CHRONIQUE – Olekseï Arestovitch, le conseiller en communication stratégique de la présidence ukrainienne, a annoncé sa démission le 17 janvier 2023. En désaccord avec la parole officielle sur les raisons de la destruction par un missile d’un immeuble à Dnipro le 14 janvier dernier, une violente polémique déclenchée à ce sujet en Ukraine aura eu raison de lui. Déchargé désormais de ses fonctions qu’il occupait auprès de Zelensky depuis 2020, Arestovitch, visiblement libre de parole, critique comme jamais le pouvoir qu’il a servi.
La veille de la démission d’Arestovitch, des députés ukrainiens réunis autour d’Olekseï Goncharenko avaient écrit au Service de sécurité d’Ukraine (SBU), le puissant et redouté service de sécurité ukrainien. Leur objectif ? Faire inculper le conseiller de la présidence pour haute trahison. Un genre d’inculpation qui mène à la condamnation de la personne visée : les relaxes sont quasi inexistantes dans de telles affaires, particulièrement celles liées au conflit impliquant la Russie. Les procureurs des régions de Donetsk et Lougansk me l’avaient bien signifié quand je travaillais dans le Donbass (ndlr : l’auteur de cette chronique, ancien fonctionnaire, a exercé le métier d’observateur international).
Il y avait déjà un problème avec la justice ukrainienne d’avant-guerre. Mais en temps de conflit, la pression du résultat est encore plus forte. Arestovitch a donc senti que son temps “au sommet” était révolu. Dans sa courte lettre de démission, il a déclaré vouloir “montrer un exemple de comportement civilisé. Une erreur fondamentale (doit avoir pour conséquence) la démission”. Simplement, dans ce monde de propagande en temps de guerre, Arestovitch a manqué de prudence en livrant son analyse sans filtre.
Un communicant stratège
Dans son éditorial du 20 janvier, Slobodan Despot ne s’est pas trompé sur l’importance du rôle de spin doctor joué par le conseiller de Zelensky. Omniprésent dans les médias, Arestovitch était un des personnages incontournables de la communication et de la stratégie ukrainienne, depuis le début de l’intervention russe en Crimée. Rappelons qu’en 2019, il appelait de ses vœux, avec force et conviction, à une guerre avec la Russie, et soutenait le vote Zelensky pour que ce plan soit mis en œuvre.
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En fait, Arestovitch est un parfait exemple de la complexité de la société du temps de l’URSS. Né en Géorgie d’un père biélorusse et d’une mère russe, il émigre en Biélorussie soviétique et finalement en Ukraine.
Comme beaucoup de Soviétiques, à la dissolution de l’URSS en 1991, il adopte la nationalité de la république où il vit, alors qu’il avait trois autres choix possibles.
Il quitte ses études en biologie pour devenir acteur de théâtre. Il conduit des séminaires en psychologie, étudie la théologie, mais intègre aussi l’académie militaire d’Odessa, ce qui lui donne encore aujourd’hui un grade de lieutenant-colonel de réserve. Il travaillera pendant 11 ans pour l’équivalent de la DRM (Direction du Renseignement militaire) ukrainienne. Il servira même dans le Donbass entre 2018 et 2019, en tant qu’officier de renseignement.
En résumé, Arestovitch est un éclectique, principalement porté sur l’analyse et la réflexion, et la communication. Parallèlement, il s’intéresse aussi à la politique. Il rejoint en 2005 « Fraternité », un parti confidentiel classé à l’extrême droite. Pendant cette période, il soutient le mouvement Eurasie, créé par Aleksandr Dugin, le philosophe russe (dont la fille a été assassinée en août dernier).
Il s’exprime à l’époque contre l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan et dans l’Union européenne (UE), ce qui surprend quand on sait qu’il est devenu par la suite un fervent partisan de cette même intégration dans l’Otan. Notamment dans cette interview de 2019 (citée plus haut), dans laquelle il préconise que l’Ukraine doive entrer en guerre avec la Russie afin de réaliser cet objectif. Comment a-t-il pu faire un tel grand écart ? Ce touche-à-tout semble s’être cherché pendant longtemps. Et il apparaît qu’il ne s’est toujours pas stabilisé.
Une véritable rébellion par le verbe
Quand on se focalise sur ses déclarations récentes, on constate qu’Arestovitch n’est pas vraiment en phase avec le modèle nationaliste bandériste qui domine de nos jours en Ukraine. En premier lieu, il défend la langue russe. Cela lui est reproché par les nationalistes. Ensuite, ces derniers mois, et plus particulièrement ces dernières semaines, il marque une inflexion critique, sans doute en réaction à la radicalisation interne de son pays et à la chasse aux traîtres qui s’y déroule. On peut aussi penser que l’attentat qui a coûté la vie à Daria Dugina, la fille du philosophe précitée aura pu l’affecter. Il aura pu se dire que les choses allaient trop loin.
