Chers jardinophiles,
il y a un petit air de printemps et tout le monde commence à sentir des fourmis dans ses bêches et triandines…
Quand vous passez devant une «jardinerie» vous ne résistez pas à l’enthousiasme: vous achetez et plantez! Oui mais ya un sale truc!
Ce truc, hélas, nous l’avons découvert à nos tristes dépens.
Si vous achetez, par exemple un jeune poirier ou pommier chez un vrai pépiniériste, il vous emmène sur le terrain et déterre l’arbrisseau et le secoue énergiquement pour que toute la terre tombe des racines. Vous avez un plant avec des racines nues et saines. (1) Le pépiniériste qui a semé ou greffé ses plantes et les a soignées, arrosées, bichonnées depuis leur plus tendre enfance et les comprend et les aime, leur souhaite un avenir heureux et à vous aussi et donc il va vous donner un tas de conseils: profondeur du trou, engrais, arrosage, tuteur, etc…
Ça c’est l’idéal. Mais tout le monde n’a pas toujours la possibilité d’aller dans une vraie pépinière «comme avant» et c’est déjà magnifique si on trouve son bonheur dans une «jardinerie».
En général, dans une «jardinerie» vous trouvez des plantes en pots et là ce n’est pas aussi simple.
Donc, rentrés avec votre nouveau compagnon dans votre jardin, quelqu’un tient le tronc, vous saisissez le pot en plastique et plouf la racine sort du pot comme un bouchon et vous voyez quoi? (2)
Vous ne voyez pas des racines mais un conglomérat de fils, radicelles, racines… qui est, soi-disant, «prêt à être planté»
NON ! NON ! 3x NON !
Tranche de vie:
Donc en 1996, j’ai eu l’occasion d’acquérir un logement avec jardin. Nous avons planté… Les plantes ont grandi, porté des fruits, tout allait bien et soudain… 5 ou 10 ans plus tard… plus de fruits… et le plant qui était devenu un beau petit arbre… meurt…
Nous faisons l’autopsie et qu’est ce que nous découvrons? Cet arbre de 5m de haut n’a pas de racines… il a encore, à la base de son tronc, ce gros nœud d’un fouillis de radicelles mais pas de vraies racines capables de nourrir un vrai arbre…
Nous avons un magnifique prunier, de ces délicieuses prunes blanches, il y a un gros coup de vent qui renverse et déterre notre prunier… autopsie: pas de racines…
Nous avons un très beau cerisier qui après 10 ans n’a pas donné une seule cerise… autopsie: pas de racines…
Idem avec deux poiriers…
Nous avons déterré, coupé et brûlé dans le feu ouvert, mais n’est-ce pas dramatique? Oui! c’est dramatique!
Alors quoi?
Simple: si on plante le plant avec ses racines emberlificotées, elles ne vont JAMAIS pouvoir s’étendre et produire de bonnes racines qui sont ancrées en forme d’étoile, dans le sol… N’oubliez pas que les racines dans le sol sont le miroir des branches hors sol… Vous voyez l’étendue…
(6) N.B. si l’étendue des racines correspond au volume de la couronne, il est inutile d’arroser près du tronc, il faut arroser sur toute la surface de la racine… (6)
Donc ? Impérieusement ! Quand vous déballez votre nouveau plant, laissez-le tremper pendant au moins 24 h dans un grand bidon d’eau, ensuite, avant de le planter… vous défaites/déroulez toutes les racines de façon à ce que chacune d’elles parte comme des rayons de bicyclette du tronc vers l’extérieur et qu’elles puissent s’enraciner dans le sol comme une étoile et grandir, s’allonger et aller chercher l’eau et les nutriments dont votre arbre aura besoin…
Ici en montagne, nous ne payons pas l’eau au litre, ni au mètre cube, nous avons un système archaïque: nous payons proportionnellement au nombre de robinets que nous avons dans la propriété… Mais… il y a de l’eau quand il y a de l’eau, c’est-à-dire quand les sources qui alimentent le village ont de l’eau et en été, trop souvent… eh bien, nous n’avons pas d’eau… donc interdiction d’arroser le jardin et donc nous récupérons l’eau de la machine à lessiver, du lavabo, de l’évier, de la douche, etc., évidemment avec des savons biodégradables… et nous faisons la neuvaine à Saint Gothard le grand pissard, pour qu’il fasse pleuvoir…
Donc, à certaines périodes de l’année, nous pouvons nous permettre de nettoyer la racine d’une plante avec le tuyau d’arrosage à sa force maximale pour la détricoter… et qu’est-ce qui arrive?...
Là, Grrrr… (3) du cœur de ce nœud de radicelles, il sort un énorme paquet de petits cailloux genre billes en pierre ponce… On y passe aussi une heure à «taper» dans le nœud de «racines» avec le jet d’eau à pleine puissance et en même temps avec les doigts, faire sortir tous ces petits cailloux… C’est là que vous vous rendez compte que ces pauvres «racines» sont soudées dans une espèce de béton armé qui ne va JAMAIS permettre à votre plante de développer de vraies racines… et que donc votre plante est destinée à… mourir… si, tout d’abord, vous ne la libérez pas… Comme toujours c’est une question de LIBERTÉ…
N.B. si vous avez une plante qui ne va pas bien, déterrez-la et contrôlez ses racines !
