Voilà un article qui va nous faire voyager ! Nous partirons de l’Écosse pour nous perdre dans les régions inhospitalières d’Asie. Pour certains des morceaux proposés, il y aura deux liens et vous comprendrez vite pourquoi. C’est Félix Mendelssohn Bartholdy avec lequel nous allons débuter notre périple, d’où l’image de présentation.
En 1829, le compositeur allemand (banni par les nazis en raison de ses origines juives) visite l’Angleterre et l’Écosse ; ce voyage va lui inspirer deux partitions, La grotte de Fingal (Les Hébrides) et sa troisième symphonie, dite Écossaise. La grotte de Fingal est située au nord de l’Écosse, sur l’île de Staffa. Quand la mer entre violemment à l’intérieur de la grotte, on peut y entendre comme une musique. Deux liens pour cette œuvre : une vidéo qui nous présente l’île (les sons extérieurs ont été conservés, ce qui est une bonne idée), puis une version « de concert » :
Dans la même veine que l’ouverture Les Hébrides voici la symphonie Écossaise, ma préférée ! Le premier comporte des similitudes évidentes avec l’ouverture, ce qui fait beaucoup de chefs proposent les deux œuvres en concert. Je me suis même amusé à réaliser un petit montage : l’ouverture et la symphonie à suivre sans applaudissements. Le surnom de Écossaise vient du second mouvement, les clarinettes imitant le son des cornemuses.
(N.B. : j’aurais pu choisir une version plus récente avec Paavo Järvi, mais les musiciens, à l’exception des vents, bien sûr, ont tous un masque, donc à fuir !)
Rendons-nous en Hongrie à présent avec Franz Liszt, pianiste, compositeur, arrangeur, prêtre, il aura tout fait dans sa vie !
Voici un de ses morceaux les plus célèbres, La deuxième rapsodie hongroise de 1847. Deux versions du compositeur lui-même, l’une pour piano avec le troublante Valentina Lisitsa (MOI, elle me trouble, non mais des fois !) et l’autre pour orchestre…plus lente, mais comme me l’a dit quelqu’un une fois « forcément, c’est plus facile d’aller vite avec UN SEUL instrument qu’avec un orchestre et 100 bourrins ! ». D’ailleurs, c’est très imprudent pour un orchestre d’aller trop vite dans ce morceau, on risque l’accident, c’est Michel Serrault qui le dit !
Comment oublier ces deux comiques géniaux quand on compare à ce que l’on voit aujourd’hui ?
On ne va pas aller bien loin, puisque nous nous rendons en Roumanie, avec Georges Enesco (ou Enescu), avec sa Première rapsodie roumaine de 1901.
Dans ce morceau, Enesco a repris des thèmes traditionnels tziganes, le plus célèbre étant celui de l’alouette, voir cette vidéo où le violoniste se fait plaisir !
Et maintenant la rapsodie roumaine, avec un orchestre très imprudent, c’est comme ça qu’on a des accidents à jouer aussi vite ! Bon le chef est roumain, il sait conduire sa musique ! Je sais pas vous, mais cette interprétation me donne le frisson (et j’espère que vous avez retrouvé L’alouette, sinon à quoi ça sert que je me décarcasse) Et un triple bravo pour la mise en images !
Vous allez sans doute savoir quelle mouche m’a piqué pour je vous balance un drapeau iranien ! Tout simplement parce que nous allons faire notre marché…en Perse ! Avec l’œuvre la plus connue du compositeur britannique Albert Ketelbey. Et voici la description de cette pièce :
- l‘entrée des chameliers et la démarche majestueuse de leurs montures,
- le chant des mendiants demandant l’aumône (Bakshish bakshish Allah, empshi empshi),
- la danse de la belle princesse,
- un numéro de jongleurs, puis des charmeurs de serpents,
- le passage solennel du Calife visitant le marché,
- de nouveau le chant des mendiants, la danse de la princesse et la caravane des chameliers qui s’éloigne, figurant le marché qui se vide peu à peu au soleil couchant.
