Mikis Theodorakis, compositeur de la musique de Zorba le Grec et du film Z, s’est éteint

Photo : Le célèbre compositeur Mikis Theodorakis dirigeant son orchestre lors d’un concert de gala au théâtre antique Herodus Atticus à Athènes, en 2005. 

Un immense compositeur qui aura marqué la création musicale grecque du XXe siècle, il avait 96 ans. C’est tout un pays qui le pleure aujourd’hui.

Zorba le GrecLes enfants du Pirée… Les musiques éternelles de Mikis Theodorakis

Compositeur aux mille talents, homme engagé et militant aux mille vies, il a dominé la vie culturelle et politique de son pays durant plus de sept décennies.

Ancien résistant et opposant à la Dictature des colonels, Mikis Theodorakis était devenu célèbre en composant en 1964 la musique du film Zorba le Grec puis celle de en 1969. Plusieurs fois élu député et même nommé ministre dans les années 90, le compositeur grec s’est éteint chez lui à Athènes à l’âge de 96 ans.

Mikis Theodorakis a fait renaitre le « blues grec » en inventant la danse du sirtaki :

On a tous en tête le sirtaki envoutant dansé par Anthony Quinn et Alan Bates sur la plage de Stávros en Crète.

Scène mythique de Zorba le Grec, le film réalisé par Michael Cacoyannis (3 Oscars et 7 Nominations en 1965) dont Mikis Thodorakis composa la bande-annonce et qui le fit connaître au monde entier. 5 ans plus tard c’est la bande-originale de Z de Costa Gavras (1 Oscar et 1 Golden Globe) qui lui offre la consécration alors qu’il est emprisonné par le régime des Colonels en raison de son opposition à la dictature.

Voir sur RR, rubrique « cinéma », à propos du film  « Z »: 

La dictature des colonels s’installe en 1967, elle emprisonne le compositeur et interdit sa musique.

En France, ces événements politiques sont portés à l’écran par Costa-Gavras, qui réalise Z en 1969, avec Yves Montand et Jean-Louis Trintignant. Le réalisateur demande à Míkis Theodorákis d’en composer la musique et ce dernier, emprisonné, lui propose de se servir dans son œuvre.

Dimanche cinéma : revoyez « Z », de Costa-Gavras, pour mieux comprendre la dictature que nous subissons

Ambassadeur de la tradition classique

D’oratorios en symphonies, d’hymnes en opéras, Mikis Theodorakis s’est employé, par foi dans la culture populaire, à ouvrir au grand public la tradition classique et la poésie grecques. Il a aussi sorti du ghetto le rebetiko, le « blues grec », et ses instruments traditionnels, dont le bouzouki, héritage de la culture gréco-orientale d’Asie mineure, sur les côtes de l’actuelle Turquie.

Mikis Theodorakis, symbole de la résistance à la dictature de la junte militaire

Né le 29 juillet 1925 sur l’île de Chios, Mikis Theodorakis commence à composer à l’âge de 13 ans et rallie la résistance dès l’invasion nazie. Après avoir été emprisonné, déporté et torturé par le régime de droite à cause de son engagement auprès des communistes lors de la guerre civile (1946-1949), il part à Paris, étudier au Conservatoire en 1954. 

 

Après le coup d’état militaire de 1967, il est à nouveau arrêté. Grâcié un an plus tard, il dirige un mouvement clandestin et se retrouve assigné en résidence surveillée puis le régime des colonels le jettent en prison et interdit son œuvre. Mikis Theodorakis devient alors le symbole de la résistance à la dictature, mais la junte militaire au pouvoir est finalement contrainte de laisser partir, à Paris, sous pression de la communauté internationale. [Radio classique]

Sous la pression internationale, et grâce notamment aux soutiens de Chostakovitch et de Bernstein, Theodorákis obtient finalement la permission de quitter le pays, et atterrit à Paris le 13 avril 1970. L’exil en France dure quatre ans et marque une nouvelle étape dans le vie du Grec, devenu icône contestataire. [France musique].

Dans les années 1990, Theodorákis revient à la musique symphonique : il compose quatre symphonies et signe la musique du ballet de Maurice Béjart Sept danses grecques. Son engagement est plus que jamais lié à la création musicale. A partir de 1988, il se lance dans la composition d’opéras sur des figures antiques : Medea (1988), Electra (1992), Antigone (1995) et Lysistrata (1999). 

