Analyse de Bernard Lugan :
Profitant du lourd contexte géopolitique, l’Algérie prétend pouvoir compenser une partie des volumes de gaz russe en augmentant ses exportations en direction de l’UE via le gazoduc Transmed qui la relie à l’Italie. Un simple effet d’annonce construit car les réserves algériennes s’épuisent et sa production est aux trois-quarts consommée localement.
Bon an mal an, l’Europe (UE) importe un peu plus de 40% de sa consommation de gaz depuis la Russie, 20% depuis la Norvège et entre 11 et 12% depuis l’Algérie.
En 2021, 10e producteur mondial, l’Algérie aurait produit 130 milliards de mètres cubes (mds de m3) de gaz sur une production mondiale de 3850 mds de m3, très loin derrière les Etats-Unis, la Russie, l’Iran et même la Chine.
De plus, sur les 130 mds de m3 produits par l’Algérie, il convient de retirer :
– 48 mds de m3 pour la production de gaz de ville consommé localement.
– 20 mds de m3 pour la production d’électricité, l’Algérie produisant 99% de son électricité à partir du gaz naturel.
– 20 mds de m3 pour la réinjection dans les puits de pétrole ou les poches gazières.
– 5 mds de m3 pour le torchage, c’est-à-dire la combustion des gaz non utilisés.
Soit un total de 93 mds m3 sur une production totale de 130 mds m3. Ceci fait qu’il ne reste donc à l’Algérie qu’environ 40 mds de m3 de gaz pour l’exportation. Pour simplement avoir un ordre de grandeur, l’UE importe annuellement environ 520 mds de m3 de gaz…
Dans ces conditions, à moins d’opérer des restrictions drastiques sur sa consommation intérieure, on voit mal comment l’Algérie pourrait autrement qu’anecdotiquement augmenter ses livraisons à l’UE, à la marge, et donc prétendre compenser une part significative des livraisons russes…
D’autant plus, et il importe de ne pas perdre la mémoire, que le 28 janvier 2013, interrogé par Maghreb Emergent , M. Tewfik Hasni, ancien vice-président de Sonatrach (Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures) et ancien PDG de NEAL, la filiale commune de Sonelgaz (Société nationale de l’électricité et du gaz) et Sonatrach, avait déclaré :
« Tous les experts sérieux savent que nos réserves garantissent moins de vingt ans de consommation au rythme actuel de leur exploitation (…) Si on tient compte par exemple de l’évolution de la consommation domestique au rythme actuel, pour ne prendre que ce seul exemple, Sonelgaz aura besoin de 85 milliards de mètres cubes de gaz en 2030 (pour rappel 20 mds de m3 en 2022) pour la seule génération électrique. Il ne restera plus rien pour l’exportation ».
M. Tewfik Hasni se basait alors sur l’estimation de la consommation interne qui augmente de 7% par an, ce qui fait que l’Algérie va donc avoir moins de quantités à mettre sur le marché.
Le 1er juin 2014, par une déclaration fracassante faite devant l’APN (Assemblée populaire nationale), le Premier ministre algérien de l’époque, M. Abdelmalek Sellal tenta en ces termes, de faire prendre conscience aux députés du drame qui s’annonce :
« D’ici 2030, l’Algérie ne sera plus en mesure d’exporter les hydrocarbures, sinon en petites quantités seulement (…). D’ici 2030, nos réserves couvriront nos besoins internes seulement ».
De plus, ces projections officielles étaient alors établies à partir de chiffres contestés par certains experts indépendants pour lesquels les réserves disponibles étaient en réalité moins importantes que les volumes annoncés. Sans nouvelles découvertes, les exportations gazières algériennes vont donc baisser.
Quant au gaz de schiste, il ne peut être la solution. Certes l’Algérie disposerait d’énormes réserves en ce domaine, mais pour produire un milliard de mètres cubes gazeux (MBTu ou Million British Thermal Unit), il faut un million de mètres cubes d’eau douce. Or, comme tous les pays du Maghreb, l’Algérie manque cruellement d’eau… et va en manquer de plus en plus en raison de l’augmentation de sa population et de l’évolution climatique.
Pour l’Algérie, à défaut de relancer sa production gazière, l’urgence est donc de la faire durer le plus longtemps possible, donc d’en rationaliser l’usage. Or, afin de préserver la paix sociale, le gouvernement maintient des tarifs artificiellement bas qui conduisent à consacrer une proportion considérable et croissante des ressources en en gaz à la consommation des ménages et non à l’exportation génératrice de devises.
Dans ces conditions, en dehors du « coup de bluff » destiné à attirer les investisseurs pour tenter de faire financer par l’étranger de nouvelles prospections qui, si elles étaient fructueuses, n’entreraient pas en production avant au moins dix ans, la proposition algérienne de fourniture supplémentaire de gaz à l’UE destinée à contrebalancer la perte des approvisionnements russes n’est que de la poudre aux yeux.
1,073 total views, 1 views today
J’allais oublier : les précieuses analyses de Bernard Lugan sont publiées dans son bulletin mensuel de « l’Afrique réelle » pour un abonnement dont le coût annuel est de 45€
S’y abonner- facilement trouvable sur le web- c’est parfaire nos connaissances sur ce continent et soutenir un sachant qui est aussi des nôtres…
L’unité de mesure du gaz est le visa…
Bonjour,
:=)
Et même le kV (Kilo-visa) …
Sans compter le système de corruption entre la France et l’Algérie, à nos dépens, qui va tourner à plein régime, tant que ça dure encore.
Jupiter Emmanuel Macron s’empresse d’aller en Algérie pour que Tebboune puisse exporter son gaz vers la France mais forcé de constater que l’Algérie n’a pas de réserve suffisant pour exporter son gaz vers la France mais il se fout de la gueule de la France et d’un Jupiter Emmanuel Macron qui a fait la plus grosse connerie du siècle en interrompant la livraison de gaz et de pétrole Russe pour soutenir l’Ukraine qui s’engraisse avec le pétrole et le gaz Russe tout en prenant les Européens pour des cons avec Zelensky mais Macron comme ses homologues Européens se retrouvent piéger voir bien emmerder à cause de leur folie Anti Russe qui les condamne à la destruction économique et Jupiter ne vois pas que les Algériens s’en fichent éperdument de la France et se tourne vers la Russie pour développer son économie.
Bonjour,
Merci pour cet article !
Bonjour Antiislam. Merci à toi d’avoir pris le temps de lire cet article rendu longuet par le développement des infos très factuelles de notre distingué africaniste, Monsieur Bernard Lugan..Malheureusement les français ne prennent pas le temps d’essayer de comprendre et d’anticiper ce qui les attend..Merci à RR d’être la meilleure source d’information à ce sujet!!…
Dieu a créé l’homme. Pour les Arabes, je pencherai pour Satan… Accueillir des « étudiants algériens » alors que les nôtres peinent à se loger et à vivre, c’est se moquer du monde. Le marquis est vraiment la pire ordure qui soit.
Encore un enfumage qui va nous coûter cher en terme d’argent et d’arrivée massive de futurs prix Nobel ! Le carnage continue !