Alain Finkielkraut invectivé en direct sur France Inter par une auditrice

Finkielkraut : c’est parce que je suis de gauche que je ne suis plus de gauche.

La censure de Zemmour donne des ailes aux petits staliniens.

Ils voudraient faire taire tous les intellectuels, les interdire de radio publique, les mettre au goulag. 

Tout cela est « révélateur du climat  [totalitaire] qui règne actuellement ».

« On n’en peut plus de vos thèses ! » : sur France Inter, une auditrice crie sa haine, puis accuse Léa Salamé de complicité !

Mercredi 15 septembre, Alain Finkielkraut était l’invité de la matinale de France Inter. A l’antenne, il a répondu à une auditrice indignée par sa présence.

Il était venu parler de son nouveau livre, « Après la littérature »,  avec Léa Salamé et Nicolas Demorand, sur France Inter. 
Et Alain Finkielkraut n’a pas uniquement parlé de littérature sur les ondes de la radio. Interrogé par les animateurs de la matinale, il a évoqué les thèmes qu’il aborde dans l’ouvrage, et qu’il affectionne particulièrement : notamment son point de vue sur le rap et sur le féminisme.

C’est alors qu’une auditrice l’a invectivé en direct. Au téléphone, elle a éructé :

« Bonjour Alain Finkielkraut, le fait que vous soyez sur cette antenne montre bien que l’ordre patriarcal n’est pas tout à fait révolu. De même que l’ordre raciste ».

Et d’ajouter : « Bien évidemment que vous voulez renvoyer le féminisme au passé puisque aujourd’hui on vous conteste. On vous dit qu’on n’en peut plus de vos thèses complètement réactionnaires ! »

Une attaque que l’intervenante a également élargi à ses hôtes, en déplorant que l’académicien soit « sur une radio publique à une heure de grande écoute, avec un niveau de contradiction aussi faible » de la part des journalistes en studio.

Si Léa Salamé a accusé le coup d’un timide « tout le monde prend« , Alain Finkielkraut, a de son côté trouvé le discours « extrêmement révélateur du climat qui règne actuellement ». Il a estimé que la verve de son interlocutrice était anti-démocratique, et que, loin d‘être dans « l’élaboration en commun du sens », elle était désormais « porteuse de tendances totalitaires« .

Alain Finkelkraut à lire…et à (ré)écouter : 

Dans Répliques (voir la liste des émissions à réécouter), son émission hebdomadaire passionnante sur France Culture, le samedi matin, Alain Finkelkraut reçoit des auteurs invités à débattre de divers sujets. 

Son émission est tout sauf sectaire et tous les points de vue s’y expriment ! 

Interview à propos de son dernier livre « Après la littérature »

Alain Finkielkraut chez lui à Paris, mardi. 

 

Dans son dernier essai qui prend la forme d’un pamphletl’Après littérature (Stock), Alain Finkielkraut fait la liste de tout ce qu’il déteste, et elle est longue : le nouveau féminisme et son écriture inclusive, les antiracistes qui déboulonnent les statues, les écologistes et leurs éoliennes qui abîment les paysages français, les plots jaunes qui défigurent les rues de Paris (#SaccageParis), les «vitupérations» du rap et le «fracas» de l’électro… Même l’incendie de Notre-Dame n’est pas un accident mais un «suicide» devant tant de «laideur». Contre «l’idéal égalitaire» de la gauche «woke», terme brandi à tout-va pour désigner les militants progressistes, une seule chose trouve grâce aux yeux de l’académicien polémiste : une «approche littéraire» du monde, sa subtilité et son ambiguïté, qu’il vénère mais dont il déplore la perte d’influence.

(…)

Pourquoi ne supportez-vous pas d’être traité de «réactionnaire» ?

Plus le monde s’enlaidit, plus la violence se répand et plus on nous interdit de regarder en arrière. La formule jugée aujourd’hui la plus ridicule et même la plus obscène est : «C’était mieux avant !». Notre présent devrait avoir le courage et l’humilité de se comparer à d’autres époques. La nostalgie n’est pas un crime, mais une disposition fondamentale de l’âme humaine. Et celle qui m’étreint ne fait pas de moi un réactionnaire.

