et surtout 15 symphonies (la malédiction de la neuvième était donc enfin vaincue).

La musique de Chostakovitch n’est pas toujours facile à écouter et je reconnais que certaines de ses compositions me sont totalement étrangères, j’en suis désolé pour mon très frère qui connaît la musique de « Chosta » sur le bout des doigts. Sans plus attendre, voici la suite jazz numéro 2, qui est en fait la suite pour orchestre de variété numéro 1. Elle reprend des morceaux d’autres œuvres du compositeur et a été créée le premier décembre 1988 au Barbican Centre de Londres sous la direction de Mstislav Rostropovitch.  Vous aurez tous reconnu la valse numéro 2, popularisée en son temps par la CNP. En voici une version fabuleuse qui nous présente moult images du compositeur. Theodore Kuchar dirige l’Orchestre National d’Ukraine, et je m’en tape de la guerre, la musique reste.

La vie de Chosta n’a pas été un long fleuve tranquille. Il a été persécuté par Staline, régulièrement attaqué par la Pravda lorsque ses compositions ne plaisaient pas « au patron ». En juin 1937, Chostakovitch est convoqué par le redoutable NKVD et en général, on en ressortait les pieds devant. Et si le compositeur n’a pas terminé avec du plomb dans la tête, c’est parce que l’officier chargé de son dossier a lui-même été exécuté ! Ce même mois de 1937 sera celui des grandes purges et plusieurs amis de Chosta seront exécutés assassinés, dont le maréchal Toukhachevski. À la suite de ces évènements, Chostakovitch est hanté par des idées de suicide et il va rester dépressif tout le reste de sa vie. Pour plus de détails, voici le lien de Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dmitri_Chostakovitch

C’est le 15 octobre 1933 que fut créé à Leningrad le concerto pour piano, trompette et orchestre à cordes, op.35. L’orchestre était dirigé par un chef qui avait fui l’Allemagne nazie, Alexander Schmidt était à la trompette et au piano, Chosta lui-même (ici, extrait d’un concert donné en 1940) :

Et voici le concerto dans son intégralité, avec la pulpeuse Khatia Buniatishvili, d’origine géorgienne :

La cinquième symphonie de Chostakovitch fut écrite en trois mois au cours de l’année 1937 et créée le 21 novembre à Leningrad sous la direction d’Evgeni Mravinski et l’orchestre symphonique de la ville. On l’a vu, Chosta était « en délicatesse » avec le Patron, la symphonie précédente ayant même été interdite. L’année d’avant, Staline avait détesté l’opéra Lady Macbeth de Mtsensk, ce qui avait entraîné une interdiction de la musique de Chostakovitch sur tout le territoire de l’URSS. Avec la cinquième symphonie, il était vital que Chostakovitch rentre en grâce auprès du régime et c’est ce qui arriva ! Voilà ce que dit Chostakovitch (source Wikipédia) :

« Chostakovitch déclare que sa symphonie est une « réponse pratique d’un artiste soviétique à de justes critiques » : « Je ne peux pas penser à mes futurs progrès en dehors de la structure socialiste, et l’objectif que je me suis fixé pour mon travail est de contribuer en tout point à la croissance de notre remarquable pays2 ». Il ajoute qu’il n’était pas content de sa Quatrième Symphonie et tient à être compris du plus grand nombre : « Tout n’a pas été d’égale valeur dans mes œuvres précédentes. Il y a eu des échecs. Dans ma Cinquième Symphonie, je me suis efforcé à ce que l’auditeur soviétique ressente dans ma musique un effort en direction de l’intelligibilité et de la simplicité ». Ces propos donnent lieu à des interprétations diverses : les unes selon lesquelles ils proviennent de biographes commandités ; les autres considérant que la réalité tient plus de ces propos : « La plupart de mes symphonies sont des monuments funéraires. Trop de gens, chez nous, ont péri on ne sait où. Et nul ne sait où ils sont enterrés. Même leurs proches ne le savent pas. Où peut-on leur ériger un monument ? Seule la musique peut le faire. Je leur dédie donc toute ma musique ».

Dans tous les cas, cet acte de contrition permet à sa musique de revenir sur scène. »

Quelle version proposer ? Aucune hésitation, l’orchestre du théâtre Mariinski dirigé par Valery Gergiev, lors d’un concert à Paris. Et dire que ce chef exceptionnel est mis à l’index ! Je suis d’autant plus heureux de vous avoir présenté dans cet article un orchestre ukrainien et un orchestre russe !

Sur proposition de mon petit frère, voici le second concerto pour violoncelle, œuvre dédiée, comme d’ailleurs le concerto précédent, à Mstislav Rostropovitch. il fut créé le 25 septembre 1966 à Moscou, l’orchestre de la Fédération de Russie (alors appelé Orchestre symphonique d’État de l’URSS) étant placé sous la direction de Ievgueni Svetlanov, chef que j’ai eu la chance d’applaudir au théâtre des Champs-Élysées à Paris en 1997. Voici à présent un document historique, puisque la création fut filmée :

Ce concert du mois est terminé, mais pas l’article, en ce début du mois de mai, comment ne pas rendre hommage aux martyrs de la Maison des Syndicats d’Odessa, qui ont péri dans des circonstances épouvantables et après c’est Poutine le méchant ? D’abord un petit montage perso avec en fond sonore le deuxième concerto pour piano de Chosta, puis un lien qui renvoie sur l’adagietto de la cinquième symphonie de Mahler avec Bernstein à la baguette ; la vidéo a été retravaillée en 4K, donc avec une meilleure qualité que mon propre DVD ! C’est pas juste !

On se retrouve bientôt !

Filoxe

 

 

 

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7 Comments

  1. Dmitri Chostakovich est un très compositeur Russe comme Prokoviev , Moussorgski et tant d’autres qui font la fierté de la musique classique Russe ! C’est cool tout simplement !

  2. Sublime ! J’ai découvert le concerto 2 pour violoncelle que j’avais du mal à écouter entièrement. La dernière minute est un monde en soi.
    Quelle audace Filox de proposer ces choix à nos amis. J’espère qu’ils apprécient, nombreux. Merci.

  3. Merci Filoxe pour nous transmettre votre passion avec autant d’enthousiasme et de patiente pédagogie. Europe peut être fière de vous.

    • J’avais tapé Euterpe. Putain de correcteur. Il remplace mon texte par des propositions débiles. Putain de tablette. En plus sur celle que je viens d’acheter, je ne sais pas comment désactiver cette saloperie. Je vais relire avant de valider. Encore mes excuses.

      • C’est pas grave, le correcteur me fait les mêmes erreurs. Par exemple si j’écris à Christine je finis par « bises » mais le correcteur a aussi le mot « bites », j’ai intérêt à faire gaffe, Pierre pourrait mal interpréter !

  4. Beau potrait comme d’habitude Filox. Lady mc beth de Mensk a fait un scandale retentissant, Staline y voyait une dégradation des moeurs alors que c’est une adaptation moderne de la pièce de Shakespeare. Vous avez raison d’y joindre Malher car Chostakovitch a été « revelé » par sa « jazz suite N0 2 dans une publicité et Malher, autre très grand compositeur, par la musique du film « mort à Venise » ils ont en plus un point commun : leurs symphonies sont complexes, demandent un effectif important et ont parfois des parties chantées. Merci pour cet article

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