Je pensais n’insérer qu’un seul lien pour cette musique, vous en aurez deux, pourquoi ? D’abord la version d’origine, sans chœurs :
Mais en fouillant un peu, j’ai trouvé une version étonnante due à l’orchestre de Taipei, l’orchestration est plutôt inattendue, les violons remplacés par des Ehrus mais le résultat est vraiment remarquable :
Maintenant couvrez-vous bien, nous allons partir dans des régions inhospitalières, au milieu des steppes de l’Asie centrale :
Alexandre Borodine compositeur russe faisant partie du groupe des cinq avec Cui, Balakirev, Moussorgski et Rimski-Korsakov est surtout connu pour ses Danses polovtsiennes extraites de l’opéra Le prince Igor et le poème symphonique Dans les steppes de l’Asie centrale, écrit en 1880 et dédié à Franz Liszt. En voici la description :
« Dans le silence des steppes sablonneuses de l’Asie centrale retentit le premier refrain d’une chanson paisible russe. On entend aussi les sons mélancoliques des chants de l’Orient ; on entend le pas des chevaux et des chameaux qui s’approchent. Une caravane escortée par des soldats russes, traverse l’immense désert, continue son long voyage sans crainte, s’abandonnant avec confiance à la garde de la force guerrière russe. La caravane s’avance toujours. Les chants des Russes et ceux des indigènes se confondent dans la même harmonie, leurs refrains se font entendre longtemps dans le désert et finissent par se perdre dans le lointain. »
Ce voyage est à présent terminé, quelques bonus pour terminer, et d’abord, pour qui sait lire la musique, la partition de la symphonie écossaise de Mendelssohn, laquelle progresse au fur et à mesure de l’avancement de l’œuvre. Les quatre mouvements de la symphonie s’enchaînent sans interruption (mention attaca à la fin de chacun d’entre eux). Ne faites pas comme moi, n’utilisez pas un smartphone pour suivre, c’est vraiment petit !
On retrouve nos compères Poiret et Serrault dans un sketch de 1974, la bande vidéo a mal vieilli !
Et un flash mob pour terminer :
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Excellent article de vulgarisation, ami patriote Filoxe. Des œuvres très connues pour qui s’intéresse un peu à la musique classique, et quelques petites découvertes sympathiques.
L’étendue géographique et musicale présentée est originale mais on s’y perd un peu. Très vaste. Trop vaste à mon (humble) avis.
Comme l’aurait dit l’empereur Joseph II d’Autriche à Mozart à propos de « L’Enlèvement au Sérail », histoire de trouver quelque chose à dire, « Trop de notes, mon cher Mozart, trop de notes ! » selon le film de Milos Forman, en 1984 « Amadeus ».
Personnellement, je n’ai pas trouvé qu’il y avait trop de notes dans l’Écossaise que j’ai suivie intégralement sur la partition mais trop de diversité géographique et musicale.
En effet, j’ai été un peu perdu par l’éclectisme de l’article même si le titre est effectivement très explicite ; « Un nouveau voyage musical… de l’Ecosse à l’Asie ! ».
Cela dit, si l’on compartimente un peu les choses, tu nous fais découvrir certains aspects que j’ignorais, ce qui est toujours très intéressant.
J’aime énormément Mendelsohn, pour ses œuvres les plus connues bien entendues, mais pour beaucoup qui le sont moins. Comme j’aime d’ailleurs beaucoup d’œuvres quasiment inconnues dans beaucoup d’autres compositeurs.
Mendelsohn a ressorti des oubliettes les deux compositeurs Jean-Sébastien Bach et Georges-Frédéric Haendel qui commençaient à tomber un peu dans l’oubli.
J’ai par contre totalement découvert le compositeur britannique Albert Ketelbey et c’est toujours passionnant de découvrir des compositeurs. D’autant plus que les deux extraits que tu as mis de la même œuvre sont très différents. Le premier est un orchestre classique et le deuxième un orchestre avec des Erhus qui est un instrument traditionnel chinois. Ces deux versions sont superbes. Ce qui m’a surpris dès le début, est la différence de tempo nettement plus rapide dans la version avec les Erhus.
Pff ! quel travail ! C’est très intéressant, je découvre un instrument chinois le ehru.
Merci pour ce nouveau très beau voyage musical.
Très belle Rhapsodie roumaine n°1 d’Enescu…(ça nous change de Macronescu)
Le « sur un marché persan » de Ketelbey en version Taiwanaise est très surprenant.
Quant à Borodine (Бородин), le morceau que je préfère est son « nocturne » (en version orchestrale)…