Bon, vous avez libéré les racines de votre plant, maintenant vous mesurez quelest le rayon de son développement, eh bien, vous devez creuser un trou qui soit plus large que sa circonférence des racines et plus profond que la racine. Ensuite, vous disposez la racine à la bonne hauteur ce qui signifie que quand votre arbre sera planté, la terre devra arriver juste à la base du tronc. Quelqu’un tient l’arbre ainsi, suspendu dans le trou.
A ce moment, vous prenez un gros et long bâton, un tuteur, plus long que le tronc de votre arbre et vous le tenez parallèle au tronc, mais lui il va s’appuyer sur le fond du trou pour augmenter sa stabilité. (4)
A ce moment, quelqu’un continue a tenir le «suspendus» et « l’appuyé » et quelqu’un d’autre prend la terre qui a été retirée pour faire le trou et commence à remplir le trou avec de la terre émiettée entre les doigts pour produire un petit coussin. Vous le saupoudrez avec un peu de granulés d’engrais ad hoc, puis une autre couche de miettes de terre, puis encore un peu d’engrais pour arriver à un mini millefeuilles terre/engrais, le tout recouvert d’une couche de terre émiettée car les racines ne doivent pas toucher directement l’engrais car elles risquent de «brûler»…
OK ? A ce point il y a un coussin de miettes de terre qui arrive aux racines de l’arbre que vous tenez suspendu, OK, c’est bon, vous émiettez les mottes de terre et remplissez tout le trou et bien autour des racines que vous tenez bien écartées en forme d’étoile avec vos «miettes» de terre… jusqu’à la base du tronc…
Maintenant vous versez de l’eau pour que la terre très meuble se «colle» autour des racines et stabilise l’arbre et vous prenez une corde en matière naturelle genre chanvre ou corde de jardin et vous fixez le tronc à coté du bâton-tuteur en faisant des 8… (4)
Attention : la corde en 8 doit « tenir » mais ne peut pas serrer car elle empêcherait la circulation de la lymphe comme quand vous mettez des chaussettes qui serrent trop – Donc, il faut surveiller et, plus tard, quand le tronc s’épaissit, il faut relâcher la corde jusqu’au jour ou votre arbre sera assez fort pour tenir sans tuteur…
En descendant dans le terrain, l’eau va faire effet de succion et la terre va se coller aux racines et stabiliser la plante et c’est bien parti…
A ce moment, après toute cette cérémonie, en même temps que votre nouveau petit ami est en train de jouir de bonne terre meuble, d’un peu d’engrais et d’eau fraiche, vous vous assoyez à son côté, vous buvez une bonne bière, bien méritée, et vous fêtez avec votre petit arbre en lui souhaitant longue vie. Oui, oui, vous le lui dites à haute voix, car les êtres vivants sont sensibles aux ondes. Contrairement aux infra-sons des éolienne qui tuent, le son affectueux de votre voix réjouira votre petit arbre et tout votre jardin.
Mais il va falloir lui rester fidèle et continuer à le soigner… Si vous l’aimez, il vous aimera et vous donnera ses fruits. Cet hiver, quand ce sera le moment, je vous expliquerai comment l’élaguer pour le débarrasser des profiteurs et favoriser ses branches fructifères.
Attention: idem pour les petits plants de légumes ou de fleurs que vous achetez !
Exemple : les petits cubes avec de la salade de blé (5) avant de les mettre en terre, il faut «défaire» la motte qui est autour des racines, pour les libérer, mais sans les casser. Idem, pour des fleurs comme des primevères… ou les arbustes… C’est toujours le même principe: vous enlevez le pot et avec vos mains, libérez les racines pour qu’elles puissent se développer et s’étendre dans leur terre environnante. Pensez à vous-mêmes : si vous étiez pieds et poings liés et par-dessus le marché dans une camisole de force… si quelqu’un vous libère, vous faites quoi ? Vous explosez de bonheur… les pantes c’est pareil !
Pour les gens, j’ai des réserves, mais pour la nature je n’en ai pas: si vous aimez votre jardin, il vous le rend au centuple.
Anne Lauwaert 6.III.23
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Vous avez tout à fait raison: les racines des plantes en pots sont com/ oppressées exactement comme les personnes sont ligotées dans des camisoles de force, frustrées, inhibées, censurées etc.
https://www.youtube.com/watch?v=7nsd8S9Duro à l’époque c’était charmant, aujourd’hui c’est dramatique… la comparaison effraye : si vous ne libérez pas les racines des arbres, ils meurent…
Il faut praliner les racines avant de planter.
L’art du jardinage !
Bonjour et merci pour ces conseils de bon sens. Puissent ils aider aussi les hommes et les femmes à identifier et casser tous les carcans mentaux qui les oppressent. Y compris et en priorité ceux que le pouvoir leur impose chaques jours un peu plus dans tous les domaines.
Bravo Jojo d’avoir si bien métaphorisé l’histoire des arbres