Voilà ce qui arrive quand on provoque les guerres. On sait comment les commencer, mais personne ne peut savoir comment elles vont finir ou comment elles vont évoluer. Une fois que les portes de l’enfer sont ouvertes, le pire de l’Homme s’exprime.
Dans une récente interview, publiée notamment le 16 janvier par la chaîne Telegram FearlesJohn/Ukraine exposed, Arestovitch paraît déjà “se lâcher” complètement. L’interview intégrale dure deux heures. Elle a été publiée le 14 janvier sur la chaîne YouTube de la journaliste ukrainienne Raminae Shakzai, qui compte 1,3 million d’abonnés.
Dans l’extrait publié et traduit, Arestovitch critique comme jamais le pouvoir qu’il a servi. Il dénonce la répression, les menaces et la stigmatisation généralisée contre les russophones d’Ukraine. Quand l’intervieweuse lui dit que “ces gens-là” peuvent aller en Russie, Arestovitch répond qu’ils peuvent aussi “amener la Russie en Ukraine”. Il ajoute que le gouvernement a une politique nationale et régionale très irraisonnable : “On dit que tous les Russes sont mauvais, et qu’il n’y a pas de bons Russes. Mais comment les gens d’origine russe ou les russophones en Ukraine entendent-ils cela ?” Il faut rappeler que la mère d’Arestovitch est russe. De fait, il parle aussi de lui, de son histoire.
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Arestovitch dénonce ensuite le fait que Zelensky a déclaré la guerre à la Chrétienté, le jour où le SBU a pénétré dans le monastère de Kiev-Pechersk Lavra et d’autres édifices religieux pour faire la chasse au clergé de l’Église orthodoxe ukrainienne qui – comme son nom ne l’indique pas – dépendait du Patriarcat de Moscou jusqu’au mois de mai 2022, avant qu’elle ne rompe ses liens officiellement. Cela n’a pas empêché Zelensky de faire perquisitionner par le SBU à partir du 22 décembre au moins 19 monastères, cathédrales et églises, à la recherche d’agents de Moscou.
Arestovitch ajoute que l’État semble désormais considérer “six millions d’Ukrainiens” (a priori ceux encore affiliés à cette Église) comme des “agents russes et des salopards”. Le mot qu’il utilise pour qualifier ceux qui ont fait passer ces lois contre l’Église orthodoxe ukrainienne est censuré par l’émission. Puis il déclare que “quand un citoyen sait que l’État va le punir parce qu’il communique dans la langue de sa mère”, (comment ne pas penser qu’il parle encore de lui-même ?), il ne sera “jamais complètement loyal vis-à-vis de cet État”.
Et il conclut en disant que “si l’État veut tuer ces citoyens par balles, il ne tiendra pas le territoire”. Arestovitch semble ici reconnaître le fait que des exécutions sommaires de civils russophones ont bien lieu (nous y reviendrons dans une prochaine chronique). Ironie de l’histoire, et symptôme de l’Ukraine en guerre, l’interview est coupée par une panne d’électricité.
Il faut bien peser le poids de cette interview. Elle représente un défi ouvert lancé à Zelensky et à ceux qui l’entourent. Le conseiller s’est rebellé. Il menace presque de passer à l’ennemi russe si le gouvernement persiste et s’enfonce dans la voie répressive bandériste suicidaire.
Malgré tout, d’après l’un de mes contacts ukrainiens, même s’il est critique sur bien des aspects, Arestovitch semble rester fidèle à l’Ukraine. L’homme montre son habileté et sa grande intelligence : il parvient à critiquer ouvertement le pouvoir, tout en faisant “allégeance” au pays sur certains points clefs. Cela lui permet jusqu’à aujourd’hui d’éviter d’être directement poursuivi comme un ennemi de l’Ukraine. Mais il semble être sur le fil du rasoir.
Devenu un ennemi de l’Ukraine
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http://russiepolitics.blogspot.com/2023/02/conflit-en-ukraine-de-larmee-nazie-de.html
Fallait il combattre les nazis (qui ne voulaient pas du bien aux Slaves, russes, ukrainiens ou biélorusses) quitte à se faire récupérer par la dictature de Staline ? Fallait il combattre la dictature de Staline quitte à se faire récupérer par les nazis ?
Les Russes pouvaient ils toujours agir selon leur conscience ?
La démission d’Oleksei Arestovych représente le début de la fin pour Zelenski le mythomane, le Gesticulateur et le maître chanteur de Kiev qui retrouve acculé dans une Guerre de proxi voulu par les Amerloques qui veulent détruire la Russie mais qu’ils se détruisent eux même à cause de leur folie guerrière, Zelenski et ses congénères Oligarques Ukrainiens comprennent qu’ils sont entrain de perdre la Guerre contre la Russie et c’est les prémices d’une révolte des Ukrainiens qui sont totalement fatiguer de cette Guerre parce qu’ils se sont rendu compte qu’ils sont les perdants et les Couillons de l’histoire.