Leonard Bernstein et Vienne

 

Il n’est pas facile de parler de Bernstein chef d’orchestre en seulement deux articles… d’autant que Lenny a porté plusieurs casquettes : compositeur, pianiste, écrivain, professeur. En politique on dirait qu’il a accumulé les mandats !

Sa collaboration avec le Philharmonique de Vienne a commencé avant qu’il ne se retire en tant que chef exclusif du New-York Philharmonic. On va pour cela remonter en 1966 avec un Falstaff tonitruant, et pas avec n’importe qui ! Dietrich Fischer-Diskau dans le rôle titre, s’il-vous plaît ! Falstaff est le dernier opéra de Verdi et sa seule comédie, inspirée des Joyeuses commères de Windsor de Shakespeare. Le compositeur italien est arrivé au sommet de son art, pas d’ouverture ni de prélude, on fait comme au restaurant quand on ne prend pas d’entrée ! Écoutez donc Fischer-Diskau dans l’air final de la première scène du premier acte. Il se moque ouvertement de ses deux larrons qui ont refusé de porter chacun une lettre d’amour flamboyante à deux dames différentes, pour une question d’honneur…ce fichier est suivi du texte correspondant :

L’honneur

Difficile de résister à un tel torrent musical et on ne peut que déplorer que le CD ne soit plus disponible, enfin il me semble…

Avant de continuer avec Vienne, il me paraît intéressant d’évoquer un des plus grands ratés de Bernstein : sa Carmen enregistrée en 1973 à New-York. Les tempos particulièrement lents ont choqué les critiques et le public. Pour vous donner une idée, voici un lien qui reprend des extraits. C’est dommage car la prise de son est de très bonne qualité et le dernier acte est parfait ! Mais ce qui est rédhibitoire, ce sont les dialogues. Bernstein n’a pas voulu doubler les chanteurs avec des voix françaises et le résultat est navrant, voire carrément ridicule :

(Que je t’aime, que je t’aime, ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?)

Et nous voilà à Vienne, Bernstein décide de se lancer dans une intégrale des symphonies de Mahler, qu’il avait déjà enregistrées avec le New-York Philharmonic. Bernstein était amoureux de la musique du compositeur viennois, qu’il décrivait comme un homme « ayant un pied posé sur le dix-neuvième siècle, l’autre sur le vingtième ». Jouer Mahler ? Malheureusement, st sans jeu de mots, l’orchestre ne l’entendait pas de cette oreille :

(Désolé de te contredire, mon cher Lenny, mais « Scheiβmusik » n’est pas intraduisible : il signifie « musique de merde ! »)

Voici maintenant la plus longue des symphonies de Mahler, pour moi la plus belle, la troisième, parfois appelée « Cor de postillon » en raison des solos que nous joue cet instrument dans le troisième mouvement. Comme la précédente et la suivante, la symphonie fait appel à la voix humaine. Le premier mouvement est le plus long jamais écrit pour une œuvre de ce type. Le sixième et dernier mouvement, lui aussi d’une longueur exceptionnelle est un hymne à l’amour divin, noté entre autres « lent, paisible ». Personnellement, ce que j’y vois est un passage des ténèbres vers la lumière. Mais avant de vous livrer le lien, je vous propose ce petit montage : le thème initial de Mahler, suivi de la célèbre mélodie de Brahms entendue dans sa première symphonie, il y a comme un air de ressemblance, non ? (Mahler avait déjà cité dans le finale de sa symphonie Titan un passage de la deuxième de Brahms).

Naturellement, Bernstein n’a pas enregistré que du Mahler à Vienne. Voici du Schumann, au départ je ne pensais qu’à une seule symphonie, mais YouTube m’en propose quatre pour le prix d’une ! En ces temps de hausse galopante des prix, profitons-en !

C’est avec Sibelius que nous avons commencé ce voyage, forcément incomplet, en compagnie de Bernstein chef d’orchestre. À la fin des années 80, il avait commencé une nouvelle intégrale des symphonies du compositeur finlandais. Hélas, la Grande Faucheuse est venue le chercher le 14 octobre 1990 à New-York. Bernstein était usé par le travail, le tabac et l’alcool.

On retrouvera Lenny dans d’autres domaines !

 

Comme d’habitude, on termine avec un flash mob, celui risque de vous mettre les larmes aux yeux !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 Comments

  1. Merci pour ces belles musiques.
    Notamment celle de Mahler, l’un des plus grands compositeurs dont la musique est pleine de chaleur, de mystère, mais aussi de dérision et d’autodérision.

  2. Non, Filoxe, pas les larmes aux yeux. J’ai pleuré, vraiment, à chaudes larmes tout au long de ce flash mob. IL faut dire que j’étais déjà tellement émue par ce qui précédait. Merci de nous rappeler, semaine après semaine, la grandeur de l’homme, la capacité qu’il a de de se dépasser, de faire naître LA BEAUTE

    • C’est exactement le but recherché : donner du bonheur aux autres en partageant ma passion. Ce flash mob dans un hôpital israélien m’a donné la chair de poule.

      • Pareil, que d’émotion ! MERCI pour vos magnifiques exposés qui nous ravissent de semaine en semaine

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