Saint-Saëns, infâme colonisateur amoureux de l’Algérie… française (deuxième partie)

Le 16 décembre 1921, un vieil homme dîne au restaurant de l’hôtel Oasis à Alger. Son repas terminé, il fait une partie de dominos avec ses amis. L’homme gagne, mais il gagne toujours ! Content de lui, il dessine une fleur sur le papier qui lui avait servi à compter les points, puis il va se coucher… tiens il me semble que j’ai déjà écrit ça !

L’hôtel de l’Oasis, voir image ci-dessus, était en quelque sorte devenu la résidence secondaire de Saint-Saëns, au point qu’il avait fait monter le piano dans sa chambre ! Le compositeur français était amoureux de l’Algérie…bon c’était aussi un infâme colonisateur, pas vrai ? Et je le prouve illico avec sa suite algérienne, composée en 1879 accompagnée d’un texte digne d’un colon aux mains tachées de sang :

« 1- Prélude. En vue d’Alger

Du pont du navire, encore secoué par une longue houle, on découvre le panorama de la ville d’Alger. On perçoit les bruits variés qui se mélangent. Dans un dernier balancement, le navire s’est ancré au port.

2-Rhapsodie mauresque

Dans un des nombreux cafés maures de la vieille ville, les Arabes se livrent à leurs danses coutumières, tour à tour lascives ou effrénées, aux sons des flûtes, des rebabs et des tambourins.

3-Rêverie du soir. à Blida

Sous les palmiers de l’oasis, dans la nuit parfumée, on entend au loin un chant amoureux et le refrain caressant d’une flûte.

4-Marche militaire française

De retour à Alger. Dans le pittoresque des bazars et des cafés maures, voici que s’entend le pas redoublé d’un régiment français, dont les accents guerriers contrastent avec les rythmes bizarres et les mélodies langoureuses de l’Orient.« 

Et en plus le bougre se permet d’insérer une Marche militaire française dans une musique supposée rendre hommage à l’Algérie ! Merci Macron d’avoir remis les choses au point :

De cette suite pour orchestre ne reste pratiquement que la marche, la voici dans la meilleure interprétation que je connaisse, l’orchestre symphonique de Détroit est dirigé par le chef et compositeur français Paul Paray :

Et je ne pouvais résister au plaisir de vous faire écouter Saint-Saëns lui-même jouant cette marche au piano (1919) :

 

A présent on va se déplacer un peu plus vers l’est, plus précisément en Palestine avec la bacchanale de Samson et Dalila, en voici la chorégraphie :

 

La même dans sa version orchestrale avec un orchestre philharmonique de Berlin chauffé à blanc par le maestro Gustavo Dudamel lors d’un concert de fin d’année donné le 31 décembre 2010 en présence d’une certaine Angela M…

 

Retour en Afrique à présent ! En 1889, après le décès de sa mère, le compositeur entame un long voyage qui l’amènera à Ceylan puis au Caire. C’est là que La fantaisie africaine va naître, à partir de souvenirs musicaux faits de souvenirs africains et même de l’air national de la Tunisie :

 

C’est le 6 mai 1896 qu’est créé salle Pleyel à Paris le cinquième et dernier des concertos pour piano et orchestre de Saint-Saëns, le compositeur étant au piano. L’œuvre doit son nom à une chanson d’amour nubienne que le compositeur aurait entendue chanter par un batelier lors d’une promenade sur le Nil. Cet air est cité dans le second mouvement :

 

Notre voyage avec Saint-Saëns va prendre fin, naturellement il est incomplet, mais avant vous pourrez vous référer à ce lien comportant des articles de L’Écho d’Alger relatant entre autres les obsèques du très grand compositeur qu’il fut. Comme je l’ai dit, il a été reproché à Saint-Saëns d’être toujours resté un musicien classique, mais sincèrement je préfère écouter dix fois la symphonie avec orgue qu’une seule fois Le Pierrot Lunaire d’Arnold Schönberg. Au fait, saviez-vous que le thème solennel du dernier mouvement de la symphonie avec orgue sert de tissu musical au film Babe le cochon devenu berger ?

http://alger-roi.fr/Alger/cathedrale/pages_liees/10_obseques_saint_saens_promusica.htm

Ne cherchez pas la cathédrale Saint-Philippe à Alger, comme par hasard elle est devenue une… mosquée !

