Déclaration !
Parler, c’est évoquer, c’est soutenir, c’est dire,
c’est pourparler et c’est mentir et même pire.
Parler c’est conjurer la mort.
Car parler et parler encore,
permet au l’âme, au cœur, de ne pas s’assombrir !
PACO. Et puis se taire. Nougaro*
20/02/2022.
En hommage à Christine Tasin.
La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.
La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression de notre belle langue française.
Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.
Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.
Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible.
Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.
L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.
Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.
Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu?
Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.
Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté.
Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.
Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.
Christophe Clavé
http://echelledejacob.blogspot.com/2022/02/plus-le-langage-est-pauvre-moins-la.html
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Merci Paco et Mr Clavé pour ces 2 jolis textes !
Mr Alain Bentolila serait bien d’accord avec vous !
https://www.facebook.com/watch/?v=474610524377849
Bravo . mais ce professeur s’exprimerait ainsi à Paris et le lendemain il doit se faire protéger.
Parfois je lis des articles et comme il n’y a pas de ponctuation, je suis obligée de les relire plusieurs fois pour être sûre que j’ai bien compris la pensée de l’auteur, sans même parler de philosophie ;
Ne dit on pas aussi , que des enfants qui ne savent pas bien lire, s’expriment avec leurs poings car ils n’ont rien d’autres pour le faire ..; n’est ce pas ce qui arrive aujourd’hui avec certaines catégories de personnes, qui elles, sont adultes !!!
Le quotient intellectuel a dû baisser. Les personnes âgées qui avaient (qui ont)seulement le Certificat d’Etudes primaires écrivaient sans fautes d’orthographe. Aujourd’hui il n’y a plus de capacités d’analyse d’une situation, d’un roman, d’un film, de la politique et ce, quel que soit le niveau d’études atteint. Inutile de leur parler du subjonctif, des accords des verbes pronominaux, des participes passés. Ils sont rivés devant leurs écrans et ne lisent plus. Allez leur parler de La princesse de Clèves ou de Bel ami ou de Mme Bovary ou de La Sonate à Kreutzer ou du Banquet de Platon ! Et les tics verbaux ont remplacé les phrases. En ce moment on entend : « c’est un vrai sujet », on entend toujours : – y a pas dsouci – il se la pète – je vais SUR Paris – je viens POUR dix heures – sans déconner – en fait – on se rappelle – t’inquiète ! – en mode – c’est chaud – faire le buzz – que du bonheur – c’est mort – il faut changer de logiciel – en même temps – trop beau, trop belle – et nanani et nanana – c’est JUSTE pas possible – entre guillemets – genre – voilà quoi – on ne vas pas se mentir – ça passe crème – je vais être très clair – c’est CLAIR – pour le coup – du coup – pas de souci – c’est quoi ça – c’est JUSTE que – je m’en tape – une histoire de fous – quoi à la fin des phrases – péter un câble – ça déchire – une tuerie – ça vous parle ? – ça me prend la tête – mettre la pression – à plus – grave (à la fin d’une phrase) – c’est la totale – au final – on va dire – je m’en tape –– une histoire de fous –ya pas photo – pour le coup – du coup – c’est du lourd –
Assurément l’apport des cultures étrangères a fait baisser le niveau de la langue française.
Exhaustif en plus, et je pourrais donc en citer d’autres mais je pense que ce sont des tics de langage, des mots-secours pour ceux qui n’ont pas beaucoup de mots à dire. L’avantage d’un vaste vocabulaire est d’éviter les fautes,ainsi, quand j’hésite à propos d’un mot, je le remplace par un autre équivalent. ( Ca s’appelle un syno….). Dangereux, l’usage du globish, tel le mot confort qui devient parfois comfort et je ne dis rien des prononciations des pubs genre vinted, vinntaid au lieu de vaïntid.
Ben voyons…🤣😂
Rigoureusement exact.
Les onomatopées éructées par des chanteurs (??) plus ou moins analphabètes et provenant des bas-fonds des villes, sont en grande partie responsables de cet appauvrissement.
Et, subséquemment, employer à tout propos et à outrance l’expression généralisée « du coup » à la place des conjonctions simples ou composées telles que « par conséquent », « ainsi », « par voie de conséquence », « donc », « par suite », « en conséquence »… dénote une certaine paresse du langage – ou la volonté d’être dans le vent (ou pour employer l’anglicisme d’être « in ») entraînant ainsi l’appauvrissement de notre langue, certains ayant oublié ou méconnaissent leur utilisation et même parfois leur sens.
Bonsoir, mes enfants maintenant 26 et 24 ans m’ont avoué, bien que mon épouse et moi même leur ont donné une éducation de notre époque, ne pas comprendre certains mots que j’utilisais lors de nos conversations.
Donc malgré nos efforts d’éducation, le système extérieur à notre cercle familial a abruti nos enfants. Que vont devenir les générations à venir ? Je désespère.