Il y a deux acceptions au mot démocratie : un sens politique et un sens historique. Politiquement, la démocratie, c’est la délibération des citoyens. Historiquement, c’est une marche irrésistible vers l’égalité et vers l’émancipation. Quand le sens historique l’emporte, la délibération n’a plus de place. Les porte-parole des mouvements antiraciste et féministe ne rencontrent pas d’interlocuteurs, mais seulement des obstacles, des êtres dont l’existence même est un scandale puisqu’ils ont largement dépassé leur date de péremption. La démocratie ainsi conçue a des potentialités totalitaires.

 

«Totalitaires» ? Déplacé, non ?

Pour les communistes, la bourgeoisie était condamnée par l’histoire. Les membres de cette classe avaient fait leur temps. Ils devaient disparaître. La mentalité totalitaire, c’est de considérer les adversaires comme les représentants déplorables d’une humanité révolue qui encombrent la surface de la Terre.

 

A propos de l’antiracisme, vous parlez de catastrophe, pourquoi ne serait-ce pas un combat pour l’égalité des droits ?

L’antiracisme n’est plus le principe de l’égale dignité des personnes. Aujourd’hui, on est raciste ou islamophobe quand on refuse de considérer la violence quotidienne dans les quartiers comme une réponse à la violence de l’Etat ou aux violences policières. On est raciste quand on dénonce le sexisme, l’antisémitisme et la francophobie dans les «territoires perdus de la République». Et plus grave encore, on est raciste quand on affirme que le devoir de la France et de l’Europe est de persévérer dans leur être et quand on défend ce que José Ortega y Gasset comme Simone Weil appelaient le droit de la continuité historique. Pour ceux qu’on appelle désormais les «woke», Beethoven est devenu l’emblème du racisme et du sexisme du mâle blanc. L’antiracisme en est venu à criminaliser la culture dont Kundera nous dit depuis l’aube des Temps modernes qu’elle est la valeur suprême dans laquelle l’Europe se reconnaît. Au nom de l’antiracisme, certaines demandent à l’Europe de se défaire d’elle-même. Cette dérive de l’antiracisme est notre malheur.

 

Vous allez voter pour qui en 2022 ? Sandrine Rousseau ? Anne Hidalgo ?

Je ne voterai ni pour Sandrine Rousseau, ni pour Jean-Luc Mélenchon, ni pour Anne Hidalgo. Mais c’est parce que je suis de gauche que je ne suis plus de gauche.

La gauche ouvrait les yeux sur les injustices, elle les ferme aujourd’hui sur la réalité. Elle combattait l’antisémitisme, elle fait, en nazifiant Israël, de l’antisémitisme une modalité de l’antiracisme. Elle voulait accomplir, par l’égalité des chances à l’école, la «splendide promesse faite au tiers état» (Mandelstam), elle détruit l’école par l’égalitarisme. Elle défendait la laïcité, elle l’accuse maintenant d’être islamophobe, etc.

Extraits

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6 Comments

  1. J’ai de la sympathie pour ce philosophe qui se « débat » dans une époque envahie par une profonde stupidité délétère.

    Il y a de quoi s’inquiéter : je plains les nouvelles générations…

  2. On peut se dire de droite ou de gauche, c’est la même chose quand on glisse de plus en plus vers le fascisme qui est de renoncer à la démocratie pour imposer une idéologie totalitaire, ainsi la gauche qui naguère pouvait représenter le monopole du cœur est devenue l’absence de ce qu’elle représentait et s’enfonce progressivement dans un régime d’intolérance.

  3. Perso, j’suis pour les Soufis « wokes », en Afghanistan et ici. J’peux courir ! Car les islamo-gauchistes (wokes !) font leur job. Cave canem !

  4. Tourner le dos à son passé est une hérésie, l’homme sans passé est un voyageur sans bagages. La censure qui règne aujourd’hui est insupportable.

  5. La censure s’effectue de manière perverse. Mais QUI est derrière les hochets politiques actuels ? Qui remplit la gamelle de Makron et où ? ? ? Pour avoir choisi ce personage AMBIGU, il faut avoir des intentions peu élégantes vis à vis du peuple français (et les annexes- dont les belges) ! Je ne vois pas dans les graphiques l’évolution de la DETTE de la France dans le palmarès des « endettés ». L’ euro, initialement une promesse alléchante est devenu une dictature qui impose des restrictions AU DELA des intentions initiales: en l’ocurence un but essentiellement économique. La réflexion est ouverte, j’hésite encore !

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