Le 24 décembre 1921, des obsèques nationales ont été célébrées à l’église de la Madeleine à Paris, 96 ans avant Johnny !

Saint-Saëns est enterré au cimetière Montparnasse à Paris. Radio-France va lui rendre un hommage les 15 et 16 décembre avec son requiem créé le 22 mai 1878 en l’église Saint-Sulpice à Paris. Bien sûr, cette œuvre ne peut rivaliser avec les grosses machines que sont les requiem de Mozart, Verdi, Fauré, mais il gagne à être connu ! Ce qui est certain c’est que je vais surveiller les médias mainstream, euh grand public pour vérifier s’ils sont capables de parler d’autre chose que du Covid ! Voici donc ce requiem avec des images du massif du Mont-Blanc en guise d’illustrations :

 

Un petit bonus, Les clés de l’orchestre consacrées à la Danse macabre :

 

UN PEU DE BONHEUR A PRÉSENT :

Un flashmob à Moscou chez Raspoutine euh Poutine, Puttin in the Ritz, en plein mois de février ! Il faut bien se réchauffer un peu, en tout cas la mariée n’est pas prête d’oublier cette journée ! Je reconnais que cette vidéo est politiquement incorrecte, personne de la diversité, mais qu’est-ce que ça fait du bien !

 

Rions un peu avec la même chanson extraite de Frankenstein Junior ! Le célèbre docteur et sa créature…

 

 

 

 

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8 Commentaires

  1. Le choeur des Hébreux qu’on entend au début de Samson et Dalila me semble être un hommage à Verdi. Qu’en pensez vous?

  2. Une belle plongée musicale en cette Algérie du 20ème siècle, hélas autrefois vassale de l’Empire ottoman.

    Le chef d’orchestre Filoxe mérite l’excellence avec cependant une petite fausse note : « en présence d’une certaine Angela M… ». L’on se doit de décliner l’identité de chaque auditeur en Audi : « en présence de SE Angela Merkel ». Le titre SE est protocolaire lors du déroulé des participants.

    Je me doute que vous ne devez apprécier outre mesure la Chance Lierre (pourtant une aubaine pour l’Europe verte) mais dans un contexte symphonique, laissons ça de côté.

    • J’ai juste oublié de préciser une chose, je n’ai rien contre madame Merkel et je suis très heureux de l’avoir vu assister à un concert à Berlin. À combien de concerts a assisté Macronescu ?

  3. Ne pas démolir Raspoutine. C’était un homme de bien. Il a vainement tenté d’améliorer le sort du peuple auprès du Tsar et a voulu le dissuader d’engager son pays dans la première guerre mondiale. Pour avoir étudié attentivement la biographie de cet homme, je peux conclure que c’était un homme de bien. J’apprécie Le Carnaval des animaux, et autre oeuvres. Par contre, je n’aime ni l’Algérie ni les Algériens, pour des raisons familiales et personnelles. Aussi je fuis tout ce qui s’y rattache. Je veux même ignorer que ce pays existe et même ne plus savoir où il se situe sur la mappemonde. Merci pour ce bon moment!

    • Je n’ai rien contre Raspoutine,je vous l’assure, juste un jeu de mots ente Raspoutine et Poutine ! Moi non plus l’Algérie ne m’attire pas, mais du temps de Saint-Saëns, ce devait être un merveilleux pays…

  4. Bonjour Merci Filoxe pour ce beau voyage dans le temps et l’espace qui a sans doute suscité chez certains – comme chez moi- une montée de cette espèce de nostalgérie …
    Je m’associe à un commentateur de 1ère partie qui estimait que Saint-Saëns aurait été un excellent auteur de musique de films. Un bel exemple de genre musical figuratif en est donné dans « La danse macabre » qui évoque parfaitement de quoi il s’agit … Hé oui, il en est de la musique comme de la peinture. Merci encore !

  5. Merci Filoxe pour ce beau voyage dans le temps et dans l’espace, réveillant chez certains- comme chez moi- cette espèce de nostalgérie française …
    Me référant à un commentaire figurant en 1ère partie, c’est vrai que certaines oeuvres de Saint Saëns auraient pu servir de fond musical à bien des films. Entre-autres, bien sûr, « la Danse Macabre », genre musical figuratif qui évoque bien la mort.
    Heureusement que ses autres oeuvres sont autrement plus joyeuses !

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