Physiquement affaibli depuis plusieurs années, Theodorákis poursuivait son combat contre la politique économique européenne et le plan d’austérité imposé à la Grèce. En février 2018, on le voyait s’élever contre la modification du nom de la Macédoine, avant d’être hospitalisé quelques mois plus tard pour un problème cardiaque. Un séjour hospitalier qui s’était renouvelé pendant quelques semaines au début de l’année 2019.

Musique du film « Z » :

Une très belle chanson, en français : 

La bande originale (sans images) : 

 

A voir :

« Zorba », avec le compositeur, qui dirige son orchestre, en 2005 : 

 

« Zorba », diverses versions :

Cette recherche d’une nouvelle musique grecque profondément ancrée dans la tradition, Míkis Theodorákis la diffuse sur la surface du globe en 1964 avec Zorba le Grec, lorsque Anthony Quinn (Alexis Zorba) apprend à Alan Bates (Basil) à danser le sirtaki sur une plage. Une danse créée de toutes pièces pour le film, mélangeant de nombreuses autres danses traditionnelles tombées en désuétude, et qui devient un symbole national. 

Le film sort en 1964. Dès l’année suivante, Dalida reprend la musique et installe La Danse de Zorba dans le palmarès des meilleures ventes de disques en Europe et en Amérique du Sud.

« Les enfants du Pirée » :

Auréolé de succès,  le compositeur retourne en Grèce en 1960 après son premier séjour parisien avec pour projet de composer une musique néo-héllenique « pour les masses », une « chanson populaire-savante » sur le modèle d’Épitaphe. Il veut devenir le « Bartók grec ». Un millier de mélodies verront ainsi le jour, sur des textes de Georges Séféris (Prix Nobel de littérature en 1963), Iakovos Kambanéllis, Yannis Ritsos… 

Airs populaires, compilation : 

 « Nous sommes deux  » :

« Nous sommes deux » paroles de Georges Moustaki/ musique de Mikis Théodorakis Séance de travail à Paris, dans l’appartement de Moustaki, entre Mikis Theodorakis, tout juste libéré de prison et Moustaki. Filmé par Roviros Manthoulis. Extrait d’une émission de la télévision grecque consacrée à G.Moustaki en 1975 , la séquence datant de 1970.

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 Comments

  1. Un génie musical et un homme de convictions, qui n’a pas hésité à risquer sa vie en s’élevant contre la dictature. Il est mort de vieillesse tout simplement, à un âge respectable.

  2. Merci a Jules Ferry, pour ce bel hommage au compositeur, Mikis Theodorakis,resistant et amoureux de sa mere-patrie,la Grece,de son peuple et de sa civilisation. Lorsque j’etais enfant,notre medecin de famille etait grec. Homme de gauche,tres probablement refugie politique, le docteur Kelekis (Pardon si j’ecorche son nom de famille) agitait l’imagination de la petite ville de Mennecy dans l’Essonne.Les commerages allaient bon train dans la petite ville de droite conservatrice,au sein de cette petite bourgeoisie de grande banlieue. Ce docteur grec etait beau, seduisant et etait un merveilleux docteur, qui fumait beaucoup, se referait souvent a son dictionnaire medical ce qui laissait accroire aux esprits etroits et bornes que ce fumeux docteur n’etait pas veritablement competent.Mais le docteur Kelekis etait un formidable docteur, qui auscultait, qui ecoutait . qui soignait avec bonte et douceur, aureole de volutes de vapeurs comme un dieu de l’Olympe, toujours anime d’un sincere et discret amour des gens du commun. Vive la Grece et la nation grecque! Merci

  3. MERCI pour cet hommage à ce grand musicien et résistant. Un exemple à suivre pour tous ceux qui veulent garder la tête haute.

  4. Bon sang ! Ça prend aux tripes… Merci Jules Ferry pour ces longues minutes que je n’ai pas vu passer à écouter cette FORMIDABLE musique.

  5. 96 ans, sûrement encore une victime du co vide. Vite, courez après les vax salvateur !
    Cependant, de la belle musique quand même !
    Depuis 1945 le monde entier à été soulé et jazé par la culture amerloque. Normal, le reste ne se vendait pas.

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